XII. Pensées de Hans Urs von Balthasar

 

 

LA VIE ET L’ŒUVRE D’ADRIENNE VON SPEYR (1902-1967)

Aperçus divers

XII

 

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Pensées de Hans Urs von Balthasar (1905-1988)


 

Si la théologie est authentique, elle tend d'elle-même vers la spiritualité (Louis Bouyer)


 

Introduction

 

Cette fenêtre sur l’œuvre du cardinal Hans Urs von Balthasar n'est pas destinée aux théologiens. Les théologiens lisent Balthasar dans le texte original en allemand et ils découvrent par eux-mêmes ce qui les intéresse.

 

Mais tous ceux qui ont fréquenté l’œuvre du P. Balthasar savent que c'est une œuvre d'accès parfois difficile, les théologiens patentés le reconnaissent eux-mêmes.

 

C'est une oeuvre parfois difficile mais qui recèle des trésors accessibles à tous. Des trésors qui peuvent nourrir la foi de tous les chrétiens, même les plus simples.

 

Balthasar lui-même sait utiliser un langage tout à fait accessible et merveilleux. Mais souvent aussi il vaut la peine d'essayer d'exprimer en termes plus simples ce qu'il dit d'une manière compliquée pour ceux qui n'ont pas toute sa culture philosophique, germanique, théologique.

 

Certains diront : "Ce faisant, vous trahissez Balthasar". Je dirais à ces bien-pensants qu'eux-mêmes n'ont pas besoin de cette traduction de Balthasar en un langage accessible. Mais que ce serait un péché contre la lumière de priver beaucoup de croyants des richesses inouïes de cette œuvre sous prétexte que cette traduction en termes simples ne serait pas littéralement fidèle.

 

Et pourquoi a-t-on des évangiles en grec alors que ce n'est pas la langue de Jésus? On a perdu énormément dans l'Eglise à ne pas avoir gardé la langue originale. Et puis on a traduit les évangiles du grec en français, et parfois même en français fondamental!

 

Il existe une Bible "pour mes paroissiens", une Bible "pour les nuls", une Bible en français fondamental, alors pourquoi pas l’œuvre de Balthasar en français fondamental?

 

Les "purs" diront: "Où va-t-on?" Le simple croyant remercie Dieu chaque fois qu'il peut recevoir une Parole de Dieu qu'il comprend. Si quelqu'un dans une assemblée parle en langues, il faut que quelqu'un traduise, nous dit saint Paul. Sinon l'assemblée n'est pas édifiée.

 

Dans l'une de ses lettres, Adrienne von Speyr a reproché un jour au P. Balthasar sa manière d'écrire. "Me permettez-vous de dire quelque chose de méchant, même si c'est avec une bonne intention? Quand je vous lis..., il me semble quelquefois que vous écrivez pour un homme tout à fait théorique, je veux dire un homme qui ne vit que dans votre intellect, un homme qui aurait tous vos présupposés, qui vous comprendrait toujours à demi; et cet homme, eh bien, il n'existe pas. C'est pourquoi je crois qu'il est bon que vous découvriez l'homme 'normal', que d'une certaine manière aussi vous soyez conduit par lui à lui... Il n'est pas possible d'écrire seulement pour l'intérêt de la chose, il faut le faire également pour le lecteur" (H.U.v.B., L'Institut Saint-Jean, p. 74).

 

D’une manière plus générale, Lucien Jerphagnon notait un jour à propos de Bergson : "S’il veut avoir une chance d’être compris, le penseur doit renoncer au jargon, emprunter la langue de tout le monde".

 

Toutes les pensées d'un croyant ici rassemblées seront toujours munies de leur référence, on pourra toujours se reporter au texte lui-même.

 

Ces pensées seront parfois une présentation d'un texte plus difficile, elles seront parfois le texte lui-même, mais allégé de formules et de précisions moins essentielles ou moins claires. On voudrait ne retenir que la "substantifique moelle".

 

Ces pensées avanceront dans le désordre. Mais petit à petit on s'apercevra qu'elles recouvrent au fond tout l'essentiel de la foi de l’Église. La Bible aussi est un sacré désordre. Il a plu à Dieu de se révéler de cette manière. Il devait avoir ses raisons.

 

Ci-dessous, en appendice : Le Père Balthasar dans l’Église.

 

N.B. A propos du nom de Hans Urs von Balthasar. Il n'est peut-être pas inutile de rappeler que Hans Urs est un prénom double (sans trait d'union le plus souvent), Urs étant le nom d'un saint vénéré en Suisse.

 

Patrick Catry

 

*

 

1. La foi du charbonnier

Le Père Balthasar puise dans un ouvrage en latin du XVIe siècle cette histoire du charbonnier. - « Un professeur de théologie s’amusait à faire passer un examen à ce fameux charbonnier et il l’interrogeait sur les articles de la foi. Le charbonnier fut d’abord capable de lui réciter les principaux articles sur Dieu dont il avait entendu parler le plus souvent à l’Eglise. - Comme le théologien le poussait, il se contenta d’affirmer qu’il croyait tout ce que croyait l’Eglise. Et comme on lui demandait ce que croyait l’Eglise, il s’en tira en fermant le cercle : « L’Eglise croit ce que je crois, je crois ce que croit l’Eglise ». - Conclusion du P. Balthasar : « Cette foi du charbonnier, si digne de respect, est certainement beaucoup plus assurée dans ses bases que celle du docteur de la Loi qui le sondait ». - Cette foi « souffrait sans doute avant tout de n’avoir pas été suffisamment instruite de l’événement de la croix et de la résurrection. Ou peut-être l’homme était-il simplement trop timide pour confier à cet éplucheur de concepts l’intuition cachée de son coeur et se réfugiait-il dans le sein de l’Eglise sa mère » (La foi du Christ, p. 116-117).

 

2. Noël

« Une fois pour toutes, Dieu s’est mis en route pour venir chez nous, et rien, jusqu’à la fin du monde, ne l’empêchera d’y venir et d’y demeurer » (Tu couronnes l’année de tes bontés. Sermons pour les grandes fêtes de l’année, p. 239).

 

3. Amour

« L’amour authentique est toujours incompréhensible ». Quand un amour m’est accordé, je ne peux le « comprendre » qu’en y voyant un miracle (L’amour seul est digne de foi, p. 62-63).

 

4. Rencontrer Dieu

« Toujours l’homme doit trouver Dieu par une conversion, par un aveu qui lui répugne, jamais Dieu ne se trouve dans le prolongement de ses désirs et de son idéal, pas plus que dans celui d’une ascèse ou d’une mystique. - Toutes les expériences humaines doivent servir Dieu, Lui n’a besoin d’aucune, il ne s’en sert jamais sans la transformer par sa touche brûlante » (La foi du Christ, p. 174).

 

5. Fidélité

Se hâter à la rencontre de la Parole de Dieu, toujours avec la même disponibilité, que l’on soit aujourd’hui intérieurement alerte ou fatigué. - Apporter à la Parole de Dieu le même intérêt, la même attention, bien plus la même joie, que l’on soit disposé d’une manière ou d’une autre. - Un peu comme on se discipline et on sourit pour accueillir des hôtes et tenir conversation avec eux même si on n’est pas très en train (La prière contemplative, édition de 1959, p. 151-152).

 

6. Comprendre

« Celui qui ne comprend plus Dieu peut comprendre encore peut-être que même le Fils de Dieu ne comprend plus pourquoi le Père l’a abandonné » (La prière contemplative, édition de 1959, p. 220).

 

7. Contestation

Le P. Balthasar cite le P. Daniélou : L’Eglise tout entière « doit sans cesse se contester elle-même au nom de Jésus Christ parce qu’elle ne lui est pas assez fidèle » (Le complexe anti-romain, p. 333).

 

8. Le prêtre

« Un prêtre humble ne sera pas tenté de me proposer autre chose que la Parole qui m’est adressée par Dieu. - Un prêtre ardent n’admettra pas que je me dérobe à cette Parole. - … Il peut être gai avec ceux qui se réjouissent, triste avec ceux qui sont dans l’affliction, mais il n’aura jamais le droit, par esprit de solidarité, de vaciller avec ceux qui trébuchent » (Points de repère, p. 128-130).

 

9. L’Ancien Testament

« L’ancienne Alliance est et demeure l’initiation théologique… à l’intelligence de la nouvelle » (La gloire et la croix. Nouvelle Alliance, p. 31).

 

10. Le pécheur

Le P. Balthasar cite saint Irénée : « Il n’est pas au pouvoir du pécheur, après s’être détourné de Dieu, de rétablir lui-même sa juste relation avec Dieu » (Dramatique, II,1, p. 121).

 

11. Dieu

« Ici l’Esprit gémit avec ceux qui espèrent dans l’attente de la liberté plénière. Plus la lumière de gloire afflue de l’au-delà, plus nous éprouvons l’absence de la plénitude. - C’est pourquoi les chrétiens devraient se tenir comme des torches ardentes dans tous les jardins et sur toutes les grands-routes de l’histoire du monde. - Leur espérance est si insurpassable qu’elle seule, à l’exclusion de toute autre religion, peut éclairer par avance tous les efforts de l’humanité pour se façonner le monde selon sa mission » (La gloire et la croix. Nouvelle Alliance, p. 452-453).

 

12. La foi

« Une foi avec des réserves est une contradiction en soi ». Jésus exige toujours le don de tout l’homme dans la foi. L’essence du don consiste à renoncer à toute objection (La vérité est symphonique, p. 61).

 

13. La liberté

« Dieu a créé les hommes tellement libres qu’il ne peut les empêcher de lui rire au nez et de lui refuser toute obéissance » (Tu couronnes l’année de tes bontés, p. 68).

 

14. La résurrection de Jésus

Liberté du Ressuscité de s’offrir quand il veut et comme il veut. - Et liberté aussi est laissée à l’homme de réagir comme il veut : effroi, doute, grande joie, joie tout simplement, et encore crainte d’accepter l’entretien offert, respect (peut-être faux) de la distance quand Jésus semble établir une pure familiarité (Le mystère pascal, p. 250).

 

15. Croire

Trois degrés de l’acte de foi : - 1/ Credere Deum : croire que Dieu existe. - 2/ Credere Deo : croire à ce que Dieu dit. - 3/ Credere in Deum : faire confiance à Dieu, s’abandonner à Dieu (L’enfer, une question, p. 18).

 

16. Le prédicateur

Les croyants peuvent lire sur le visage du prédicateur si les paroles qu’il prononce jaillissent des profondeurs de sa prière personnelle ou si elles sont en fin de compte aussi superficielles et creuses que celles d’un quelconque journal (Points de repère, p. 138).

 

17. L’Eglise

« Qui sait si une moniale cachée, dont personne ne sait rien, n’a pas exercé, par sa prière et ses sacrifices, la plus grande influence sur l’histoire de l’Eglise ou de son  pays? - Qui peut déterminer avec certitude si ceux qui ont paru extérieurement être les guides des destins chrétiens ne sont pas précisément au jugement de Dieu comme des voleurs et des brigands? - Une extension quantitative de l’Eglise n’est pas nécessairement un progrès, pas plus que la persécution, la réduction à un petit nombre, le retour à la chrétienté primitive » (Théologie de l’histoire, p. 121-122).

 

18. L’abandon à Dieu

L’abandon à Dieu inclut foi, espérance, amour. Il peut se réaliser « dans la lumière de l’amour rayonnant de joie, ou dans la nuit de Job et de Jérémie ». Dans un tel acte, « l’homme se jette tout entier dans le mystère de l’amour divin ». Cet acte est illuminé de toutes parts par le rayonnement du mystère (Dieu et l’homme d’aujourd’hui, p. 277-278).

 

19. Le dessein de Dieu

« Le dessein de Dieu était de concevoir le créé à partir de sa propre vie et de l’orienter vers elle » (Dramatique, IV, p. 171).

 

20. La volonté de Dieu

Election d’Ignace. M’insérer librement dans la volonté éternelle de Dieu sur ma vie personnelle. - Apprendre par la contemplation à entrer dans la manière de voir de Jésus Christ (Théologie des Exercices, p. 158).

 

21. La grâce de la présence

« Le Seigneur ne se soustrait jamais  à quelqu’un qui le cherche, qui est tourné vers lui, sans lui avoir donné la bénédiction et la grâce de sa présence » (Nouveaux points de repère, p. 192).

 

22. Jésus Christ

Jésus Christ est un être de chair et de sang qui a vécu en Galilée, a été sur la croix percé par une lance romaine, a été vu par ses disciples ressuscité et portant les marques de ses plaies » (Le complexe anti-romain, p. 139).

 

23. Le ciel

Dieu a créé le ciel et la terre. Le ciel, c’est "le lieu que Dieu se réserve pour son domicile et l’endroit d’où il exerce son activité. Ainsi la distance entre le ciel et la terre devient le signe visible de la distance entre Dieu et les créatures. ‘Les cieux sont les cieux du Seigneur; la terre, il l’a donnée aux fils d’Adam’ (Ps 115,6)"    (H.U.v.B., dans O. Boulnois [dir.], Je crois en un seul Dieu, p. 215).

 

24. Le pécheur

« La question qui a préoccupé Thérèse de Lisieux, de savoir si le pécheur pardonné (la rose rouge) ou celui qui n’a pas péché (la rose blanche) aime Dieu davantage, demeure insoluble, car dans les deux cas se manifeste la plénitude de la grâce rédemptrice du Christ. - Au ciel en effet, il n’y a aucune trace d’envie, il n’y a que de la reconnaissance pour toute l’abondance de grâce, quel que soit celui qui l’a reçue » (Dramatique, IV, p. 379).

 

25. La lumière

Le P. Balthasar cite Hopkins : La lumière de la foi… « brille précisément dans la mesure où l’homme s’est livré à Dieu, abandonné tout entier à la vision divine » (La gloire et la croix, II, 2, p. 266).

 

26. Les pauvres

« Bien des gens croient ne plus rien pouvoir donner quand ils sont âgés ou en prison ou dans quelque autre situation sans issue. - Ils ont l’impression d’être inutiles et sont parfois tentés de mettre fin à leurs jours. - Qu’ils pensent que seul le pauvre, et le pauvre plus que tout autre, puisqu’il a perdu la conscience de la propriété personnelle, est mis dans une situation qui lui permet de donner… - Les pauvres en esprit ne gagnent pas seulement pour eux-mêmes le royaume de Dieu, ils l’ouvrent également aux autres » (Points de repère, p. 75).

 

27. L’histoire du monde

Il y a un point précis de l’histoire où « Dieu entre en scène dans l’histoire du monde » (le Fils). - « On peut dire que la mort et la résurrection de Jésus intéressent intimement tous les hommes de tous les temps pour autant qu’ils sont solidaires dans l’unique histoire de l’humanité »… Le chrétien, c’est quelqu’un qui a trouvé dans le mystère de Dieu révélé dans le Christ sa « patrie secrète » (Dramatique, I, p. 24).

 

28. Le paradoxe

Le paradoxe de Jésus apparaît quand il affirme son autorité absolue dans la pauvreté absolue et par conséquent dans la vulnérabilité, dans le renoncement à toute puissance terrestre et à tout bien terrestre. - Les bénéficiaires sont ceux qui sont devenus pauvres dans leur attitude la plus intime (pauvres en esprit), ceux qui sont intérieurement désencombrés… Pas les pécheurs d’abord, mais Jésus se penche aussi sur eux, qui sont les vrais malades qui ont besoin du médecin (Mt 9,12). - Pauvres et pécheurs se trouvent dans les mêmes ténèbres. Et lorsque le pécheur reconnaît qu’il est pauvre, démuni, cet aveu le place au rang des pauvres : le publicain dans le temple, l’enfant prodigue (La gloire et la croix. Nouvelle Alliance, p. 114-115).

 

29. La foi

La foi renonce à sa propre mesure de la vérité et à son jugement propre, et laisse être vrai ce qui est vrai pour Dieu. (Article paru dans Vie consacrée, 1971, p. 13).

 

30. L’Ecriture

Pour comprendre Jésus, il faut admettre l’unité de l’ancienne et de la nouvelle Alliance (La gloire et la croix, I, p. 526).

 

31. L’enfer

Nous ne pouvons pas savoir s’il existe des hommes qui se trouvent à tout jamais hors de la communion de Dieu. Dieu se réserve ce jugement (Nouveaux points de repère, p. 17).

 

32. La croix

La croix seule démontre que Dieu est amour (Dramatique, IV, p. 307).

 

33. Naissance

« C’est d’abord la merveille qui se produit à toute naissance. D’un être il s’en est fait deux. Le cri d’étonnement d’Eve se répète chaque fois : J’ai reçu de Dieu un homme (Gen 4,1). - Toute mère rend grâce quand elle tient pour la première fois son enfant dans ses bras, car elle a conscience de ne pas l’avoir produit par ses propres forces physiques et morales : il est un don. - Et sans doute une part de sa reconnaissance va à son mari; mais celui-ci aussi s’étonne : il a, à ce tout, encore moins contribué que la femme… - Dans chaque nouvel homme brille quelque chose du caractère unique de Dieu. Dieu lui-même était en jeu dans cette union des parents. Génération et conception ont une profondeur qui s’étend jusqu’à sa vie éternelle » (Triple couronne, p. 31).

 

34. L’Ascension

La résurrection et l’ascension sont substantiellement identiques. Au Mont des oliviers, les disciples sont témoins de la disparition de Jésus quittant la terre et allant vers le Père, mais seule la disparition est encore vue (Le mystère pascal, p. 247).

 

35. La souffrance

« De même que Dieu a tant aimé le monde qu’il a livré pour lui son Fils unique, de même celui qui est aimé de Dieu ne voudra se sauver qu’avec ses frères créés et ne refusera pas la part qui lui est mesurée de souffrance expiatrice en faveur de tous » (L’amour seul est digne de foi, p. 124).

 

36. Le refus de Dieu

L’homme ne peut pas ne pas éprouver le désir d’échapper au fini et à la mort… et il ne cesse de s’enfermer dans la surdité à la Parole et le refus de Dieu (D’après J. Doré dans Recherches de Science Religieuse 1995, p. 90).

 

37. Les saints

« Ce ne sont pas des manuels arides, même s’ils sont pleins de vérités indubitables, qui peuvent exprimer pour le monde la vérité de l’Evangile et le rendre plausible, c’est l’existence des saints qui ont été saisis par le Saint Esprit du Christ. Le Christ n’a pas prévu d’autre apologétique (Jn 13,35) (La gloire et la croix, I, p. 418).

 

38. Le Père

Il faut à tout prix éviter de dire que le Père a voulu que les hommes crucifient le Fils. Ici règne un mystère, nous n’y avons aucun accès, nous comprenons seulement dans la foi que ce mystère caché en Dieu doit être un mystère d’amour (Dramatique, IV, p. 229).

 

39. Parler

Parler signifie pour l’homme manifester librement son intimité personnelle à autrui par le signe sensible des sons (La foi du Christ, p. 153).

 

40. La théologie

La théologie, c’est l’Eglise aimante qui cherche à comprendre ce qui lui est donné (La gloire et la croix. Nouvelle Alliance, p. 90).

 

41. Foi et mystique

La prière mystique n’est que la conscience devenue expérimentale des … mystères de foi, que l’orant ordinaire vit dans l’obscurité de la foi (La prière contemplative, p. 97).

 

42. Le monde

La Parole du Père s’est faite homme pour achever, en union avec son Eglise, l’édifice inachevable par en bas du monde et de l’histoire (Mein Werk, p. 81).

 

43. Le péché

Le premier péché a été… la volonté d’en savoir plus qu’il n’est permis… Le mal a choisi l’apparence de la vérité pour se déguiser et se cacher (Phénoménologie de la vérité, p. 250).

 

44. L’Esprit Saint

L’Esprit Saint est ce qui, en Dieu, est le plus tendre, le plus vulnérable, le plus précieux : c’est à lui qu’il faut nous ouvrir, sans opposer de résistance, en abdiquant toute prétention, sans nous durcir, afin d’obtenir de lui l’initiation au mystère : Dieu est amour… Ne nous imaginons pas que nous le savons déjà par nous-mêmes (Credo, p. 91-92).

 

45. Les stigmates

Ascension du Christ : il est monté au ciel « avec les stigmates de sa Passion » (Dramatique, II,1, p. 158).

 

46. Les sacrifices

Balthasar cite Athénagore (un Père de l’Eglise du IIe siècle) : Dieu n’a pas besoin de nos sacrifices (comme ceux des païens ou des Juifs d’autrefois), il est essentiellement sans besoins. Il n’a besoin de rien en dehors de lui. Dieu se suffit à lui-même. « Cependant le sacrifice qui lui est le plus agréable, c’est que nous cherchions à le connaître » (Dramatique, II,1, p. 116).

 

47. La croix

A combien d’entre nous n’arrive-t-il pas que subitement soit imposé un fardeau pour lequel on n’était pas prêt et que l’on est forcé de porter? Une maladie, un décès, pire : l’exil, l’expropriation, la famine, toutes plaies qui frappent aujourd’hui des millions d’hommes. Bon gré, mal gré, il faut traverser cette souffrance en la supportant car, on le sait bien, la révolte ne sert de rien. Alors c’est la résignation . On dit pauvrement son « oui » du mieux qu’on peut. - Et ainsi, sans le savoir, on aide Jésus à porter sa croix. Même le oui le plus faible à une souffrance imposée nous met sur sa route et se transforme en grâce sans que nous en prenions conscience, même lorsque nous voudrions fuir la souffrance de toutes nos forces, ce qui n’est pas interdit, à condition de ne pas se révolter contre ce qui s’impose, mais de l’accepter plutôt comme quelque chose qui est imposé par Dieu Chemin de croix, p. 25).

 

48. Jésus Christ

« Ce que Dieu veut dire de lui-même, il le dit humainement avec plénitude et justesse » en Jésus Christ (La foi du Christ, p. 176).

 

49. Le mensonge

La mort de Jésus : tous ceux qui ont une culpabilité dans le meurtre du Verbe de Dieu cherchent à échapper aux mailles du filet que Dieu leur tend : Judas, en rendant l’argent du sang, les Juifs en alléguant une loi qui exigerait la mort de Jésus, et Pilate en se lavant les mains pour protester de son innocence. - Ainsi le péché capital de l’histoire du monde, dans tous ses détails, est lui aussi, comme toujours, … un effort pour se disculper, un mensonge (Dramatique, III, p. 158).

 

50. Espérer pour tous

Le chrétien non seulement doit espérer le salut pour tous les hommes au point de désirer (comme saint Paul) être séparé du Christ afin de ramener ses propres frères à lui… de même que le Christ a quitté sa divinité et son Père pour lui ramener l’humanité (Cf. E. Guerriero, Hans Urs von Balthasar, p. 320-321).

 

51. Le baptême de Jésus

A son baptême tout particulièrement l’Esprit Saint envahit Jésus, le sanctifie et le consacre pour sa mission dans le monde. Cette sanctification suprême lui confère la capacité totale de recevoir et de transmettre Dieu. Cela devra se poursuivre dans l’action des disciples (Cf. E. Guerriero, Hans Urs von Balthasar, p. 174).

 

52. La croix

Comment Jésus pourrait-il exiger de ses disciples qu’ils le suivent sans conditions et même qu’ils portent chaque jour leur croix s’il ne savait pas que, le premier, il fera lui-même ce chemin? (Aux croyants incertains, p. 27).

 

53. La foi

A celui qui se ferme au mystère, se ferme aussi le mystère (Dramatique, II, p. 309).

 

54. Aimer

Se laisser vraiment aimer est plus difficile que d’aimer soi-même : il y faut aussi plus d’humilité (Grains de blé, p. 83).

 

55. Jésus

Que Dieu ‘livre’ son Fils fait partie des affirmations les plus inouïes du Nouveau Testament. Ici s’est produit ce qu’Abraham n’a pas eu à accomplir en Isaac : le Christ fut, tout à fait volontairement, livré par le Père au destin de la mort (Le mystère pascal, p. 105).

 

56. La toute-puissance

« On dit que Dieu est la toute-puissance; mais la toute-puissance n’est pas aimée; et ainsi le Puissant est plus pauvre que tous. Seule la faiblesse est aimée » (Le mystère pascal, p. 61).

 

57. Amour de soi

L’amour de soi qui est une absence d’amour (Le chrétien Bernanos, p. 118).

 

58. Notre mission

Notre mission terrestre… prend sa source au ciel…, elle constitue le noyau de notre personnalité devant Dieu, et elle ne disparaît pas avec notre vie sur terre (Dramatique, IV, p. 377).

 

59. L’absence

Le Christ partage en priorité précisément à ceux qu’il aime particulièrement son abandon de Dieu sur la croix… La mesure de la proximité intérieure est ici à la mesure de l’expérience de l’absence (Nouveaux points de repère, p. 190).

 

60. Amour

L’amour exige une domination de soi-même; c’est pourquoi l’enfant déjà cherche un moyen d’obtenir le plaisir d’amour sans passer par cette domination, de conquérir le toi et le monde sans se donner de peine, ce qui est l’essence même de l’absence d’amour déguisée en amour, c’est-à-dire la concupiscence (De l’intégration, p. 62).

 

61. L’Eglise

L’Eglise veut toujours fuir tête baissée loin de la croix et se jeter dans l’activisme, dans le monde à transformer ou ailleurs; elle finit toujours par être rattrapée par la croix; heureusement pour elle, car elle se perdrait dans les alibis et dans les abstractions (Le complexe anti-romain, p. 371).

 

62. Se réaliser

L’obéissance à Dieu est si peu aliénante que ce n’est que grâce à elle que nous atteignons, en tant que sujets spirituels, notre personnalité qualifiée d’unique et que nous nous conformons à l’idée que Dieu, de toute éternité, s’était faite de nous… Accomplir sa mission, se mettre entièrement à sa disposition veut dire se réaliser soi-même (Nouveaux points de repère, p. 308-309).

 

63. Marie

Marie, l’Immaculée : elle ne sait pas qu’elle est préservée du péché (Marie pour aujourd’hui, p. 75).

 

64. Amour

D’après Grégoire de Nysse : Transparence de l’amour : pénètre dans l’âme de chacun et laisse chacun pénétrer dans ton âme (Présence et pensée, p. 94).

 

65. La relation à Dieu

L’abandon total du Christ à la volonté de son Père reste le modèle de toute véritable relation à Dieu (La gloire et la croix, IV,2, p. 132).

 

66. Voir Dieu

Nous, qui n’avons pas encore vu Dieu, nous vivons pourtant de lui parce qu’il nous voit et nous avons l’espérance de le voir un jour comme il nous voit (Dramatique, IV, p. 98-99).

 

67. Le pécheur

Le Christ se substitue au pécheur sur la croix (Théologie des Exercices, p. 193).

 

68. L’aveugle

Comme un aveugle sent le soleil sans le voir, ainsi en est-il entre l’âme et Dieu (Grains de blé, II, p. 106).

 

69. Eucharistie

L’eucharistie s’empare du coeur, centre vital, pour que ce ne soit pas moi qui vis mais le Christ en moi (Qui est chrétien?, p. 103).

 

70. L’Eglise

Depuis des siècles, la théologie parle d’un baptême de désir que reçoit celui qui, conformément à ses lumières limitées, s’engage de son mieux pour le bien de ses semblables et du monde entier : il est alors enveloppé et soutenu par la grâce de Dieu, et celle-ci en fait un membre invisible de l’Eglise visible. - La grâce communiquée au monde par Jésus Christ doit déborder les frontières de l’Eglise. Car ce n’est pas l’Eglise que Dieu a voulu libérer, mais le monde (L’engagement de Dieu, p. 6).

 

71. Rencontres

Des rencontres absolument imprévues ont pour effet que des êtres se complètent mutuellement (Phénoménologie de la vérité, p. 171).

 

72. La vérité

Celui qui doit attester à l’extérieur la vérité de l’Evangile ne le peut que s’il reçoit à l’intérieur le témoignage permanent de l’Esprit Saint (La prière contemplative, p. 85).

 

73. Naissance du Nouveau Testament

L’Eglise… a, comme sans le vouloir, produit en elle les écrits du Nouveau Testament. Ceux-ci sont l’expression spontanée de son expérience de l’irruption de l’Amour absolu (La gloire et la croix. III, 2, Nouvelle Alliance, p. 88).

 

74. Substitution

Si la lumière est refusée à un chrétien, c’est afin qu’elle puisse mieux rayonner de lui… Il y a des saints qui distribuent à tout le monde la joie dont ils sont vides… Un saint dévoré d’angoisse peur rester faiseur de calme, de certitude, de paix (Le chrétien Bernanos, p. 444).

 

75. Voir Dieu

« Voir Dieu n’est pas autre chose qu’être ‘ravi’ en lui, être introduit en sa présence et transformé à ce contact… Mais Dieu ne se montre à personne qu’il ne lui confie une mission » (Dramatique, II, 1, p. 26).

 

76. Révélation de Dieu

L’amour de Dieu Trinité demeure éternellement plus grand et plus incompréhensible que tout ce que nous pouvons concevoir. Qui donc peut prétendre avoir compris comment la déréliction du Crucifié avec son cri : ‘Pourquoi m’as-tu abandonné?’, avec son cri demeuré sans réponse, peut être précisément la révélation suprême de l’amour de Dieu Trinité? Mais c’est justement dans ces ténèbres qu’il devient lisible (L’Apocalypse, p. 88).

 

77. L’énigme de l’existence

Ce qu’atteste la foi chrétienne n’est pas directement vérifiable en ce monde; mais ce qu’elle propose est censée contenir la solution à l’énigme angoissante de l’existence. Ce qui est attesté, c’est que l’homme Jésus, le crucifié, est vivant, qu’il a réussi à percer la frontière de la mort et de la fatalité. Et ceci d’abord non pour lui-même, mais pour nous (Les grands textes sur le Christ, p . 267).

 

78. La force de la foi

La force de la foi est telle qu’elle peut se mesurer avec toute pensée et la ramener au centre (Dans E. Guerriero, Hans Urs von Balthasar, p. 176).

 

79. Le monde

Le monde a un sens éternel établi par Dieu. L’homme s’insère dans ce sens par la foi, la prière et l’obéissance (Dieu et l’homme d’aujourd’hui, p. 126).

 

80. Les statistiques

Les statistiques n’ont jamais rien prouvé dans le domaine de la foi chrétienne; elles indiquent tout au plus que les hommes qui croient sincèrement, qui prennent leur foi au sérieux dans toute leur vie, ne constituent qu’un ‘petit troupeau’ (qui ne doit pourtant pas s’abandonner à la crainte), qu’ils sont en tout cas bien moins nombreux que ne le laisserait croire un décompte des gens qui fréquentent l’Eglise (Points de repère, p. 177).

 

81. La marche du monde

Citant Teilhard de Chardin : « Le Christ guide par le dedans la marche universelle du monde » (Dramatique, IV, p. 143).

 

82. Prophétie

Prophétie ne signifie pas prédire l’avenir, mais savoir dans l’instant ce qui est juste aux yeux de Dieu; pouvoir, de la part de Dieu, assigner leur place aux choses, aux hommes, aux événements et aux constellations… (La gloire et la croix, II, 2, p. 297, à propos de Péguy).

 

83. La semence

Au début, l’Evangile ne dit pas que la Parole de Dieu semée dans le monde, c’est Jésus Christ lui-même; qu’il est justement le grain qui meurt pour le monde, qui tombe en terre et porte beaucoup de fruit (De l’intégration, p. 151).

 

84. Prière de préparation à la méditation

Sans vouloir anticiper quoi que ce soit, aller vers la volonté de Dieu qui, ici et maintenant, dans cette méditation, veut me faire un don précis. « Je voudrais de toi, ce que toi, tu as l’intention de me donner » (Une théologie des Exercices , p. 90-92).

 

85. Le Ressuscité

Quand le Christ ressuscité se manifeste aux siens, ils sont subjugués. Non seulement les disciples ont conscience d’être reconnus, mais transpercés par celui qu’ils rencontrent. Bien plus, ils sentent qu’il les connaît et les comprend dans leur originalité propre bien mieux qu’ils ne se connaissent et se comprennent eux-mêmes. - Par suite de la mort de Jésus, sa cause n’a plus aucun avenir. La foi des disciples est morte; même le message des femmes le matin de Pâques ne peut pas la réveiller (Lc 24,11). - Seul peut la réveiller le Ressuscité lui-même qui, avec sa personne, leur rend le Dieu vivant. Pour les onze, comme pour Marie de Magdala au tombeau, il doit se produire quelque chose de semblable à ce qui est arrivé à Paul devant Damas : une chute à terre tout au moins au plan spirituel (Le mystère pascal, p. 216).

 

86. Dialogue

Le dialogue entre Dieu et son monde est un drame aux actes innombrables dans lequel Dieu lui-même s’engage, ce que prouve la croix. - Dieu finit par prendre tout le fardeau sur lui en permettant à son Fils bien-aimé de s’anéantir jusqu’à la mort au poteau d’infamie. - Celui qui imaginerait pour Dieu une béatitude sans souci au-dessus du monde passerait à côté des plus profonds abîmes de la vérité. - Dieu se fatigue et se donne de la peine pour moi. Il se comporte comme quelqu’un qui fait un travail pénible. - Et nous : offrir toute notre personne à la peine que Dieu se donne pour le monde (Une théologie des Exercices, p. 219).

 

87. Dieu

Celui qui n’éprouverait pas jusqu’aux racines de son être le frisson devant l’être de Dieu… ne serait pas préparé à la contemplation de Jésus Christ. Il devrait du moins se faire initier à ce mystère par l’Ancien Testament (La prière contemplative, p. 167).

 

88. L’écoute

Créatures, notre acte premier et insurpassable est l’écoute de la parole qui nous est adressée. Elle contient notre mission et par suite notre être vrai. Notre être vrai : placer notre existence dans le dessein d’amour que Dieu a sur le monde et qui s’est réalisé dans le Christ (Nouveaux points de repère, p. 119).

 

89. La liberté

Voilà ce qui fut le plus divin en Dieu : Dieu possède une liberté si souveraine qu’il put se quitter lui-même. Se donner. Par liberté, se dépouiller de la liberté; par amour, n’être plus libre, n’être plus maître de soi-même (Le coeur du monde, p. 194).

 

90. L’amour

Tout amour est vulnérable et sans défense (Dramatique, IV, p. 242).

 

91. Mariage

Le face à face entre l’homme et la femme est le fondement du face à face de Dieu et de l’humanité (La gloire et la croix, III,2, p. 420).

 

92. La mission

L’ancienne Alliance et plus encore la nouvelle ne restent pas enfermées en elles-mêmes; elles sont ouvertes à tous les peuples de manière missionnaire (L’Esprit de vérité, p. 14-15).

 

93. Les religions

Dieu s’est fait homme » : voilà bien l’affirmation centrale du message chrétien… Cette assertion sépare radicalement le christianisme de toutes les autres croyances et conceptions du monde… Et voilà que ce quelqu’un se montre terriblement exclusif : « Nul ne connaît le Père si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils veut bien le révéler » (Mt 11,27) … Toutes les autres religions du monde, tous les autres systèmes de pensée de l’humanité sont des « approches tâtonnantes du mystère de l’existence du monde (Points de repère, p. 41-43).

 

94. Le poids du péché

Jésus a la conscience  manifeste d’être la révélation finale de Dieu… - Et sa mission, il la comprenait comme devant abolir toute l’aliénation du monde à l’égard de Dieu, c’est-à-dire dans le langage de Paul et de Jean : vaincre le péché du monde. Sa mission englobe le monde. - Et pour vaincre le péché du monde, il va en porter tout le poids et toute la malédiction, il sera mis à la place du péché sur la croix, il sert de rançon, son sang est versé pour tous, il est immolé comme l’agneau pascal pour protéger les autres, il est victime pour le péché des autres, il est le Serviteur de Dieu d’Isaïe 53 que Dieu a livré pour tous, il s’est livré lui-même pour nos péchés (Ga 1,4), sa mort nous rachète de l’esclavage du péché (Ga 3,13; 4,3) du fait qu’il est entré lui-même à notre place dans l’esclavage; son obéissance détruit la désobéissance d’Adam (Dramatique, II, 2, p. 88-91).

 

95. Parler de Dieu

Nous ne sommes pas plus capables de parler et de disposer de l’Eglise que nous ne le sommes de parler et de disposer de Dieu (Le complexe anti-romain, p. 23).

 

96. Lavage de cerveau

Le purgatoire : il faut que « le feu de l’amour divin détruise en nous ce qui est incompatible avec lui »… Découvrir peut-être alors la vanité et l’absurdité de sa vie, et prendre place honteusement parmi les analphabètes pour apprendre le B, A, BA du véritable amour… - Une sorte de lavage de cerveau pour pécheurs lui est nécessaire pour pouvoir saisir ce qu’est l’amour de Dieu. Accepter enfin de voir la vérité du péché et la vérité de la grâce : le Fils de Dieu crucifié pour toi. - La conversion est toujours un processus douloureux et solitaire. Personne ne peut le faire à ma place : je dois apprendre à aimer ce que je refusais jusque là et renoncer à ce qui m’était cher jusque là (Tu couronnes l’année de tes bontés, p. 50).

