Journée diocésaine des ALP - carrefours 12/2012

Synthèse des carrefours lors de la journée diocésaine des ALP le 6 décembre 2012

 

Les carrefours se sont réunis avec, outre un temps de présentation, 5 questions :
-          Comment est-ce que je vis ma mission ?
-          Dans ma mission, quelles sont mes priorités, ce que je ne lâcherai pas ?
-          De quoi ai-je besoin pour réaliser le mieux possible ces priorités ?
-          Si les missions devaient changer de visage, de forme …. Comment les verriez-vous ?
-          Quelle collaboration, échanges, partage avec les autres acteurs de la pastorale ?
 
Lors des échanges sur ces questions, il était difficile de se cantonner aux questions, et les comptes-rendus ont mélangé un peu tout cela. J’ai donc réalisé ce compte-rendu à partir de thèmes qui reprennent les échanges et qui montrent un visage de la mission telle qu’elle est perçue aujourd’hui par les ALP. Cela donne en même temps un visage des manques, et peut-être une ébauche de mutation possible.
 
La joie
Ce qui est frappant en premier lieu dans les remontées des groupes, c’est la joie et la vie des ALP. Il est en effet question de « bonheur », de « joie » (le mot est utilisé 8 fois !), d’émotion même. Les personnes disent que leur mission les fait vivre, raffermit leur foi, leur permet d’être elles-mêmes. Elles témoignent qu’il s’y passe de belles choses, qu’elles reçoivent beaucoup des autres, qu’elles y trouvent un épanouissement, un enrichissement personnel, et un grand intérêt. Elles disent y vivre des moments très agréables et affirment que Dieu est à l’œuvre en chacun.
 
Le manque de temps
En revanche, l’une des difficultés majeure, ou plutôt LA difficulté majeure consiste en des problèmes de gestion du temps (plus d’une douzaine de fois). Ce qui fait dire à un groupe que’ « il faut qu’on prenne un virage, mais je ne sais pas quoi, on est dans une manière de fonctionner comme si on était nombreux. On va droit dans le mur si on continue comme cela ». Ce problème de gestion du temps est associé à une attention toute particulière de chacun à sa propre famille, ou pour les religieux à leur communauté. Ce qui se double pour certains d’un problème de distance (entre le lieu d’habitation et de travail, ou sur le terrain même de mission).
 
La solitude, les relations
On remarque également une certaine solitude chez certains, et une insistance très grande à l’importance pour d’autres d’être soutenus, reconnus, et d’avoir la confiance de ceux avec qui ils travaillent. Certains disent manquer d’aide. Une insistance certaine sur le manque de partage et de travail commun entre les mouvements, les divers services, les paroisses, les EAP, les prêtres, les diacres, les bénévoles est palpable, et c’est d’ailleurs un des principaux point d’appel dans les besoins et le nouveau visage de la mission. : on peut noter : « peu de lien, chacun pour soi » ou au contraire l’importance de l’équipe (9 fois), et de la fraternité (11 fois) entre divers acteurs. Les images du réseau et du pont ont été employées à plusieurs reprises comme un appel pressant. Le fait de porter ensemble les charges, de se soutenir, de se rencontrer, de se décloisonner, de travailler en bonne entente, en bonnes relations, d’un « travail commun », le fait de « bâtir ensemble », d’avoir une vie de communauté et d’être attentif aux désirs des autres. Cela a des répercussions sur la mission avec la demande de ne se rencontrer entre ALP, de créer des temps de convivialité, de vivre des temps forts tous ensembles, de faire Eglise, des créer des missions dans lesquelles « il faudra des coordinateurs plus larges ».
 
Quelle attitude dans la mission ?
On peut repérer toute une série de verbes et de mots qui définit à la fois la mission mais aussi qui met en valeur ce qu’elle devrait être, et qui dit ce que les ALP ne veulent surtout pas changer :
 
Simplicité, s’émerveiller, regarder, voir, mettre en route des bénévoles, accompagner, soutenir, animer, préparer, relire, appeler, former et inviter à la formation, permettre que les choses se vivent bien, faire vivre, inciter, écouter, partager, proposer, confiance, répondre, visiter, rencontrer, être présent, se remettre en question, disponibilité, adaptabilité, échanger, dialoguer, vivre, remettre les gens debout, innover, donner, recevoir, donner du temps, essayer et parfois échouer, accueillir, la bienveillance, témoigner, solidarité, prier, se ressourcer, être ouvert à l’imprévu, l’attention aux autres, le relationnel, voir le beau, le bien, le bon, encourager, éveiller (non pas à un savoir, mais à une expérience d’amour), montrer un visage nouveau de l’Eglise, redonner du dynamisme, rencontrer l’autre, le souffrant, croire en ce que je fais, aller, sortir des murs, rejoindre, reconnaitre et être reconnu, aider les gens à se mettre en route, la charité, faire bouger les choses, oser, avoir de la spontanéité, rester dynamique, laisser la place, proposer la foi, respecter ce qui nous est demandé, lâcher pour donner, faire confiance, repérer et accompagner les petites pousses, être en lien.
 