 

97. Les yeux de la foi

A propos de Pascal. « Le Christ aussi demeure un mystère insondable sans son Esprit Saint qui nous donne les ‘yeux de la foi’ pour voir, véritablement, dans l’amour, ce qui est » (La gloire et la croix, II, 2, p. 122).

 

98. L’Eglise des pécheurs

Le corps de l’Eglise « est évidemment composé de pécheurs, c’est-à-dire de gens qui n’aiment pas, ou du moins pas totalement, et il y aura donc jusqu’à la fin des temps des raisons de le critiquer. - Mais celui qui critique sans donner l’exemple d’un plus grand amour ressemble à un homme qui se gratte d’autant plus furieusement que ses démangeaisons sont plus vives et qui finira par provoquer des inflammations plus graves… - Les grands saints ont réformé l’Eglise, mais ils l’ont fait de façon constructive » (Points de repère, p. 217-218).

 

99. La solidarité de l’expérience

Dans l’Ancien Testament et dans l’Eglise, l’expérience faite par un seul peut être considérée par les autres comme leur appartenant : ainsi en Moïse, tout le peuple était dans la nuée; en Samson, en Gédéon, en Samuel, tout le peuple est confirmé dans sa foi; en Job et dans le Serviteur souffrant, tout le peuple reconnaît sa souffrance; d’une certaine manière, c’est pour chacun comme s’il était, dans la meilleure partie de lui-même, Job ou le Serviteur souffrant ou le chantre de tel ou tel psaume qui exprime sa propre foi. - Depuis que Marie a posé la base de l’Eglise, cette solidarité de l’expérience est devenue encore beaucoup plus étroite : il est maintenant presque indifférent de savoir à qui est accordé une expérience… Celui qui en bénéficie est certes un élu, mais il appartient par là même beaucoup plus intimement à la communauté et à chaque croyant. - Dépouiller et exploiter les saints est dans l’ Eglise catholique une pratique courante. Cependant ce communisme mystique dépend du fait que des individus reçoivent d’abord des choses qui demeurent cachées aux autres (La gloire et la croix, I, p. 289).

 

100. Le chemin de Damas

Saint Paul revient du chemin de Damas chargé d’un trésor que, malgré tous ses efforts spirituels, il ne pourra jamais, sa vie entière, achever de monnayer, et auquel par conséquent il renvoie toujours.

Il est chargé… du grand mystère qui en ces derniers temps a été foncièrement manifesté et est devenu un trésor auquel chaque croyant… a le droit de participer (La prière contemplative, p. 269).

 

101. Gethsémani

Le soleil de l’amour a disparu derrière les nuées… Le Fils a laissé pénétrer en lui l’énorme ténèbre du péché, il est comme dépouillé de sa force, il s’est ‘vidé’ pour porter l’insupportable fardeau dans la faiblesse (Triple couronne, p. 60).

 

102. Dieu caché

Quand l’au-delà se manifeste, il se livre sans s’abandonner; il se livre en se réservant. Jésus ressuscité est reconnu et d’autre part on ne réussit pas à le reconnaître. Il se rend présent en se communiquant lui-même et en se dérobant. Tantôt il se fait toucher et tantôt il se soustrait au contact. Il est là (avec son corps),  mais dans une altérité insaisissable, céleste. - C’est ici, dans les apparitions du Ressuscité, qu’il faut se rappeler le plus ce principe que Dieu se manifeste en restant le Dieu caché (Le mystère pascal, p. 245 et 252).

 

103. Eucharistie

« Je suis mort une fois, et qui se nourrit de ma mort vivra dans l’éternité, et je le ressusciterai au dernier jour, et chaque jour est le dernier » (Le coeur du monde, p. 217).

 

104. L’enseignement de Dieu

Il est écrit dans les prophètes : ‘Ils seront tous enseignés par Dieu’ (Jr 31,33 s; Is 54,13; Jn 6,45), mais seuls les simples sont attentifs à cet enseignement (Simplicité chrétienne, p. 30).

 

105. Le mystère caché

Seigneur, si tu n’es pas ici, où te chercherai-je dans ton absence? Et si tu es partout, pourquoi ne vois-je pas ta présence? ». (Prière de saint Anselme). - Commentaire : « C’est une prière qui ne peut recevoir de réponse que dans la prière. Le mystère caché de Dieu est un respect divin plein d’amour pour la liberté de sa créature. Et celle-ci doit se mettre à l’école de l’Amour éternel pour… comprendre que son caractère caché n’est pas une dérobade mais au contraire un accompagnement de sa créature (Dramatique, II, 1, p. 239).

 

106. Athéisme

Si aujourd’hui certains estiment n’avoir que trop entendu parler de Jésus Christ et du christianisme, s’ils en sont saturés au point de ne plus pouvoir donner d’autre réponse que celle de l’athéisme, peut-être la cause en est-elle que notre parole n’était pas assez claire, ni assez désintéressée (les colonies!), ni assez simple, ni assez cohérente. Nous n’avons pas suffisamment mis en évidence notre être et notre qualité d’envoyés. Il nous faut recommencer par le début, nous efforçant d’être désormais  plus dignes de foi (Catholique, p. 126).

 

107. La fidélité

La fidélité est la seule attitude qui « rend humain tout échange entre les hommes »… La fidélité engage la responsabilité : « Tu dois maintenant choisir de rester fidèle, contre ton propre avantage »… L’acte d’être fidèle est en chaque cas un risque (Nouveaux points de repère, p. 65-69).

 

108. Les lointains

Le chrétien a un rôle à remplir vis-à-vis de tous ceux qui sont loin (Cf. E. Guerriero, Hans Urs von Balthasar, p. 193).

 

109. L’enfer

L’enfer n’est pas situé dans un lieu de l’univers; l’enfer, c’est le damné lui-même; là où il est, là est l’enfer (Un auteur allemand cité dans Dramatique, IV, p. 275).

 

110. Dieu se donne au monde

En Jésus, le Dieu trinitaire se donne au monde d’une manière insurpassable… Tout ce qui suivra dans la durée n’est plus que le déploiement prodigieux de cet événement final (Dramatique, IV, p. 27-28).

 

111. La brise du soir

Dans la brise vespérale du paradis, Dieu converse avec Adam : invisible, mais sensible et pénétrant tout, comme le vent. En lui nous vivons, nous nous mouvons, nous sommes (Le chrétien et l’angoisse, p. 132).

 

112. Le silence devant Dieu

Dieu est honoré par le silence… parce que nous comprenons que nous ne sommes pas parvenus à le saisir (Saint Thomas auquel se réfère Balthasar : Théologique, II, 117, n. 65).

 

113. Le sens du monde

Le sens du monde et de la vie, pour le chrétien, lui est donné par une révélation venue d’en haut. - L’humanité, pour une large part, refuse de se soumettre à cette prétention… Elle veut trouver elle-même son sens… Elle le fait par divers essais de philosophie et d’histoire (P.C. A moins que les gens vivent simplement comme des bêtes, sans réfléchir à leur existence et au sens de leur existence) (Dramatique, III, p. 63).

 

114. Le but de l’incarnation

Le but de l’incarnation était de nous ouvrir et  de nous confier l’être et la vie intimes de Dieu (La prière contemplative, p. 188).

 

115. Vulnérabilité de Jésus

 

Le paradoxe de Jésus apparaît quand il affirme son autorité absolue dans la pauvreté absolue et par conséquent dans la vulnérabilité, dans le renoncement à toute puissance terrestre et à tout bien terrestre (La gloire et la croix. Nouvelle Alliance, p. 114).

 

116. Vie de Jésus

Condensation croissante. Trente années cachées. Trois ans de vie publique. Trois jours qui récapitulent et décident tout (Dramatique, III, p. 463).

 

117.  Expiation

L’Eglise expie aujourd’hui sévèrement certaines fautes qu’elle a commises au cours de sa longue histoire (à propos de mariologie et de culte marial)    (Points de repère, p. 77).

 

118. L’absolu et le relatif

La foi de l’Eglise a tout à la fois quelque chose d’absolu et quelque chose de relatif. - Absolu : parce que l’Eglise est liée au Seigneur et qu’elle veut lui être fidèle. - Relatif : parce que le Seigneur n’est pas enchaîné aux formes conférées à son Eglise (le ministère et les sacrements), mais dispose de voies souveraines, inconnues de l’Eglise, pour mener d’autres êtres à la même fidélité à son égard (Simplicité chrétienne, p. 75).

 

119. La solitude de Jésus

Au milieu des hommes, Jésus vit dans une solitude qui n’est comparable à aucune autre. Sa parole est admirée, mais elle ne porte pas… Se peut-il que, dans ses prières au Père, il ait demandé le succès pour ses paroles et ses actes?… Lui-même est une parole toute gonflée de l’Esprit Saint, semblable à une mère qui regorge de lait : "Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive… Des fleuves d’eau vive…" (Théologique, II, p. 264).

 

120. Tuer le temps

La mort est le signe de la puissance divine sur l’existence finie. - L’homme sur cette terre reste un lutteur, contre des puissances qu’il arrive à vaincre jusqu’à un certain point, mais qui auront éternellement le dessus. Les virus et les microbes qui résistent à la longue aux nouveaux médicaments démontrent cette vérité avec ironie… - Quand les machines auront déchargé l’homme de tout travail, il ne saura plus avec quel loisir se débarrasser de l’ennui, il ne saura plus comment tuer le temps (Dieu et la souffrance, p.  24-25).

 

121. Les saints dans l’Eglise

La méconnaissance des prophètes par Israël est une figure de la méconnaissance des saints par les pécheurs (La gloire et la croix, II, 2, p. 291).

 

122. Le nom caché de Dieu

Le nom caché de Dieu, ce nom resté toujours secret, est : Amour. Et Jésus révèle ce nom en se faisant obéissant à l’Autre, au Père, jusqu’à la mort sur la croix. - C’est par amour que le Père donne ce qu’il a de plus précieux, son Fils, qu’il le livre pour nous. - C’est par amour que le Fils affronte les ténèbres extérieures du monde, de la mort et de l’enfer pour se charger de la faute de tous ses frères humains. - Et cet amour est donné à nos coeurs comme un fruit : le Saint Esprit d’amour de Dieu (Points de repère, p. 37-38).

 

123. Le trésor

L’être humain ne commence à exister que lorsqu’il a de la valeur aux yeux des autres. Quand un enfant apprend de sa mère qu’il est son ‘trésor’, s’éveillent en lui la conscience de sa dignité  et celle de son caractère unique. - Quand Dieu dit à un sujet spirituel qui il est pour lui, à quelle fin il existe, à quelle mission il le destine, alors ce sujet spirituel devient vraiment lui-même. C’est ce qui est arrivé à Jésus quand le Père lui a dit : ‘Tu es mon Fils bien-aimé’. - On devient vraiment une personne quand on a du prix pour les autres. Et quand c’est pour Dieu qu’on a du prix, en venant à Dieu, l’homme vient pour la première fois vraiment à lui-même. Tenu par Dieu, l’homme devient vraiment personnel. La vérité de la nature humaine est la nature divine (Dramatique, II, 2, p. 164-165).

 

124. L’homme et la femme

L’homme et la femme sont tous deux, l’un pour l’autre, un moyen de parvenir à Dieu. - Il y a un dépassement de l’homme et de la femme, non seulement vers l’enfant, mais essentiellement vers Dieu (Dramatique, IV, p. 431).

 

125. Le péché originel

« Le dogme le plus obscur, le plus incroyable, dont personne n’aurait eu l’idée sans révélation – pour ne rien dire de l’incarnation » (La gloire et la croix, II, 2, p. 106).

 

126. La croix

C’est sur la croix que le Fils achève la révélation de Dieu (Jésus nous connaît-il?, p. 83).

 

127. La mort

« C’est à cause de la mort que Dieu a pris sur lui de naître » (Grégoire de Nysse cité dans Dramatique, IV, p. 294).

 

128. Le sourire d’une mère

L’amour de Dieu, qui est grâce, contient nécessairement en soi les conditions de sa connaissance et par conséquent les apporte et les communique. - Quand la mère, pendant des jours et des semaines, a souri à son enfant, elle reçoit un jour de lui pour la première fois la réponse d’un sourire. Elle a éveillé l’amour dans le coeur de l’enfant et, en s’éveillant à l’amour, l’enfant s’éveille aussi à la connaissance… Aucun enfant ne s’éveille à l’amour sans être aimé… - Aucun coeur d’homme ne commence à comprendre Dieu sans la libre offrande de sa grâce dans l’image de son Fils (L’amour seul est digne de foi, p. 94-95).

 

129. Dieu caché

Dieu se cache ordinairement et se découvre rarement… Il est demeuré caché sous le voile de la nature qui nous le couvre jusqu’à l’incarnation; et quand il est paru, il s’est encore plus caché en se couvrant de l’humanité… Et enfin il s’est caché dans le plus étrange et le plus obscur secret de tous, l’eucharistie, le dernier secret où il peut être… - « Dieu, qui est la valeur suprême, veut qu’on le cherche; cela seul est digne de lui ». - Il faut donc qu’il y ait assez de lumière pour que l’obscurité de la vraie religion puisse être vue… et assez d’ombre pour que sa révélation soit toujours contestée, et que la rencontre entre Dieu et l’homme s’accomplisse dans la liberté du coeur et sans contrainte logique exercée sur l’intelligence. - « Je suis en colère contre ceux qui veulent absolument que l’on croie la vérité lorsqu’ils la démontrent, ce que Jésus Christ n’a pas fait en son humanité créée » (Agec Pascal dans La gloire et la croix, II,2, p. 110-111).

 

130. La faute

L’Eglise s’est emparée des chants de louange d’Israël, mais elle était prête aussi à prier avec Israël les psaumes de pénitence, de jugement et de confession, c’est-à-dire à se savoir et à se sentir avec Israël dans la faute et l’échec (Les grands textes sur le Christ, p. 142).

 

131. Contre son gré

L’homme n’est pas emporté dans la vraie vie contre son gré ou sans qu’il le veuille. Il doit se comporter comme quelqu’un qui comprend de quoi il s’agit et qui le veut (La prière contemplative, p. 70).

 

132. La cuirasse

Chacun de nous est enfermé dans une cuirasse à laquelle l’habitude nous rend bientôt insensibles. A certains instants seulement cette cuirasse devient perméable et l’âme se trouve en état de réceptivité (M. Buber cité dans Dieu et l’homme d’aujourd’hui, p. 300-301).

 

133. Le Dieu vivant

Nous ne pouvons jamais atteindre le Dieu vivant autrement que par son Fils incarné (La gloire et la croix, I, p. 103).

 

134. Un processus

Ce qui, de l’extérieur, apparaît comme un obstacle tragique à l’épanouissement personnel peut être, dans l’invisible, un processus caché de purification (Dramatique, II, 1, p. 31).

 

135. La visite de l’Esprit

« C’est à Marie, comme semence de l’Eglise, que le Fils, sans aucun doute, est apparu en premier », écrit saint Ignace. C’est elle qui, visitée avant tous par l’Esprit, a conçu le corps du Verbe. - Groupée autour d’elle, l’Eglise prie pour qu’il lui arrive ce qui est arrivée en Marie la première. Et Marie elle-même prie de nouveau pour cela : elle prie comme étant l’Eglise, comme centre de la communauté des saints, pour que l’incarnation du Verbe, parachevée dans la croix et la résurrection, se communique à la communauté tout entière (Triple couronne, p. 96).

 

136. La source jaillissante

Les Pères de l’Eglise se servaient du terme ‘théologien’ pour désigner ceux qui, remplis de l’Esprit Saint, surent parler dignement de l’Amour. Marie et Jean l’apôtre étaient les théologiens par excellence, mais il arrivait aussi qu’on désignât ainsi tous ceux qui le matin de Pâques furent inondés par l’Esprit. Il s’ensuit que le plus humble chrétien peut être théologien s’il se laisse diriger par l’Esprit du Christ. En buvant cette eau divine, il peut devenir une source jaillissante de vie éternelle (La foi chrétienne est une, p. 13).

 

137. La promesse

Dans l’Ancien Testament, la Parole de Dieu, même déjà venue dans le monde, « reste essentiellement une parole de promesse » (L’amour seul est digne de foi, p. 71).

 

138. L’abîme

Le Christ est entré « dans l’abîme sans issue de l’existence humaine ». Le chemin de l’incarnation, mission qu’il a reçue du Père, ne s’arrête pas tant que le Christ n’a pas éprouvé et enduré dans l’obéissance toute l’aversion de Dieu, toute la culpabilité et la souffrance de l’homme… Le Père a demandé au Fils de donner cette preuve en acte de l’amour divin pour le monde (Dramatique, II, 1, p. 70-71).

 

139. Le sourire

Le Christ, révélateur du Père. En lui, tout l’humain est « l’expression durable de la vie éternelle. Chaque mot, chaque regard, chaque sourire du Sauveur est la manifestation de la vie éternelle. Mais dans une mesure égale, chaque souffrance, chaque obscurité, chaque abandon de Dieu, chaque descente aux enfers : tout cela fait connaître Dieu » (Théologie de l’histoire, p. 193).

 

140. Le souci

La création et l’alliance demeurent pour Dieu son constant souci; il est ému et touché par les événements terrestres, il est concerné et même affecté par la conduite de l’homme, il en éprouve de la joie ou de la tristesse, il agrée l’hommage de l’homme ou s’irrite contre l’offense, il partage son amour ou il se retire dans un mouvement de colère. La divinité n’est pas impassible. Il y a une tension chez Dieu entre la volonté d’aimer et l’obligation de punir… Tristesse irritée devant le refus et l’endurcissement de ceux qu’il appelle (D'après Heschel  : Dramatique, III, p. 319-320).

 

141. Le plus simple

Dans la prière, le plus simple est toujours le meilleur (A propos de mon oeuvre, p. 107).

 

142. Le penchant

L’homme créé est doté d’un penchant élémentaire à se mettre en route vers l’Absolu (Cf. Ac 16,26 s.) pour que Dieu, quand il se met de son côté en route vers l’homme, ne rencontre pas un indifférent mais un être capable d’accueillir sa grâce (Nouveaux points de repère, p. 109).

 

143. L’impuissance

Dieu est Sagesse, Vérité, Puissance, même si pour vaincre toute résistance humaine, il feint l’impuissance et, pour confondre la sagesse humaine, il fait mine d’être insensé (E. Guerriero, Hans Urs von Balthasar, p. 230).

 

144. La dignité

L’action de Dieu envers l’homme n’est digne de foi que si elle exprime un amour. La foi : percevoir et accueillir l’amour souverainement libre de Dieu manifestant sa gloire (L’amour seul est digne de foi, p. 8-10).

 

145. Le ciel

La terre appartient au ciel, et le ciel du Dieu Trinité possède assez d’espace pour y faire entrer la terre et tous ses habitants, sans qu’ils y perdent leur identité  (Dramatique,  IV, p. 88).

 

146. Les mythes

Tous les mythes, tous les projets religieux du monde, tout ce qui peut exister de révélation authentique de Dieu dans le monde, converge vers le centre qui est l’incarnation. Le Christ est la mesure de toute révélation, et il se soumet toutes les autres formes de révélation pour en prendre possession (E. Guerriero, Hans Urs von Balthasar, p. 240).

 

147. Le chemin

Acheminer l’homme d’aujourd’hui vers ce qu’il y a de plus vivant en Dieu, dans le Christ et dans l’Eglise (A propos de mon oeuvre, p. 12).

 

148. La résurrection

La résurrection n’est en aucune manière un processus naturel… Et il est vrai pourtant de dire que l’homme existe en vue de la résurrection. Or le premier-né de la résurrection, celui qui la rend possible pour tous, c’est le Christ. En un mot, sa résurrection n’est pas un acte qui le concerne seul, mais le pivot et le centre de toute la doctrine chrétienne (Dramatique, IV, p. 343).

 

149. Enfantement

Mettre un enfant au monde, c’est pour la femme un dur travail et des douleurs. Où dans le monde y a-t-il réelle fécondité sans douleur? Le grain de blé doit mourir pour porter beaucoup de fruit. Aucun grande oeuvre d’art ne voit le jour sans que l’artiste ne vive cent fois la mort. Tout adolescent, pour atteindre sa maturité, doit passer par une solitude qui lui reste incompréhensible. Personne ne trouve vraiment Dieu sans déceptions et larmes (Dieu et la souffrance, p. 20-21).

 

150. Le sable

Jésus n’a rien écrit, sauf une fois sur le sable (Jn 8,6-8). Il est une Parole livrée au monde par le Père. Un texte écrit ne fera jamais qu’indiquer la piste pour le découvrir. Et il appartiendra à la puissance de l’Esprit de faire que cette Parole ressuscite toujours à partir des lettres mortes (Théologique, II, p. 271).

 

151. Le surhomme

Jésus n’était pas un surhomme capable de voir la totalité du temps. De par l’incarnation, son horizon était rétréci à la mission à accomplir dans l’obéissance (Les grands textes sur le Christ, p. 228-229).

 

152. Tu as raison

La foi, c’est : Mon Dieu, tu as raison dans tous les cas, même si je ne comprends pas. - L’espérance, c’est : En toi seul, mon Dieu, la durée de ma vie a un sens et c’est pourquoi je renonce à trouver mon assurance en moi-même. - L’amour, c’est : Toutes mes forces et tout mon coeur s’efforcent de te dire : Oui, mon Dieu… Et de dire oui à ceux que tu m’as assignés comme prochain (Une théologie des Exercices, p. 85).

 

153. Apprendre

Saint Irénée assure que même dans le Royaume futur, Dieu aura toujours quelque chose à enseigner, et l’homme toujours quelque chose à apprendre de lui (Dramatique, IV, p. 372).

 

154. Liberté de Dieu

Dieu est si libre qu’il peut aussi faire la volonté de sa créature (mérite, intercession, coopération) si la créature s’est laissée introduire dans les dispositions de Dieu (La vérité est symphonique, p. 56).

 

155. L’espérance

Le chrétien doit susciter l’espérance et d’abord chez ceux qui en manquent (Dramatique, IV, p. 156).

 

156. Le monde

L’Esprit appelle le monde à entrer dans l’Eglise et il appelle l’Eglise à se donner au monde (HUvB d’après H. de Lubac, Paradoxe et mystère de l’Eglise, p. 182).

 

157. Marie

Il ne peut y avoir aucune piété ecclésiale qui s’arrête à Marie. Si elle est authentique, elle est immédiatement et nécessairement transmise par Marie à Jésus et par celui-ci au Père dans le Saint Esprit. Le culte adressée à une créature humaine n’est nullement à confondre avec l’adoration qui est rendue à Dieu seul (Marie première Eglise, p. 113-119).

 

158. Le trésor

Même si la révélation du Christ est achevée avec la mort du dernier des apôtres, la révélation de l’Esprit ne l’est jamais. Et l’Esprit reste libre de jeter toujours de nouvelles lumières sur le trésor de la vérité (L’Esprit de vérité, p. 191).

 

159. Des airs d’adultes

en cette période de transition où des catholiques, pareils à des jeunes gens à peine sortis de l’adolescence, se donnent des airs d’adultes alors qu’ils le sont si peu (Le complexe anti-romain, p. 42).

 

160. La vérité

Il y a bien plus de vérité dans le Christ que dans la foi de l’Eglise et bien plus de vérité dans la foi de l’Eglise que dans les dogmes explicitement formulés (L’Esprit de vérité, p. 15).

 

161. Incompréhensible

La pensée chrétienne repose finalement sur un mystère incompréhensible : sur le fait que, dans le Christ, Dieu est entré personnellement dans l’histoire et a pris sur lui la faute et le destin de l’homme (Romano Guardini, p. 50).

 

162. La fenêtre

La grâce suit des chemins cachés. « Quand on met la grâce à la porte, elle rentre par la fenêtre » (Péguy dans La gloire et la croix, II, 2, p. 346).

 

163. Les vieilleries

« Personne ne niera que l’enseignement du dogme et du catéchisme chrétiens a besoin d’être débarrassé d’un certain nombre de vieilleries : bien au contraire, ses greniers sont remplis d’un tas d’acquisitions superflues qui prennent de la place et ne sont plus utiles à personne. Mais qui est à même de faire le tri? » De même pour la Bible… Prendre garde de jeter par-dessus bord des réalités appartenant à l’essentiel (Points de repère, p. 19).

 

164. Le choix

Doctrine paradoxale constante de l’ancienne et de la nouvelle Alliance d’après laquelle Dieu choisit justement ce qui n’est rien pour réduire à rien ce qui est (Dramatique II, 2, p. 216).

 

165. Invérifiable

L’eucharistie procède d’une parole du Christ qui est invérifiable : c’est une de ces paroles du Christ qui expriment des réalités invisibles et doivent être crues de sa bouche au sens le plus strict parce que nous n’avons aucune possibilité de les contrôler (La gloire et la croix, I, p. 167-168).

 

166. L’histoire

D’après la révélation chrétienne, l’histoire dans son ensemble aussi bien que celle de l’individu vient de Dieu et va vers Dieu. Le temps n’est pas purement cyclique comme le retour nécessaire des quatre saisons au long de l’année. L’histoire ne tourne pas en rond. - Le Fils est sorti du Père et il est venu dans le monde. Puis il dit: ‘Maintenant je quitte le monde et je vais au Père’ (Jn 16,28); et par là il entraîne le monde dans son orbite. - Mais nous retournons à notre origine, nous nous efforçons de retourner à Dieu non en retournant en arrière, en remontant au paradis – parce que la route est obstruée – mais en progressant vers le jugement, en avant (De l’intégration, p. 120).

 

167. L’abus

Tout ce qui est sacramentel est livré sans défense à l’abus qu’en font les hommes (La gloire et la croix. III, 2, p. 132).

 

168. Grandir

Toutes les fois qu’un homme décide de s’oublier lui-même, d’abandonner sa propre étroitesse, sa volonté, sa force, sa tendance à se fermer, à se révolter, là grandit mon Royaume… Mais les hommes ne se décident au renoncement qu’à contrecoeur, ils sont tout plutôt que livrés à ma grâce (Le coeur du monde, p. 197).

 

169. La marche

Toute la vie de Jésus est à concevoir comme une marche vers la croix (Le mystère pascal, p. 82).

 

170. La porte

Jésus a reçu du Père une mission. L’histoire de l’humanité, qui se déroule dans le temps, se dirige en direction de l’éternité. En lui, Jésus Christ, le temps de notre histoire se dépasse lui-même pour rejoindre l’éternité. - Lui seul est la porte d’accès au Père, lui seul est entré une fois pour toutes dans le Saint des saints marqué par son sang. La fin de sa vie est l’accomplissement plénier de la volonté du Père dans le monde, l’avènement du Royaume. - La fin de la vie du Christ (sa mort, sa résurrection) : la fin du monde est là. - La marche du Fils vers le Père devance la course du monde et l’absorbe en elle : la course du monde se trouve concentrée dans celle du Christ qui la devance. - Le terme vers lequel la course du monde se dirige, la résurrection des morts, a déjà commencé de surgir en lui. - La mission du Fils a une extension universelle : il meurt pour rassembler dans l’unité tous les enfants de Dieu dispersés (La foi du Christ, p. 220-221).

 

171. L’essentiel

L’événement essentiel du mystère du Christ, c’est qu’il prend notre place dans la Passion (Dramatique, I, p. 87).

 

172. Les ordres

En aucun cas, le Père ne se conçoit comme ‘donnant des ordres’ en raison de son être originaire, et réduisant le Fils et l’Esprit à n’être, pour ainsi dire, que des exécutants qui obéissent (Théologique, II, p. 161).

 

173. Le trésor

Peut-être n’est-il pas de vérité plus consolante sur l’Eglise que l’existence en son sein d’une communauté, d’un communisme des saints. D’une part cela signifie qu’il existe une richesse toujours débordante où peuvent puiser tous les pauvres : on l’appelle aussi le trésor de l’Eglise. - Cela correspond exactement à la fécondité incalculable de ceux qui se livrent à Dieu pour le service de leurs frères, avec tout ce qu’ils sont et tout ce qu’ils ont. Des forces émanent d’eux, l’amour ne les épargne pas, mais les distribue sans pitié. Qui sait à qui je dois telle grâce dans ma vie? (Points de repère, p. 68-75).

 

174. Le centre

Le vrai centre du péché se situe dans le manque d’amour de Dieu et du prochain. Celui qui tient compte de ce centre, comment peut-il penser qu’il est sans péché – peut-être grave? (Aux croyants incertains, p. 135).

 

175. Substitution

Le terme qui caractérise l’existence de Jésus Christ de la façon la plus centrale est celui de substitution. La substitution, c’est ce qui se passe sur la croix : l’innocent meurt pour le pécheur et, en mourant, il peut l’emmener avec lui au paradis. L’échange se passe entre la sainteté du Christ et le péché de l’homme. « Donne-moi ton péché afin que je te donne ma sainteté », dit le Crucifié (Article de la revue Communio, 13, 1, p. 22-23).

 

176. L’Inaccessible

Incarnation : l’Inaccessible se rend visible, non pour se rendre maître des hommes, mais pour les admettre dans son domaine… La foi, c’est quand on est saisi par Dieu dans le Christ (Cordula, p. 44).

 

177. Comprendre

Ne pas comprendre et pourtant croire et dire oui est essentiel à la foi chrétienne. Le Fils lui-même sur la croix ne comprendra pas pourquoi le Père l’a abandonné. « Si tu comprends, ce n’est pas Dieu », disait saint Augustin (Triple couronne, p. 49).

 

178. Le don

Il a béni, il a rompu et il a donné : parce qu’il a béni, il a rompu, et parce qu’il t’a rompu, il a pu te donner (Grains de blé, II, p. 108).

 

179. Mûrir

L’expérience de la souffrance est indispensable à l’homme pour qu’il mûrisse intérieurement (Avec saint Irénée, dans Dramatique, II, 1, p. 121).

 

180. La récolte

Il existe donc une orientation du monde vers Dieu. (Question d’une grande récolte à rassembler). Cela suppose, pour l’histoire terrestre, l’idée d’un mouvement vers un jour final où le temps des décisions libres se trouve dépassé et où la récolte est recueillie dans les ‘granges éternelles’ (Dramatique, IV, p. 377).

 

181. L’opacité

Mystère de la Providence. L’Eglise opaque. Elle devrait révéler le Dieu de Jésus Christ. Pour les non croyants, souvent elle le cache. Fait de l’Eglise et des hommes d’Eglise, notre fait à nous. - Qui d’entre nous n’obscurcit pas le visage de Dieu devant les non croyants et même devant nos frères chrétiens, par le scandale? (Dieu et l’homme d’aujourd’hui, p. 127-145).

 

182. L’homme

C’est en allant vers Dieu que l’homme arrive vraiment à lui-même (Un auteur allemand cité dans Nouveaux points de repère, p. 160).

 

183. Impitoyable

(Dieu). Il est une personne vivante qui ramène sans cesse le peuple d’Israël sur le chemin que celui-ci refuse de parcourir et repousse instinctivement de tout son être, avec obstination et entêtement. - Cet Être mystérieux qui ne livre jamais son nom libère Israël de l’esclavage, l’entraîne à travers le désert, lui fait don de belles promesses. Même s’il se révolte contre lui, même s’il demeure caché, il y a une chose dont Israël est sûr, c’est qu’il existe : il agit, il parle, il guide, il promet et tient ses promesses. - Dieu a impitoyablement traîné son peuple vers son but, à travers toutes les difficultés, à travers les défaites, l’exil, la déréliction, jusqu’à ce qu’il atteigne la fin que Dieu avait poursuivi tout au long de son histoire : dévoiler, dans la discrétion la plus profonde, son visage que personne n’avait jamais vu; non pas le dévoiler, mais le rendre perceptible : comme l’Amour absolu. - « Personne n’a jamais contemplé Dieu, mais nous, nous avons contemplé et nous attestons que le Père a envoyé son Fils, le Sauveur du monde, parce qu’il nous aime (Les grands textes sur le Christ, p. 94-95).

 

184. L’enfant

La parole divine d’amour (la puissance de l’amour de Dieu) se voile derrière une faiblesse qui accorde la primauté à l’aimé (le monde).  L’amour de Dieu pour cet enfant qu’est le monde éveille si bien l’amour dans le coeur de celui-ci que… (L’amour seul est digne de foi, p. 186).

 

185. La règle

Ceux qui sont mandatés officiellement dans l’Eglise de la part du Seigneur ont à se soumettre eux-mêmes, et à soumettre ceux qui leur sont confiés, à la règle de la croix à porter à la suite de Jésus (Dramatique, II, 2, p. 286).

 

186. Etranger?

Un pécheur, peut-il faire autre chose que crucifier Dieu? Et cependant l’Être absolu ne peut être pour qui que ce soit une réalité étrangère puisque tout a été créé par lui et pour lui (La gloire et la croix. Nouvelle Alliance, p. 338).

 

187. Les tigres

Ce n’est pas un troupeau de brebis que conduit le berger chrétien, mais une horde de taureaux et de tigres… L’Eglise est une dompteuse de lions… L’Eglise s’est penchée tour à tour à droite et à gauche pour tourner d’énormes obstacles… Il est facile d’être un fou, il est facile d’être un hérétique… Le difficile est de rester dans la bonne voie. Il est toujours facile d’être un moderniste, comme il est facile d’être un snob (En lisant Chesterton, dans Catholique, p. 106-107).

 

188. Chercher

Je ne peux pas te chercher si tu ne m’enseignes, ni te trouver si tu ne te montres (Saint Anselme cité dans Théologie et sainteté, dans Dieu vivant, n° 12, 1948, p. 30).

 

189. Les faux problèmes

L’exégèse authentique a délivré la dogmatique de beaucoup de faux problèmes pour la replacer devant son véritable objet (Les grands textes sur le Christ, p. 229).

 

190. Les vieux

Le plus obtus des observateurs sait parfaitement qu’un avare est vieux à vingt ans (Bernanos cité dans De l’intégration, p. 273).

 

191. La préparation

L’Ancien Testament représente une histoire préparatoire de la Parole de Dieu en vue de son incarnation (Dramatique, III, p. 125).

 

192. Le don de prophétie

Le don de prophétie n’est rien d’autre que la capacité d’exprimer la foi chrétienne dans des paroles correctes et fécondes à l’intention des autres membres de l’Eglise (L’Esprit de vérité, p. 79).

 

193. Depuis longtemps

Tu voudrais trouver Dieu… et Dieu te tient depuis longtemps dans sa main ». D’un seul acte il lance dans l’être la prodigieuse coulée de la création et détermine l’exacte distance à garder par la créature : « à savoir que tu dois l’aimer comme Celui qui t’est le plus proche et le révérer comme l’Être le plus élevé de tous (Le coeur du monde, p. 23).

 

194. L’humanité

L’idée de l’humanité (tout homme est mon frère) n’est pas concevable historiquement sans une sécularisation du commandement chrétien de l’amour. - Voir le sens positif ici du terme ‘sécularisation’, c’est-à-dire acceptation de la manière de penser chrétienne en dehors du domaine de l’Eglise, reconnaissance de l’exactitude de postulats chrétiens. - Que l’homme qui jeta ces idées dans l’humanité soit lui-même Dieu est peu manifeste. Mais ce qui est manifeste, c’est que ce qu’il a présenté comme une exigence (l’amour universel des hommes les uns pour les autres, affirmation d’une solidarité suprême) est la vérité (Dieu et l’homme d’aujourd’hui, p. 158-159).

 

195. L’action

La Trinité : ce mystère n’est pas révélé sous forme de doctrine, mais d’action, "car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle" (Retour au centre, p. 89).

 

196. Le cri

Le cri de Paul : « Je puis tout… » ne doit pas être compris comme une pieuse exagération, mais comme l’expression de sa participation, dans la foi, à la Toute-puissance de Dieu pour autant que celle-ci, selon le vouloir divin et la sagesse divine, daigne dans l’économie du salut se communiquer à la créature. - Elle suppose que l’homme entre dans les sentiments de Jésus Christ, dans son obéissance qui se tient ouvertement à la disposition du vouloir salvifique total du Père (De l’intégration, p. 215).

 

197. L’idéal

La révélation que fait le Fils n’est pas un idéal humain, c’est la vie divine et éternelle (Dramatique, IV, p. 226).

 

198. Les étapes

Nous ne pouvons pas reconstruire chacune des étapes par lesquelles les disciples passèrent du sentiment de l’origine supraterrestre de Jésus au discernement de sa véritable divinité. Mais ce passage s’est fait (Aux croyants incertains, p. 43).

 

199. Les camarades

« Tous les camarades que j’avais à l’école primaire, qu’ils soient devenus des travailleurs manuels ou des travailleurs intellectuels, qu’ils soient devenus des paysans ou des ouvriers, qu’ils soient devenus ou non socialistes, ne se sont pas moins débarrassés que moi de leur catholicisme » (Péguy cité dans La gloire et la croix, II,2, p. 283).

 

200. Les mains

"Après le Christ, les croyants peuvent adopter cette interprétation selon laquelle la mort n'est plus l'achèvement obligatoire de la loi naturelle, mais l'abandon total de soi entre les mains du Père" (Epilogue, p. 78).

 

201. La compréhension

A la dernière Cène, le Verbe de Dieu parle ouvertement et non plus en paraboles (Jn 16,29), il se retient, pour ne pas faire éclater les possibilités de compréhension de ses disciples : "J'ai encore beaucoup de choses à vous dire mais vous ne pouvez pas les porter maintenant" (De l'intégration, p. 212).

 

202. La place de chacun

Dans l'Eglise en permanence : personne ne peut prétendre à une certaine proximité vécue du Seigneur; c'est déjà beaucoup si quelqu'un reste à la distance assignée par le Seigneur, veille et prie, au lieu de dormir et de sombrer coupablement dans l'absence. -  C'est le Seigneur qui détermine la place de chacun : pour ressusciter la fille de Jaïre il n'y a que Pierre, Jacques et Jean. De même ils ne seront que trois à la transfiguration pour contempler la figure supraterrestre de Jésus; ces trois aussi admis à être plus proches de lui au jardin des oliviers, alors qu'il lutte avec la volonté du Père. -  Au jardin des oliviers, les places sont exactement assignées, et à des distances différentes : dans un lointain indéfini, le traître; puis huit qui reçoivent l'ordre :'Restez ici...'; les trois élus emmenés plus loin et laissés là :'Demeurez ici et veillez'. Lui-même va un peu plus loin (La vérité est symphonique, p. 107).

 

203. Les martyrs

"Les martyrs étaient soutenus par le Christ, mais le Christ n'avait l'aide de personne, car tout secours et toute miséricorde procèdent de lui" (Bernanos cité dans Dramatique, I, p 336).

 

204. La prétention

Qui est pour moi Jésus Christ? Le seul homme de l'histoire du monde qui ait osé émettre une prétention comme seul Dieu l'a fait dans l'Ancien Testament, qu'on a considéré comme fou et possédé pour cette raison (Mc 3, 21 s.) et qu'on a crucifié. -  Car à un sage sied la modestie; et d'un prophète on attend qu'il dise : "Parole du Seigneur", et non pas : "Mais moi je vous dis". -  Pourtant Dieu le Père a confirmé cette prétention en ressuscitant Jésus... Dieu est si vivant qu'il peut se permettre d'être mort. Aucune religion n'a osé penser et proclamer quelque chose de semblable sur Dieu, l'homme et le monde. -  Pour cette raison, le christianisme demeure sans analogie... C'est de là que dépend pour nous la possibilité de considérer tout être comme digne d'être aimé. Le monde, tel qu'il est, ne nous aurait sans doute pas suggéré une telle idée (Les grands textes sur le Christ, p. 152).

 

205. La communication

Toute vérité énoncée dans l'amour et accueillie dans l'amour est bien employée même si une foule de raisons semblent s'opposer à cet usage. - Une vérité peut être fort désagréable à dire ou à entendre, mais si elle est communiquée et reçue dans l'amour, rien ne pouvait arriver de meilleur que cette communication (Phénoménologie de la vérité, p. 110).

 

206. Les saints

"Les saints constituent la réponse d'en haut aux problèmes d'en bas" (Dans Bilan de la théologie au XXe siècle, II, p. 694).

 

207. Purification

Purgatoire : C'est la fin de ma prétention à en savoir plus et le commencement de mon abandon... On aboutit à une sorte d'impuissance, à l'adieu définitif à soi-même. Je ne souhaite plus qu'une chose : être délivré de moi. Et pour cela, je paierais n'importe quel prix. -  Purgatoire : on y trouve d'une part un aspect de châtiment sous forme de honteuse mise à nu et de confusion... Je remarque que toute ma construction doit tomber en pièces... On me brusque. On m'inflige d'emblée ce qui est le plus pénible... -  Mais il y a un consentement initial préalable à donner au traitement de Dieu. Un peu comme quelqu'un qui doit être opéré et qui donne son accord, mais une fois l'opération commencée, dès que le médecin entre en scène, personne ne s'inquiète plus de sa répugnance (Dramatique, p. 334-335).

 

208. Le mystère

"Si comprehendis, non est Deus". "Si tu crois avoir saisi le mystère, ce n'est pas Dieu". Ce mot d'Augustin reste vrai pour l'éternité (La vérité est symphonique, p. 110).

 

209. Le néant

C'est par la descente de Dieu jusqu'à la croix que se trouve dévoilé ce que sont en vérité le mal, le péché, la mort, le diable et l'enfer. C'est parce qu'il y a cette puissance étrangère que Dieu devient homme, qu'il va à la croix, qu'il se laisse lui-même, pour l'amour de sa créature, atteindre par le néant, lui qui seul peut le vaincre (Karl Barth cité dans Dramatique, II, 2, p. 384).

 

210. La lumière

Je suis la lumière du monde, dit Dieu, et sans moi vous ne pouvez rien faire. Il n'y a aucune lumière, ni aucun Dieu en dehors de moi. Pourtant c'est vous qui êtes la lumière du monde, lumière empruntée mais non fausse lumière. Et, brûlant de ma flamme, vous devez incendier le monde de mon feu. -  Allez au dehors jusque dans la nuit la plus épaisse, portez mon amour comme des agneaux au milieu des loups; portez mon message à ceux qui sont assis dans les ténèbres et à l'ombre de la mort. Allez au loin, risquez-vous sans crainte hors de la bergerie bien gardée; jadis je vous ai ramenés au foyer alors que vous gisiez ensanglantés entre les épines, pauvres agneaux égarés, et je vous ai rapportés dans mes bras, moi le bon pasteur. -  Mais à présent, le troupeau est dispersé, la porte de l'enclos est ouverte : c'est l'heure de la mission. Allez au loin, séparez-vous de moi, car je suis avec vous jusqu'à la fin du monde (Le coeur du monde, p. 28).

 

211. Imprudence

Par l'acte de création, Dieu pose en face de lui-même une authentique liberté créée qui le lie d'une certaine manière... Cette liberté créée peut s'opposer à la liberté divine sans autre cause qu'elle-même...La créature a la possibilité d'un refus de se reconnaître dépendante (Tout est dit en Gen 3)... -  La création de libertés était une imprudence de Dieu; d'une part Dieu ne peut ni ne veut tolérer un refus; d'autre part, justement parce qu'il le subit, il accepte de le supporter... Axiome des Pères : Dieu ne mène jamais l'homme à ses fins en le forçant, mais par persuasion (Dramatique, III, p. 304-307.

 

212. Meurtrier

Quiconque envisage la possibilité ne fût-ce que d'un seul réprouvé en dehors de lui-même, celui-là sera difficilement capable d'aimer sans réserve. - Je n'ai pas le droit de soustraire quiconque à la bonté universelle de Dieu. Il n'y en a qu'un surtout pour qui je dois trembler, c'est moi... -  Il se pourrait que mon malheur éternel consiste précisément à n'avoir point moi-même la patience d'attendre jusqu'à l'infini la conversion d'autrui. -  Et ce malheur ne serait-il point aussi de dire un jour ou l'autre : "Suis-le gardien de mon frère?" La bouche d'un chrétien peut-elle proférer ce mot meurtrier? Et quel homme n'est pas mon frère? (L'enfer. Une question, p. 60).

 

213. Le temps

Le Fils reçoit le temps à chaque instant comme le temps du Père. Il n'y a pour lui aucun temps vide... Avoir du temps signifie pour lui avoir du temps pour Dieu, et cela équivaut à recevoir le temps de la main de Dieu (Théologie de l'histoire, p. 40).

 

214. Existence

Notre existence nous a été donnée sans qu'on la demande (Dramatique, III, p. 115).

 

215. Dangereux

Toutes les négations de Dieu, toutes les réflexions de toutes les philosophies du monde, nous aident à penser plus juste au sujet de Dieu. -  Reconnaître 1/ La liberté de l'Absolu. 2/ Sa capacité souveraine de faire surgir de sa propre liberté des libertés finies qui soient cependant d'authentiques libertés. De quoi il résulte une réelle contraposition des libertés. -  Que cette opposition existe bel et bien et qu'elle ait de multiples expressions dramatiques, telle est l'une des affirmations fondamentales de la Bible et de la théologie. Il est dangereux de créer des libertés. -  Chesterton, qui s'est converti au christianisme en réfléchissant à la liberté des êtres créés : "D'après la plupart des philosophies, Dieu, en créant le monde, l'a réduit en esclavage. Or, d'après le christianisme, Dieu, en le créant, a créé la liberté. Ce n'est pas un poème que Dieu a écrit, mais une pièce de théâtre, une pièce qu'il avait parfaitement conçue en lui-même et qu'il a dû forcément confier à des acteurs et à des metteurs en scène humains, lesquels en ont fait depuis un beau désordre" (Dramatique, II, 1, p. 162).

 

216. Les cicatrices

En chaque eucharistie, le Père offre à l'humanité le corps de son Fils qui porte nos péchés et donc aussi les cicatrices qui le marquent depuis la Passion (Chemin de croix, p. 45-46).

 

217. Barrière

Ce qu'Adrienne éprouve mystiquement avec une intensité particulière - l'absence de barrière entre le ciel et la terre - n'est étranger à aucun vrai croyant... Les transitions entre la prière 'ordinaire' et la prière 'mystique' sont insensibles sous un certain aspect, comme l'enseignent d'ailleurs les Pères et saint Thomas d'Aquin à propos des dons du Saint-Esprit, qui agissent surnaturellement à travers la vie et la prière de tout chrétien docile au Saint-Esprit. -  Que les routes menant de la terre au ciel soient si nombreuses, que l'au-delà ne soit pas loin de nous, mais soit réellement présent, c'est pour l'époque actuelle un message essentiel (Adrienne von Speyr et sa mission théologique, p. 51).

 

218. L'enfant

Jésus fait l'éloge de l'enfant parce qu'il est plus réceptif et plus disposé à recevoir que l'adulte (Dramatique, IV, p. 381).

 

219. Les idoles

L'argent, la luxure et le pouvoir sont les idoles de l'homme qui ne reconnaît pas Dieu ou qui l'oublie (Dans A. Scola : Hans Urs von Balthasar, un grand théologien, p. 151).

 

220. Préhistoire

On ne peut avoir part au Christ sans adhérer à l'essentiel de sa préhistoire en Israël (Dramatique, II, 1, p. 11).

 

221. La voie

Dieu, pur esprit, daigne s'abaisser par l'incarnation pour nous faire monter jusqu'à lui par cette voie de la chair... L'amour de Dieu est plein d'humilité... -  Etonnant : le Ressuscité, en retournant à son Père, emporte tout son être, son corps y compris. Son corps n'est pas supprimé dans le retour auprès de son Père (La prière contemplative, p. 276).

 

222. Irritant

Le monde n'a pas été racheté par les discours, les actes ou même les miracles de Jésus, mais uniquement par son obéissance jusqu'à la mort de la croix dans la déréliction. C'est là folie et scandale, et l'obéissance restera jusqu'à la fin un terme irritant". -  "Mais s'il vous irrite trop, on peut peut-être parler de la 'disponibilité à tout'. ... L'unique réponse possible, adéquate, de l'homme à la Parole de Dieu est celle de la disponibilité (A propos de mon oeuvre, p. 111).

 

223. Le blasphémateur

C'est en vertu de l'application littérale de la loi divine que les Juifs doivent rejeter le Messie comme blasphémateur... et que les Romains doivent le crucifier comme rebelle à l'ordre divinisé de l'Etat (Dramatique, III, p. 310).

 

224. Un guide

La Bible est un livre d'Eglise. C'est en elle que ce livre a été composé, "c'est elle qui l'a constitué en définissant le canon des Ecritures, elle seule peut l'interpréter authentiquement. Il faut toujours un guide sur le chemin qui fait pénétrer dans les sentiments profonds du Christ et de l'Eglise" (Points de repère, p. 105).

 

225. Evident

Marie a-t-elle eu d'autres enfants que Jésus? Sur la croix, Jésus a confié sa Mère au disciple bien-aimé : 'Voici ta mère'. Et à Marie : 'Voici ton fils'. -  Il devient évident que Marie n'avait aucun autre enfant selon la chair, car autrement la remise de Marie au disciple bien-aimé aurait été superflue et inadmissibl  (Marie première Eglise, p. 112).

 

226. Le tournant

C'est seulement en communiant avec Dieu que l'homme peut participer à une vie transcendant sa mort. -  Dans la séparation de la mort, l'homme détourné de Dieu découvre irrécusablement qui est le Seigneur de son existence... Il arrive au tournant sans échappatoire possible... Dans la mort, l'homme ne peut plus avoir l'initiative (Dramatique, IV, p. 410).

 

227. L'univers

L'Eglise est l'organisme par lequel le Christ imprime sa marque sur l'univers (Dramatique, II, 1, p. 270).

 

228. Absurdité

La croix du Christ, par laquelle Dieu se charge de toute la douleur des hommes, rend digne de foi le Dieu vivant... (C'est ce qui est arrivé et que saint Paul appelle la folie de Dieu). - Qu'apporte au monde la mort du Christ? Si elle est ce que croient les chrétiens, elle confère un sens à l'absurdité de l'existence individuelle et de l'histoire du monde, elle érige au milieu du royaume de la mort l'espérance d'une vie auprès de Dieu victorieuse de la mort (Points de repère, p. 35 et 49).

 

229. Discerner

Le chrétien qui écoute une prédication est en droit de discerner, avec la grâce de l'Esprit Saint qu'il a personnellement reçue, ce qui, dans la prédication ou dans quelque autre enseignement, est Parole de Dieu et ce qui est parole humaine qui l'obscurcit (Si vous ne devenez comme des enfants, p. 62).

 

230. Les limites

L'Eglise est aussi une communauté parmi d'autres communautés humaines : elle formule les règles de son appartenance et en même temps elle est régie par des données absolument insaisissables, puisque les limites de l'Eglise visible ne coïncident pas avec celles du Corps mystique et vivant du Christ, lequel peut avoir de véritables membres en dehors de l'Eglise et en elle beaucoup de membres morts (Dramatique, III, p. 422).

 

231. L'oreille

"Dans la contemplation ou dans la méditation, le croyant est une oreille ouverte pour entendre une parole absolument unique de Dieu (La prière contemplative, p. 87).

 

232. Le centre

Le centre du Nouveau Testament - un centre jamais complètement explicité - c'est la non-parole de la mort de Jésus (La gloire et la croix. Nouvelle Alliance, p. 91).

 

233. Les ténèbres

Le Christ est pure obéissance au Père : il ne dispose pas plus de sa mort que de sa vie; l'heure suprême, l'heure mystérieuse des ténèbres reste en la seule disposition du Père, et c'est le Saint-Esprit qui, plus tard, en expliquera la portée au monde (La foi chrétienne est une, p. 6).

 

234. Les bras

De par sa volonté spontanée, Dieu s'est révélé... à travers ses deux bras : le Fils et l'Esprit (Saint Irénée, dans E. Guerriero : Hans Urs von Balthasar, p. 52).

 

235. Imitation

Un Dieu qui, du haut de son propre bonheur intangible, laisserait souffrir ses créatures et ferait servir ses souffrances à sa propre glorification, ne serait pas avec sa créature dans un rapport de modèle à imitation (De l'intégration, p. 83).

 

236. Sécurité

Tous les enfants partent du même point... Tous connaissent ou devraient connaître la sécurité absolue dans le sein de la mère, du père, de la famille, et toutes les actions et souffrances ultérieures de l'adulte devraient pouvoir se nourrir des stocks inépuisables de cette sécurité (De l'intégration, p. 266).

 

237. Doucement

Dieu parle doucement; il est très facile de couvrir sa voix. Il peut aussi parler sans bruit de voix, en silence, et pourtant l'âme comprend alors parfaitement ce qu'il veut... -  On trouve Dieu aussi bien dans le prochain que dans la prière et dans l'eucharistie, et il peut être entendu à travers les désirs et les exigences de nos frères. Prière et charité fraternelle, ces deux chemins qui mènent à Dieu, se croisent et se complètent aussi bien dans le monde que dans les cloîtres (Préface à Louisa Jacques, Qu'un même amour..., p. 9).

 

238. Le droit

En toute vraie prière "on trouve cet acte qui consiste à reconnaître le droit que Dieu a sur moi" (La prière contemplative, p. 131).

 

239. L'intérieur

Quelqu'un que nous aimons : Dieu l'aime mieux et le possède plus profondément que nous, il le voit de l'intérieur, sans masque, et reçoit son entière allégeance (Grains de blé, II, p. 87).

 

240. Liaison

Ascension de Jésus. Ce n'est pas pour rien que Dieu a envoyé son Verbe dans le monde mais bien plutôt pour imprégner la terre comme la pluie et la neige de sorte qu'elle donne le pain à ceux qui mangent (Is 55, 10 s.) -  La terre a reçu une semence céleste. Et Celui qui fait retour au Père établit désormais, comme tête céleste de l'Eglise encore terrestre, une liaison indestructible entre la terre et le ciel (Triple couronne, p. 99).

 

241. Tragique

La culture où nous baignons. L'homme se trouve dans l'impossibilité de s'accomplir : tragique de la condition humaine. Ce faisant, l'homme renie son être spirituel, se comprend lui-même comme une espèce biologique ou bien comme un éternel point d'interrogation dans lequel il s'anéantit. -  Pour la foi chrétienne, il n'y a pas d'achèvement naturel de l'homme. L'homme réel demeure en lui-même inachevé, et cela de la manière la plus douloureuse. -  Pour la foi chrétienne puisée dans la révélation de l'Ancien et du Nouveau Testament, le premier Adam, l'homme tout simplement n'est pas entièrement compréhensible en lui-même; il ne le devient que par l'existence du Fils de Dieu mourant et ressuscitant. -  La fin ultime de l'homme se situe au-delà de l'homme : en Dieu. Le Fils de Dieu incarné est unique en son genre et insurpassable : il est la norme de tout homme et de toute l'humanité (De l'intégration, p. 95-96).

 

242. Chercher

Plus on trouve de manière authentiquement chrétienne, plus on est désapproprié. Rude est le choc de ces deux paroles : "Ton père et moi te cherchions tout angoissés"... "Ne saviez-vous pas que c'est chez mon Père que je dois être"... -  Devant Dieu il n'y a place pour aucun instinct de possession, car Dieu lui-même ne veut pas posséder... Aucun homme ne peut être riche en Dieu s'il ne veut pas participer à la pauvreté en Dieu (Triple couronne, p. 48).

 

243. La nuit

Passion de Jésus. L'obscurcissement est l'ultime et nécessaire pas en avant dans l'accomplissement de sa mission. Un saint Jean de la croix, comme beaucoup de ceux à qui il fut donné de revivre quelque chose des sentiments de Jésus crucifié, a décrit cette expérience dans 'La nuit obscure' comme une expérience semblable à celle de l'enfer, précisément sous son aspect de définitive perte de Dieu (Article paru dans la revue Communio, Janvier-février 1980, p. 58).

 

244. Le masque

Le péché, qui en soi-même est toujours mensonge et masque... (Triple couronne, p. 68).

 

245. Noblesse

"Nous sommes convaincus de la noblesse qui caractérise tout être vraiment existant". - L 'être démuni de mystère serait comme prostitué... -  Celui qui révère en Dieu le mystère inaccessible de l'intériorité divine ne pourra méconnaître dans les créatures, qui sont des images de Dieu, le reflet de cette propriété (Phénoménologie de la vérité, p. 66).

 

246. Disponibilité

Tout homme est dans sa mort un être purement disponible (= obéissant), parfaitement pauvre et chaste (Cordula, p. 36).

 

247. Le naufrage

Ces deux choses : la connaissance de la souffrance pour les autres (de la mort pour les autres) et la nuit intérieure (incluant aussi le sentiment d'un naufrage dans le non-sens : 'Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?') sont deux termes indissociables, et il faut à tout prix tenir en même temps l'un et l'autre (Article paru dans la revue Communio, Janvier-février 1980), p. 57.

 

248. Ouverture

Que nous dit la Révélation? Essentiellement ceci peut-être : "Dieu aime le monde, il t'aime personnellement, il te l'a prouvé en Jésus Christ". Mots simples qui ont des implications infinies, qui se révéleront à l'auditeur en temps voulu. - Et la libre ouverture de Dieu peut seule fournir la clef de l'énigme, c'est-à-dire la réponse à la question de savoir somme toute pourquoi il y a un monde, et pourquoi la faute et la souffrance et la mort sont permises, quelle espérance peut avoir la créature (La vérité est symphonique, p. 43-45).

 

249. Lumière

L'Eglise "est composée d'une multitudes d'hommes qui tous sont pécheurs, et qui ont du mal à s'entendre. Mais ils sont rassemblés autour du nom et de l'oeuvre de Celui qui est leur lumière". Et ils doivent essayer de "rendre visible Celui qui voudrait constituer avec les siens une seule et même lumière" (Nouveaux points de repère, p. 154).

 

250. L'enfant

La dépendance naturelle de l'enfant envers ceux qui prennent soin de lui et sa confiance naturelle envers ceux auprès desquels il se sent protégé... vont de soi au premier âge. L'attitude du disciple de Jésus envers Dieu doit aller tout autant de soi (Simplicité chrétienne, p. 36).

 

251. Le langage

Dieu est capable de se rendre compréhensible à chacune de ses créatures, autant qu'il le désire... Comment lui qui a créé le langage serait-il incapable de parler d'une manière compréhensible? -  Mais il parle toujours de telle façon que la créature à laquelle il s'adresse perçoit le caractère inconcevable de Dieu... et qu'il est un mystère qui nous concerne infiniment (La vérité est symphonique, p. 31).

 

252. La mémoire

C'est l'Esprit Saint qui sans cesse introduit le chrétien au coeur du mystère de la révélation et de la Passion du Fils. Son rôle est de "rafraîchir quotidiennement la mémoire de l'Eglise" et de la remplir de manière renouvelée de toute vérité. C'est lui qui réalise tout dans l'Eglise et dans chacun de ses membres, "comme il a réalisé jadis l'incarnation du Verbe dans le sein de la Vierge" (Balthasar, cité sans référence par H. de Lubac, Un témoin du Christ dans l'Eglise, p. 190).

 

253. L'appel

Si je dis à un homme enchaîné : "Lève ta main", il ne le peut pas. Si je le désentrave et lui dis de nouveau : "Lève ta main", il le peut s'il le veut; mais s'il ne le veut pas, il n'y est pas obligé. -  Par rapport à la faute, la grâce est donnée en profusion (Ro 5, 15-21); mais on ne peut parvenir à la liberté que librement. -  L'annonce que nous sommes morts et ressuscités avec le Christ est là, mais l'appel qui est contenu en elle, il appartient à l'homme de l'entendre et de le suivre (Jésus nous connaît-il?, p. 39-40).

 

254. Plénitude

La durée de l'existence humaine peut être à tout moment brisée de l'extérieur, mais l'inachèvement biologique n'est nullement un signe que le drame de cette existence n'a pas été joué jusqu'au bout... En témoignent la Sagesse (4, 7-14), les génies (Mozart, Schubert) et les saints (Elisabeth de Hongrie, Stanislas Kostka, Louis de Gonzague, Thérèse de Lisieux, etc.) qui sont morts jeunes... Mieux que d'autres ils ont su inscrire dans la brièveté des jours... une plénitude définitive (Dramatique, III, p. 86).

 

255. Séduction

Le Fils est apparu pour détruire les oeuvres du diable (1 Jn 3, 8); cela signifie que celui-ci possède seulement une puissance restreinte dont il ne peut dépasser les limites... La raison d'être du diable est la séduction... Arrive un moment où elle est incapable de se déployer davantage... C'est le Fils souffrant qui a imposé ses limites au pouvoir du mal dans le monde (Dramatique, IV, p. 258).

 

256. Le scandale

Le fait central est le scandale inouï que le Père, sur lequel Jésus avait fondé son existence entière, le délaisse sur la croix, où il meurt avec le grand cri de détresse rapporté par Marc (15, 34.37) et Matthieu (27, 46.50), si intolérable qu'il a dans la suite été adouci par Luc (23, 46) et Jean (19,30) (Au coeur du mystère rédempteur, p. 18).

 

257. Le sacré

C'est par la voie des sacrements que le sacré se communique à ceux qui l'ont perdu et qu'ainsi se dévoile la vérité de l'existence (Le chrétien Bernanos, p. 56).

 

258. Utopies

Bien méprisable nous apparaît finalement tout ce que nous pouvons comprendre. Tu es plus fantastique que tous les rêves, et nos plus folles utopies sont de pauvres sottises auprès de ce que tu as réalisé depuis longtemps (Le coeur du monde, p. 232-233).

 

259. Le service

Il n'est pas difficile de comprendre l'unité de l'amour pour Dieu et pour l'homme; il suffit d'avoir saisi que l'amour n'est pas jouissance et fusion mais un acte de vénération, dans lequel celui qui aime met son coeur au service de celui qui est aimé (Grains de blé, II, p. 64).

 

260. Précarité

Adam et tous les humains, même s'ils ont une certaine conscience d'être transcendants au monde, ont conscience surtout de leur précarité : ils n'existent pas par eux-mêmes, ils ne peuvent s'achever eux-mêmes par leurs propres forces. Et cependant l'homme est doué de puissance autonome : intelligence et volonté. -  Dès le début Adam est conçu et créé comme inchoatif et transitoire, et il ne peut s'achever que dans un autre que lui-même : le Christ, qui est son principe et son but. -  Dans un sursaut d'orgueil, l'homme peut refuser cet achèvement qu'il ne peut se procurer lui-même. L'homme cherche alors à s'achever lui-même alors qu'il ne le peut pas. Dans l'ordre humain aussi il arrive qu'une grâce librement accordée fait naître en celui à qui elle est offerte un sentiment d'humiliation, d'affliction et finalement de rejet, alors que ce don librement accordé était offert pour le rendre heureux (Dramatique, II, 2, p. 28).

 

261. L'entremise

Accueillir dans sa vie l'évidence de la révélation du Père en son Fils par l'entremise de l'Esprit Saint (D'après E. Guerriero, Hans Urs von Balthasar, p. 79).

 

262. Solitude

On meurt seul. Tandis que la vie implique toujours communauté dès le sein maternel, la mort suspend pour un instant cette loi de la communauté. -  Les vivants peuvent accompagner le mourant jusqu'à son dernier souffle, et celui-ci peut se sentir accompagné par eux (d'autant plus fortement que c'est dans la foi au Christ). Malgré cela, il ne peut franchir la porte étroite qu'en isolé... Cette solitude de la mort est une conséquence du péché (Cordula, p. 25).

 

263. Courage

Le courage de dire oui à toute parole de Dieu qui peut concerner ma vie. Là où l'on prend au sérieux le dépouillement du coeur et de la vie, c'est là que resplendit avec le plus de pureté la véritable force qui n'est pas la mienne mais celle de Dieu. - Plus l'homme est sans défense, plus il est ouvert sur Dieu et pour Dieu, plus la force de Dieu peut se répandre et habiter en lui (Le chrétien et l'angoisse, p. 152-153).

 

264. La persuasion

La toute-puissance de Dieu réside bien davantage dans la capacité de mouvoir la liberté des coeurs sans leur faire violence, de réussir à obtenir d'eux, par la puissance secrète de la grâce, le libre oui à ce qui est véritablement le bien. -  Les Pères de l'Eglise : la grâce de Dieu n'agit pas par violence mais par persuasion (Credo, p. 80-81).

 

265. Pâle

Esprit Saint : sans lui, l'image que notre esprit se fait de Jésus reste pâle et partielle (Jésus nous connaît-il?, p. 88).

 

266. La détresse

Il y a en tout homme l'aptitude à être touché par la détresse d'autrui. La compassion est donc un attribut du Fils éternel. -  S'il ne l'avait pas ressentie de toute éternité à l'égard de notre misère, il ne serait pas devenu homme et ne se serait pas laissé crucifier (D'après Origène, dans Dramatique, IV, p. 200).

 

267. Le théâtre

La vie est une comédie, le monde un théâtre; les hommes sont les acteurs, Dieu est l'auteur. C'est à lui qu'il incombe de distribuer les rôles, aux hommes de les bien jouer. -  Le contenu de la pièce s'étend à perte de vue. Celui à qui il a légué un rôle court, qu'il le joue seulement comme il est ordonné. Mais celui à qui il a donné un rôle long ne le remplit bien que s'il agit bien. -  S'il a requis de toi que tu fasses la partie d'un pauvre ou d'un esclave, d'un prince ou d'un avorton, eh bien! joue seulement ce dont Dieu t'a chargé! Car une seule chose est importante pour toi : exécuter ton rôle parfaitement... -  Dire si tu seras en scène un temps bref ou long, cela c'est l'affaire de Dieu d'en disposer (Un auteur espagnol cité dans Dramatique, I, p. 133-134).

 

268. Infidélité

Où il y a infidélité, il n'y avait point d'amour (Grains de blé, II, p. 63).

 

269. Utile

C'est au "mal" qu'elle lui "fait" que le curé de Torcy "sent" qu'un parole utile aux âmes a été "tirée de lui" (Le chrétien Bernanos, p. 375).

 

270. Le secret

Le christianisme n'est pas une vérité ordinaire dont chacun peut discuter en connaissance de cause, même s'il en est fort éloigné; seul celui qui entre dans le secret peut aussi comprendre, et entrer dans le secret veut dire : partager la foi et l'amour. -  Voilà pourquoi toute la sagesse du monde est réduite à néant : ce qu'elle en dit de l'extérieur est nécessairement insuffisant et même faux. Car personne ne peut "deviner" ce qui se passe en Dieu... Car nul ne connaît ce qu'il y a en Dieu sinon l'Esprit de Dieu. Et nous, nous avons reçu l'Esprit qui vient de Dieu (Tu couronnes l'année de tes bontés, p. 122-123).

 

271. Correspondre

Tout homme - bon ou mauvais aujourd'hui - sera un jour capable, par la grâce divine, de correspondre à Dieu (Tu couronnes l'année de tes bontés, p. 175).

 

272. Les questions

"Nous cherchons Dieu... Nous voudrions l'interroger sur mille choses... Nous l'accablons de problèmes... et nous oublions que dans sa Parole il a résolu pour nous toute question, il a dispensé toute la lumière que nous sommes capables de saisir en cette vie. -  Nous n'écoutons pas du côté où Dieu nous parle : là où la Parole de Dieu a retenti dans le monde d'une manière si unique et si définitive que cela suffit pour tous les temps et que tous à la fois ne l'épuiseront pas" (La prière contemplative, p. 12).

 

273. La grâce

Plus un chrétien est invité à participer à l'oeuvre du Seigneur, et plus il sait aussi que cette participation n'est autre chose qu'une grâce inconcevable (La gloire et la croix. Nouvelle Alliance, p. 173).

 

274. La confiance

Il y a des heures privilégiées où Dieu accorde à l'homme d'apercevoir, soit dans un éclair, soit dans une paisible contemplation, de vastes panoramas de la vérité divine, envisagés presque au point de vue de Dieu. -  Alors l'incompréhensible peut s'éclairer de manière foudroyante et pénétrer dans le champ d'expérience du croyant. Mais celui qui aime et qui croit ne réclamera pas de "gnose" de cette espèce, et encore moins ne l'exigera impétueusement; il préférera demeurer dans une attitude de confiance réceptive. -  Dans l'ouverture d'âme qui doit le caractériser, il ne s'enfermera pas dans la foi du charbonnier qui serait fausse humilité; tout au contraire, partout où l'intelligence de la foi s'offre à lui, il la recevra à bras ouverts et se laissera entraîner par elle dans un amour plus profond. -  Celui qui communique cette intelligence dans l'amour, c'est le Saint-Esprit qui, en tant qu'Esprit des enfants de Dieu, suscite et l'accès direct, béant, à tous les trésors et mystères divins, et l'esprit filial qui ne s'empare pas de ce qui ne lui appartient pas. -  Il fait partie des merveilles du rapport avec Dieu que la maturité et l'esprit d'enfance grandissent dans la même mesure (De l'intégration, p. 107-108).

 

275. L'angoisse

Que l'homme puisse dire sérieusement : "Non pas comme je veux mais comme tu veux" sans prendre part à l'angoisse de Jésus au mont des oliviers, ce n'est pas possible. -  A un endroit décisif de la route chrétienne, il faut que la nature accompagne le Christ à la mort. Il faut qu'il y ait une brisure de sa croissance en ligne droite, que sa connaissance s'enfonce dans la nuit... Et fût-ce le coeur le plus tendre aux yeux de Dieu - celui de Jésus ou de Marie -, il faudrait qu'il subisse la rude épreuve, en raison de la représentation vicaire. -  Quoi d'étonnant si nous fuyons constamment cet instant? (Qui est chrétien?, p. 75-76).

 

276. Touché

Dans la prière, "dès que la Parole de Dieu me touche vraiment, je dois tout laisser et la suivre" (La prière contemplative, p. 142).

 

277. Réceptif

L'appel de Jésus à redevenir enfant signifie la réceptivité à la lumière qui tombe de l'Absolu (Dramatique, III, p. 123).

 

278. La logique

La logique humaine comprend si peu de chose de la croix qu'elle ne peut saisir comment quelqu'un est capable de porter les péchés des autres et même de tous... -  ...ni comment la déréliction incompréhensible du Fils par le Père peut être un événement qui touche la Trinité de Dieu elle-même, ni comment cet événement est capable d'embrasser tous les temps passés et à venir (Théologique, II, p. 408).

 

279. La route

La foi consiste à suivre le Dieu qui est en marche à travers le temps et qui ouvre la route, sans qu'on puisse savoir d'avance où elle mène. Ce sera toujours comme pour Abraham (Gen 12,1) et le peuple au désert. Dieu peut en tout temps donner de nouvelles instructions (Les grands textes sur le Christ, p. 147).

 

280. Orientation

Qu'est-ce qu'un croyant? Quelqu'un dont le coeur est orienté vers Dieu. Celui dont le coeur est profondément orienté vers Dieu ne doute pas que Dieu vienne à sa rencontre, il croit qu'il le rencontrera un jour ouvertement. -  Et sa foi est en même temps espérance : car dans cette rencontre se manifestera le sens profondément caché de notre existence. -  C'est pourquoi il aime par avance cette rencontre avec Dieu et s'en réjouit (Tu couronnes l'année de tes bontés, p. 220).

 

281. L'intérieur

"Dieu nous est plus intérieur que nous-mêmes" (Saint Augustin). C'est pourquoi la grâce peut jaillir de l'intérieur (La gloire et la croix, IV, 2, p. 137).

 

282. Fécondité

La fécondité d'une existence livrée à Dieu pour le monde et l'humanité est en définitive exploitée par Dieu seul (La foi du Christ, p. 93).

 

283. Superflu

L'Eglise est en marche vers son Epoux, le Christ. Elle est orientée vers une réalité qui n'est plus elle-même, parce que le terme et la fin de son mouvement seront sans parole de prédication, sans sacrement et sans structure terrestre, ce qui supprimera la distinction entre Eglise et monde. L'Eglise tend à se rendre superflue (La gloire et la croix. La nouvelle Alliance, p. 439-440).

 

284. Applaudissements

Dieu prie l'homme plus que l'homme ne prie Dieu; le Christ nous a appelés du haut de sa croix bien plus que nous ne crions vers lui... Quand nous agissons bien, il sourit, il nous applaudit. Il s'intéresse à nos entreprises plus que nous-mêmes. -  Quand maintenant, du haut du ciel, il voit un homme qui fait ce qu'il peut, alors, en son amour, il se penche en avant, l'embrasse et s'écrie : "Si je revenais, il faudrait que ce soit juste comme cela" (Hopkins cité dans La gloire et la croix, II, 2, p. 266).

 

285. Survivance

"Rien dans l'économie de la nature visible ne garantit une survivance de l'existence humaine (L'amour seul est digne de foi, p. 81).

 

286. Le silence

Regarder en face le fait que le Verbe, en qui tout, au ciel et sur la terre, possède sa vérité, tombe lui-même dans l'obscurité, dans l'angoisse, dans un état où l'on ne sent plus rien, où l'on ne sait plus rien, dans ce qui est sans issue, dans l'égarement, dans l'absence de toute relation avec son Père, et par là dans une obscurité qui est exactement le contraire de la révélation de l'être dans la vérité. -  Il faudrait alors comprendre aussi le silence de Jésus dans la Passion comme un mutisme du Verbe de Dieu, qui ne parle plus ni ne répond; il faudrait considérer la réduction du torrent à une petite rigole, à un écoulement goutte à goutte, et considérer finalement le tarissement, mais aussi combien elles sont devenues indiciblement précieuses, ces gouttes condensées à l'extrême : chacune des sept paroles sur la croix est comme une totalité de l'Evangile, contenant autant du monde et de Dieu que les sept sacrements. -  Le sang ruisselant s'arrête et se fige... De ce torrent infini, il ne reste plus que cette immobilité terrible... L'urne de la Parole est vide parce que la source qui est dans le ciel, le Père, la bouche éloquente, a cessé de couler. Le Père s'est retiré (De l'intégration, p. 286).