 
L’Eglise et lien avec société
Des remarques liées à l’ecclésiologie sont venues, et la place de l’ALP : qu’est-ce que je peux ou ne peux pas dire ? Comment gérer les rites ? Quand on travaille dans le milieu hospitalier, difficultés parfois avec la direction de l’hôpital, problème quand demandes de baptêmes, …
Mais aussi certains remarquent qu’il n’y a pas d’adhésion partout au Projet Diocésain de Catéchèse, comment gérer cela ? Parfois, le clocher prime sur la paroisse, ou des petites équipes travaillent indépendamment du doyenné ou du diocèse. Pour certains ALP en revanche, une des priorités à ne pas lâcher est bien le diocèse, le fait de vivre en communion, le Projet diocésain de pastorale, le fait de donner un visage joyeux de l’Eglise, et de faire communauté. Certains aspirent à une institution moins rigide et plus souple, d’autres appellent à ne pas s’enfermer dans les structures. Enfin, il est demandé à l’évêque de poursuivre dans son intuition des maisons d’Evangile, et d’avoir d’autres intuitions du même genre. Certains espèrent pour de nouvelles missions des décisions partagées, une coresponsabilité et un partenariat. D’autres rêvent que l’on trouve à la tête des doyennés une équipe d’hommes et de femmes formés, à qui on ferait confiance et qui appellerait des prêtres. Le problème des relations avec les prêtres est également apparu. La question des diacres est soulevée.
 
L’appel
La difficulté d’appeler, mais aussi la joie de voir des bénévoles se mettre en route
 
La lettre de mission
Si certains regrettent une certaine inadéquation entre la mission qui leur est confiée, et le terrain, beaucoup y trouvent une cohérence et se réjouissent de ce que la mission prenne en compte ce qu’ils sont et soit évolutive, en fonction de la société, d’eux, du terrain. Ils y trouvent aussi une grande liberté. ….
 
La spiritualité
Un accent très fort est mis sur la relecture, et l’accompagnement personnel, VSM, … Soit parce que cela existe, et les personnes qui en bénéficient s’en réjouissent, et ne veulent surtout pas le lâcher, soit par regret de ne pouvoir en bénéficier. Les Alp témoignent très fortement dans ces remontées de leur foi, de leur confiance et de leur attachement à l’Evangile. « Dieu est présent partout », « se laisser interpeller par sa foi » la « cohérence avec l’Evangile », « offrir l’Evangile », « Dieu présent dans son absence », « les béatitudes », « l’importance de s’arrêter pour se dire au nom de quoi, au nom de qui » … dont on ne peut pas se passer. Enfin dans la question sur un éventuel nouveau visage de la mission l’un dit : « La Parole de Dieu et l’Evangile doivent devenir notre moteur ».
 
Le nombre
Certains témoignent d’une grande difficulté face au petit nombre de personnes rencontrées dans les aumôneries, …. Du temps passé à préparer pour un résultat minime. D’autres réagissent à ça : « quand on commence à compter, c’est qu’on ne compte plus sur Dieu »
 
Le monde
Plusieurs Alp manifestent leur désir de rester au cœur du monde par des engagements soit associatif, soit politique et disent y trouver un nouveau souffle pour leur mission. Certains appellent à aimer le monde comme il est. D’où l’importance redite plusieurs fois d’être et d’aller sur le terrain, d’être en lien avec les réalités du terrain.
 
Autres difficultés
Elles sont liées aux relations humaines, au risque de la routine, au fait que parfois la mission fait porter des choses lourdes, à la communication, au manque de réaction dans les lieux de mission, à une certaine inertie, aux désirs de combattre les clichés, aux tensions, à la baisse du nombre des ALP, …
 
Autres joies :
Avoir à faire à des publics divers, le travail interreligieux (que l’on retrouve aussi dans des difficultés), le fait de miser sur la surprise (qui va venir ?), la richesse des rencontres,
 
 
La formation
Une très très grande insistance est mise sur la formation : le Cipac est dit nécessaire et un appel très fort à diverses formations est fait (22 fois le mot formation, peut-être le plus utilisé !)
Il est question de la formation des bénévoles, des nouveaux ALP, d’une formation au monde, pas toujours que « catho », adaptée au terrain, des formations :
- plus humaines : à l’écoute, à la gestion de conflits, à l’accueil,
- plus administratives : transports des jeunes, gestion du personnel, 
- plus sociales : quartiers populaires,
- plus liturgiques : préparation de messes …
 
 
Les collaborations
Pouvoir faire des confirmations ensemble, rejoindre plus loin que la pastorale, inter génération, le collège, le prêtre, l’EAP, la diaconie. Importance pour certains que l’Eglise reconnaisse les compétences des ALP et reprenne en compte ce qu’ils disent.
 
Conclusion
 
L’image de l’Alp et de sa mission telles que les laissent apparaitre ces remontées, sont celles d’hommes et de femmes très formés, à l’écoute, disponibles, aimants. Aimant le Christ, l’Eglise, les hommes et le monde. Les difficultés rencontrées sont inhérentes à celles de toute personne travaillant dans des relations, dans le social. Le visage de la mission future qui semble se dessiner, est celle d’un ALP en relation, formateur, accompagnateur, révélateur, avec une certaine autonomie et autorité, mais très fortement lié au diocèse. Il semble également que l’ALP ne pourra être ALP qu’en équipe, jamais seul, vivant en fraternité avec les autres ALP, et l’Eglise en général. Il aura à charge de relire sa mission dans un regard de foi et d’espérance.
 
 
 
Travail de synthèse réalisé par Bénédicte Jacquemont