 

287. Le sanctuaire

Chaque esprit possède un sanctuaire intérieur qui est voilé et connu de Dieu seul (Avec Grégoire de Nysse, dans Présence et pensée, p. 66).

 

288. Discours

Quand Dieu se fait homme, ce n'est pas à lui-même qu'il s'adresse : il s'adresse au monde. Le Christ est ce discours de Dieu adressé à nous tous (La gloire et la croix, I, p. 404).

 

289. Les figurants

Extérieurement, il peut sembler que les hommes sont la véritable cause de la Passion du Christ : ce sont eux qui le ligotent, le flagellent, le crucifient et transpercent son coeur. -  Mais, à l'intérieur, c'est un événement trinitaire, dans lequel Dieu est l'acteur principal et les hommes seulement les figurants (La vérité est symphonique, p. 35).

 

290. Hiérarchie

Quand Dieu s'est fait homme, il n'a pas respecté la hiérarchie philosophique de l'être, il "a choisi ce qu'il y a de faible dans le monde pour confondre la force, ce qui dans le monde est sans naissance et ce que l'on méprise, ce qui n'est pas, pour réduire à rien ce qui est" (1 Co 1, 27-28) (Théologie de l'histoire, p. 29).

 

291. Le spectacle

En recevant la capacité de se reproduire, l'humanité a du même coup assumé pour tous ses vieillards l'obligation de quitter la scène. Et quiconque engendre un homme pour le remplacer, s'oblige en même temps à lui céder la place au moment voulu. -  Ainsi la mort et la naissance se conditionnent réciproquement; et il n'y aura plus de mort que dans un monde où il n'y aura plus de naissance. Car les enfants disent en quelque sorte à leurs parents : "Pensez donc à vous retirer, nous aussi nous voulons donner notre spectacle" (D'après Fichte et d'autres dans Dramatique, II, 1, p. 327).

 

292. Présence

Au ciel, notre vie vécue sur terre ne devient pas un pur souvenir du passé, elle garde une sorte de présence permanente (Dramatique, IV, p. 377).

 

293. Les saints.

Ceux qui ont fait de grandes expériences ont toujours été les saints. L'histoire de l'Eglise est bien avant tout l'histoire des saints. Des saints connus et inconnus. Ils ont tout misé sur une seule carte, sont devenus par leur audace des miroirs limpides et ont répandu dans notre obscurité leur lumière intérieure, dans toute la richesse de son spectre... - S'efforcer d'accorder autant d'attention au miroir sans tache qu'est sainte Bernadette en ce qu'il laisse rayonner de vérité sur la Sainte Vierge qu'à la découverte minuscule faite par un quelconque exégète (Points de repère, p. 96).

 

294. L'Esprit Saint

L'oeuvre rédemptrice de l'Esprit Saint surmonte la différence coupable demeurant dans les pécheurs. Il la domine par l'effort infini de celui qui pénètre l'étroitesse désespérée de la conscience finie et déchue pour l'ouvrir à l'amour infini, avec elle et en partant de sa situation... -  C'est dans cet abaissement d'amour que le Dieu Esprit d'amour révèle son être propre, comme on le voit aux avertissements de Paul qui nous dit de ne pas contrister l'Esprit, de ne pas l'éteindre (comme s'il était une petite flamme délicate et fragile, indiciblement sensible)... -  Dans cette oeuvre rédemptrice, l'Esprit ne se départit pas de sa propre nature divine, il l'enfonce bien plutôt dans le coeur des créatures (De l'intégration, p. 84).

 

295. Le chaos

En Jésus Christ plus que partout ailleurs se manifeste le mystère du fondement de l'univers. Mais cette brève manifestation ne rend que plus profondément et plus définitivement perceptible le caractère incompréhensible de Dieu. -  En Jésus, Dieu s'insère dans le chaos de l'histoire humaine, en prenant sur lui la faute de ses créatures égarées (Points de repère, p. 27).

 

296. Le coeur

Celui qui aime présuppose que l'amour est dans le coeur de l'autre. Et c'est justement en présupposant l'amour qu'il en pose les fondations chez l'autre, pour autant que c'est bien en aimant qu'il le présuppose au fond (Grains de blé, II, p. 57).

 

297. Dédramatiser

Dédramatiser le domaine de la sexualité, mais sans en tolérer la banalisation (Dramatique, II, 1, p. 326).

 

298. La clé

Comme centre de l'histoire et de la création, le Christ est la clé non seulement de l'interprétation du monde, mais aussi de la connaissance de Dieu (La théologie de l'histoire, p. 28).

 

299. Ecouter

La prière ne consiste pas à dire à Dieu ce qu'il sait déjà depuis longtemps. Parler à Dieu ne peut être qu'une réponse à sa Parole. -  Parler avec Dieu, c'est d'abord écouter attentivement la Parole de Dieu. Ce n'est qu'ensuite que vient la réponse à cette Parole face à un Dieu qui s'est toujours exprimé le premier (Hans Urs von Balthasar 1905-1988, p. 76-77).

 

300. Folie

Quelle folie de croire que Dieu ne peut que ce que nous pouvons imaginer!" (Saint Grégoire de Nysse dans Présence et pensée, p. 131).

 

301. Le pardon

Le pardon de Dieu. Il serait indigne de Dieu de pardonner simplement de lui-même sans participation de la liberté de l'homme (Nouveaux points de repère, p. 222).

 

302. Pauvreté

L'Esprit Saint est pauvre puisqu'il est l'amour dépouillé du Père et du Fils, et que son oeuvre consiste à introduire, de l'intérieur (Ro 15, 15-26), les coeurs dans l'oeuvre divine du dépouillement de soi (Article dans Vie consacrée, 1971, p. 19).

 

303. Surmené

L'homme a deux centres de gravité : l'un tend à le situer au-dessous de soi, dans le biologique et l'animal; l'autre le fait citoyen d'un domaine situé au-dessus de lui, domaine de valeurs et de biens absolus... qui exigent de lui des efforts qui le dépassent. Le biologique est ainsi sur-mené, mené au-dessus de soi (Nouveaux points de repère, p. 73).

 

304. Mouvement

"Le mouvement du christianisme est celui de la venue de Dieu vers l'homme"... "La vie publique de Jésus et la Passion sont le sommet de cette venue" (La gloire et la croix, II, 2, p. 333).

 

305. Goûter

Le Christ est lui-même la manifestation du Dieu invisible, et il le demeure. - L'eucharistie est sa figure sacramentelle muette. L'Ecriture sainte sa figure verbale. Et les deux sont intimement liés dans la célébration liturgique commémorative qui rend le Christ présent à la fois dans la Parole et dans le sacrement de l'eucharistie. - L'eucharistie n'aurait pas de sens s'il ne se trouvait des hommes pour la goûter. La Parole de Dieu n'est que le véhicule qui sert à imprimer la figure du Christ dans le coeur des hommes, l'Esprit Saint opérant ce que l'Ecriture signifie (La gloire et la croix, I, p. 446).

 

306. Attente

Le don suprême de Dieu, l'Esprit Saint, ne saurait être attendu autrement qu'à travers un renoncement radical : renoncement à la possession du Jésus saisissable, visible, expérimentable (L'Esprit de vérité, p. 291).

 

307. Evangile

L'Evangile n'est personne d'autre que le Christ lui-même (L'Esprit de vérité, p. 313).

 

308. Angoisse

"L'angoisse, pas plus que la souffrance, n'est un sujet que la Parole de Dieu passe pudiquement sous silence"... "Nulle créature n'est cachée devant Dieu, mais tout est à nu et à découvert devant ses yeux" (He 4, 12-13) (Le chrétien et l'angoisse, p. 21).

 

309. La main

"... M'unir de plus en plus à Jésus..., le reste me serait donné par surcroît". - "En effet jamais mon espérance n'a été trompée, le bon Dieu a daigné remplir ma petite main autant de fois qu'il a été nécessaire pour nourrir l'âme de mes soeurs" (Thérèse de Lisieux, p. 207).

 

310. Espérer

Jamais le P. Balthasar "n'a dit que l'enfer n'existait pas, ni qu'il était vide. Il a seulement voulu préserver ce donné de la révélation néo-testamentaire qui nous autorise à espérer pour tous" (A. Scola, Hans Urs von Balthasar. Un grand théologien, p. 188).

 

311. Le secret

La raison humaine ne doit jamais s'arroger le droit de juger comme si l'essence des êtres, leur coeur intime, secret, tourné vers Dieu, lui était transparent jusqu'en ses profondeurs (Phénoménologie de la vérité, p. 259).

 

312. Liberté

"Dieu ne peut rien, l'homme est libre" (Armand Salacrou cité dans Dramatique, I, p. 362).

 

313. La cabane

Ne doutant pas qu'il soit inachevable sur cette terre, l'homme (sauvé) ne voit pas là un cachot oppressant, et l'idée de devoir s'achever à tout prix n'est pas pour lui celle d'une contrainte douloureuse; sachant qu'il a en Dieu son habitation qui s'édifie dans la grâce, il peut habiter sans crainte sa fragile cabane et, délivré de ses liens, voyager à travers le temps; lorsqu'il accepte les dépouillements secrets qu'il subit au profit d'un au-delà inaccessible, il accepte aussi les investissements secrets qui lui viennent de ce même au-delà; des forces grandissent en lui, sur lesquelles il ne comptait plus (De l'intégration, p. 112).

 

314. Le choix

Nous sommes créés en vue de ce qui est choisi par Dieu pour nous depuis l'éternité : en choisissant le choix de Dieu, nous réalisons l'idée de nous-mêmes qui est en Dieu, et là est la liberté suprême. - Mais ce que Dieu choisit pour nous est, dans tous les cas, une mission à la suite du Christ, à l'intérieur de son Eglise. C'est là (en Dieu) que je trouve ma propre identité (Une théologie des Exercices, p. 135).

 

315. M'accepter

C'est seulement en apprenant que je représente pour Dieu un bien et un "tu", que je puis me confier totalement au don qui m'est fait de l'être et de la liberté, m'accepter pleinement comme étant réellement déjà accepté de toute éternité (Dramatique, II, p. 249).

 

316. Le Père

La prière de Jésus : Jésus sent sur lui la tendresse infinie du Père chéri (Abba) dont les souhaits sont l'objet de l'amour et du désir du Fils, dans la réceptivité filiale de ses ordres et de ses dons (Dramatique, II, 1, p. 258).

 

317. La fenêtre

Lorsqu'un homme est saisi par l'amour inconditionnel de Dieu, alors le monde clos voit s'ouvrir, à l'endroit où cet homme se trouve, une fenêtre vers la vérité. L'homme lui-même ne s'échappe pas hors du monde : il devient ce monde qui s'ouvre à la vérité (Points de repère, p. 157).

 

318. Médicament

Le Fils ne cesse de tenir à notre disposition sa chair et son sang comme notre médicament (Saint Augustin). Nous recevons en retour ce que, pécheurs, nous avons offert et livré, mais cette fois dans la même disposition que le Christ incarné qui s'est offert corporellement pour nous (et nous avec lui), c'est-à-dire dans son attitude d'offrande au Père (Jésus nous connaît-il?, p. 50).

 

319. Privilège

Le mystique n'a pas d'autre privilège que de "voir" en quelque façon ce que le simple fidèle se contente de "croire" (Le chrétien Bernanos, p. 246).

 

320. Inaccessible

Avec la mort et la résurrection du Christ et avec l'effusion de l'Esprit s'est produite la révélation suprême (inaccessible à la philosophie, c'est-à-dire à la raison humaine) de l'Etre absolu (La nouvelle Alliance, p. 94).

 

321. Le germe de Dieu

"L'amour est l'accord sans réserve avec la volonté et les dispositions divines, manifestées ou non". Il est le oui anticipé à tout, serait-ce la croix, la chute dans le délaissement, l'oubli, l'inutilité ou l'insignifiance absolues... - Oui du Fils au Père, oui de la Vierge à l'ange (puisqu'il m'apporte la Parole de Dieu), oui de l'Eglise (y compris de tous ses membres) à son Seigneur qui dispose souverainement d'elle ("Si je veux... que t'importe?" - Jn 21, 22). - C'est dans cette ouverture sans réserve de l'amour comme "fiat" que pénètre le "germe de Dieu" (1 Jn 3,9) (L'amour seul est digne de foi, p. 159).

 

322. Le positif

Qu'on se garde de prendre au sérieux le reproche de Nietzsche affirmant que le christianisme est une religion des faibles, qui transmue les valeurs négatives en valeurs positives. - Il est au contraire la religion de ceux qui sont capables de comprendre encore comme positif même ce qui, aux yeux de tous les autres, ne peut apparaître que comme négatif... - Teilhard de Chardin a raison lorsqu'il pense qu'à un monde qui désespère de pouvoir construire quelque chose de satisfaisant par ses propres moyens... seuls les chrétiens sont à même de proposer un motif de continuer la marche (Les grands textes sur le Christ, p. 253-254).

 

323. Le pouvoir

Le Christ est le chef des pasteurs (1 P 5, 4); il prouve son pouvoir en mourant pour le troupeau. Il semble alors quitter son troupeau. Paradoxal! C'est justement de cette manière qu'il est le bon pasteur, le vrai pasteur. - Même paradoxe que dans le discours où Jésus se décrit comme ayant le pouvoir de ressusciter au dernier jour ceux qui auront mangé sa chair et bu son sang, donc qui croient au mystère de son anéantissement dans la mort par laquelle il peut devenir la vie du monde (La vérité est symphonique, p. 117).

 

324. L'offrande

L'acceptation de Marie au calvaire est le type même de l'acceptation pour toute la foi ecclésiale; elle est l'attitude existentiellement parfaite qui doit durer à travers tous les temps. - Renoncement douloureux et perte de quelque chose : dimension qui fait partie de la notion de sacrifice déjà dans les religions naturelles et à laquelle on ne saurait renoncer. - La scène de la présentation de Jésus au temple : la vie de Jésus commence par ce "geste d'offrande" de la Mère qui rend à Dieu son premier-né et reçoit alors la prédiction au sujet du glaive de douleur (Dramatique, III, p. 367).

 

325. Les clés

Nulle part il n'est garanti aux disciples que les clés de Pierre et l'institutionnel dans l'Eglise convaincront et convertiront les hommes. Mais l'amour peut les convaincre (Cf. Jn 13, 35) et lorsqu'il fut pratiqué littéralement les a toujours convaincus. Les saints qui ont aimé ont même fait apparaître aimables les clés et réconcilier avec elles les méfiants, car ce sont des clés pour l'amour et elles doivent être administrées dans l'amour (La prière contemplative, p. 182).

 

326. La bonté

Le Fils, qui veut mettre à la portée du monde la bonté fondamentale du Père, n'entreprend aucune action à cet effet de sa propre initiative : une telle action n'aurait manifesté que lui-même et non le Père (Triple couronne, p. 17).

 

327. Reliques

"Ma fille, cherche celle de mes paroles qui respirent le plus d'amour; écris-les, et puis, les gardant précieusement comme des reliques, aie soin de les relire souvent. - Quand un ami veut réveiller au coeur de son ami la vivacité première de son affection, il lui dit : 'Souviens-toi de ce que tu éprouvais quand tu me dis un jour telle parole'; ou bien : 'Te souviens-tu de tes sentiments à telle époque, tel jour, en tel lieu?' - Crois-le donc, les plus précieuses reliques qui demeurent de moi sur la terre sont les paroles de mon amour, les paroles sorties de mon très doux coeur". (Le Seigneur à sainte Gertrude, cité par Thérèse de Lisieux dans 'Histoire d'une âme'. Cf. Thérèse de Lisieux, p. 85-86).

 

328. Accomplissement

La mort est la rupture de toute possibilité de donner un sens à l'existence temporelle. Or le mystère de la résurrection de Jésus non seulement donne un sens à la souffrance mais il fait naître en l'homme l'espérance d'un accomplissement possible de sa personnalité... - ... accomplissement incomparablement supérieur à ce que n'importe quelle spéculation pourrait proposer, que ce soit l'immortalité de l'âme, la réincarnation, l'immersion du fini dans l'Absolu (Dramatique, II, 1, p. 101).

 

329. Activité

L'activité spirituelle de l'homme peut s'exercer dans deux directions : ou bien elle se montre disponible, secourable, dévouée, s'efforce de contribuer de son mieux à soulager les fardeaux qui écrasent l'humanité; ou bien, sous prétexte de se montrer secourable, elle veut dominer : la voix se fait impérieuse, la parole magique, le geste impératif, la pensée envoûtante (Points de repère, p. 12).

 

330. La culture

L'ancienne Alliance "avec sa loi et son rituel liés à un certain niveau de culture..." (Tu couronnes l'année de tes bontés, p. 243).

 

331. La hâte

L'homme croit devoir se hâter vers Dieu en oubliant que Dieu le porte depuis longtemps dans ses bras et le berce comme un petit enfant. Il fait des efforts alors qu'il devrait simplement s'abandonner (Tu couronnes l'année de tes bontés, p. 157).

 

332. Un événement central

Autour du fait irréductible et absolument libre réunissant l'incarnation, la croix et la résurrection s'ordonnent tous les événements de l'histoire du salut, de l'histoire du monde et finalement de la nature elle-même, étant donné que tout existe à cause de cet événement central : "Car c'est en lui, et par lui et pour lui qu'ont été créées toutes choses" (Col 1,16)  (Dramatique, II, 1, p. 243).

 

333. La puissance

Que Dieu ait pu s'abaisser à prendre notre condition humaine est une plus grande preuve de puissance que les plus grands miracles (D'après saint Grégoire de Nysse, dans Le mystère pascal, p. 37-38).

 

334. La réserve

La réserve de Dieu fait sa gloire, comme le silence est plus éloquent là où la parole serait forcément inadéquate (R. Thibaut cité dans La nouvelle Alliance, p. 136-137).

 

335. L'adhésion

La foi chrétienne ne consiste pas d'abord à tenir pour vraies les formules présentées dans l'annonce, mais à saisir l'événement par lequel on a d'abord été saisi pour venir à la foi (Ph 3, 12). Elle consiste donc aussi à se laisser modeler par la forme de l'événement, par l'obéissance de foi du Christ lui-même. - Cette obéissance de la foi est la remise de soi inconditionnée, faisant abandon de toute condition, à la volonté intégrale de Dieu. La foi n'est chrétienne que si elle renonce radicalement à circonscrire le domaine de son adhésion : "Je crois dans la mesure où je comprends, où je puis prendre cette responsabilité, où les exigences spirituelles et existentielles ne vont pas trop loin, etc." Dieu seul peut exiger pareil don. Il faut donc que Dieu lui-même resplendisse dans son absolu divin pour que l'événement reçoive l'adhésion inconditionnée de la foi. Comment est-ce possible? (La foi du Christ, p. 104-105).

 

336. Enfer

L'enfer est le lieu où le péché, séparé du pécheur par l'efficacité de la croix, est rejeté avec tout ce que Dieu condamne (Dramatique, IV, p. 287).

 

337. Se blottir

"La foi, l'espérance, la charité sont les manières dont le coeur humain qui palpite, inquiet, se blottit dans l'éternel, avec tout ce qu'il aime ici-bas et entraîne avec lui" (De l'intégration, p. 109).

 

338. L'angoisse

Le Christ a porté l'angoisse du monde pour lui donner en échange ce qui lui appartient en propre : sa joie, sa paix... Ce qui appartient en propre au Christ vient de la croix et de la résurrection et de sa vie terrestre. - Il n'y a de grâce que venant de la croix. Il n'y a de joie que de la croix, marquée du signe de la croix. La croix ouvre une perspective différente : la permission de partager l'angoisse du Christ (Le chrétien et l'angoisse, p. 75-76).

 

339. Le risque

Dieu a couru un grand risque quand il a créé des êtres libres et capables de le contredire en pleine face. Devait-il les damner? Devait-il simplement leur faire grâce? Dans ce dernier cas, il n'aurait pas pris leur liberté au sérieux. Comment pouvait-il prendre ce risque? A une seule condition : que, depuis l'origine (et on devine par là le rôle du Christ comme médiateur de la création), le Fils éternel se pose comme garant des pécheurs par solidarité absolue avec eux, jusqu'à l'abandon par Dieu. - C'est à ce seul prix que Dieu a pu déclarer "très bon" ce monde atroce et lui donner l'être (Nouveaux points de repère, p. 158).

 

340. La maison

La maison de Dieu, pour l'Eglise, ce n'est nullement elle-même, du moins elle seule, mais tous ceux, innombrables, pour lesquels Jésus est mort et ressuscité... La formidable Parole prononcée par Dieu, il faut que le monde entier l'entende, qu'il la médite et y réponde (Catholique, p. 125).

 

341. Sérénité

Nous ne pouvons nous empêcher d'être surpris de la sérénité imperturbable avec laquelle une certaine théologie abandonne à la perdition éternelle une partie de la création destinée pourtant au ciel, sans y trouver aucune atteinte à la gloire de Dieu, sous prétexte que, dans cette part de perdition, c'est la justice divine qui est glorifiée, tandis que la miséricorde est exaltée chez ceux qui bénéficient du salut... - On se demande si l'on ne joue pas avec l'enfer de manière irréfléchie et finalement inacceptable (Dramatique, IV, p. 171-172).

 

342. Plénitude

Pour pouvoir saisir la plénitude religieuse qu'est le christianisme, il faut connaître le judaïsme, le paganisme, l'islam, le bouddhisme, le brahmanisme, les avoir apprrofondis, et avoir compris l'idée centrale de toutes les religions du monde (De l'intégration, p. 175).

 

343. Le drame

Il est des religions où l'Absolu ne fait rien pour se porter à la rencontre de l'être éphémère en pérégrination vers lui... La philosophie n'admet pas que Dieu puisse s'émouvoir et se laisser affecter par le drame humain (Dramatique, II, 1, p. 37).

 

344. Conditions

Il y a des gens qui disent : "Le Christ ne me dit rien". Cela ne s'oppose pas au fait qu'en soi et de soi le Christ soit tout pour tous. Il est des conditions à remplir pour que le Christ nous dise quelque chose (La gloire et la croix, I, p. 392).

 

345. Présence

"Je ne vous laisserai pas orphelins... Je prierai le Père et il vous enverra un autre Paraclet pour qu'il soit pour toujours avec vous" (Jn 14, 18.16). Cela veut dire que celui que Jésus demande dans sa prière est parfaitement à même de prendre la place de Jésus et ainsi d'empêcher que les disciples deviennent orphelins. - Cet Esprit vient du Père et il n'est donc pas moins divin que Jésus. Il remplacera la limitation temporelle de la présence de Jésus par une présence éternelle. Il ne remplace pas Jésus absent, il le rend à nouveau présent. (Jn 14,18 : Je viendrai vers vous) (L'Esprit de vérité, p. 71).

 

346. Un homme en danger

"Le Christ était comme un homme qui aperçoit un faible emporté par un courant violent : il sait que lui-même va être saisi par les tourbillons, blessés par les pierres charriées par l'eau, mais la pitié pour cet homme en danger le stimule, il n'hésite pas à se jeter dedans" (Grégoire de Nysse cité dans Présence et pensée, p. 104).

 

347. La foi

Le christianisme, c'est la foi en une action de l'amour de Dieu Trinité, une action qui est antérieure et inaccessible à toute aspiration et à toute attente humaine (La nouvelle Alliance, p. 94).

 

348. Emerveillements

Il y a ceux qui récusent la mystique et voient dans leurs impressions et consolations d'autrefois une marque de leur jeunesse qu'il faut dépasser : "Ils se trompent prodigieusement", dit le Père Surin (De l'intégration, p. 274-275).

 

349. Toute la vie

Le Christ, à tous les stades de sa vie terrestre, est la Parole pleinement valable proférée par Dieu; non seulement lorsqu'il prêche en public, mais aussi lorsqu'il s'entretient seul à seul avec quelqu'un; non seulement lorsque sa parole est consignée par écrit, mais aussi dans les cas beaucoup plus fréquents où elle se perd sans qu'on l'ait notée; non seulement lorsqu'il parle, mais aussi lorsqu'il se tait ou qu'il prie... Dieu révèle sa plénitude à chaque âge et à chaque état du Verbe incarné. - Parce qu'il est homme, il éprouve comme nous le vide du temps, mais ce n'est pas à ce vide qu'il se remet, c'est entre les mains de son Père. - Sa défaillance, son dégoût d'un moment (au jardin des oliviers à Gethsémani) sont, même sans qu'il le sache ni le sente, emplis de la fidélité d'un amour unique et immuable qui se manifeste ainsi à nous d'une manière plus convaincante dans la faiblesse que dans la force (De l'intégration, p. 254).

 

350. Le spectateur

Devant le drame de l'existence humaine assumée par l'existence dramatique du Christ, il n'y a pas de spectateur qui ne doive, bon gré mal gré, devenir acteur lui aussi. L'Ecriture fait partie d'un drame plus grand qu'elle : tous les livres du monde ne suffiraient pas à décrire ce drame (Dramatique, II, 1, p. 47).

 

351. Les secrets

Celui qui aime ne voudra connaître des secrets de l'aimé que ce que celui-ci voudra bien lui communiquer. Il aurait l'impression d'un manque d'amour et de pudeur s'il voulait secrètement découvrir les mystères que l'être aimé lui tait non sans de bonnes raisons, qui sont toujours des raisons d'amour (Phénoménologie de la vérité, p. 251).

 

352. Enthousiasme

Un facteur d'enthousiasme (au sens théologique du mot) imprègne toute la révélation divine; si on ne le perçoit pas chez les prophètes et les Sages, chez Paul et Jean (pour ne nommer qu'eux), il n'y a rien à faire. Pas davantage si on s'obstine à nier que tout ceci apaise et comble surabondamment la nostalgie humaine d'amour et de beauté (La gloire et la croix, I, p. 102).

 

353. Les cheveux

Israël ne fait pas de philosophie. Il ne cherche pas à saisir Dieu, il a toujours été saisi par lui, empoigné par les cheveux (Points de repère, p. 36).

 

354. Racines

Des choses qui nous prennent à la racine de l'être. Arrière-plan trinitaire de la foi : nous sommes enracinés dans le Fils, le Fils est enraciné dans le Père (En lisant La prière contemplative, p. 62).

 

355. Distance

Ascension : Jésus explique doucement à ses disciples que son départ ne signifie pas qu'il prend ses distances, au contraire c'est la condition pour qu'il vienne et reste auprès d'eux dans une intimité beaucoup plus grande. - Il y a abolition de la distance qui, sur terre, sépare toujours deux personnes, chacune dans son corps, même dans l'amitié et l'amour : le Seigneur a déjà transformé son corps en nourriture et boisson et il pénètre, comme à travers des portes fermées, dans le coeur de ceux qui croient en lui (L'homme et la vie éternelle, dans O. Boulnois [dir.], Je crois en un seul Dieu, p. 379).

 

356. Variations

La Parole de Dieu, toujours la même, peut se permettre de subir les variations du temps, et même de passer par la faiblesse, l'impuissance et la mort, sans perdre par là sa divine supériorité (La prière contemplative, p. 215).

 

357. Le mystère

Le grand mystère dont parle saint Paul est l'oeuvre de Dieu avec le monde par création, révélation, rédemption; ce mystère est toujours histoire, action, drame, événement; il a son centre dans la plénitude des temps qui est l'incarnation. - Le coeur du monde : rendre à l'idée du coeur de Jésus, si souvent étriquée, sa dimension cosmique, son espace infini et finalement trinitaire. - Le Christ est la première idée concrète de Dieu quand il créa, et il est donc le but du monde... Le Christ est le centre de tous les chemins vers Dieu (Mein Werk, p. 19-21).

 

358. Consentement

Rôle de Marie maintenant dans l'Eglise et dans la vie de chaque chrétien? - Peut-être pourrait-on le déduire à partir de ceci : il s'agit vraiment, premièrement et essentiellement, de consentement et non pas d'invention de ce qu'on pourrait faire. Il s'agit de consentir à ce que l'Esprit Saint veut faire par nous, à la façon dont l'Esprit veut vivifier la parole de l'Evangile aujourd'hui (Au coeur du mystère rédempteur, p. 81).

 

359. Inventions

L'amour inventif du Saint-Esprit s'efforce de m'ouvrir chaque jour de nouveaux aspects de Dieu (Une théologie des Exercices, p. 83).

 

360. Fidélité

Dans toute l'Ecriture : Réduit à ses propres ressources, le coeur de l'homme se dérobe à Dieu, non seulement par hasard et occasionnellement, mais essentiellement. - D'autre part, le coeur de Dieu ne se refuse pas à l'homme et il peut inspirer au défaillant la force aimante de demeurer dans la fidélité, c'est-à-dire dans la foi (De l'intégration, p. 80).

 

361. Le sérieux

La profession de foi (la confession de sa foi au baptême ou en d'autres circonstances) n'est que l'entrée dans le rapport vivant d'alliance avec Dieu : seule la vie montrera si l'homme prend cette alliance au sérieux, et s'il préfère sérieusement à sa vérité et à sa volonté propres la vérité de Dieu, qui se manifeste dans sa volonté et dans sa loi (La gloire et la croix, I, p. 189).

 

362. Le sens

L'existence individuelle du Christ donne un sens à toutes les autres existences dans le temps, aussi bien celles du passé que celles de l'avenir. - Et l'existence individuelle et historique du Christ est universalisée par une action de l'Esprit Saint. C'est lui qui confère à une parcelle d'histoire une portée universelle (La théologie de l'histoire, p. 74. 80).

 

363. La mission

Jésus a reçu du Père la mission de révéler l'essence de Dieu et son attitude envers les hommes. - Il ne s'est pas présenté comme l'exemplaire suprême de l'espèce humaine, mais uniquement pour accomplir la volonté de Dieu. - L'artiste ou le savant possédé par sa mission ne se sait libre et tout à fait lui-même que lorsqu'il peut suivre cette mission la plus personnelle (Les grands textes sur le Christ, p. 230-231).

 

364. L'instinct

En promettant à son troupeau son Esprit et en le lui donnant, le Pasteur suprême a implanté en lui un instinct du droit chemin. "Les brebis le suivent car elles connaissent sa voix; un étranger, au contraire, elles ne le suivent pas" (Jn 10, 4-5) (Catholique, p. 104).

 

365. Participation

La foi, c'est la participation à la vie, à la mort et à la résurrection historiques de Jésus (La gloire et la croix, I, p. 166).

 

366. Manifestation

Le mystère de la croix est la plus haute manifestation de la Trinité (Triple couronne, p. 85).

 

367. Liberté

Une doctrine théologique des attributs de Dieu qui ne découlerait pas d'une théologie du Dieu incarné serait incapable de montrer les dimensions réelles de la liberté divine et, par conséquent, le vrai rapport de Dieu à la liberté créée (Dramatique, II, 1, p. 168).

 

368. Efficacité

L'Eglise a insisté fortement sur l'efficacité universelle de la rédemption du Christ; sa grâce est offerte à tous les hommes de bonne volonté, même hors de l'Eglise et de la chrétienté (De l'intégration, p. 218).

 

369. Vie intérieure

On doit comprendre toutes les scènes extérieures de la vie et de la Passion de Jésus comme révélation directe de la vie intérieure et des pensées de Dieu (Grains de blé, II, p. 17).

 

370. Mission

L'envoi des disciples en mission jusqu'aux extrémités du monde ne peut être donné qu'après Pâques. L'apostolat du christianisme primitif ne dépend pas de l'envoi historique en mission des disciples par le rabbi de Nazareth, il est fondé sur les apparitions du Ressuscité. - Il est le Seigneur souverain. "Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre" : c'est le principe qui rend possible toute la mission. - "Toutes les nations", dans l'espace et dans le temps : voilà pour l'extension de la mission. - "Je suis avec vous pour toujours jusqu'à la fin des temps" : c'est la garantie de la mission. - La mission est le but principal des apparitions, elles fondent l'Eglise. La mission constitue également la conclusion de l'expérience de Paul sur le chemin de Damas. - La mission est un service du monde, la mission est toujours reçue du Ressuscité et du Père. Et pour que cela soit possible, Jésus insuffle à ses disciples son Esprit qui doit les pousser sur les routes du monde et de son histoire.

 

371. Pharisaïsme

La menace la plus grave qui puisse peser sur le christianisme : le pharisaïsme (Théologie de l'histoire, p. 123).

 

372. S'accomplir

Dieu a fait l'homme libre, car il est du caractère même de la liberté infinie de ne pas contraindre. - Mais une liberté si exposée ne va-t-elle pas nécessairement faillir? Pourquoi Dieu n'a-t-il pas créé les anges et les hommes tels qu'ils fussent incapables de désobéir? - Pour que la liberté finie fasse l'expérience de sa finitude et de son indigence, afin d'apprendre par l'expérience qu'elle ne peut s'accomplir qu'en suivant le conseil et l'inspiration de Dieu... Le bien acquis sans effort n'a aucun attrait : la preuve en est le fils aîné de la parabole (Dramatique, II, 1, p. 185).

 

373. Bernadette

Les saints : il faudrait éviter de se délester, comme si elles étaient dépassées, des choses dont ils n'ont cessé de faire l'expérience au long des siècles, par exemple, leurs rencontres avec les anges de Dieu et avec le démon, qu'ont encore si bien connues le saint curé d'Ars et Don Bosco. - S'efforcer aussi d'accorder autant d'attention au miroir sans tache qu'est sainte Bernadette en ce qu'il laisse rayonner de vérité sur la Vierge, qu'à la découverte minuscule faite par un quelconque exégète (Points de repère, p. 96).

 

374. Les pieds

Le lavement des pieds est un signe quasi sacramentel que le Christ assume les péchés de ses disciples, préfigurant ainsi le sacrement de pénitence qui sera institué après Pâques (Dramatique, III, p. 375).

 

375. Espérances

Dieu : celui qui remplit le coeur de l'homme au-delà de ses espérances (Grégoire de Nysse cité par E. Guerriero dans Hans Urs von Balthasar, p. 67).

 

376. Ceux qui sont arrivés

L'orgueil est le vice de ceux qui se croient arrivés (Le chrétien Bernanos, p. 521).

 

377. Le secret

Les chrétiens d'aujourd'hui doivent ne refuser aucun des chemins que Dieu nous ouvre pour accéder au secret de son amour éternel et, en même temps, renoncer à atteindre l'être caché et libre de Dieu à l'aide de la raison naturelle (Points de repère, p. 29-30).

 

378. La gloire

La gloire de l'amour trinitaire, dans l'impuissance de la croix, a manifesté sa vraie toute-puissance et ne retournera plus à une forme de puissance moins haute et poins précieuse (Nouvelle Alliance, p. 442).

 

379. La source

La Parole de Dieu nous enseigne aujourd'hui comme si nous n'avions rien su jusqu'à présent. La Parole de Dieu coule toujours fraîche de la source de la Liberté absolue et souveraine. - La Parole de Dieu peut exiger de moi aujourd'hui quelque chose qu'elle n'a pas encore exigé hier et c'est pourquoi je dois absolument, pour entendre l'exigence, être foncièrement ouvert et attentif (La prière contemplative, p. 18-19).

 

380. Le coeur blessé

Ce qu'il y a de plus profond dans le christianisme, c'est l'amour de Dieu pour la terre. Que Dieu soit riche au ciel, cela les autres religions le savent aussi. Mais qu'il ait voulu être pauvre avec sa créature, qu'il ait voulu souffrir dans son ciel en communion avec le monde qu'il a créé, qu'il ait effectivement souffert et que, par son incarnation, il se soit mis en mesure de manifester à ses créatures l'amour passionné qu'il éprouve pour elles, voilà ce que personne jusqu'alors n'avait entendu dire. - Et si l'homme qui souffre ne fait que renvoyer à la souffrance du Fils de l'homme qui l'a précédé dans la sienne, le Fils à son tour renvoie par sa Passion au coeur blessé du Père (Le chrétien Bernanos, p. 157).

 

381. Lumière

La libre ouverture du coeur de Dieu répand une lumière incomparable qui illumine toute notre existence, nos pensées, nos actes et notre amour... Nous devons nous approcher de ce Dieu inaccessible "en toute confiance par le chemin de la foi au Christ" (Ep 3, 12) qui nous a "interprété" le Dieu "que nul n'a jamais vu" (Jn 1, 18) (Points de repère, p. 29).

 

382. Les 40 jours

Sur les quarante jours de Jésus avec ses apôtres entre Pâques et Ascension. "Tel qu'il était et s'est montré à ce moment-là, ainsi est-il en réalité". L'Eternel dans le temps malgré les préjugés des philosophes. "Par son Ascension il n'est devenu ni plus éloigné dans l'espace, ni plus éloigné dans le temps". Quarante jours pour montrer aux siens tangiblement comment il reste avec eux tous les jours jusqu'à la fin du monde (Mt 28, 20). Il leur montre que toute l'histoire, toute l'Ancien Testament converge vers lui (Lc 24, 44-46; 24, 25-27). Il est présent au centre de l'histoire et il dévoile le sens de tous les temps. Le centre de l'histoire est un point historique. - Il prouve de maintes façons aux siens qu'il est vivant (Ac 1, 3); lui-même, par sa présence réelle, manifeste le royaume tout entier. Le Christ rend présent et par là même dévoile et accomplit tout le passé. L'action visible du Seigneur, c'est le début de l'action invisible de l'Esprit. Le rapport des trente-trois années aux quarante jours est le rapport de l'état voilé à l'état de dévoilement, de la vision sensible à la vision spirituelle. - Le Christ : éternité et temps en une seule personne. Toute action du Christ en sa vie terrestre s'ouvre chaque fois sur une éternité qui lui est propre. Il y a un facteur d'éternité qui est contenu dans les paroles et les actions du Christ (Théologie de l'histoire, p. 82-93).

 

383. Le dedans

Dieu éclaire et persuade tout homme par le dedans. Et il demande en réponse à tout homme un oui libre et obéissant : la foi, c'est ce oui; et ce n'est que par ce oui qu' l'homme peut parvenir à sa vérité propre (La nouvelle Alliance, p. 263).

 

384. La pente

Le Christ : sa mission n'est pas une mission parmi d'autres, comme celle des prophètes par exemple; c'est une mission d'ensemble qui embrasse et remplace toutes les autres. La pente de son existence va vers une mort qui n'est pas seulement attendue, escomptée, désirée, mais qui est comprise comme la quintessence de sa mission rédemptrice. - Son échec grandissant, son isolement, le scandale qu'il constitue, ne le contraignent pas à modifier sa stratégie, mais dévoilent lentement son sens propre, définitif (La gloire et la croix, I, p. 397).

 

385. Religion

La religion fait partie de l'être de l'homme (Aux croyants incertains, p. 19).

 

386. La mort

Ce que Jésus est capable de faire en tant que Ressuscité : il fait reculer la mort en faveur de ceux qui vivent de sa mort. Ce geste se concrétise dans les sacrements de l'Eglise (Dramatique, IV, p. 314).

 

387. La grâce

Dans la parole de Dieu, il y a toujours deux aspects : la grâce la plus libre et l'exigence d'une obéissance immédiate : "Prends ton fils, ton unique, que tu aimes" (Gen 22, 2); "Lève-toi et mange, autrement le chemin sera trop long pour toi" (1 R 19, 7) (Simplicité chrétienne, p. 16).

 

388. Le jardin

Le récit du paradis dans la Genèse : l'homme, avec sa liberté, a été créé par un Dieu très bon. L'homme a la disposition libre de tout le "jardin"; mais la défense de manger du fruit d'un seul arbre lui rappelle sa dépendance par rapport à sa source originelle (Dramatique, III, p. 143).

 

389. Ménagère

Une paroisse, c'est sale, forcément. Une chrétienté, c'est encore plus sale. Attendez le grand jour du jugement, vous verrez ce que les anges auront à retirer des plus saints monastères, par pelletées - quelle vidange! Alors, mon petit, ça prouve que l'Eglise doit être une solide ménagère, solide et raisonnable (Le chrétien Bernanos, p. 325-326).

 

390. Attention

Dans toute culture antique (l'Egypte, la Chine), l'attitude fondamentale de l'homme cultivé est l'attention (Dramatique, II, 1, 21).

 

391. Eucharistie

"Une Eglise pécheresse - ce que nous sommes - reçoit le corps du Seigneur dans l'eucharistie. Mais aucun de nous ne le reçoit d'une manière qui réponde pleinement à son intention de se donner" (Triple couronne, p. 21).

 

392. Lumière

Fais que notre amour soit tellement traversé par la lumière du renoncement que tous ceux qui entrent en contact avec lui en deviennent plus libres pour Dieu, pour les autres et pour eux-mêmes" (Les grands textes sur le Christ, p. 300).

 

393. Substitution

Pour moi, le mot 'substitution', entendu de la façon la plus concrète, est un terme auquel on ne peut absolument pas renoncer (A propos de mon oeuvre).

 

394. Images

"Les écœurantes images modernes du Sacré-Coeur" (La gloire et la croix, II, 2, p. 376).

 

395. Prison

La vision d'un monde sans Dieu et sans mystère est comme une prison (Phénoménologie de la vérité, p. 67).

 

396. Tragique

La prétention du christianisme est d'assumer le tragique de l'existence personnelle en le poussant jusqu'à son paroxysme, c'est-à-dire jusqu'à la croix (Dramatique, II, 1, p. 41).

 

397. Présence

Le Christ attend que nous reconnaissions sa présence dans ses signes : le pain et le vin, l'eau du baptême, etc. (R. Guardini cité dans La gloire et la croix, I, p. 333).

 

398. Expérience

"Les derniers mots de l'Ave Maria gardent leur importance capitale pour tout homme, quelle que soit l'expérience, douce ou amère, qu'il fera de la mort". - Priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort (Dramatique, IV, p. 316).

 

399. Dialogue

Dans un premier plan, le chrétien s'entretient avec son frère (non croyant ou peu croyant) dans le va-et-vient du contact, sérieusement et en engageant son coeur librement. - Mais à l'arrière-plan, il est déjà face à son frère en ce lieu où sur la croix tout dialogue a cessé entre le Christ et les hommes parce le Christ alors a les hommes en lui et qu'eux le mettent à mort. C'est la mort qui est maintenant l'action, dans le silence. - Au premier plan, le chrétien peut secouer la poussière de ses pieds et poursuivre son chemin (Mt 10, 14). - A l'arrière-plan, il porte tellement en lui l'ami ou l'adversaire qu'il souhaiterait être lui-même anathème pour ses frères, ceux de sa race selon la chair (Ro 9, 3). Ce qui porte tout le dialogue n'est pas de nature dialogale et n'a pas besoin d'être dévoilé à l'interlocuteur. (C'est là l'élément de contemplation du dialogue chrétien). - L'interlocuteur du chrétien, qui est peut-être un adversaire, est comme lui porté dans le coeur du Crucifié. Il peut ajourner un dialogue pour des raisons de prudence, il ne peut le rompre définitivement. Car, sur la croix, la cloison qui sépare provisoirement les interlocuteurs est déjà démolie (Ep 2, 14). Non par des discours, mais par la souffrance la plus solitaire (Cordula, p. 99-100).

 

400. Eucharistie

Le Christ vivant en moi m'est si intime parce qu'il est mort pour moi, parce qu'il m'a pris en lui à la croix et qu'il me prend en lui sans cesse à nouveau dans l'eucharistie (Cordula, p. 89).

 

401. Valeurs

Dieu : sa miséricorde renverse toutes les échelles de valeur humaines (La nouvelle Alliance, p. 290).

 

402. Commentaires

A propos d'Adrienne von Speyr : "Tous ses commentaires de l'Ecriture sont aussi pour elle une forme de prière" (Adrienne von Speyr et sa mission théologique, p. 52).

 

403. Étonnement

C'est merveilleux qu'il y ait Dieu. Ce dont on ne peut assez s'étonner, c'est qu'il ait reçu l'homme dans son Alliance (Une théologie des Exercices, p. 59-60).

 

404. Inconcevable

Notre intention : considérer l'inconcevable que doit rester l'événement Jésus Christ. Malheur au chrétien qui ne se tiendrait pas chaque jour subjugué devant cet événement. - L'Unique qui veut s'exprimer à travers tout : c'est lui que nous poursuivons sans nous imaginer l'avoir saisi (Ph 3, 12 s.). Et s'il est ce que croit l'Eglise, aucune méthode ne permet de s'en emparer (La nouvelle Alliance, p. 12).

 

405. Le Fils du Dieu vivant

Jésus n'est pas apparu en Judée en proclamant : "Je suis le Fils du Dieu vivant", ce qui n'aurait certainement pas produit le moindre effet. Il a attendu que la vie en sa compagnie et la pénétration de sa vie dans celle de ses disciples éveille en eux des idées plus élevées qui s'exprimeraient alors tout naturellement à la première occasion : "Tu es le Fils du Dieu vivant" (Moehler cité dans Le complexe anti-romain, p. 159).

 

406. Souci

Le souci humain du prochain n'a pas à se briser découragé, là où il n'y a plus rien à faire (pour quelqu'un). Car dans l'abandon à Dieu, l'amour qui supporte continue d'agir et, par la souffrance la plus dure, celle de ne plus rien pouvoir, il obtient davantage que dans l'attitude active, forte et sûre d'elle-même (L'amour seul est digne de foi, p. 148).

 

407. Maturité

L'homme qui essaie de se passer de Dieu essaie de se forger une sorte de sérénité, d'abandon, de résignation, de sagesse souriante, à la pensée que tout est ainsi, l'a toujours été, le sera sans cesse, et qu'il faut donc prendre les choses telles qu'elles viennent; il n'y a que les gamins pour lancer des pierres contre le ciel. Cette placidité, c'est l'attitude de l'homme arrivé à sa maturité selon les juges de ce monde... - La vision chrétienne des choses inclut cette attitude, mais dans le sens d'une disponibilité désintéressée à assumer n'importe quelle tâche pourvu qu'elle vienne de Dieu (Dramatique, II, 1, p. 48).

 

408. Sagesse

La Loi : le Christ nous en a délivrés. Libérés de la Loi qui nous a constamment séduits pour que nous tentions de prendre Dieu et sa libre lumière dans les filets de notre sagesse et de nos pratiques (Le complexe anti-romain, p. 12).

 

409. Le frère

Tout amour chrétien implique un éclatement des enceintes closes, une évasion vers l'extérieur, vers celui qui n'aime pas, vers le frère perdu, vers l'ennemi (Dieu et l'homme d'aujourd'hui, p. 286).

 

410. Le pauvre

Le Christ fut un jour pauvre parmi les pauvres "et dépouillé de tout au point d'être privé même de Dieu; il changera alors le vin en son sang"... comme à Cana, à la prière de sa mère, il avait changé l'eau en vin (Marie pour aujourd'hui, p. 67-68).

 

411. Misère

Théories et méthodes qui, sous prétexte de vouloir supprimer la misère, aboutissent logiquement à l'esclavage de l'esprit (Romano Guardini, p. 111).

 

412. Lieutenant

Le pape n'est pas le successeur ou le lieu-tenant du Christ, mais celui de Pierre (Nouveaux points de repère, p. 312).

 

413. Destins

Tous les destins sont des destins de grâce ou des destins sans Dieu. Il y a une communauté des saints et une communauté des pécheurs, mais il y a tout autant une communauté des saints avec les pécheurs et par conséquent une communauté des pécheurs avec les saints. - "La participation des saints au destin des pécheurs a part elle-même à la participation du Christ à la perdition de tous les hommes. Et c'est parce que le Christ a ouvert une brèche dans cette perdition que la communauté des saints et des pécheurs... mérite d'être appelée communion des saints : admirable échange de la grâce et du péché, dont l'Eglise est le lieu". "Le tout s'enracine dans la Passion" (Le chrétien Bernanos, p. 457-458).

 

414. Nourriture

Tout au long de l'histoire du monde, l'Eglise devra se souvenir qu'elle reçoit de Dieu assez de nourriture pour ne pas périr au désert (Marie pour aujourd'hui, p. 17).

 

415. La grâce de Pâques

Personne n'a vu l'heure de ta victoire. Personne n'est le témoin de la naissance d'un monde. Personne ne sait comment la nuit infernale du samedi s'est transformée en la lumière du matin de Pâques. C'est en dormant que nous avons été transportés sur des ailes par-dessus l'abîme, en dormant que nous avons reçu la grâce de Pâques. - Et personne ne sait comment l'événement lui est arrivé. Chacun ignore quelle main a caressé sa joue de telle sorte que soudain le monde blême éclata pour lui en vives couleurs et qu'un sourire involontaire s'épanouit sur son visage à cause du miracle qui s'accomplit en lui (Le coeur du monde, p. 169).

 

416. Intercession

Il appartient à la substance de la foi chrétienne de tenir pour possible et réelle l'intercession par la prière et par la souffrance (Nouveaux points de repère, p. 371).

 

417. Résurrection du Christ

On peut dire que tout l'agir du Dieu vivant a eu de tout temps pour but la résurrection du Fils (Le mystère pascal, p. 199).

 

418. L'appel

La foi, c'est l'attitude de l'homme par laquelle il correspond à l'appel de la révélation divine par la force de la grâce (Dans E. Guerriero, Hans Urs von Balthasar, p. 235).

 

419. Disponible

Marie est capable d'exclure de son oui toute limitation consciente ou inconsciente, telle que le pécheur l'apporte toujours : elle est infiniment disponible pour l'infini. Elle est absolument prête à tout, donc à beaucoup plus que ce qu'elle peut savoir, imaginer, deviner. - Seule est féconde l'infinité du oui qui, en tant que réponse à Dieu, n'anticipe rien et ne sait rien par avance (Adrienne von Speyr et sa mission théologique, p. 42).

 

420. Chemins

Tous nos chemins sont des chemins trinitaires (Dramatique, IV, p. 99).

 

421. Respect

Il fait partie du respect que Dieu porte à sa créature de ne pas remplacer ni d'anticiper ce qu'elle peut trouver par ses propres forces; Dieu n'est pas un père qui fait les devoirs scolaires de son fils (De l'intégration, p. 208).

 

422. Préparation

La Bible est aussi un livre de l'Eglise : rédigé en elle, rassemblé par elle dans la formation du canon, par elle seulement compris et interprété. - On n'arrive pas au coeur de la révélation divine sans préparation; il y a tout un chemin (infini) à parcourir, toute une préparation du coeur. - Tout le but du maître, de l'initiateur, est de se rendre transparent et inutile. Laisser le croyant avec Dieu (Une théologie des Exercices, p. 53).

 

423. Morne nuit

Les plus pauvres sont pour le Christ les frères les plus proches. Et les plus pauvres, ce ne sont pas seulement ceux qui sont dans la misère extérieure, mais tout autant ceux qui sont pauvres d'esprit parce qu'ils n'ont aucune lucarne qui s'ouvre sur l'amour et qu'ils croupissent dans la morne nuit de leur égoïsme, de leur orgueil et de leur avarice (Qui est chrétien?, p. 98).

 

424. Surprise

Toute grâce advient de manière inattendue (Tu couronnes l'année de tes bontés, p. 19).

 

425. Femme

Marie sait que le Dieu qui pensa et créa la femme ne peut qu'avoir un coeur plein de tendresse (Marie pour aujourd'hui, p. 80).

 

426. La folie de Dieu

Hegel ne voit dans l'immortalité personnelle et dans la résurrection de la chair que les prétentions ridicules d'un individu minuscule auquel sa condition mortelle ne donne pas droit à la parole. - Pour Karl Marx, l'homme est exposé au vent du destin. Il doit essayer tout seul et par ses propres forces de se construire une maison solide qui le mette à l'abri du destin, de transformer en patrie accueillante un monde sinistre, d'humaniser ce qui est inhumain... Essayer de construire pour l'homme de demain une maison habitable. - Mais cela n'apporte pas la réponse que se posent les hommes du passé, ceux du présent, à ces questions qu'ils se posent avec des cris d'horreur. De belles paroles ne nous guérissent pas même si elles sont prononcées par Dieu. L'existence n'est pas un mauvais rêve dont on peut se réveiller : c'est la réalité. - Un Dieu réel et vivant devrait reconnaître cette terrible réalité. Il devrait la prendre plus au sérieux. Il devrait lui résister comme à une force qui enserre l'humanité. Il devrait expérimenter dans toute son horreur la puissance du monde. A cette condition seulement il serait digne de foi. - La croix du Christ, par laquelle Dieu se charge de toute la douleur des hommes, rend digne de foi le Dieu vivant. Le Christ en croix n'est plus une parole, c'est un acte silencieux : ce que saint Paul appelle la folie de Dieu (Les grands textes sur le Christ, p. 92-93).

 

427. Essai

Essayer d'entendre la Parole de Dieu puisque la révélation concerne chaque homme et chaque génération (Le chrétien et l'angoisse, p. 14-15).

 

428. Voir Dieu

La béatitude éternelle consiste-t-elle dans la vision ou dans l'amour? Elle ne peut consister que dans "vision" aimante de l'amour, car qu'y aurait-il d'autre à voir en Dieu, et comment l'amour pourrait-il être contemplé autrement que dans la communion d'amour? (L'amour seul est digne de foi, p. 187).

 

429. Itinéraire

L'itinéraire que Jésus parcourt n'est pas mesurable par le seul fait que l'abîme de la croix, des enfers, de la résurrection se trouve en son centre (Cordula, p. 112).

 

430. Avidité

"Heureux les pauvres en esprit", non ceux qui subissent malgré eux leur pauvreté et entretiennent dans leur coeur la même avidité et la même convoitise que les riches (La Nouvelle Alliance, p. 463).

 

431. Le règne de Dieu

"Que ton règne vienne". Rien ne peut obscurcir davantage la puissance de Dieu ni empêcher davantage son règne d'arriver que l'inclination à pousser notre propre puissance en avant dans le but de promouvoir le règne de Dieu (Qui est chrétien?, p. 68).

 

432. Ecoute

Les prophètes disent constamment : "Ecoute, Israël..." Ils s'attaquent à l'oubli de la Parole par le peuple, ils s'opposent à une attitude qui croit déjà être au courant là précisément où l'on devrait sans cesse à nouveau se laisser mettre au courant par Dieu. Tout ce qu'Israël entreprend de sa propre initiative, sans consulter Yahvé, est toujours erroné, car "Vos pensées ne sont pas mes pensées et mes voies ne sont pas vos voies, oracle de Yahvé" (Is 55, 8) (Article dans Vie consacrée, 1973, p. 67).

 

433. L'histoire

L'homme est situé dans une histoire : Dieu en haut, l'homme en bas (Dramatique, IV, p. 95).

 

434. Prétention

Jésus a la prétention de révéler au monde la Parole définitive de Dieu (Aux croyants incertains, p. 52).

 

435. Le moyen

Le sens de la venue de Jésus Christ est tout de même de racheter le monde, de lui ouvrir globalement le chemin vers le Père; l'Eglise n'est que moyen (A propos de mon oeuvre, p. 38).

 

436. Mourir

Le Christ ressuscité n'est pas quelqu'un qui revient dans le temps et qui pourrait de nouveau mourir (Le mystère pascal, p. 64-65).

 

437. Le règne

"Que ton règne vienne". C'est la prière de Jésus Christ à Dieu : elle exprime un don de soi qui va jusqu'à l'extrême : que ton règne vienne par toute mon existence, par ma consomption jusqu'à la dernière goutte de sueur et de sang. - Grâce à la percée réussie par la mort et la résurrection de Jésus, le règne est là pour l'essentiel (Les grands textes sur le Christ, p. 165).

 

438. Le péché

On admettra que l'incarnation (sous sa forme concrète qui s'achève à la croix) a été certainement provoquée par le péché, et donc que Jésus entre dans le monde pour y mourir (Dramatique, IV, p. 229-230).

 

439. Le coeur

Le libre amour de Dieu justifiant l'homme est la beauté de Dieu : c'est le coeur de tout le Nouveau Testament. Dans l'amour il y a toujours déjà un élément de joie (La Nouvelle Alliance, p. 18).

 

440. Trois espèces de mort

1/ La mort du péché, dont il est écrit : L'âme qui pèche doit mourir (Ez 18, 4). - 2/ La mort mystique : c'est-à-dire que l'on meurt au péché afin de vivre pour Dieu. L'apôtre dit : Nous avons été ensevelis avec lui par le baptême dans la mort (Rm 6, 4). - 3/ La troisième mort survient au terme de notre vie. - La première mort est mauvaise, la deuxième est bonne, la troisième est de soi indifférente : elle se fait amère pour ceux qui s'attachent aux biens terrestres, elle est désirée au contraire par ceux qui aspirent à être avec le Christ (D'après saint Ambroise, dans Dramatique, IV, p. 303).

 

441. C'est pour moi

C'est pour moi que le Christ est né, pour moi qu'il meurt sur la croix, c'est pour me préparer une place qu'il monte au ciel. Pour venir me chercher qu'il reviendra dans la gloire (La prière contemplative, p. 100).

 

442. L'enfant

Dormir et jouer sont les deux occupations du Verbe qui plongeaient Thérèse de Lisieux dans le ravissement, elle qui, comme une véritable mère, se laissait sans cesse enchanter par l'enfant, et qui considérait la vie avec lui d'une manière toute simple et pratique. - "L'enfant dort" signifiait : pour le moment il n'est pas accessible, on ne doit pas le déranger, il faut se tenir tranquille et remettre à plus tard les demandes et les requêtes; même pour les démonstrations de tendresse, ce n'est pas le moment. - L'Enfant divin, lorsqu'il se fait homme, nous entraîne dans son état d'enfance justement en faisant de nous ses mères (De l'intégration, p. 260).

 

443. Vulnérable

L'homme, un être sans défense, exposé à la tempête et à la nuit. Il cherche Dieu à tâtons, pour essayer de l'atteindre, de le trouver (Cf. saint Paul). - L'homme livré au destin; toutes ses assurances contre les accidents, les maladies, la vieillesse ne sont que vains efforts pour s'abriter contre la puissance de la mort qui s'imposera un jour à lui et l'anéantira. - L'homme, un être vulnérable, aucune solidarité ne le préserve de la solitude. Même prononcées par Dieu, de belles paroles ne guérissent pas (Points de repère, p. 31-35).

 

444. Les droits

Liberté de l'homme devant Dieu. "Il leur a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu" (Jn 1, 12). Dieu ne dispose pas simplement des hommes pour en faire ses enfants; mais le pouvoir de devenir enfants de Dieu leur appartient à eux-mêmes; ils peuvent faire valoir auprès du Père leurs droits d'enfants (De l'intégration, p. 216).

 

445. Le bien-aimé

Tout amour authentique implique essentiellement qu'on meure à soi-même pour ne plus vivre que dans le bien-aimé (A propos de Marsile Ficin, dans La gloire et la croix, IV, 3, p. 51).

 

446. Consentement

Le fiat de la Servante du Seigneur, à peine perceptible pour le monde, mais irrévocable, est le fondement et la substance de l'Eglise néo-testamentaire. - Celui qui exprime ce consentement vital avec elle est un membre vivant du peuple de Dieu, et plus il lui donne d'ampleur, plus aussi il fait partie de l'Eglise (Qui est chrétien?, p. 70).

 

447. Transfiguration

Comme le montre la scène de la Transfiguration, Jésus contenait en lui, comme par avance, la puissance de son existence de Ressuscité, mais sans vouloir en anticiper l'effet (Dramatique, III, p. 357).

 

448. Dieu Trinité

Jésus Christ seul révèle le Dieu un et trine. Le but du Christ : faire partager son propre ministère de révélation et de réconciliation à des hommes que le Père lui adjoint ou plutôt qu'il appelle lui-même. - L'Eglise se considère elle-même comme un mystère dont le centre est le Christ et le Dieu un et trine (Le complexe antiromain, p. 237).

 

449. Douleur

Jésus, sur la croix, a ôté le péché du monde, cela est bien connu du croyant : la faute ne peut être effacée d'un trait ou comme en soufflant dessus; elle doit être expiée, rachetée dans la douleur du repentir et de l'aveu (Catholique, p. 28).

 

450. Les saints

"Dans toute l'oeuvre de Balthasar, les saints jouent un rôle déterminant", les saints qui sont des surprises et des présents de l'Esprit, dont l'importance consiste avant tout dans la manifestation de vérités qui sont une force décisive pour une époque aussi bien de l'histoire de l'Eglise que de l'histoire du monde (Cf. Mission et méditation. Hans Urs von Balthasar, Saint-Maurice, 1998, p. 99).

 

451. Relations

Dans la relation avec Dieu, on doit faire "comme si" on l'aimait. On doit "imiter" affectivement et effectivement ceux qui s'aiment. Ce n'est pas de l'hypocrisie, mais une simple conséquence que nous vivons dans la foi et non dans la vision (ou le sentir ou l'expérience)... - L'amour aimerait des preuves, aimerait se reposer dans la vision de la réponse immédiate... - Il doit renoncer à l'évidence de son propre amour parce que, en plus de la gravitation naturelle de l'âme vers Dieu, existent la possibilité d'avoir constamment accès auprès de lui, la sécurité, la certitude de réciprocité, l'absence de troubles causés par de bas instincts, l'indestructible fidélité de Dieu (Grains de blé, II, p. 70).

 

452. Saint Pierre

Saint Pierre, futur chef de la communauté, est abaissé, humilié plus que tout autre disciple afin qu'il apprenne la forme de son ministère, de son service (E. Guerriero, Hans Urs von Balthasar, p. 193).

 

453. Le monde

Dieu n'a pas fait le monde pour qu'il perdure clos sur lui-même; il l'a créé pour qu'il naisse en lui; il l'a fait surgir de lui-même afin qu'il retourne à lui (Dramatique, IV, p. 98).

 

454. Entretien

Etre en relation avec Dieu autrement qu'avec des formules... Que saurions-nous dire à Dieu s'il ne s'était lui-même communiqué et découvert à nous dans sa Parole de telle sorte que nous ayons accès à lui et commerce avec lui? - La prière est un entretien dans lequel la Parole de Dieu a l'initiative et dans lequel nous ne pouvons tout d'abord être que des auditeurs (La prière contemplative, p. 9).

 

455. Le marché

Le christianisme commence là où cessent l'obligation stricte, la justice, l'idée d'un marché. (Cf. le brave fils resté à la maison). Comprendre la grâce que Dieu nous fait (La nouvelle Alliance, p. 122).

 

456. La croix

La croix : c'est ce que le monde a fait à Jésus... et ce que Dieu a fait pour le monde (Espérer pour tous, p. 79).

 

457. Plénitude

L'homme est un être "en route vers la plénitude humaine qui est son mystère propre" (K. Barth cité dans La gloire et la croix, I, p. 325).

 

458. Souffrance

Si saint Paul peut dire qu'il souffre dans son corps pour l'Eglise ce qui manque encore aux épreuves du Christ (Col 1, 24), si donc le Seigneur ménage aux siens une part d'union à ses épreuves au sein de sa souffrance pleinement expiatoire, combien cela ne s'applique-t-il pas davantage à l'épouse sainte et immaculée qu'est l'Eglise (Ep 5, 27) qui à l'origine n'est telle qu'en Marie et qui précisément comme épouse représente "une seule chair" avec l'Epoux (Ep 5, 31)! Que ce mystère est grand, il faut le penser aussi et surtout au sein de la Passion (Triple couronne, p. 68-69).

 

459. Rien à gagner

Dieu, l'Absolu, est par nature en haut et ne peut rencontrer sa créature que par sa libre condescendance; l'amour absolu n'a rien à gagner dans cette condescendance, mais il s'abaisse librement et gratuitement. Il n'agit pas par désir ou avidité (Dramatique, II, 1, p. 360).

 

460. Travail

"Mon Père travaille toujours, et moi aussi je travaille" (Jn 5, 17). Il travaille après sa mort, après son Ascension, tout comme il a travaillé durant ses jours terrestres... Il travaille par son Esprit toujours présent et vivant, qui change les coeurs et le monde. Il travaille par son Eglise, mais aussi en dehors de l'espace limité de celle-ci, car il peut très facilement passer à travers les portes fermées (Tu couronnes l'année de tes bontés, p. 145).

 

461. Surprise

L'enfant est la surprise de l'amour des parents (La prière contemplative, p. 199).

 

462. Marie

Marie n'a besoin d'avoir aucun ministère particulier dans l'Eglise puisque, par son existence d'intégrale disponibilité, elle représente le modèle absolu du "oui" chrétien à tout moment de la vie (Catholique, p. 120).

 

463. Le véritable amour

Toute pénitence qui augmente le véritable amour est bonne, toute pénitence qui rétrécit l'âme et l'accapare est funeste (Thérèse de Lisieux, p. 291).

 

464. Le paradis

Ce qu'a fait le Christ sur la croix, ce n'était nullement pour nous épargner la mort, c'était pour en transfigurer le sens. Elle n'est plus comme dans l'Ancien Testament une "descente dans la fosse", elle est devenue un "Tu seras demain au paradis". - Au lieu de s'effrayer de la mort, saint Paul préférerait mourir tout de suite pour être auprès du Seigneur (Ph 1, 23) (Aux croyants incertains, p. 84).

 

465. La tête haute

Israël connaît le paradoxe apparent d'un Dieu proche des humiliés et loin de ceux qui ont la tête haute. Les humbles sont tout simplement ceux qui sont ouverts à Dieu et dans lesquels sa parole et donc sa sagesse peuvent se répandre. - Dans l'humble selon le Nouveau testament disparaissent toute rancune contre les riches et les puissants, tout désir de se voir hissé à leur place (Simplicité chrétienne, p. 21).

 

466. La lumière

L'homme peut perdre la lumière de l'Esprit Saint par le péché. Une fois perdu le contact avec la source de la lumière et de la vie, l'homme doit traverser un désert aride pour regagner sa patrie originelle, le ciel. - Le retour à Dieu est l'histoire de l'humanité et du monde entier. (D'après Origène, dans E. Guerriero, Hans Urs von Balthasar, p. 59).

 

467. Présence

Dans le développement d'une prière, la sécheresse n'est jamais que le second temps : le retrait d'une présence qui a d'abord nécessairement été là, donnée (Thérèse de Lisieux, p. 139).

 

468. La vie de Jésus

Chaque moment de la vie de Jésus a un sens éternel. Il est élevé et représenté dans son éternité : aussi bien le temps passé dans le sein de sa mère que sa mort sur la croix et sa résurrection. Le Seigneur est à présent tout ensemble ce qu'il était autrefois successivement (Grains de blé, II, p. 25).

 

469. Amabilité

Sans amabilité, point d'apostolat; sans humilité, point d'amabilité (Grains de blé, II, p. 99).

 

470. La figure du Christ

L'Ecriture, quoique inspirée divinement, est écrite par des hommes, par des pécheurs. - Et l'Eglise, malgré le caractère de mystère qu'elle a, en tant que corps et épouse du Christ, est formée d'hommes et de pécheurs, habitée par eux. - Jusqu'à quel point ces intermédiaires nous transmettent-ils, intacte, la figure du Christ? (La gloire et la croix, I, p. 449).

 

471. La Révélation est close

La Révélation est close : l'image canonique de la Révélation est close parce que une extension du don que Dieu fait de lui-même au monde est impossible au-delà de Jésus Christ. - Mais, pour la même raison, celle de son caractère divinement insurpassable, l'image de ce contenu demeure ouverte pour toutes les époques de l'histoire, afin qu'on la saisisse et qu'on la pénètre plus profondément. - Cependant on ne peut pas dire que les premiers chrétiens ne la comprenaient que d'une manière fragmentaire et que les générations suivantes arrivent à une connaissance plus complète et à une vue d'ensemble sans cesse perfectionnée. - Bien plutôt, l'image est simple et saisissable d'un seul coup d'oeil dans sa totalité pour les yeux éclairés par la lumière de la foi. C'est pourquoi on doit dire sans hésiter que si, au cours de l'histoire de l'Eglise et de l'humanité, elle doit subir un certain développement, on ne peut s'attendre à aucun déplacement décisif des centres essentiels, à aucune modification des proportions (La gloire et la croix, I, p. 466-467).

 

472. Fécondité

Lui porte tout mais, par grâce, il nous laisse une part, afin que nous puissions participer à la fécondité de la rédemption (Chemin de croix, p. 22).

 

473. Les vieux

"Le règne des vieux, c'est exactement le contraire du royaume de Dieu" (Le chrétien Bernanos, p. 287).

 

474. Ouverture

Dans le Christ, Dieu a voulu se révéler au monde d'une manière insurpassable. Au-delà de sa mort, l'homme, même l'homme Jésus, n'a aucune possibilité de disposer de lui-même. Dieu seul possède une telle puissance et une telle possibilité. - Cependant la résurrection de Jésus, qui passe de la mort à la vie divine éternelle, est la parole finale de Dieu sur le sens de la vie et de la mort. Et donc ce que Jésus, en tant que vivant et mourant sur la terre, pouvait dire et faire n'était pas la totalité de la parole de Dieu, qu'il avait pourtant conscience d'être et se déclarait être. La révélation de Dieu en Jésus s'achève avec la résurrection de celui-ci. - Le Christ est le chemin qui conduit du fini à l'infini, il offre à l'homme la grâce de devenir soi en Dieu. Sans l'ouverture de l'espace divin, la liberté de l'homme tourne incessamment dans le vide, elle est inachevable : la mort, c'est le rejet foncier de toute prétention à un achèvement définitif (Dramatique, II, 2, p. 14).

 

475. Le chemin de la croix

Plus que toute autre chose, la souffrance du monde empêche l'accès à Dieu... Dieu ne semble pas capable de se rendre crédible comme tel sur la terre. La souffrance crie trop haut pour que l'on réussisse à passer sans l'entendre... Elle crie beaucoup trop fort hier, aujourd'hui et demain pour qu'on puisse l'apaiser en rêvant d'un lointain avenir. - Il n'y a pas de réponse ici avec des mots. Et Dieu ne donne d'autre réponse que la folie de la croix, qui triomphe seule du non-sens de la souffrance du monde... - La réponse ne se trouve pas dans l'Ancien Testament mais dans le Christ. Seul peut répondre à Job celui qui souffre. Dieu n'a pas fourni une réponse mais une présence. Le Fils de Dieu n'est pas venu pour détruire la souffrance, mais pour souffrir avec nous. "Il n'est pas venu pour détruire la croix, mais pour s'étendre dessus" (Claudel). - Rien ne ressemble autant que l'épopée humaine à un chemin de la croix (Dramatique, III, p. 172).

 

476. Prétention

La résurrection de Jésus est la preuve de la légitimité de sa "prétention au trône" (Dramatique, II, 2, p. 40).

 

477. Après la mort

Vouloir préciser dans le détail des choses que l'on ne peut pas savoir (par exemple, "l'état intermédiaire" après la mort) n'est pas "scientifique", aussi bien dans le domaine de la théologie que partout ailleurs (Dramatique , p. 8).

 

478. Mystère

"Dieu est amour". C'est un mystère. Il est l'amour non d'abord parce qu'il nous aime (comme si nous lui étions nécessaires pour qu'il puisse être l'amour), il est l'amour en lui-même, don et échange éternels et incompréhensibles (La vérité est symphonique, p. 56).

 

479. La source

Le oui de Marie est la source et l'origine de toute prière. La prière se mesure à ceci : dans la mesure où ce oui retentit vers Dieu, une parole est prière... Toute demande de Marie au Fils et du Fils à son Père ont lieu à l'intérieur de l'accord déjà établi avec la volonté du Père... Aucune prière ne peut poser de conditions, elle commence vraiment là où elle se décide à abandonner les conditions, quelques craintes que l'on ait (Cordula, p. 32).

 

480. Les éléphants

Le P. Balthasar : Péguy a presque entièrement fait retomber les responsabilités de la déchristianisation moderne sur le clergé et les religieux... - "Il faut se méfier des curés. Ils n'ont pas la foi, ou si peu. Ils sabotent les jardins éternels... Ils sont comme des pieds d'éléphants lâchés dans les jardins du Seigneur. Ainsi les curés travaillent à la démolition du peu qui reste. Ils ne veulent pas faire leur mea culpa... Ce sont eux qui sont chargés de prier pour les péchés du monde, et aujourd'hui, nous avons l'impression qu'ils ont gouverné de telle sorte que c'est le monde qui aura besoin de prier pour eux" (La gloire et la croix, II, 2, p. 340).

 

481. Le drame

Entre Dieu et l'homme, il y a un drame : la liberté perverse rejette toute sa faute sur Dieu, unique accusé et bouc émissaire; et Dieu se laisse atteindre de plein fouet, non seulement dans l'humanité du Christ, mais aussi dans la mission que la Trinité confie à ce dernier... - Mystère ténébreux de la séparation de Dieu et de son Fils, chargé du péché. Impuissance toute-puissante de l'amour de Dieu... Ce qui est "éprouvé" est le contraire de ce qui arrive de fait (Dramatique, III, p. 311).

 

482. La bombe

Résurrection du Christ : Même s'il est impossible de raconter avec précision ce qui a pu se passer le jour de Pâques, il est sûr que c'est comme une bombe spirituelle qui y a éclaté. - Jésus a été crucifié en l'an 30. Paul s'est converti en 32, au plus tard en 34. Il atteste avoir reçu la formule christologique qui contient tout en germe : "Il est ressuscité le troisième jour selon les Ecritures, il est apparu à Céphas puis aux Douze" (1 Co 15, 3-5) (Nouveaux points de repère, p. 156).

 

483. Le drame

L'homme existe avec sa jouissance et son tourment, et il existe aussi un Dieu qui de l'intérieur en sait le pourquoi. - Le drame de l'existence humaine se joue sous le regard de la divinité qui, à la fois, domine cette existence et y participe (Dramatique, II, 1, p. 38).

 

484. Grain de blé

L'énergie transformante du Christ réside dans l'absence de forme du grain de froment qui meurt et pourrit dans la terre et qui ressuscite non pas pour lui-même, mais pour l'épi. - Ce mouvement d'enfouissement dans le sol est commun à toutes les formes de vie chrétienne : mariés et non mariés, actifs et contemplatifs (L'amour seul est digne de foi, p. 175).

 

485. Eucharistie

Ceux qui reçoivent l'eucharistie vraiment sont englobés dans l'abandon du Christ, dans le sacrifice du Christ, comme le fut sa mère au pied de la croix, non en faisant le sacrifice, mais en le laissant se faire. Laisser faire, dire le oui par lequel on est présent et utile, c'est l'action propre de l'Eglise (Nouveaux points de repère, p. 142).

 

486. Aimer

Le mot ultime qui lie Dieu et l'homme est en même temps le mot décisif entre l'homme et l'homme : il s'agit d'aimer. - Et il s'agit pour Dieu d'un amour qui mobilise toutes les forces de l'âme, y compris le penser et le connaître (Théologique, II, p. 26).

 

487. Incroyant

Freud souffrait beaucoup vers la fin de sa vie. Il disait : "Puisque je suis profondément incroyant, je n'ai personne à accuser et je sais qu'il n'y a pas de lieu où l'on puisse déposer plainte" (Dieu et la souffrance, p. 6).

 

488. Enthousiasmes

Dans l'expression de la foi chrétienne, il se trouve des "enthousiasmes creux et de mauvais aloi" (Dramatique, IV, p. 341).

 

489. La foi

Pour saint Paul, la foi c'est, entre autres choses "une lutte pour étendre à la totalité de l'existence visible la puissance de l'invisible". - La foi chrétienne est ce qui nous introduit dans l'attitude la plus profonde de Jésus. - La foi de Jésus en Dieu était inconditionnée et il a l'audace d'y introduire ses disciples à force de prière, de courage à les porter, mais aussi d'exigence. Dieu a répondu à cette audace par la Résurrection, désignant ainsi dans cet audacieux quelque chose de plus qu'un simple homme (La foi du Christ, p. 46-49).

 

490. Le saint

Sur le plan des réalisations effectives, le prêtre n'est pas supérieur au laïque, ni le laïque supérieur au prêtre. Un seul ici pourrait prétendre à une supériorité, mais il ne le fera jamais, c'est le saint (Le chrétien Bernanos, p. 82).

 

491. La grâce

Dieu est "si visible qu'aucun homme ne peut le méconnaître sans se rendre coupable, et si secret que personne ne peut l'apercevoir sans les yeux de la grâce" (Le coeur du monde, p. 226).

 

492. Amour

La pensée que Dieu aurait de la haine pour les pécheurs et les damnés est intolérable. Dieu ne refuse jamais d'aimer de sorte qu'il pourrait exister des êtres qui se perdraient à jamais faute d'avoir été suffisamment aimés par Dieu. Il n'y a pas, il n'y aura jamais de mal-aimés du Dieu qui est l'Amour même. - L'enfer, comme refus absolu de l'amour, n'existe jamais que du côté de celui qui le crée constamment pour lui-même. Le Christ ne destine personne à sa perte. La perdition naît du fait que l'individu persiste dans son propre égoïsme (Dramatique, IV, p. 253-254).

 

493. Au pied du mur

La conversion, c'est quand une liberté qui était gouvernée jusque là par des motivations terrestres et secondaires se trouve tout à coup au pied du mur sous la lumière crue de l'absolu (Dramatique, III, p. 97).

 

494. Le jugement de Dieu

L'homme qui porte son regard sur le Transpercé sera tellement accablé par la grandeur de l'Unique et par sa propre bassesse qu'il n'aura aucunement le temps de réfléchir à la situation des autres hommes : il ne subsiste en aucune manière et il reste définitivement au-dessous du seuil de ce qui est exigé. - L'appréciation d'une possible perdition éternelle ne peut et ne doit être qu'une considération que chacun fait pour soi-même : la dernière conséquence de mon appréciation personnelle de mes péchés faite en face du Crucifié. - Je me reconnais moi-même comme un arbre stérile qui n'a donné aucun fruit au Seigneur lorsqu'il avait faim et qui a mérité pour cela la malédiction du dessèchement définitif. - Personne ne subsiste en face de la norme devant laquelle il est placé. Mais ceci n'est pas le dernier mot. Car lorsqu'il contemple le Transpercé et comprend alors que lui, le coupable, l'a transpercé, alors il voit aussi que sa faute est absorbée dans cette blessure et qu'elle est expiée en elle. - Et c'est seulement en face de cette vision accablante pour son orgueil que se produit l'ultime décision. Ou bien il se jette volontairement et avec reconnaissance dans les flammes de Dieu qui doivent le purifier jusqu'à le transformer en celui qu'il voudrait être mais qu'il n'est pas encore, sans égard pour le mal que cela lui fait et sans égard au temps que cela durera, ou bien il hait cette image transfigurée de lui-même en Dieu, il ne veut pas être "étranger à lui-même" en Dieu, il veut être lui-même par lui-même, et alors la flamme de Dieu peut le saisir dans une intemporalité qui se poursuit aussi longtemps que sa volonté de se préserver et de ne pas capituler (Article Jugement dans Communio, 1980/3, p. 28).

 

495. Dieu

Dieu est beaucoup trop grand pour qu'un seul point de vue sur lui puisse contenir l'essentiel, d'où la pluralité des points de vue théologiques même dans le Nouveau Testament : théologie de saint Paul, de saint Jean, de l'épître de Jacques, des épîtres de saint Pierre. - Dieu est beaucoup trop libre pour qu'il ne puisse inspirer que d'une seule manière un écrivain sacré. - Parmi les innombrables visions qu'avait Adrienne von Speyr et dont elle me racontait une partie, je n'en connais pas une qui n'aurait contenu un "fruit spirituel" fermement souligné, valable pour tous (Adrienne von Speyr et sa mission théologique, p. 67).

 

496. L'art de Dieu

La Révélation contenue dans l'histoire biblique du salut est placée devant le regard de l'humanité, au centre de son devenir historique. Tout homme qui passe devant elle doit la percevoir et déchiffrer l'énigme divine qu'elle contient. - Cette figure est dessinée avec une telle maîtrise qu'elle n'offre pas le moindre trait qui puisse être déplacé; les masses sont si bien réparties qu'elles se font équilibre à l'infini et résistent à tout changement. - L'art de Dieu au centre de l'histoire est sans défaut et toute critique de son chef d'oeuvre retombe aussitôt sur l'objecteur (La gloire et la croix, I, p. 145).

 

497. Trinité

Le Christ est la concentration pour nous du mystère trinitaire. Un traité de la Trinité détaché de la christologie sombre dans des abstractions stériles (Article paru dans Collectanea Cisterciensia, 1975, p. 13).

 

498. Le terme de notre vie

Dieu nous invite à un grand acte de remise nous-mêmes au terme de notre vie, et cela même quand celui qui souffre se trouve vidé intérieurement malgré lui et se débat de toutes ses forces contre une chose qui lui paraît absurde parce qu'elle le domine de sa contrainte souveraine (Dramatique, IV, p. 452).

 

499. La voix de Dieu

Cette voix murmure en venant de l'éternité; et sans priver de son sens ou de sa valeur ce qui est du monde, elle donne à tout une profondeur d'abîme, qui fait éclater ce qui était clos, relativise ce qui paraissait définitif, donne un fond caché à ce qui était simple, adoucit le douloureux, apaise le tragique. - Renoncer peut signifier : être enrichi sans mesure; mourir peut signifier : plonger dans la vie éternelle; avouer sa faute peut être l'acte par lequel on se jette dans les bras de la miséricorde éternelle et on se sait sauvé (La prière contemplative, p. 38).

 

500. S'étonner

Marie se met en route à la hâte : ce départ est dû à sa docilité à la parole de l'ange qui lui avait dit simplement ce qui était arrivé à Elisabeth... On peut connaître quelqu'un d'une manière purement terrestre, on peut le connaître aussi en Dieu... - Une légère crainte a pu occuper Marie : à quoi s'attendre dans cette nouvelle rencontre? Elle porte ce par quoi elle se laisse porter. Toute foi dans l'Eglise doit prendre modèle sur la sienne, une foi qui porte en soi un contenu plus grand qu'elle ne peut le comprendre et qui, pour cette raison, se laisse docilement porter par lui. - L'Enfant est transporté ça et là comme dans un noviciat où l'on est dirigé ça et là comme un enfant. Premier apprentissage de l'acte dont tout chrétien devra se montrer capable : se laisser docilement "mener là où il ne voudrait pas". - Tout chrétien dont la foi est vivante s'étonne pendant toute sa vie que de telles choses se présentent à lui. L'Esprit montre à Elisabeth qu'en cette personne qu'elle connaît si bien il y a quelque chose d'extraordinaire. La grâce qui est en elle, et qui en six mois pourrait devenir presque une routine, cette grâce s'agite charnellement en elle et l'avertit que, une fois de plus maintenant, il faut s'étonner (Triple couronne, p. 23-29).

 

501. Au-delà du souci

Jésus est dès le commencement au-delà du souci (souci du lendemain, souci d'avoir de quoi manger et se vêtir, cf. Mt 6, 25), et dans l'insouciance de celui qui a tout abandonné au Père prévoyant, une fois pour toutes. - Il a renoncé à disposer de lui-même. Il a répudié toute prévoyance et abandonné toute providence au Père qui l'envoie et le conduit. Cela le dispense de toute obligation de calculer, de doser, de procéder avec diplomatie; cela lui donne l'élan infini qui n'a pas besoin de se préoccuper des murs de la contradiction, de la douleur, de l'échec et de la mort, puisque le Père le conduit et le reçoit à la fin suprême de la nuit. - Par l'acte d'obéissance totale, le Fils est ainsi parvenu à la liberté totale (Qui est chrétien?, p. 66-67).

 

502. Le centre

L'eucharistie est la réalité centrale de l'Eglise (Aux croyants incertains, p. 96).

 

503. Mariage

Il arrive que le corps pervertisse le don de soi au lieu de le traduire. Pour Bernanos, le mariage est essentiellement quelque chose de plus que cette maison terrestre d'où le regard tâche d'atteindre, à travers les fenêtres, un horizon d'éternité (Le chrétien Bernanos, p. 345).

 

504. La Révélation

Ce qu'a de propre la Révélation judéo-chrétienne, c'est que la Parole de Dieu dit pour l'essentiel des choses que l'homme ne peut pas savoir par lui-même. - Des choses qui ne concernent pas d'abord l'homme, mais Dieu; des choses cependant qui concernent l'homme parce que Dieu le concerne en s'adressant à lui. - Et cette Parole ne peut retentir de manière significative qu'en UN point du temps et de l'espace (De l'intégration, p. 193).

 

505. Mûrir

Le temps présent est un temps de mûrissement pour s'ouvrir à Dieu. (E. Guerriero, Hans Urs von Balthasar, p. 96).

 

506. Les nuages

Dieu au-dessus des nuages? Mais l'Ancien Testament sait déjà que les cieux des cieux ne l'enferment pas. Saint Augustin : "Dieu est immense, de sorte que, quand on l'a trouvé, on continue à le chercher" (Simplicité chrétienne, p. 15).

 

507. Majeur

La règle suprême de l'existence du Christ, l'obéissance à son Père, est la propre règle de vie du chrétien. - Est majeur celui qui, grâce à l'éducation reçue de l'Eglise, est parvenu à sortir de son égoïsme, manifeste ou caché, et pratique en toute situation l'obéissance du corps à l'égard de la Tête, ou de l'humble servante à l'égard du Seigneur et de l'Epoux (Retour au centre, p. 146).

 

508. Le coeur

Même quand Dieu se révèle, il demeure l'insaisissable. Le dévoilement du "coeur de Dieu", l'acte qui nous montre réellement qui il est, ne s'opère que dans le déroulement de son histoire avec les hommes. - De même, nous ne connaissons l'homme que dans son existence historique. Pour le connaître il faut toujours regarder le drame qui se joue entre Dieu et lui (Dramatique, II, 1, p. 10).

 

509. La source

Le Fils connaît cette source mystérieuse (l'Esprit Saint), il la possède en lui (Jn 7, 37; 14, 10) et il la promet à quiconque veut vivre avec lui dans l'Esprit Saint (Jn 7, 37; 4, 14) (La prière contemplative, p. 200).

 

510. Le pouvoir

Dieu n'a qu'un pouvoir d'amour. Sa plus grande puissance, il la manifeste dans sa faiblesse (la croix). De même pour l'Eglise : les trois voeux. Dans l'Ancien Testament déjà : les humbles. Et Marie (De l'intégration, p. 216-224).

 

511. Communion

Le complément essentiel et nécessaire de la prédication, qui explique la Parole de Dieu, est l'entretien spirituel, dans lequel plusieurs chrétiens s'enrichissent mutuellement par la communication des lumières obtenues dans la prière. - Cela doit se passer en toute simplicité et humilité, en toute discrétion aussi, mais tout autant dans un esprit de communion ecclésiale, selon lequel "les membres doivent avoir un égal souci les uns des autres" (1 Co 12, 25) (La prière contemplative, p. 224).

 

512. Dignité

L'homme paraît un être presque étranger à la divinité. Quand il s'unit à Dieu, il ne perd pas sa consistance. Au contraire, Dieu ne nous contraint pas à entrer de force dans un amour. - Mais l'union avec Dieu non seulement respecte la personnalité, elle la construit en dégageant toutes les virtualités inconnues qu'elle possède. Tel est le fondement de dignité éternelle qui sera donné à chacun (Dramatique, IV, p. 93).

 

513. Confession

Un jour saint Ignace s'est confessé à un prêtre tiède pour lui montrer ce que doit être une conscience authentique des péchés et une vraie confession (Le complexe antiromain, p. 329).

 

514. Dieu

Tu voudrais trouver Dieu et Dieu te tient depuis longtemps dans sa main (Le coeur du monde, p. 23).

 

515. L'homme

L'homme n'est pas ce qu'il pense être par lui-même, mais ce à quoi Dieu le destine (Dramatique, II, 2, p. 214).

 

516. Foi obscure

Celui qui ne comprend plus Dieu peut peut-être comprendre encore que même le Fils de Dieu ne comprend plus pourquoi le Père l'a abandonné (La prière contemplative, p. 220).

 

517. Le centre

Plus nous approfondissons notre esprit, plus nous nous rapprochons du centre vital qui est Dieu (A propos de Nicolas de Cuse, dans La gloire et la croix, IV, 3, p. 33).

 

518. La lutte

Le chrétien, comme tout homme, est exposé au risque de la liberté et, par là, à la possibilité de l'échec tragique. Le chrétien peut être encore un homme tiraillé par le doute le plus profond, le plus grand péché, la souffrance, la lutte, le manque de foi, les maux temporels sans issue, l'absurdité apparente (Dramatique, I, p. 361).

 

519. Le Ressuscité

Les récits de la Résurrection nous montrent quelqu'un qui se possède, qui donne à se connaître dans la plus grande liberté et souveraineté au moment qui lui convient, qui se retire pareillement et qui dispose de tout avec plein pouvoir. - (Or le Ressuscité, c'est le même que le Crucifié, le Fils du Père qui a abandonné sa forme divine). Qu'il ait pu se donner ainsi, il en remercie le Père éternellement, eucharistie substantielle du Père, qui comme telle ne devient jamais pur passé et simple souvenir (Nouveaux points de repère, p. 326).

 

520. Le rocher

L'homme est un être hybride qui s'avère incapable de trouver son achèvement lui-même. En effet son existence est vouée à la mort. La mort est un rocher jeté sur son chemin et aucune possibilité ne lui est donnée apparemment de le franchir. - L'homme ne peut parvenir à son achèvement. La mort s'attaque ainsi au coeur du sens de la vie. Dès qu'il a eu conscience de sa dignité, l'homme s'est trouvé en présence du ver qui ronge le coeur de sa liberté et de son amour. (A propos de saint Augustin, dans De l'intégration, p. 60-62).

 

521. Satan

"L'énorme puissance satanique". Le satanique nous touche de si près que nous n'arrivons pas à détourner le regard de sa tête de méduse... Devant le Dieu de l'ancienne et de la nouvelle Alliance, il se dresse en menaçant du poing (Dramatique, IV, p. 189).

 

522. L'essentiel

Pour avoir prononcé un oui inconditionnel, Marie a déjà compris l'essentiel du christianisme. J'irai même jusqu'à dire qu'au pied de la croix elle a compris qu'il nous faut dire oui à ce que nous comprenons le moins (Marie pour aujourd'hui, p. 40).

 

523. Transcendance

Dieu ne peut être embrassé par aucune pensée humaine. Et même quand il se donne, il échappe à toute tentative de le saisir. Même quand Dieu se révèle d'une manière définitive en Jésus Christ, il demeure l'insaisissable, il demeure dans son inaccessible transcendance (Jésus nous connaît-il?, p. 74).

 

524. Parler de Dieu

Celui qui doit parler de Dieu est d'abord lui-même un homme devant Dieu, en Dieu, ravi et mis en question, comblé et dépouillé, et Dieu, à la fois, détermine totalement tout discours qu'on tient sur lui et continue toujours à le surplomber (J.-M. Faux dans un article sur Balthasar dans Catéchistes, N° 97, p. 154).

 

525. Rencontrer Dieu

L'homme est appelé à rencontrer Dieu, il le connaîtra dans la foi vivante, dans ces touches secrètes au fond de l'âme qui rendent sa présence et son action évidentes (La foi du Christ, p. 162-163).

 

526. Manger

Le Christ ressuscité peut bien manger, mais il n'en a nul besoin (Dramatique, IV, p. 433).

 

527. L'Eglise

L'Eglise existe parce que, dans le Christ, Dieu est intervenu dans le monde visible et dans le destin de l'humanité; il ne s'est pas présenté comme un individu quelconque perdu dans l'histoire du monde, mais il a été conçu dans le sein d'une mère bien précise, dans un peuple bien précis, et il a fondé une communauté bien précise, qui croit en lui et qui l'aime. - C'est à elle qu'il a confié ses pouvoirs et sa mission, qu'il s'est légué lui-même dans son eucharistie. Le banquet des noces qui doit rassembler un jour tous les hommes dans la demeure du Père est déjà commencé dans l'Eglise. - Et l'Eglise doit sortir dans toutes les rues et sur toutes les places pour inviter les hommes à venir au centre de la fête. Elle doit au moins faire briller sur leur vie quotidienne et sur leur rude peine un reflet de la fête (Points de repère, p. 222).

 

528. Un champ de liberté

L'homme est par nature religieux, il est un chercheur d'absolu. Le choix du chemin lui est d'abord laissé. Cela ne signifie pas que Dieu l'ait laissé seul lors de la création ou l'ait abandonné après son péché, mais qu'il reste voilé et qu'il laisse à l'homme son champ de liberté (Simplicité chrétienne, p. 7).

 

529. Un voile de misère

Tout ce qu'il y a de vital dans le sacrifice ecclésial de l'eucharistie restera caché sous le voile de misère d'une simple cérémonie (Triple couronne, p. 43).

 

530. L'eucharistie et Marie

Nous ne savons pas si Marie a communié lors d'une célébration de l'eucharistie; mais elle sait mieux que quiconque, saint ou pécheur, ce que signifie "recevoir le Fils en plénitude". - Elle n'a certainement pas reçu le sacrement de la confession, mais personne n'a comme elle dévoilé à Dieu le secret de son âme, non seulement de temps à autre, mais à chaque instant de son existence. - Marie préside à toute sainte communion et elle sanctifie tout ce que, pauvres pécheurs, nous accomplissons (Marie pour aujourd'hui, p. 43).

 

531. Le danger

"Dieu est dangereux : ne le laisse pas entrer vraiment dans ta vie" (Le coeur du monde, p. 124-141).

 

532. Utopies

Le monde entier doit entrer dans la gloire de Dieu ouverte par le Ressuscité. Par le fait chrétien - qui doit maintenant être annoncé au monde entier - une énergie a été enfouie dans le monde définitivement et d'une manière insurpassable. - Par la résurrection des morts, le Christ dépasse d'avance le monde et ses utopies les plus extrêmes. Quelle utopie terrestre serait capable de nous ramener le passé, la mort, les milliards de morts qui nous ont précédés, et pire encore, leurs affreuses souffrances, incompréhensibles en elles-mêmes, absurdes pour le monde, et d'en faire l'avenir et la bienheureuse espérance de la gloire (Ti 2,13). - Il y a là une "solidarité" qu'aucun socialisme ne peut connaître. Et cette espérance la plus utopique est réellement enracinée dans les coeurs des croyants par la résurrection de Jésus qui n'est pas un mort quelconque (La nouvelle Alliance, p. 440-441).

 

533. Le trésor

"La prodigalité, voilà mon trésor, et seul me possède celui qui me répand. Ne suis-je pas en effet le Verbe, c'est-à-dire la Parole, et comment possède-t-on une parole, sinon en la proférant?" (Le coeur du monde, p. 85).

 

534. La porte

Nous entrons dans l'intérieur de Dieu par la porte de la blessure du côté (La prière contemplative, p. 72).

 

535. Le ciel

Le ciel, c'est d'être auprès de Dieu. Nous plongerons éternellement non seulement dans les profondeurs toujours nouvelles de Dieu, mais aussi dans les profondeurs inépuisables de nos compagnons de création, les anges et les hommes. - Mais toute personne ne jouit de la liberté d'être connue que si elle s'ouvre d'elle-même. Et c'est la grâce qu'aura obtenue chacun des habitants du ciel de s'ouvrir à tous en toute liberté dans un don absolument unique. C'est pourquoi le ciel sera le contraire de l'ennui (Triple couronne, p. 121).

 

536. Le péché

L'essence du péché, c'est le mensonge... Il est plus facile qu'on ne le croit de tromper sa conscience (La prière contemplative, p. 314).

 

537. Une présence secrète

Dieu, la liberté infinie, se présente voilé, afin de laisser du champ à la liberté finie. Mais tout en demeurant cachée, la liberté infinie prend l'homme par la main et l'accompagne. Cette présence secrète l'escorte à travers l'histoire jusqu'au jour où elle se manifeste visiblement dans la deuxième personne de la Trinité, en Jésus Christ, le Fils de Dieu fait homme (E. Guerriero, Hans Urs von Balthasar, p. 277).

 

538. L'appel de Dieu

Marie, à chaque instant de son existence, est disponible pour l'appel de Dieu. Pendant le temps où elle est libre de ses choix, avant que l'appel lui soit adressé, elle peut prendre des décisions qui paraissent contraires à sa vocation ultérieure : la décision de son mariage avec Joseph; mais, pour un regard plus pénétrant, même ces décisions s'insèrent dans sa vocation et lui sont même nécessaires : en raison de ce lien avec Joseph, son Fils va pouvoir être considéré à bon droit comme le Fils de David. - Et de plus, dans la scène de la vocation, elle peut manifester sa perplexité sans le moindre désordre en demandant comment elle doit agir en conformité avec la volonté de Dieu... Choisir ce que Dieu a choisi pour moi... Choisir le chemin précis que Dieu a choisi pour moi (Une théologie des Exercices, p. 69-72).

 

539. Les gens simples

Comme l'homme Jésus fut caché parmi les hommes, ainsi l'Eglise dans l'histoire d'aujourd'hui. La chair voile. - On a besoin d'un regard éclairé par la grâce ("Ce n'est ni la chair ni le sang qui t'ont révélé cela") pour découvrir, à travers la forme du serviteur (à travers aussi la forme du péché) la grandeur. Ce sont les gens simples qui la voient le plus facilement, même s'il arrive que ce soit par l'entremise du folklore, de la camelote, de l'art de mauvais goût. Les sages aussi la découvrent, au cas où ils ont été purifiés par des renoncements et des humiliations. - Ne la voient pas les sept fois prudents, les théologiens de télévision, les vicaires sociologiques, tous ceux qui croient pouvoir manipuler la catholicité pour la rendre plus attrayante ou plus à leur convenance (Catholique, p. 128).

 

540. Absence de Dieu

Même pour le plus juste de tous les justes (Jésus), une loi de fer veut que, à l"heure de Dieu", au "jour de Dieu", qui est le jour du jugement et de la colère, les biens du Père, la foi vécue et sentie, la charité et l'espérance, soient placés dans un endroit inaccessible, en Dieu. - Tout ce qui vient du ciel semble avoir disparu, les images célestes sont voilées. Ce n'est plus que dans la nudité, dans la pauvreté et l'humiliation extrêmes, que tous crient vers Dieu : Isaac, Job, Jérémie, et enfin Jésus, par la sombre porte. - L'Occident garde cachée, comme une relique précieuse, cette expérience de nombreux saints, imitation du samedi saint, expérience du Christ descendant aux enfers : "Dieu est mort pour moi", et il ne sait plus rien de l'espérance, et ce qui est maintenant semble devoir durer toujours, et il semble même qu'il en a toujours été ainsi (Dieu et l'homme d'aujourd'hui, p. 264-267).

 

541. Le faux-semblant

Rien ne tue plus sûrement la foi dans le coeur des hommes que le faux-semblant et le manque d'humanité des dévots, des hommes d'Eglise (En lisant La prière contemplative).

 

542. Perméabilité

La foi chrétienne, c'est de reconnaître qu'il existe une "révélation spontanée de Dieu". Et être croyant c'est, devant cette révélation spontanée, se tenir en état de réceptivité. - Le Christ est venu et il a commencé par montrer aux coeurs "ce qu'est la transparence confiante à Dieu" et par les y exercer. Jésus aide les hommes à poser l'acte de foi. "Sans moi vous ne pouvez rien faire" (Jn 15, 5), mais aussi : "Je puis tout en Celui qui me rend fort" (Ph 4, 13). - L'acte de foi central est "un acte de reconnaissance de la supériorité totale de Dieu en fait de savoir et de pouvoir". Ce doit être un acte humain, objet d'une responsabilité spirituelle. Toute religion vraie repose sur une relation d'ouverture humaine, de don de soi, de disponibilité, de perméabilité à la puissance de Dieu (De l"intégration, p. 213).

 

543. Notaire

"Un curé est comme un notaire. Il est là en cas de besoin. Faudrait pas tracasser personne" (Le chrétien Bernanos, p. 374).

 

544. L'amour facile

Ce n'est que tout à fait à la fin, dans les deux dernières années, que le commandement de l'amour du prochain devient pour Thérèse facile et lumineux. Auparavant, donc presque toute sa vie, il se tenait uniquement sous le signe de l'obéissance (Thérèse de Lisieux, p. 193).

 

545. Eucharistie

L'eucharistie, c'est le Seigneur qui se donne et une communauté qui a faim de lui (La gloire et la croix, I, p. 504).

 

546. Le Père

Le Christ vient du Père et retourne au Père. Cette aspiration du Fils premier-né à revenir dans le sein du Père souligne la supériorité infinie que Dieu conserve sur le monde. - Le Christ ne connaît pas de christocentrisme. "Le Père est plus grand que moi" : parce que la source existe avant l'eau qui en jaillit (Points de repère, p. 153-155).

 

547. Eucharistie

L'eucharistie, c'est l'événement sans cesse renouvelé par lequel le Seigneur transfiguré se rend présent dans la temporalité de son Eglise (La méditation chrétienne, p. 102).

 

548. Le Serviteur

Pour nous prouver sa divinité, Dieu l'a quittée pour devenir notre serviteur. Dieu possède une liberté si souveraine qu'il a pu se quitter lui-même... - Que vous l'aimiez, ce n'est pas cela l'amour. L'amour, c'est qu'il ait donné son âme pour vous, ses frères. Ce fut là sa béatitude éternelle : se multiplier à l'infini dans le mystère du pain et du vin pour vous nourrir de sa vie divine (Le coeur du monde, p. 193-194).

 

549. Abandon

Pour donner tout amour, Jésus renonce sur la croix à tout amour, non seulement à celui des pécheurs sans amour, mais aussi à celui de l'Eglise aimante (en Marie) et à celui du Père lui-même. Sans cet abandon total, le don chrétien n'est pas possible (Dans la revue Concilium, N° 29, 1967, p. 44).

 

550. Porter le péché du monde

Pour porter le péché du monde, le Christ n'a pas traîné extérieurement une lourde charge, mais en expérimentant lui-même ce qu'est en vérité le péché tel que Dieu le voit : la privation de la gloire de Dieu, la privation de l'accès à lui par la foi, l'espérance, la charité. - Saint Jean de la croix, comme beaucoup de ceux à qui il fut donné de revivre quelque chose des sentiments de Jésus crucifié, a décrit cet état comme une expérience semblable à celle de l'enfer, précisément sous son aspect de définitive perte de Dieu (Nouveaux points de repère, p. 217).

 

551. Paperasserie

"Et quand on dit que l'Eglise a reçu des promesses éternelles..., il faut entendre rigoureusement par là qu'elle a reçu la promesse qu'elle ne succomberait jamais sous son propre vieillissement, sous son durcissement, sous son raidissement, sous son habitude et sous sa mémoire. Qu'elle ne serait jamais du bois mort et une âme morte... Qu'elle ne succomberait jamais sous ses dossiers et sous son histoire. Que ses mémoires ne l'écraseraient jamais totalement. Qu'elle ne succomberait jamais sous l'accumulation de sa paperasserie, sous la raideur de sa bureaucratie. Et que les saints rejailliraient toujours" (Péguy cité dans La gloire et la croix, II, 2, p. 324).

 

552. S'abandonner

L'acte humain fondamental est celui qui consiste à s'abandonner avec une totale confiance à une réalité qui vient et dont on ne peut disposer, une réalité qui peut porter aussi bien le nom de la mort que celui de Dieu (La nouvelle Alliance, p. 125)

553. Omniprésent

Le Christ que connaît Paul, le seul qu'il veut connaître (2 Co 5, 16), c'est celui qui est spirituellement et divinement omniprésent, au-dessus du temps et de l'espace, apparaissant soudainement, comme sur le chemin de Damas, à ceux qu'il veut visiter, dont il veut remplir le coeur, qu'il s'est choisis comme vases, pour qu'ils ne vivent plus eux-mêmes, mais que le Christ vive en eux (Tu couronnes l'année de tes bontés, p. 116).

 

554. Le Messie

Un juste souffrant, oui; même un prophète souffrant, oui; mais l'idée d'un Messie souffrant n'existe pas au temps de Jésus (Le mystère pascal, p. 191).

 

555. Purification

La purification consiste essentiellement dans l'éclatement du repli du moi sur lui-même. Elle trouve son achèvement dans une réponse disposée à expier non seulement la faute personnelle, mais encore toute faute, quel qu'ait été son auteur (Dramatique, IV, p. 350-351).

 

556. L'action

La Révélation entend communiquer à l'homme le moyen de se diriger dans l'action où se jouent l'initiative de Dieu et la réponse de l'homme... La Révélation a son centre d'unité dans le Christ, Parole définitive de Dieu... Cette Parole apporte au croyant tout ce qu'il doit connaître de décisif sur le comportement de Dieu et sur son propre comportement (Dramatique, II, 1, p. 104).

 

557. La rose

Il est des "instants privilégiés", des "rencontres inopinées", où se révèle à nous une réalité unique et précieuse, quelque chose de beau, de réussi, où on se dit : "Est-il possible que pareille chose existe!" Selon Platon et Aristote, cet émerveillement est le premier éveil de l'acte philosophique. - "La rose est sans pourquoi : elle fleurit parce qu'elle fleurit". "La rose que voient tes yeux terrestres, elle a fleuri de tous temps dans l'éternité de Dieu". Ce qui devient évidence dans l'instant privilégié est une structure fondamentale de l'esprit (Dramatique, II, 1, p. 18).

 

558. Foi vivante

La foi vivante qui aime et qui espère est en nous une forme de l'imitation du Christ; elle a besoin en cette vie de la forme de l'esclave et de l'humiliation pour devenir féconde pour la vie éternelle. - Toute lumière nouvelle accordée à la foi la rend capable de s'abandonner plus foncièrement et plus réellement à l'obscurité supralumineuse de l'amour divin toujours plus grand (Dieu et l'homme d'aujourd'hui, p. 278-280).

 

559. La Vérité

La Vérité dont parle Jésus, c'est la vie trinitaire, l'échange entre le Père et le Fils (Dramatique, IV, p. 184).

 

560. L'enfant prodigue

L'histoire de l'enfant prodigue est l'histoire de tout le genre humain. C'est un drame réel de l'amour réel et de la liberté réelle. La joie et la fête du Père sont authentiques tout comme l'étaient la souffrance du père et aussi celle du fils (Dramatique, II, 2, p. 7).

 

561. La volonté de Dieu

Le chrétien et l'Eglise, dans les décisions ponctuelles à prendre avec les autres ont aussi, en plus de leur discernement propre, à tourner dans une humble prière leur regard vers le Fils obéissant afin de trouver par lui et en lui la volonté de Dieu pour le moment précis de l'action présente (Dramatique, II, 1, p. 72).

 

562. Une mort de criminel

Le juge unique du monde que le christianisme reconnaît est quelqu'un qui, sans péché, était solidaire de tous les pécheurs, et qui n'a pu faire connaître sa vérité autrement qu'à travers une mort de criminel (Dramatique, I, p. 384).

 

563. La beauté du monde

Dieu se rappelle à nous par la beauté du monde (A propos de Hugues de Saint-Victor, dans La gloire et la croix, IV, 2, p. 41).

 

564. Entendre une exigence

La Parole de Dieu peut exiger de moi aujourd'hui quelque chose qu'elle n'a pas encore exigé hier, et c'est pourquoi je dois absolument, pour entendre l'exigence, être foncièrement ouvert et attentif... - La Parole de Dieu nous enseigne aujourd'hui comme si nous n'avions rien su jusqu'à présent (La prière contemplative, p. 18-19).

 

565. Le levain

La totale pénétration du monde par le levain chrétien reste une tâche toujours proposée, jamais accomplie (Nouveaux points de repère, p. 9).

 

566. Communion

Le Christ : on peut vivre une communion permanente avec lui, et par là une existence au sein de la vie trinitaire qui nous dépasse complètement. C'est cela que nombre de ses paroles nous disent expressément d'une manière simple, en des mots compréhensibles à tous (Simplicité chrétienne, p. 82-83).

 

567. La conscience de Jésus

"Il est tout aussi ridicule qu'irrespectueux de demander quelle impression peut éprouver celui qui est Dieu incarné (E. L. Mascall cité dans Dramatique, II, 2, p. 132).

 

568. Marie

Marie est le centre permanent de l'Eglise (L'engagement de Dieu, p. 29).

 

569. L'Esprit

L'Esprit souffle toujours dans le sens de l'unité divine et de la charité fraternelle (même si la contradiction s'impose) (Le complexe antiromain, p. 327).

 

570. Cohérence

La résurrection du Christ, c'est le passage définitif de la mort à une nouvelle forme de vie, éternelle, en Dieu. - Il prend l'initiative de se montrer tout en restant voilé. Mieux vaut ne pas parler de visions, mais de rencontres avec le Christ vivant. - Pour la première fois, il y a reconnaissance de la divinité du Ressuscité. Toute la vie de Jésus et toute l'Ecriture reçoivent de Pâques leur cohérence (Edith Charleux-Herbeau, résumant la pensée de Balthasar, dans un Travail de licence, p. 17).

 

571. S'exprimer

Dieu aura toujours la possibilité de s'exprimer sans ambiguïté en face de l'une de ses créatures, et spécialement dans l'Eglise (Adrienne von Speyr et sa mission théologique, p. 34).

 

572. Les pensées

Dieu "n'a pas besoin de nos belles pensées, de nos oeuvres éclatantes; s'il veut des pensées sublimes, n'a-t-il pas ses anges, ses légions d'esprits célestes dont la science surpasse infiniment celle de nos plus grands génies de notre triste terre?" (Thérèse de Lisieux citée dans Thérèse de Lisieux, p. 404).

 

573. Vivre

Le monde veut vivre, il veut ressusciter avant de mourir tandis que l'amour du Christ veut mourir pour ressusciter au-delà de la mort dans la condition divine. - Mais la vie du monde qui veut vivre avant de mourir n'a aucun espoir d'éterniser le temporel. A cette volonté de vivre qui possède le monde, la Parole de Dieu en Jésus Christ apporte l'unique espoir, imprévisible, situé au-delà de toutes les constructions éventuelles du monde. Pour la volonté du monde, c'est une construction de désespoir parce qu'elle lui propose la mort (L'amour seul est digne de foi, p. 177-178).

 

574. Le ciel

Le ciel désigne l'état définitif de la liberté confirmée dans son choix fondamental du bien, par Dieu se livrant totalement au regard de sa créature (Dramatique, IV, p. 361).

 

575. Saint Paul

Paul est le premier grand interprète de l'événement christique (Dramatique, IV, p. 15).

 

576. L'Esprit

C'est l'Esprit qui nous saisit, et non pas nous qui le saisissons. Et il se pose là où il trouve place, disponibilité, obéissance et abnégation (Points de repère, p. 11).

 

577. Enfer

Le Christ lui-même présidera les assises du jugement dernier : lui, le réconciliateur et le sauveur du monde; lui, le médiateur mort sur la croix. - A la question : enfer éternel ou salut universel, je réponds : enfer et salut universel (Dramatique, IV, p. 246-247).

 

578. Problématique

L'histoire de l'Eglise est une science très problématique. Qui sait si une moniale cachée, dont personne ne sait rien, n'a pas exercé, par sa prière et ses sacrifices, la plus grande influence sur l'histoire de l'Eglise ou de son pays? (Théologie de l'histoire, p. 121).

 

579. Préexistence du Christ

Le sens de la mort sur la croix, la résurrection, ne sont pas immédiatement accessibles à l'homme d'aujourd'hui : ce sont des pensées de foi. - Dans les quelques années qui ont suivi la mort, se sont formées les représentations de la préexistence de Jésus, de sa nature divine, de sa médiation dans l'acte de création, de l'envoi du Fils par le Père. Les premières lettres de saint Paul (50-57) en témoignent comme d'un bien indubitable faisant partie de la foi chrétienne (Herrmann cité dans Dramatique, II, 2, p. 61-67).

 

580. La majesté

Devant le mystère de la majesté absolue de Dieu, nous sommes placés dans une condition de dépendance et de service... Accueillir l'autre tel qu'il veut lui-même se donner... (Phénoménologie de la vérité, p. 244).

 

581. L'élan du coeur

Le tout du christianisme ne se dissout pas dans son utilité sociale... Le plus important, c'est le libre élan du coeur vers Dieu, la prière avant tout, l'adoration, l'action de grâce, le coeur qui se donne entièrement à Dieu (Tu couronnes l'année de tes bontés, p. 55-56).

 

582. La symphonie

Dans sa Révélation, Dieu exécute une symphonie dont on ne saurait dire ce qui est le plus riche : l'unité d'inspiration de sa composition ou l'orchestre polyphonique de la création qu'il a préparé pour la jouer. - Avant que le Verbe de Dieu ne devînt homme, l'orchestre du monde jouait plus tôt au hasard : visions du monde, multiplicité des religions, ébauches d'Etats, chacun jouant pour soi. "Dieu a parlé jadis à nos Pères par les prophètes, à maintes reprises et sous diverses formes" (He 1, 1). - Puis vint le Fils, "héritier universel", en vue duquel l'orchestre avait été rassemblé. En faisant résonner sous sa direction la symphonie de Dieu, il révèle la raison d'être de sa diversité (La vérité est symphonique, p. 8).

 

583. L'expérience

"L'expérience m'a prouvé trop tard qu'on ne saurait expliquer les êtres par leurs vices, mais au contraire par ce qu'ils ont gardé d'intact, de pur, par ce qui reste en eux de l'enfance, si profond qu'il faille chercher" (Bernanos cité dans Le chrétien Bernanos, p. 25).

 

584. Achèvement

La révélation venue par Jésus Christ apparaît comme l'achèvement gratuit, venant d'en haut, des aspirations fondamentales qui ont été déposées dans l'âme par le Créateur (La prière contemplative, p. 273).

 

585. Quelqu'un a été crucifié pour moi

L'état de persécution est l'état normal de l'Eglise dans le monde... - Etre chrétien, c'est dire oui au fait que quelqu'un a été crucifié pour moi... Remercier avec toute sa vie parce qu'on est redevable de toute sa vie au Jésus historique : le Fils de Dieu m'a aimé et s'est livré pour moi. Et si je ne lui dois ma vie que parce qu'il a livré sa vie pour la mienne, cette reconnaissance ne peut être exprimée qu'avec ma vie tout entière... - Fatalité du christianisme : on ne peut remercier à meilleur marché qu'avec toute son existence. Dieu ne se contente pas d'un merci cordial. Dans les chrétiens il veut reconnaître son Fils. La seule norme de vérité pour le chrétien : Jésus m'a aimé et s'est livré pour moi... Je fleuris sur la tombe du Dieu qui est mort pour moi, j'enfonce mes racines dans le sol nourricier de sa chair et de son sang... - La foi, c'est témoigner sa reconnaissance à Dieu, c'est montrer qu'on a compris... L'existence du croyant doit être comprise à partir de la mort du Christ qui est pour nous le déploiement de la gloire de l'amour divin. Elle est le centre absolu de la réalité... Il faut donner à Dieu la prépondérance sur notre propre vérité et nos doutes et nos hésitations (Cordula, p. 19- 23).

 

586. Le scandale

Si l'Eglise est un scandale pour le monde, ce n'est pas seulement parce qu'elle est toujours défaillante dans sa mission, mais parce que sa mission et son essence même l'obligent à rendre le Christ visible et présent. - Elle est doublement scandale : si déjà la prétention du Christ à être le représentant de Dieu fut un tel scandale que tous les siècles se sont efforcés de le neutraliser, quel scandale sera la prétention permanente de l'Eglise de prendre à son compte cette prétention du Christ (Romano Guardini, p. 108).

 

587. Eucharistie

La liturgie est une plongée, à travers l'instant que nous vivons, jusqu'au fondement éternel et toujours présent de l'amour du Christ qui se donne, qui se sacrifie et qui transforme en lui le pain et le vin, de cet amour à raison duquel il est pour nous le Verbe (Dans un article de la revue Christus, 1960, p. 485-486).

 

588. Mariage

Il y a un mariage entre Dieu et le monde (La gloire et la croix, IV, 3, p. 14).

 

589. Les reliques

L'Eglise vénère les reliques des saints. Jésus Christ ne laisse aucune relique. Son humanité tout entière, il l'a consumée à la croix comme un holocauste total et, en ressuscitant, il l'a portée jusqu'à Dieu. Il ne nous a laissé que sa vivante eucharistie. Elle seule est encore notre "Terre sainte", qui peut être partout sur la terre (Catholique, p. 114).

 

590. Vieillir

Vieillir, c'est avoir dépassé le sommet, s'incliner vers la fin physique; ce déclin peut et doit être rempli par la force morale du renoncement... Le vieillissement humain sans résignation est inconcevable... Et cependant la résignation n'est pas une vertu chrétienne. Le Christ n'était pas résigné à sa mort... ni aucun des saints, même pas dans leur vieillesse (De l'intégration, p. 270).

 

591. Celui qui vient

"Voici qui serait digne d'une longue recherche : comprendre comment vient Celui qui est toujours présent" (Grégoire de Nysse cité dans Présence et pensée, p. 132).

 

592. Dieu est plus grand

La vérité de Dieu est plus grande que celle des hommes si bien que l'on peut pas toujours dire aux hommes les choses qu'on a comprises en Dieu (Adrienne von Speyr et sa mission théologique, p. 16).

 

593. Incognito

"Dieu est comme un prince qui voyage incognito à travers son royaume" (A propos de Shaftesbury dans La gloire et la croix, IV, 3, p. 83).

 

594. Le centre

Le centre du christianisme, c'est la résurrection des morts. C'est quelque chose qui dépasse toutes les attentes de l'homme livré à lui-même et qui dépasse toutes les représentations possibles. - Dès le début, les écrivains du Nouveau Testament se sont concentrés sur ce point unique. Tout le reste du Nouveau Testament est parti de là : le reste, c'est-à-dire l'incarnation, la vie de Jésus, son enseignement, sa Passion, l'ascension, l'effusion de l'Esprit. - Le coeur de la Bonne Nouvelle reçue de Jésus Christ par les chrétiens, c'est la résurrection des morts. En proclamant la résurrection de la mort, le christianisme a prétendu et prétend toujours pouvoir fournir ainsi la seule solution complète du problème de l'homme, la seule solution satisfaisante. Et par là, le christianisme se déclare supérieur à toutes les religions et à toutes les philosophies du monde, à une seule condition : c'est que toute sa certitude et la réalité qu'elle porte lui viennent d'un don purement gratuit de Dieu. - Toutes les parcelles de vérité contenues dans les religions et les philosophies de l'humanité sont en marche vers la révélation ultime de Jésus Christ : seule la résurrection des morts explique comment la fragilité de l'homme est reliée à l'éternité personnelle de Dieu et rachetée par elle. Fait inexplicable reconnu comme tel par les témoins oculaires et perçu en même temps comme la seule solution valable apportée à l'énigme de l'homme (De l'intégration, p. 76).

 

595. Le ver

C'est quand tous l'écrasent comme un ver qu'il écrase le dragon ("Tu as foulé aux pieds le lion et le dragon"). "Ton coeur est inquiet jusqu'à ce que nous reposions en toi"... et toi en nous (Le coeur du monde, p. 236).

 

596. La phrase

De même que, selon saint Augustin, une phrase prononcée doit être achevée pour que tout son sens puisse être perçu, de même l'événement salutaire de la croix et de la résurrection doit être passé pour qu'il puisse être vu pour la première fois dans sa vraie portée grâce à l'Esprit Saint qui interprète (La nouvelle Alliance, p. 249).

 

597. Le respect

... le respect de l'autre, forme durable de l'amour... (Grains de blé, II, p. 102).

 

598. Sacrements

La forme d'existence du Christ dans l'eucharistie et dans les sacrements n'est pas différente de celle des quarante jours entre Pâques et Ascension. Ici comme là, il est le Ressuscité, celui qui vit dans l'éternité mais qui, comme tel, accompagne les siens dans le temps; si réellement, que sans préjudice de son éternité, il vit dans leur temps (Théologie de l'histoire, p. 93).

 

599. Incarnation

Dieu s'est immergé librement dans toutes les ténèbres du destin du monde. C'est là une offre et une chance incomparables (Aux croyants incertains, p. 22-23).

 

600. Intimité

La Parole de Dieu signifie la puissance qu'a Dieu d'ouvrir à d'autres son intimité libre, donc cachée, et de la rendre accessible par pur don (La Nouvelle Alliance, p. 234).

 

601. L'amoureux

Si... l'amoureux arrive à croire qu'il connaît en vérité la nature profonde de la personne qu'il aime, il ne se lassera pas pour autant de la remercier jour après jour, pour l'inconcevable miracle de son existence (Hans Urs von Balthasar, dans P. Ide, Etre et mystère chez H.U.v.B., p. 121).

 

602. Tartuffe

N'y a-t-il pas chez tout clerc qui joue un rôle sacré un Tartuffe caché, si bien que le dévoiler est oeuvre de vérité et d'honnêteté (Dramatique, I, p. 88).

 

603. Le combat

Si le Christ a affronté le diable dans la tentation, il ne nous a pas dispensés de notre propre combat (A propos d'Irénée, dans Dramatique, II, 1, p. 122).

 

604. Fécondité

Marie commence par être mère. Mais, à la croix, elle finit par devenir épouse, la quintessence de l'Eglise. "Femme, voici ton fils" (Jn 19, 27)... Dans l'Eglise, la virginité a une place de choix. D'une manière absolument privilégiée, elle donne accès à la fécondité du couple Christ - Marie-Eglise. Or, dans le christianisme, c'est la fécondité qui compte et non pas le succès. Cf. Martin Buber : "Le succès n'est pas un des noms de Dieu". - Mais l'idée de fécondité est fondamentale dans le Nouveau Testament : paraboles de la croissance, du figuier, de la vigne et des sarments. Cette fécondité que Dieu attend de nous et de toute son Eglise est fondée sur la divinité de l'Epoux qui communique sa propre fécondité à l'Epouse humaine... -  Pour que Marie soit capable d'accéder à la croix, il lui faut une initiation toujours plus profonde, impitoyable, appliquée sans égard pour elle par son Fils. Cf. toutes les scènes évangéliques où le Fils rencontre sa Mère, qui sont des scènes d'humiliation : à douze ans, à Cana, "Qui sont ma mère et mes frères?", "Heureux ceux qui écoutent la Parole de Dieu", la parole la plus dure : "Femme, voici ton fils". - Comme le Père abandonne son Fils, le Fils se sépare de sa mère. Il le fallait pour que Marie forme le centre de l'Eglise : elle devait connaître d'expérience le mystère de la rédemption et le transmettre à ses nouveaux enfants (Au coeur du mystère rédempteur, p. 62-63).

 

605. La résurrection des morts

La foi en la résurrection des morts est insensée au regard de la corruption et du tombeau, elle contredit toute l'expérience, mais elle est suspendue à un fait : la résurrection du Christ sans laquelle toute la foi chrétienne est vide (1 Co 15, 14). "Voyez mes mains et mes pieds, c'est bien moi! Palpez-moi et rendez-vous compte qu'un esprit n'a ni chair ni os comme vous voyez que j'en ai" (Lc 24, 39) (Credo, p. 108).

 

606. La mort

Personne ne dispose de sa propre mort, Dieu seul en dispose et impose aux hommes leur destin. Jésus lui-même assume sa mort dans une obéissance aveugle. "Semé corruptible, le corps ressuscite incorruptible; semé méprisable, il ressuscite éclatant de gloire; semé dans la faiblesse, il ressuscite plein de force; semé corps inanimé, il ressuscite corps spirituel" (1 Co, 15, 42-44) (Dramatique, III, p. 464).

 

607. Samedi saint

Jésus qui meurt sur la croix porte mes péchés et il les a ensevelis dans les enfers le jour du samedi saint (Méditation chrétienne, p. 83).

 

608. Perfection

L'homme n'est amené à sa perfection que par la résurrection (Tertullien cité dans Dramatique, II, 1, p. 117).

 

609. Activité

L'obéissance, dans la mesure où elle signifie renonciation à disposer de soi-même, est passivité, mais dans la mesure où elle est disposition à tout recevoir, elle est très haute activité (Triple couronne, p. 19).

 

610. Chercher Dieu

"Pourquoi nous as-tu fait cela? Vois, ton père et moi, nous te cherchions avec douleur". Cette douleur, il ne peut pas la leur épargner. Ce n'est qu'en cherchant que le chrétien peut trouver, dans une recherche si intense que tout absolument semble dépendre de ce qu'on trouvera (Triple couronne, p 47).

 

611. Communion des saints

Le croyant croit pour ceux qui ne croient pas, communie pour ceux qui ne communie pas, car le corps qu'il reçoit a porté les péchés de tous (La vie surgie de la mort, p. 68).

 

612. Le Tout-Autre

En présence de la majesté de l'amour absolu qui s'avance vers l'homme en se révélant, vient le chercher, l'invite et l'élève à une intimité incompréhensible, l'esprit fini pressent pour la première fois le sens exact de cette affirmation : Dieu est le Tout-Autre, "l'Incompréhensible, essentiellement différent du monde, souverainement heureux en lui et par lui, et indiciblement élevé au-dessus de tout ce qui est et peut être en dehors de lui" (Vatican I) (L'amour seul est digne de foi, p. 70).

 

613. La Trinité

Le mystère trinitaire domine toute la religion chrétienne. Sans lui, il n'y aurait pas l'enseignement du Christ, la rédemption, l'Eglise, l'Esprit Saint, les sacrements, la communion des saints, la vie éternelle (La méditation chrétienne, p. 63-64).

 

614. Ouverture

Le centre théologique de l'histoire du monde, c'est le Dieu fait homme, Jésus Christ. - Etre chrétien, c'est se placer sous la norme du Christ. Pour cela, se reporter à la forme d'existence du Christ dans le temps. Comme le Christ vivait dans le temps, ouvert, confiant, ne s'inquiétant pas, ne faisant point de projet, n'anticipant rien, mais remettant au Père toute sa vision et toute sa disposition de la vérité, et vivant de la vérité donnée à chaque instant par le Père, espérant, aimant Dieu et les hommes, ainsi l'homme doit vivre, marchant sur les traces du Seigneur. - Etre dans le temps et ne pas s'élever au-dessus du temps. Dans une attitude pleine de disponibilité, chercher à comprendre les signes du temps et le message qu'il contient. Recevoir de Dieu le contenu et l'explication de sa vie; recevoir son temps comme donné à chaque instant par Dieu sans tenter de s'en emparer. Ce n'est que dans l'attitude de foi et de prière qu'une mission est accordée à l'homme. Etat d'ouverture pour la réception d'une vérité toujours nouvelle de Dieu (Théologie de l'histoire, p. 113-115).

 

615. Le drame de l'existence

La foi : une lecture du caractère dramatique de l'existence à la lumière de la révélation biblique. Dieu a mis en scène l'univers et l'homme dans un drame où nous nous trouvons engagés comme partenaires. * But du P. Balthasar : intégrer dans cette perspective de foi tous les projets que l'intelligence humaine ait jamais pensés. Pour cela, dépasser toutes les représentations qui ont existé au sujet de Dieu : la mythologie qui dissout Dieu dans le drame cosmique, la philosophie qui exclut Dieu du drame parce qu'il est trop élevé au-dessus des destinées terrestres (Dramatique II,1, p. 7).

 

616. Le temps

Le Christ possède le pouvoir de rendre son existence temporelle présente à chaque instant du temps (Dramatique, II, 1, p. 72).

 

617. Discours sur la souffrance

Un Dieu personnel n'est digne de foi que là où il ne se contente pas de faire des discours sur les souffrances du monde pour les apaiser, mais là où il agit en marchant vers la croix (Points de repère, p. 40).

 

618. Eucharistie

La participation à l'eucharistie se fait par un vrai manger et un vrai boire : c'est un processus d'assimilation d'une autre substance dans la mienne. Dans l'eucharistie, c'est le Christ qui nous assimile à lui plutôt que ce soit nous qui l'assimilons. - Toutefois le phénomène est plus complexe. Car, dans la Passion, quand il a pris en lui nos péchés, le Christ nous a assimilés en lui. Dans l'eucharistie, c'est le croyant qui offre son espace de vie au Seigneur et le laisse en disposer. Dans la profondeur de notre être, les frontières doivent tomber, comme elles sont tombées pour le Christ au cours de sa vie et de sa mort. - Et voici la principale frontière qui doit tomber : disposer de soi au lieu de laisser Dieu disposer de soi. C'est là que se place la fluidification eucharistique essentielle grâce à laquelle Jésus dépasse la frontière pour entrer dans la Passion (Que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse), nous révélant ainsi la loi fondamentale de son existence suivant laquelle il a entrepris sa tâche (Car je suis venu du ciel pour faire non ma volonté mais la volonté de celui qui m'a envoyé (Jn 6, 38). Je me soumets à la volonté de Dieu (Nouveaux points de repère, p. 327-328).

 

619. Recevoir Dieu

Marie est le prototype de l'Eglise. L'humble disponibilité de la Servante du Seigneur, sa docilité particulière, sa malléabilité entre ses mains, doivent inspirer à l'Eglise sa propre attitude, pour qu'elle se laisse modeler à son tour par son Seigneur... L'Eglise et chaque fidèle doivent donc faire le vide en eux pour faire place au Christ. Chaque fidèle est appelé à faire de son être une église où recevoir Dieu (E. Guerriero, Hans Urs von Balthasar, p. 195).

 

620. Richesse de l'amour

"L'amour ne cherche pas son intérêt" (Saint Paul). Toute la richesse de l'amour consiste à se donner et à se dépouiller (Tu couronnes l'année de tes bontés, p. 139).

 

621. Expérience de Dieu

De toutes parts retentit le cri : Où pouvons-nous faire l'expérience de Dieu? Il faut à l'homme un minimum d'expérience comme tremplin pour risquer le saut de la foi. Le fiat de Marie a été précédé du salut de l'ange, les Douze ont été engagés et envoyés par un Maître qu'ils connaissaient, Paul a subi à Damas l'emprise du Christ glorifié qui l'a désapproprié (Le complexe antiromain, p. 309).

 

622. L'Eglise

L'Eglise : on ne saurait calculer exactement la proportion des membres authentiques et des autres, ni déterminer selon des lois de type sociologique s'il y a déclin progressif de l'Eglise en raison de son vieillissement ou à cause d'influences extérieures : le Saint Esprit, qui anime l'Eglise, peut constamment inspirer des élans nouveaux et imprévisibles. En fait, d'après les lois sociologiques, l'Eglise devrait avoir disparu depuis longtemps... Sans cesse les fontaines de l'Esprit peuvent sourdre de ses profondeurs. Ce qu'on appelle "l'institution"", ce n'est pas cela non plus qui empêche l'Esprit de souffler et d'agir; et bien entendu, le chrétien n'a pas le droit de s'en remettre purement et simplement à l'institutionnel (Dramatique, III, p. 434-435).

 

623. Expériences

Dans l'Eglise, les croyants possèdent des expériences qu'ils n'ont pas faites personnellement, mais qui leur ont été communiquées par grâce (La gloire et la croix, I, p. 288).

 

624. La croix

Jésus "sait que le miracle fondamental que le Père l'a chargé d'accomplir est la croix" (Jacques Servais, dans Mission et médiation. Hans Urs von Balthasar, p. 133).

 

625. Lumière

Le christianisme... est l'immense révélation de la lumière éternelle (Karl Barth, p. 58).

 

626. Folie

L'acceptation résignée de l'absurdité d'une existence sans achèvement... paraît être le dernier mot de la sagesse à moins que ce ne soit de la folie (Dramatique, III, p. 114).

 

627. Aimer

Ce sont qui aiment qui en savent le plus long sur Dieu; c'est eux que le théologien doit écouter (L'amour seul est digne de foi, p. 11).

 

628. La reine

Marie est la reine des apôtres sans revendiquer pour elle les pouvoirs apostoliques. Elle a autre chose et beaucoup plus (HUvB cité dans Nouvelle Revue Théologique, 2004, 1, p. 35).

 

629. S'habituer

On ne pourra jamais s'habituer à Dieu. Plus on le regarde, plus on désire contempler... Le bonheur pour la créature d'être achevée en elle-même par quelque chose qui est infiniment plus grand qu'elle (La prière contemplative, p. 22-23).

 

630. Résurrection d'entre les morts

L'homme, en lui-même, est déjà un langage de Dieu, un discours qui révèle Dieu et qui est doué du pouvoir de répondre. - Mais Dieu avait caché en son coeur une ultime parole, comme une dernière carte lui permettant de gagner, alors que l'homme semblait avoir tout gâché et tout perdu. En présence du Verbe de Dieu, à la fois Dieu et homme, l'homme sera obligé de reconnaître que ce n'est pas lui qui a parlé ou imaginé quelque chose, mais Dieu, parce que l'homme laissé à lui-même, avec toutes ses pensées, tous ses systèmes, toutes ses philosophies n'aurait jamais pu concevoir l'idée d'une résurrection d'entre les morts. - Et l'homme comprendra aussi que cette action sur lui a été accomplie par un homme. Et Dieu ne pouvait l'accomplir que dans l'homme. La Parole divine est descendue verticalement, depuis le sommet suprême, jusqu'au plus bas, dans l'ultime vanité du temps vide et de la mort sans espoir. Elle s'est emparée de la mort, l'a enserrée, lui a arraché son aiguillon. - L'homme de la nouvelle Alliance a, dans le Christ, la mort du péché derrière lui, et la véritable vie vient vers lui comme son avenir (De l'intégration, p. 250).

 

631. Une parole lumineuse

Le Christ est "la parole ultime et la plus lumineuse que Dieu ait jamais prononcée sur le monde" (M. Schmaus, cité dans Karl Barth, p. 477).

 

632. Les pauvres en esprit

Heureux les pauvres en esprit : tous ceux qui, bon gré mal gré, se laissent appauvrir par l'Esprit; dans la mesure où ils supportent la privation, ils deviennent les vrais citoyens du Royaume de Dieu, car celui-ci peut désormais se déployer en eux (Dramatique, IV, p. 453).

 

633. Eucharistie

Pour le croyant, rien ne peut remplacer le sacrement de l'eucharistie tel qu'il est célébré par l'Eglise : Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui (Jn 6, 56)... Et : Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l'homme et ne buvez pas son sang, vous n'aurez pas la vie en vous (Jn 6, 53)... - Le chrétien ici n'a pas le choix. La solennité de l'institution de l'eucharistie à la dernière Cène, la gravité avec laquelle saint Paul critique les premiers abus et le mépris du sacrement chez les Corinthiens, le respect suprême qui lui fut témoigné à travers toute l'histoire de l'Eglise, n'autorisent aujourd'hui, pas plus que jadis, le moindre doute sur le geste du Seigneur, fondamental pour l'Eglise tout court : lorsque les chrétiens rompent ensemble le même pain qui est le corps du Christ, ils deviennent tous ensemble un seul corps, le corps du Christ (Simplicité chrétienne, p. 76).

 

634. Le torrent de la lumière

L'Eglise n'est pas une entité fermée sur elle-même, dans le monde et à côté du monde, elle est le torrent de la lumière du Christ, se répandant dans l'histoire et la création qui semblent n'avoir pas encore reçu la rédemption; elle porte avec Lui le péché du monde, mais en même temps elle proclame solennellement qu'il a déjà ôté toute la faute (La gloire et la croix, I, p. 448).

 

635. L'initiative

La religion chrétienne est quelque chose qui nous vient d'en haut. Tout part de la libre initiative de Dieu et tout (y compris le monde et moi) est fondé par elle. Et tout chrétien doit l'apprendre, il n'existe aucun exercice pour forcer Dieu à venir et à se révéler au monde ou à moi-même (Nouveaux points de repère, p. 106).

 

636. Dialogue

Si on admet que rien dans le monde n'est créé sans le Verbe-Parole, alors l'essence la plus intime du monde repose sur le Verbe de Dieu et n'est intelligible que par lui. - Et alors même si l'homme refuse d'entendre la Parole, cela ne change rien à ce fondement, à sa nature intangible de créature qui est de se voir saisie dans un dialogue avec Dieu, qu'elle le veuille ou non (Dramatique, IV, p. 276).

 

637. Les religions

Toutes les formes de religion autres que le christianisme, par exemple le bouddhisme, sont des reliquats de vieilles formes païennes de religion : des fuites hors du présent. - Le Coran... n'est qu'un mélange d'ancienne Alliance, de Nouveau Testament judaïsé et de paganisme; de ce fait, il ne constitue en rien une solution originale (A propos de mon oeuvre, p. 100).

 

638. Le jeu de Dieu

Celui qui a entrevu, ne fût-ce qu'un instant, l'immense jeu cosmique, sait que la petite vie d'un homme et tout son sérieux n'est qu'un moment fugitif dans le jeu de cette danse... - D'abord engendrés comme tous les animaux de la terre, devenus des enfants, transportés de la jeunesse aux rides de la vieillesse comme une fleur qui ne dure qu'un moment, mourant enfin pour passer à une autre vie, vraiment nous méritons d'être appelés un jeu de Dieu (Liturgie cosmique, p. 16).

 

639. Le frisson devant Dieu

Celui qui n'éprouverait pas jusqu'aux racines de son être le frisson devant l'être de Dieu... ne serait pas préparé à la contemplation de Jésus Christ. Il devrait se faire initier à ce mystère par l'Ancien Testament. Sinon on pourrait craindre qu'il ne vienne au Christ que comme un aveugle et un sourd... - Que l'être absolu de Dieu ait résolu de se présenter dans une existence humaine et soit en mesure d'exécuter réellement cette décision : voilà qui doit surprendre sans cesse et toujours plus profondément celui qui contemple l'existence de Jésus, comme quelque chose d'impossible, d'absolument stupéfiant... - Que quelqu'un ait vraiment rencontré le Christ et n'ai ni adoré, ni ramassé des pierres : un pareil cas n'est pas prévu dans l'Evangile (La prière contemplative, p. 167-168).

 

640. Les péchés de l'Eglise

"S'ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront aussi (Jn 15, 20)... Combien il est rare que l'Eglise puisse se dire persécutée à tort!... Il y a des péchés séculaires dans l'Eglise, pour lesquels peut-être une génération ultérieure, bien que "n'y pouvant rien", devra souffrir à juste titre (Triple couronne, p. 75-76).

 

641. Impossible qu'un homme ait deux pères

Né de la Vierge Marie : Jésus est le Fils du Père éternel d'une manière si unique qu'il ne pouvait avoir aussi un père terrestre. - Tertullien : Il est impossible qu'un homme ait deux pères. Le Fils de Dieu ne peut avoir d'autre père que Dieu. - Marie : elle est Mère et Fille de son Fils. Elle est totalement au service de son Fils et doit le laisser disposer d'elle comme il en a besoin et comme il le veut... Pareil service est l'affaire de tous les temps chrétiens (Marie première Eglise, p. 5).

 

642. Musique

... oeuvres aussi sublimes que celle de Bach ou de Mozart... (La vie surgie de la mort, p. 45).

 

643. Espérer pour tous

"Ni la sainte Ecriture, ni la Tradition de la foi de l'Eglise ne disent avec certitude de quiconque qu'il soit effectivement en enfer. Mais l'enfer est toujours présenté comme une possibilité réelle, liée à l'offre de conversion et de vie". - Notre juge est celui qui a porté les péchés de tous. - "Il n'est pas établi que Judas soit damné pour l'éternité" (Espérer pour tous, p. 9-15).

 

644. Athéisme

L'athéisme est tout entier occupé par la libération de l'homme. - Libération de la raison hors des liens de la foi (Aufklärung). - Libération de l'homme aliéné par le travail, économiquement aliéné : pour un travail digne de l'homme (Marx). - Libération de l'individu à l'égard des chaînes de son propre passé non maîtrisé (Freud). - Libération de l'humanité à l'égard du cauchemar d'une idée de Dieu à laquelle on ne croit plus, mais qui est traînée comme un cadavre dans l'histoire du monde (Nietzsche). - Pour le chrétien, tous ces efforts de libération se lancent dans le vide (L'engagement de Dieu, p. 11-13).

 

645. A chaque jour suffit sa peine

Vivre dans le présent chaque jour et laisser au Père le souci du lendemain. C'est ce que Jésus nous invite à faire, il nous invite à l'imiter sur ce point. Il devine une Heure terrible pour lui, mais il n'en connaît pas le moment. Une seule chose compte, c'est que chaque jour soit rempli entièrement par l'accomplissement de la volonté du Père (Les grands textes sur le Christ, p. 227-228).

 

646.Incarnation

Si l'on veut s'approcher de Dieu, il ne faut pas s'écarter d'un pouce de l'Incarnation (L'Esprit de vérité, p. 69).

 

647. Souffrance de Dieu

Ce qu'il y a de plus profond dans le christianisme, c'est l'amour de Dieu pour la terre. Que Dieu soit riche dans son ciel, les autres religions le savent aussi. Qu'il ait voulu être pauvre avec ses créatures, qu'en son ciel il ait voulu souffrir à cause du monde, qu'il en ait même souffert et que, par son Incarnation, il se soit mis en état de montrer à ses créatures sa souffrance d'amour, c'est cela qui est inouï, qui n'a jamais été entendu jusqu'à présent (Hans Urs von Balthasar. 1905-1988, édité par U.C. Reinhardt, Bâle, 1989, p. 66-67).

 

648. L'Eglise sortie de Marie

Marie est membre de l'Eglise sous un certain aspect. Mais Marie est d'abord la Mère du Rédempteur sans lequel il n'y aurait pas d'Eglise ni de grâce divine dans l'histoire du monde avant et après le Christ. - Que l'Eglise puisse devenir la mère de ceux qui croient au Christ suppose depuis toujours que Marie a conçu et mis au monde le Messie. Il est donc légitime de lui attribuer le titre de Mère de l'Eglise. - Le Christ a pris chair de Marie tandis que l'Eglise est née de lui, jaillie comme l'eau et le sang de son côté. Et de cette manière, on voit donc que l'Eglise est sortie aussi de Marie (Dramatique, II, 2, p. 233).

 

649. Rédemption

Sur la croix, il a porté la faute de tous (Méditation chrétienne, p. 90).

 

650. Le Messie

Si Jésus est le Messie d'Israël (et il a conscience de l'être même s'il en refuse le titre pour de bonnes raisons), alors réellement le temps de la fin, passionnément attendu par Israël, a commenc (Dramatique, IV, p. 14).

 

651. La personne

Dans la révélation biblique, Dieu se présente comme la personne spirituelle infinie et libre qui seule peut engendrer... des personnes spirituelles créées. Et c'est justement dans leur unicité et leur liberté que ces personnes sont les images de Dieu qui est aussi bien unique que libre (De l'intégration, p. 198).

 

652. L'Esprit Saint

Le Fils ne cesse de nous dire que son oeuvre est une oeuvre communautaire de Dieu; de plus, elle est la première révélation du mystère qu'en Dieu lui-même existe une communauté : unité dans la distinction entre le Père qui envoie et le Fils qui est envoyé, mais unité telle que cette unité elle-même constitue un troisième centre : l'Esprit, qui vient précisément quand le Fils s'en va (Jn 16, 7), qui est aussi bien l'Esprit du Père (Ro 8, 11) que l'Esprit du Fils (Ro 8, 9), que le Père envoie au nom du Fils (Jn 14, 26) et que le Fils envoie d'auprès du Père (Jn 15, 26)    (L'engagement de Dieu, p. 42).

 

653. Le meurtre

C'est dans le meurtre haineux du Fils de Dieu que se révèle au maximum l'amour de Dieu. L'amour de Dieu prend le refus des hommes pour fondement de son approche inimaginable (Simplicité chrétienne, p. 31).

 

654. Le Crucifié

Le récit purement historique de la crucifixion d'un homme ne peut frayer l'accès à l'événement intérieur qui y est caché. C'est pourquoi les récits évangéliques de la Passion, qui veulent décrire aussi un événement historique, le font avec des notions et des images empruntées à l'Ancien Testament. La foi chrétienne primitive s'est appliquée à interpréter la croix comme le point de rencontre de lignes de force convergentes. - "J'ai soif". La source d'eau vive qui jaillit en vie éternelle, qui veut s'offrir à tous pour les abreuver (Jn 4, 10.13 s.; 7, 37 s.), en vient, par pure effusion de soi, à avoir soif elle-même. C'est le même paradoxe qu'expriment les railleries sur le médecin qui a aidé les autres et ne peut s'aider lui-même (Mt 27, 42)... Dans le coeur transpercé, le sang et l'eau deviennent libres. L'espace du coeur est ouvert, vide, accessible à tous. Le corps du Christ est le nouveau temple d'Ezéchiel d'où jaillit la source de vie (La nouvelle Alliance, p. 176. 191. 195).

 

655. La nuit

Tout contemplatif, et pas seulement celui qui est favorisé de grâces mystiques, doit s'attendre, si sa contemplation est l'expression d'une foi vivante qui marche à la suite du Christ, à une certaine expérience de la nuit. Elle est un signe qu'il se trouve sur les traces du Christ, donc précisément un signe consolant, bien qu'il ait nécessairement la forme d'un retrait de toute consolation... - La consolation sensible sera nécessairement, et pour un temps indéterminé, et sans cesse, retirée au progressant, parce que Dieu ne peut être trouvé sur aucune autre voie que celle de la mort et de la résurrection de son Fils (La prière contemplative, p. 287).

 

656. Désintéressement

L'unique Rédempteur intègre le corps de l'Eglise dans son activité rédemptrice, et celle-ci sera d'autant plus féconde qu'un membre se conformera davantage au désintéressement du Christ et mettra plus totalement son existence à la disposition de l'universelle rédemption. - La disposition intime de renoncement, qui était celle du Seigneur, devient le coeur de la disposition ecclésiale : ne pas chercher à se défendre devant une agression d'autrui (Cf. Mt (, 39; 1 Co -, 7; Col 3, 13-15)    (La Nouvelle Alliance, p. 404-405).

 

657. Présence

L'eucharistie demeure la seule manière, la plus libre de toutes, qu'a l'Homme-Dieu, transpercé et ressuscité, d'actualiser sa présence (De l'intégration, p. 227).

 

658. La colère de Dieu

Le pécheur doit subir quelque chose de la part de la colère divine.... Le refus humain est libre... Jésus a expié pour chacun des péchés... Il y a une coupe de la colère de Dieu... Dieu s'irrite contre le pécheur à cause de son péché : c'est une affirmation qui traverse l'Ecriture du premier livre au dernier... C'est parce que Dieu fait grâce qu'il doit pouvoir aussi s'irriter... Seulement Dieu n'est pas dominé par sa colère, il la gouverne selon son bon plaisir (Dramatique, III, p. 313).

 

659. Oui

Pour avoir prononcé un oui inconditionnel, Marie a compris l'essentiel du christianisme. J'irai même jusqu'à dire qu'au pied de la croix elle a compris qu'il nous faut dire oui à ce que nous comprenons le moins (Marie pour aujourd'hui, p. 39).

 

660. En savoir long

De grands saints qui jalonnent la tradition théologique : Augustin, Anselme, Bernard, Ignace, Jean de la croix, François de Sales, Thérèse de Lisieux. Ce sont ceux qui aiment qui en savent le plus long sur Dieu. C'est eux que le théologien doit écouter (L'amour seul est digne de foi, p. 11).

 

661.Le Bien suprême

Dieu ne pouvait créer aucun ange, ni aucun homme qui serait d'emblée placé dans le Bien ultime : il fallait que la créature spirituelle se décidât elle-même sur ce qui devait être son bien suprême. (Résumant le P. de Lubac dans Nouveaux points de repère, p. 196).

 

662. Ténèbre

Ce que Jésus éprouve comme pure ténèbre est la lumière de l'amour, ce qu'il éprouve comme chaos est l'ordre de la grâce, ce qu'il éprouve comme abandon de Dieu est la présence de Dieu avec le pécheur (Art chrétien et amour du message, p. 299).

 

663. La résurrection de Jésus

Ce que les disciples proclamaient dépassait la limite du pensable... La résurrection a complètement surpris les disciples. Il n'y avait pas de place pour une résurrection de Jésus dans les représentations dont ils disposaient... La croix est pour les apôtres comme une obscure question sans réponse; la résurrection est la réponse lumineuse à cette question (Le mystère pascal, p. 191-195).

 

664. La mort

La mort nous est donnée comme l'occasion de nous remettre sans réserve entre les mains de Dieu (Credo, p. 70).

 

665. L'équipe volante des saints

Le rôle des saints est de provoquer des renouveaux. Souvent ils sont rejetés ou bien ils ne sont accueillis que par un petit groupe. Souvent leur rayonnement est posthume. Toujours on aura la petite équipe volante des saints au milieu de l'énorme et pesant troupeau "des bons pécheurs" comme disait Péguy, mais aussi des moins bons, du dehors et surtout du dedans. Toujours l'Eglise du Christ comptera une foule de gens à la traîne ou dont la foi, l'espérance et la charité sont chancelantes. Pour saint Augustin, l'Eglise reste mélangée jusqu'à la fin des temps. Il reconnaît qu'il existe des membres de l'Eglise en dehors d'elle, et inversement des étrangers à sa visibilité qui en font réellement partie (Dramatique, III, p. 434).

 

666. Ce qu'a apporté le Christ

Le Christ a apporté quelque chose qui ne se trouve pas dans la nature humaine comme telle: la Parole, la Vérité, la Vie venant de Dieu (Dieu et l'homme d'aujourd'hui, p. 11).

 

667. Jésus et l'Esprit

Durant sa vie terrestre, Jésus est mené par l'Esprit, il suit l'Esprit. Il ne dispose pas de l'Esprit bien qu'il lui soit donné en plénitude. Il n'en dispose qu'après son Ascension dans laquelle lui est explicitement donnée la puissance de disposer de l'Esprit (Ac 2,33; Ro 1, 4) (Article de la Vie consacrée, 1971, p. 19-20).

 

668. Samedi saint

Le Christ descend pour nous aux enfers afin que nous montions avec lui au ciel, nous qui étions tous soumis à la condamnation. Tout se noue dans le mystère du samedi saint (Karl Barth, p. 517).

 

669. Substitution

Le destin unique de Jésus : l'échec total de sa mission terrestre dans la "chair", l'acceptation libre de sa descente dans un abîme de déréliction, qui est le contre-pied du destin final prévu par Dieu pour l'homme... En filigrane, l'approche du concept de la substitution (Théologique, II, p. 266).

 

670. Se réconcilier avec Dieu

Ce n'est pas l'Eglise, c'est le monde entier qui est réconcilié avec Dieu par la croix et la résurrection du Christ (Col 1, 19 s). Et pourtant la réconciliation effectuée a besoin du ministère ecclésial, il y a une mission qui a été confiée à l'Eglise par le Christ. "Nous sommes en ambassade pour le Christ. C'est comme si Dieu exhortait par nous. Nous vous en supplions au nom du Christ : laissez-vous réconcilier avec Dieu" (2 Co 5, 20)    (Le mystère pascal, p. 261).

 

671. Heureux qui a un coeur de pauvre

"Heureux ceux qui ont un coeur de pauvre" : leur intérieur est si vide qu'ils sont tout entiers prêts à accueillir la volonté de Dieu et même sa venue dans leur vie... Rien n'occupant leur champ spirituel, ils sont de tout leur être disponibilité, sans condition ni calcul... comme cette Servante du Seigneur... qui ne répond qu'un oui aux interventions les plus inattendues de Dieu, comme cette pauvre veuve qui, dans le tronc, avait mis tout son avoir (Mc 12, 44)    (Simplicité chrétienne, p. 34).

 

672. La profondeur

Le mystère du Christ est d'une profondeur infinie : il va jusqu'aux abîmes de la Trinité (Hopkins cité dans La gloire et la croix, II, 2, p. 271).

 

673. Kénose

La kénose (l'abaissement) du Fils restera toujours un mystère non moins insondable que la Trinité des personnes dans le Dieu unique (Les grands textes sur le Christ, p. 289).

 

674. Bonheur

Ce n'est que grâce à la révélation de Jésus Christ que le but de notre obscure et incompréhensible vie sur terre, l'éternel bonheur, devient réellement visible et crédible (Tu couronnes l'année de tes bontés, p. 111).

 

675. Pentecôte

A la Pentecôte, l'Esprit éclaire intérieurement les apôtres sur ce que le Fils leur avait exposé extérieurement (La prière contemplative, p. 13).

 

676. Amour

"Un monde déserté par l'amour ne peut que s'engloutir dans la mort... Là où l'amour persiste, là où il triomphe de tout ce qui tend à le dégrader, la mort ne peut pas ne pas être en définitive vaincue". (Gabriel Marcel cité dans Dramatique, I, p. 326-327).

 

677. Amour

Amour comme miséricorde qui vient du coeur, comme disposition bienveillante d'accueil, comme sentiment d'humilité, comme douceur qui ne se défend pas, comme patience pleine de générosité, comme disposition à supporter le prochain insupportable, comme pardon parce que Dieu a pardonné (L'amour seul est digne de foi, p. 164).

 

678. L'énigme de l'homme

Le Christ se révèle comme le vrai principe de l'homme. C'est lui, et non pas Adam, qui est la tête de l'humanité, le centre du cosmos et de l'histoire... Le Christ est celui qui révèle pleinement l'homme à l'homme parce qu'il résout l'énigme de l'homme : il est la réponse aux interrogations radicales du sens religieux à propos des origines et de la fin... Il se révèle comme la réponse à cette question qu'est l'homme lui-même (A. Scola dans Hans Urs von Balthasar, un grand théologien, p. 167).

 

679. Le cordon ombilical

La création est la naissance d'une liberté. Dans cette naissance, un cordon ombilical a été tranché. La liberté finie de l'homme a une consistance en soi. Cette liberté se trouve inévitablement devant un choix. Elle peut se faire deux conceptions de son autonomie. Ou bien elle se réserve un espace où elle ne permet à personne de s'immiscer. Ou bien elle se rend compte que l'autonomie ne peut se comprendre comme séparée de l'infinitude de la liberté (Dramatique, II, 1, p. 270).

 

680. La forteresse

Dieu n'est pas une forteresse à prendre d'assaut... Au contraire, il est une maison pleine de portes ouvertes par lesquelles nous sommes invités à entrer. Dans le château de l'être trinitaire, il est prévu de toute éternité que nous, qui sommes les autres, nous ayons part au vivant échange d'amour (Dans A. Scola, Hans Urs von Balthasar. Un grand théologien, p. 185).

 

681. Propagande

L'Eglise n'a pas, avant tout, à faire de la propagande dans le monde, mais à prier et à demeurer dans l'amour. Le commandement de se retirer dans sa cellule devant la face du Père qui voit dans le secret, le conseil de vendre les biens temporels pour marche librement à la suite du Christ, de renoncer au mariage pour n'être pas divisé et pour plaire à Dieu seul, d'abandonner sa volonté propre pour adopter en tout la volonté de Dieu comme la sienne propre, tout cela reste la condition fondamentale, jamais périmée, de la mission chrétienne dans le monde. Ceux qui sont appelés doivent réellement venir de l'intérieur. Autrement, ils ne pourraient indiquer à personne le chemin à suivre (Dieu et l'homme d'aujourd'hui, p. 304).

 

682. Théologie

Comment la théologie pourrait-elle exercer sa fonction à la fois possible et impossible, sinon en orientant le regard sur la merveille qu'est son objet, par tous les moyens possibles et impossibles? (Deux notes sur Karl Barth, dans Recherches de Science religieuse, 35, 1948, p. 101).

 

683. L'ami du pauvre

"Le pauvre n'a pas d'ami plus sûr sinon plus pauvre que lui. C'est pourquoi viens avec moi... et contemple Marie (au pied de la croix). Regarde : elle ne se plaint ni n'espère. Que lui reste-t-il? Le pauvre a trouvé plus pauvre que lui. Ils se dévisagent et ils se taisent" (Claudel). Le coeur transpercé de Marie est offert à tous les pauvres dans son extrême dépouillement. Nous ne devons pas le séparer du coeur de son Fils. Lui dit : Je suis la porte. Marie dit seulement : Je suis la servante. Faites ce qu'il vous dit (Marie pour aujourd'hui, p. 77-78).

 

684. Les portes de l'éternité

Le mariage ne franchira pas les portes de l'éternité. (Cf. Mt 22, 30). Saint Augustin : "Si celui qui ne se marie pas n'est pas en lui-même plus parfait que celui qui se marie, le célibat est comme tel plus parfait que le mariage" (Nouveaux points de repère, p. 275-276).

 

685. Le lourd fardeau

L'Eglise est bien, foncièrement, le lieu de la rémission du péché, mais cela ne veut-il pas dire en même temps qu'elle a l'obligation de porter plus péniblement le lourd fardeau du péché du monde, sans vouloir ni pouvoir distinguer dans ce péché le tien et le mien? (De l'intégration, p. 187).

 

686. Amour inventif

L'action décisive de Dieu pour nous n'a commencé que dans la vie terrestre de Jésus, et cette vie terrestre s'est terminée par un échec, et les actes décisifs ne se produisirent que dans la mort expiatrice de la croix, dans l'abandon de Dieu, dans la descente aux enfers et dans la résurrection le troisième jour. C'est librement que Jésus agit et souffre. - Dieu a pu risquer la création de créatures libres et celle d'un monde de l'agression. Que l'amour de Dieu soit plus inventif que la méchanceté rusée de l'homme, ce n'est pas une victoire déloyale du Créateur sur la créature, car l'amour l'emporte non pas sous le mode de la toute-puissance, mais sous celui de l'impuissance (L'engagement de Dieu, p. 49. 60-61).

 

687. La bonté fondamentale du Père

Le Fils, qui veut mettre à la portée du monde la bonté fondamentale du Père, n'entreprend aucune action à cet effet de sa propre initiative : une telle action n'aurait manifesté que lui-même et non le Père. - A la source de toute action, il y a l'obéissance : le consentement à laisser le Père disposer de lui selon toute l'étendue de sa volonté, l'abandon, qui ne préfère pas une chose à une autre, la sainte indifférence. - Passer du sein du Père au sein de la mère temporelle est déjà une voie d'obéissance, la plus difficile et la plus riche en conséquences, dans laquelle pourtant le Fils ne s'est engagé qu'envoyé par le Père. "Voici que je viens pour faire ta volonté" (He 10, 7) (Triple couronne, p. 17).

 

688. Exigence

Dieu exige qu'on se décide pour lui d'une manière absolue (Le chrétien et l'angoisse, p. 42).

 

689. Le soleil

La théologie... ne peut être... qu'une incessante gravitation autour du mystère révélé. On ne peut pas porter les yeux sur le soleil (E. Guerriero, Hans Urs von Balthasar, p. 357).

 

690. Liberté

Dieu agit toujours par persuasion, jamais par contrainte (Irénée). Du fait que Dieu ne contraint pas la liberté, l'homme garde son pouvoir de décision face à la grâce, il peut la refuser et, dans ce cas, c'est lui-même qui, librement, choisit de se séparer de Dieu, ce qui signifie la mort (Dramatique, II, 1, p. 122).

 

691. Le prophète suprême

Jésus est le prophète suprême à travers lequel Dieu parle à l'humanité (La méditation chrétienne, p. 58).

 

692. Les ennemis de Dieu

Les ennemis de Dieu sons aussi ses serviteurs et ainsi les serviteurs de sa grâce (Karl Barth, p. 266).

 

693. Les langues de feu

Le Saint Esprit est invisiblement présent à l'esprit de l'homme pour y susciter la connaissance et l'amour de Dieu. - Mais il se manifestera aussi visiblement par ses symbolisations visibles comme la colombe, les langues de feu, etc. (Dramatique, IV, p. 54).

 

694. Entreprises bien intentionnées

Ce n'est toujours qu'à contrecoeur que l'Eglise terrestre se plie au programme et à la volonté du véritable Seigneur de l'Eglise, qui veut que la récolte cachée soit promue beaucoup plus par ses souffrances, ses échecs, son portement de croix, que par les entreprises bien intentionnées des chrétiens qui fuient naïvement la croix (De l'intégration, p. 165).

 

695. Tout amour est vulnérable

Les ténèbres de Dieu sont le côté de sa lumière que nous n'arrivons pas à saisir; elles sont le domaine réservé de Dieu, le signe visible de sa souveraineté et de son éternelle transcendance. Il ne les met pas à notre disposition, et tel est le sens de l'interdiction du paradis. Mais nous autres, nous ne supportons pas qu'on nous cache quelque chose et nous méconnaissons alors que l'amour éternel a besoin de ses espaces infinis et de sa 'ténèbre' pour pouvoir se diffuser éternellement et aussi parce que tout amour est vulnérable et sans défense (Dramatique, IV, p. 242).

 

696. Aspects de l'enfer

Personne ne peut parler 'systématiquement' de l'enfer; on n'en saisit jamais que des 'aspects'. Et la règle ne vaut pas moins pour la Révélation (Le chrétien Bernanos, p. 398).

 

697. Etroitesse

Toutes les fois qu'un homme décide de s'oublier lui-même, d'abandonner sa propre étroitesse, sa volonté, sa force, sa tendance à se fermer, à se révolter, là grandit mon royaume. - Pourtant comme les hommes ne se décident au renoncement qu'à contrecoeur, je dois les accompagner sur de longs chemins, des chemins de toute la vie, jusqu'au jour où ils aperçoivent la vérité, où ils comprennent qu'ils ne comprenaient pas..., où ils ont si bien perdu l'habitude de se regarder eux-mêmes qu'ils me regardent enfin et comme pour la première fois (Le coeur du monde, p. 197).

 

698. Rencontre et distance

Du point de vue de la connaissance, il existe une inexprimable transgression de frontière quand Dieu pénètre dans la créature... Il y a une rencontre indicible à l'intérieur de notre esprit entre l'Esprit divin et l'esprit humain... La distance n'est pas d'abord dans le fait que la créature, se sentant indigne de la grandeur du don, se placerait elle-même à distance, mais parce que celui qui donne est, dans sa communication même, celui qui détermine la mesure (La nouvelle Alliance, p. 268-269).

 

699. Se faire comprendre

Dieu peut se faire comprendre de l'homme sans difficulté.... Il se fait connaître de lui-même à l'homme d'une manière irrécusable... Comment moi qui ai créé l'oeil, dit ce Dieu, pourrais-je ne pas voir, moi qui ai créé l'oreille, ne pas entendre (Ps 94, 9)    (Simplicité chrétienne, p. 15).

 

700. Présence

Les quarante jours du Christ ressuscité appartiennent à son temps terrestre aussi bien qu'à son temps éternel. Ils sont la continuation de sa vie commune avec ses disciples; le Christ y abolit toute distance et toute barrière entre lui et eux, il renouvelle son intimité avec eux sur le plan de leur existence temporelle et historique, dans la familiarité toute naturelle de la rencontre, de la conversation, de la nourriture prise en commun, du contact immédiat. - Par son ascension, il n'est devenu ni plus éloigné dans l'espace, ni plus éloigné dans le temps. Il a intercalé les quarante jours entre résurrection et ascension pour montrer aux siens de la manière la plus tangible en quelle réalité il reste avec eux tous les jours jusqu'à la fin du monde (Théologie de l'histoire, p. 82).

 

701. Recevoir Dieu

Nul ne peut recevoir Dieu chez soi en s'appropriant Dieu; si Dieu est essentiellement don, on ne le "connaît" et on ne le possède que lorsqu'on est désapproprié de soi-même et livré... Disponibilité à se laisser désapproprier... Cette disponibilité s'appelle la foi; par essence, elle est la disposition à laisser agir l'amour : non seulement le laisser agir à sa guise mais vouloir ce qu'il veut, c'est-à-dire vouloir être saisi par lui (La nouvelle Alliance, p. 347).

 

702. Rencontrer Dieu

L'homme pécheur, en son fond, c'est celui "qui voudrait justement éviter de percevoir Dieu". Mais si l'homme pense comme il faut, il laisse entrer Dieu en lui, il rencontre Dieu, il se tient devant lui et marche devant lui (Karl Barth cité dans La gloire et la croix, I, p. 328).

 

703. Foi vivante

Sans pénitence et sans renoncement sérieux, personne ne peut accéder à une foi, à une espérance et à une charité vivantes (Adrienne von Speyr et sa mission théologique, p. 56).

 

704. Le pur service

Saint Ignace : en priant, nous devons intérioriser Dieu et le goûter (Sentir et goûter en son for intérieur). Toutefois, nous ne devons pas chercher la jouissance dans la prière, mais le pur service de Dieu (Grains de blé, p. 33).

 

705. L'avenir réel de la vie humaine

La résurrection d'entre les morts (c'est-à-dire l'assomption de toute l'existence, corporelle et spirituelle, individuelle et sociale, avec toute sa temporalité éphémère, dans la vie éternelle) reste une idée démesurée... Mais avec la résurrection du Christ, cette idée devient réelle, elle est rendue présente (c'est le sens des rencontres qui ont suivi Pâques) comme une réalité qui peut constituer désormais l'avenir réel de la vie humaine et de l'histoire du monde (Points de repère, p. 230).

 

706. La pure loi de l'amour

Les trois voeux (pauvreté, chasteté, obéissance) ne sont pour Thérèse de Lisieux que l'expression de la volonté de ne se laisser conduire et déterminer par rien d'autre que par la pure loi de l'amour du Seigneur (Thérèse de Lisieux, p. 189).

 

707. Prendre en main sa liberté

L'homme est obligé par nature à sa condition d'esprit. Mais cela ne le prive pas de la possibilité et du devoir d'être esprit, et de prendre en main lui-même sa liberté (Phénoménologie de la vérité, p. 64).

 

708. Prier

La prière chrétienne, chez Jean surtout, participe profondément à la prière trinitaire du Fils. Celui-ci prie le Père avec la certitude d'être exaucé (Jn 11, 42) et il amène les siens à prier avec la même certitude en son nom et en demeurant en lui (Jn 14, 13 s.; 15, 7)    (La nouvelle Alliance, p. 355).

 

709. L'homme

"Dieu n'avait pas besoin de l'homme". "Le Dieu vivant ne se diffuse pas par nécessité de nature". (Irénée cité dans Dramatique, II, 1, p. 225).

 

710. Le mystère de Dieu

La marche du Jésus johannique vers la pure volonté du Père est le reflet, au plan de l'histoire humaine, d'un mystère éternel, intérieur à Dieu même. - Le Fils, éternellement engendré par le Père et qui procède éternellement du Père, se meut, comme Personne, éternellement vers le Père, étant consubstantiel au Père. - L'histoire de Jésus Christ sur terre est le reflet de la vitalité, de l'historicité et de l'actualité éternelles de l'amour divin au sein de Dieu. - C'est ce mouvement qui vient du Père et y retourne que révèle le Jésus johannique. Il le révèle sous une forme parfaitement humaine, à l'intérieur d'une existence historique inscrite dans le temps (La foi du Christ, p. 218).

 

711. Dieu n'est jamais plus proche

Dieu n'est jamais plus proche de nous que dans l'humilité et la pauvreté de l'indifférence, dans la disponibilité à la mort et dans le refus de toute tentative pour s'emparer de lui et se l'annexer (De l'intégration, p. 112-113).

 

712. La source

Dieu à Moïse : Sache qu'il y a auprès de moi un espace si grand qu'en le parcourant, tu ne pourras jamais trouver un terme à ta course. Regarde la source en son jaillissement, l'eau monte toujours de l'intérieur et s'écoule, tu ne pourras jamais dire que tu as vu toute l'eau. Même si tu restais longtemps à côté de ce bouillonnement, tu serais toujours au commencement de ta vision de l'eau. - Il n'en va pas autrement en présence de Dieu. Ce qu'on trouvera à chaque instant sera vraiment plus nouveau et plus paradoxal que ce qui a déjà été saisi. Ce qui a été vu ne paralyse jamais son désir de voir... La source divine est toujours un don libre de soi qui rend le bénéficiaire toujours plus capable de recevoir davantage... Et celui qui boit à la source devient lui-même source; recevant la Parole divine, il est fait lui-même Parole (Grégoire de Nysse cité dans Dramatique IV, p. 362-363).

 

713. Souffrance de Dieu pour l'homme

Le coeur de la synthèse chrétienne, c'est la divinité du Crucifié, Jésus de Nazareth. La clef de l'énigme de l'existence humaine, c'est la possibilité que Dieu souffre avec (et pour) l'homme, dans l'Homme-Dieu. - Prétention du christianisme à être la réalité que rien ne peut dépasser, justement parce qu'il est la seule religion à soutenir que Dieu est allé jusqu'à se faire homme parmi les hommes dans sa propre création : il y a eu communion de souffrance de Dieu avec l'humanité (Dramatique, II, 1, p. 100-101).

 

714. Compagnons de jeu du Christ enfant

Le Verbe de Dieu a traversé le temps; tout, dans sa marche, était parole et révélation du Père, mais aussi révélation de la vérité de l'existence humaine. Chaque moment de la vie du Verbe de Dieu sur terre a le caractère d'une révélation de l'éternité. Tout homme porte en lui quelque chose comme un pressentiment d'éternité. - La Vierge avec son enfant est pour le chrétien le couple unique, incomparable, qui plonge dans la lumière de la grâce éternelle tous les rapports entre une mère et son enfant. - Le Crucifié aussi parle à l'homme, même à celui qui ne le considère que comme un simple être humain; le Ressuscité aussi lui parle, et aussi le Seigneur disparu dans les cieux invisibles. - Pour celui qui croit, toute la création concrète est ordonnée à cette réussite unique et insurpassable qui voit d'emblée dans tous les enfants des compagnons de jeu du Christ enfant et dans tous les hommes des frères du Fils de Dieu (De l'intégration, p. 252-254).

 

715. Des libertés

Création : Dieu donne d'exister à quelque chose d'autre que lui. Et à certains êtres créés par lui Dieu donne aussi l'intelligence et la liberté. Par là, il renonce en quelque sorte à une part de sa toute puissance puisqu'il permet à des libertés de s'exercer en face de lui, éventuellement contre lui (Pour une philosophie chrétienne, p. 182).

 

716. Le centre

Le centre spirituel de la présence de Dieu dans le monde, c'est Israël pendant tout l'Ancien Testament; depuis le Christ, c'est l'Eglise néotestamentaire (L'engagement de Dieu, p. 21).

 

717. La sécurité de l'homme

L'homme est la quintessence du monde. Il est doué de parole parce qu'il est lui-même une parole de Dieu, proférée par lui comme une invention unique. Et l'homme, invention unique de Dieu, est apostrophé par Dieu et convié par lui à lui répondre. - L'homme est ouvert à tout et à Dieu parce qu'il est choisi et qu'il accepte de répondre à la parole qui lui est adressée - cette parole qui lui donne l'être et son assise. L'homme n'est en sécurité que sur ce sommet ultime (De l'intégration, p. 243).

 

718. Le succès

"Le succès n'est pas un nom de Dieu" (M. Buber). Il faut situer la fine pointe du christianisme dans le fait que la fécondité chrétienne atteint son sommet dans l'échec aux yeux du monde, dans la faillite de la croix. Abandonner tout projet personnel, s'abandonner soi-même à la volonté incompréhensible du Père, obéir dans la nuit de l'esprit, se laisser conduire là où on ne veut pas aller, se laisser enfouir dans la terre comme un grain de blé : c'est là le principe d'une fécondité nouvelle que le monde ne peut comprendre et qu'il est impossible de comptabiliser (Points de repère, p. 17).

 

719. Gaspiller la grâce

Quand la réponse fait défaut, c'est-à-dire quand du côté de l'homme l'histoire de Dieu avec lui est rompue, cette relation débouche sur une crise : pourquoi Dieu devrait-il gaspiller sa grâce pour celui qui, fondamentalement, n'en veut pas? (Théologique, II, p. 158).

 

720. Le festin enivrant

Les modestes célébrations de l'Eglise signifient une tout autre fête, le pauvre repas avec du pain et du vin signifie un festin enivrant qui aura lieu de nouveau "dans le royaume de mon Père" (La nouvelle Alliance, p. 469).

 

721. L'activité créatrice de Dieu

Ignace de Loyola touche le point central quand, pour lui, la suprême attitude du disciple consiste, malgré son désir d'être par grâce conformé au Seigneur jusque dans la souffrance, à laisser la distribution des grâces proprement christologiques de souffrance uniquement à la libre disposition de Dieu... "Indifférence" qui place la volonté du Seigneur plus haut que tous les programmes propres de perfection... Abandon de toute l'existence à l'activité créatrice de Dieu (La nouvelle Alliance, p. 172-175).

 

722. Une place auprès de Dieu

Ascension : le Verbe de Dieu, le Fils, retourne au Père pour préparer aux siens une place auprès de Dieu. (Et qui, en définitive, ne fait pas partie des siens?) (L'homme et la vie éternelle, dans O. Boulnois [dir.], Je crois en un seul Dieu, p. 378-379).

 

723. L'annonce de Dieu

Jésus a reçu du Père, dans l'Esprit Saint, la mission dé révéler l'essence de Dieu et son attitude envers les hommes. Et cela, non pas unilatéralement, comme simple prise de parti de Dieu pour les pécheurs et les indigents, mais incontestablement aussi en révélant tous les autres attributs de Dieu : la colère de Dieu, par exemple, à propos de la profanation coupable du lieu de son culte, le dégoût que Dieu éprouve à devoir demeurer si longtemps parmi ces inintelligents, la tristesse et les larmes de Dieu sur Jérusalem qui a décliné son invitation et même, on peut dire, l'abandon des pécheurs par Dieu dans le cri d'abandon sur la croix... Toute l'existence de Jésus se tient au service de son annonce de Dieu (Dramatique, II, 2, p. 179-180).

 

724. Audace

Qu'est donc son eucharistie si ce n'est - à un niveau supérieur - l'acte fécond par lequel le Fils de Dieu n'arrête pas de prodiguer sa chair, acte que l'homme ne peut réaliser que pour un bref moment avec un organe limité de son corps? (Points de repère, p. 176).

 

725. Mass media

Les mass media ont des effets destructeurs (Dramatique, III, p. 446).

 

726. Charismes

Les charismes ne sont pas donnés au hasard, ils sont donnés par Dieu conformément aux besoins et aux nécessités de son Eglise dans chaque conjoncture historique (Adrienne von Speyr et sa mission théologique, p. 79).

 

727. Vie contemplative

La vie contemplative demeurera toujours pour le monde étrange, scandaleuse, à peine déchiffrable. Elle ne pourrait que faire l'effet d'un pharisaïsme si elle n'était conjuguée à l'humilité de la foi pure, qui la rend croyable pour les autres (Article de Concilium, N° 29, 1967, p. 48).

 

728. L'Esprit

L'Esprit peut aussi... faire apparaître des mystères apparemment nouveaux, tirés des profondeurs de la révélation du Christ. Mystères déjà en fait présents en elle, mais qui n'avaient pas encore été observés, soupçonnés, tenus pour possible. L'Esprit Saint peut en tout temps souffler où il veut et mettre en relief en tout temps des pages toutes nouvelles de la divine révélation. Le propre de l'Esprit Saint est d'inonder les véritables voyants d'une plénitude de vérité si accablante, si continuellement croissante que toute tentative d'une "élucidation achevée" leur apparaît comme ridicule et blasphématoire (Théologie de l'histoire, p. 105-107).

 

729. Devoirs scolaires

Il fait partie du respect que Dieu porte à sa créature de ne pas remplacer ni d'anticiper ce qu'elle peut trouver et fournir par ses propres forces et ses propres efforts; Dieu n'est pas un père qui fait les devoirs scolaires de ses fils. Mais il révèle à l'homme ce que l'homme est essentiellement incapable de découvrir et de comprendre par lui-mêm (De l'intégration, p. 208).

 

730. Les aliénés

L'athéisme - en son vrai sens d'antithéisme, sous sa forme la plus conséquente, - est le postulat que, pour n'être plus aliéné, l'homme ne doit plus être redevable de lui-même à personne d'autre qu'à lui-même, et que toute la marche économique et culturelle du monde doit viser ce but. Feuerbach, Marx, Nietzsche et Freud se rencontrent ici. La chrétienté ne peut se soustraire à une confrontation avec ces idéologies (Aux croyants incertains, p. 128).

 

731. La gloire

"On agit comme si on avait mission pour faire triompher la vérité, au lieu que nous n'avons mission que pour combattre pour elle. Le désir de vaincre est si naturel... On croit rechercher la gloire de Dieu en cherchant la sienne (en réalité)" (Pascal, cité dans La gloire et la croix, II, 2, p. 122).

 

732. Le mystère central du monde

De tous les mystères divins, le mystère du Christ est le plus mystérieux. Le Logos, Dieu lui-même, en se faisant monde, est le mystère central du monde... Il est le sens même des choses, leur moyen secret (D'après Maxime le Confesseur dans Liturgie cosmique, p. 152).

 

733. Communications

Tous ceux qui ont entendu et prononcé le oui à la volonté du Père continuent sans fin de l'entendre et de le prononcer, dans l'éternité comme dans le temps, et ils se penchent vers celui qui prie (aujourd'hui)... Ma mère selon la chair peut-être, ou un saint avec lequel je vis en intime intelligence, un ami décédé, un prêtre, une religieuse, un martyr, peuvent venir à ma rencontre à partir d'une parole de l'évangile et me rappeler ou me montrer de quoi il s'agit en réalité (La prière contemplative, p. 107).

 

734. La communauté des pécheurs

Tous les écrits du Nouveau Testament sont traversés par des constatations de tensions et de discordes intérieures à l'Eglise, de doléances à leur sujet et d'exhortations à les surmonter. L'Eglise est une communauté de pécheurs dont la faillibilité toujours rémanente ou renaissante conduit à la discorde selon une logique interne : "Là où sont les péchés, là sont les divisions" (Dramatique, III, p. 421).

 

735. Le trésor de prière de l'Eglise

A propos d'Edith Stein (1891-1942), philosophe devenue carmélite, aujourd'hui canonisée : "Le carmel est pour elle obéissance et pauvreté, vie contemplative dans l'anonymat, engagement dans l'Eglise, là où celle-ci a besoin de l'engagement. C'est aussi, très nettement, le lieu où s'accroît le trésor de prière de l'Eglise, un lieu où l'on ne pense qu'à Dieu, où l'on ne vit que pour lui, où ce qui est personnel se laisse effacer, afin que ce qui est divin devienne vivant et rayonnant" (Adrienne von Speyr et sa mission théologique, p. 65).

 

736. La liberté de Dieu

La liberté infinie de Dieu dispose d'une infinité de voies ouvertes, Dieu a de multiples façons de tout faire concourir au bien de ceux qui l'aiment (Dramatique, II, 1, p. 254).

 

737. Une confiance

La foi signifie l'abandon total à Dieu (Abraham, Marie), elle est une confiance, une réponse absolue et sans reprise à l'amour du Dieu de l'alliance; pour le chrétien, elle est réponse à l'amour du Christ qui s'est livré tout entier (Dramatique, IV, p. 373).

 

738. Révélation de Dieu

Le point ultime de la Révélation de Dieu, ce n'est pas le fait christologique, c'est la Trinité... dans son rapport dramatique avec le monde. Et la vie trinitaire de Dieu est révélée en Jésus Christ (Dramatique, IV, p. 46-47).

 

739. Tout ce qui brille

"Nous voudrions souffrir généreusement, grandement... Quelle illusion!... Nous voudrions ne jamais tomber? Qu'importe, mon Jésus, si je tombe à chaque instant, je vois par là ma faiblesse et c'est pour moi un grand gain"... "Souffrons, s'il le faut, avec amertume, sans courage. Jésus a bien souffert avec tristesse; sans tristesse, est-ce que l'âme souffrirait?... "Ah! Restons bien loin de tout ce qui brille, aimons notre petitesse, aimons à ne rien sentir, alors nous serons pauvres d'esprit" (Thérèse de Lisieux, dans Thérèse de Lisieux, p. 323; 340-342; 362-363).

 

740. La langue muette

Chaque face animale ou humaine parle une langue muette (Phénoménologie de la vérité, p. 127).

 

741. La preuve

"Le Père vous aime" Jn 16,27. L'assertion - si on considère le monde tel qu'il est - serait une parole vide si la preuve de sa vérité n'avait pas été fournie par l'incarnation, la croix et la résurrection de Jésus, par sa solidarité absolue avec nous (La vérité est symphonique, p. 53).

 

742. Adoration

Pourquoi les personnes divines ne pourraient-elles pas s'adorer mutuellement quand chacun d'elles est Dieu à égalité d'être, et chacune d'une manière unique qui n'est pas donnée aux autres, incomparable (Triple couronne, p. 74-75).

 

743. La mystique

Pour Adrienne von Speyr, la mystique est une mission particulière, un service spécial dans l'Eglise, et ce service n'est accompli correctement que dans un total oubli de soi - elle aimait le mot "effacement" - et dans une disposition de servante à l'égard de la Parole de Dieu (Adrienne von Speyr et sa mission théologique, p. 29).

 

744. Esprit Saint

"Le Saint-Esprit, constate Balthasar, est une réalité que les philologues et les philosophes des religions comparées ignorent ou du moins mettre provisoirement entre parenthèses... Et lui-même, Balthasar, nous fait voir comment le Saint-Esprit lui-même les fait sauter (H. de Lubac, Un témoin du Christ dans l'Eglise. Hans Urs von Balthasar, p. 193).

 

745. Obscurités

Les psaumes d'abandon, les amères réflexions de Jérémie et de Job font partie de la Révélation... Ce sont des jalons sur la route qui mène à la croix. Mais ces assombrissements n'ont de sens que comme les ombres d'un tableau plein de lumière, c'est-à-dire dans l'image d'ensemble de la sollicitude et de la fidélité de Dieu envers son peuple et, par son peuple, envers l'humanité... Toute obscurité n'est telle qu'à partir d'une lumière antérieure, en droit impérissable (La prière contemplative, p. 326).

 

746. Dieu vivant

L'homme ne peut connaître le Dieu vivant que par la foi en Jésus Christ (Karl Barth, p. 219).

 

747. Une présence secrète

On ne doit pas mettre en doute la présence secrète de l'Esprit Saint dans les cultures préchrétiennes et postchrétiennes extrabibliques (Dramatique, p. 396).

 

748. Libre rencontre

Tout homme, pour devenir lui-même, dépend de la libre rencontre d'un autre, mais il ne saurait contraindre l'autre à se manifester; de la même manière, tout homme, avec sa nature foncièrement orientée vers le vrai et le bien absolus, a référence à l'automanifestation de Dieu, sans pouvoir pour autant l'exiger par lui-même (Dramatique, III, p. 125).

 

749. Le bien-être

Il y a une tiédeur générale consécutive au bien-être dans lequel vivent nos peuples riches (Tu couronnes l'année de tes bontés, p. 62).

 

750. La liberté

La particularité principale de l'Esprit Saint est sa liberté. Il interprète la figure mystérieuse de Jésus en direction de son être divin, de ses dimensions trinitaires... Il ne se laisse saisir d'aucune manière, pas même par des "méthodes" de prière "pneumatiques" (Catholique, p. 20-21).

 

751. Dépendance

Celui qui aime entre dans la dépendance de celui qui est aimé... Ainsi Dieu lui-même entre dans la dépendance de celui qu'il veut gagner. Quand le bon pasteur part à la recherche de la brebis égarée, il entre dans la dépendance de la brebis égarée... La faute de l'homme fait manquer Dieu lui-même. Quand l'homme manque Dieu, Dieu manque l'homme. Quand on se manque, on se manque à deux (D'après Péguy dans La gloire et la croix, II, 2, p. 333).

 

752. La voie de l'absolu

Personne ne fut jamais assez insensé pour proclamer que la voie de la douleur est la voie normale menant à Dieu, comme si un surplus de souffrance pouvait mettre sur la voie de l'absolu (De l'intégration, p. 71).

 

753. Désespoir

Si Jésus n'a pas sauvé le monde, il le laisse à son désespoir (Le complexe antiromain, p. 314).

 

754. Signe de l'amour

La perfection consiste pour le chrétien, par l'abandon total de soi, à choisir personnellement le choix singulier de Dieu à son endroit... L'indifférence ignatienne est le signe décisif de l'amour en tant qu'esprit de pure remise de soi à la disposition de l'Aimé qui devient la mesure de toute action... Signe de l'amour chrétien accompli : renoncer à disposer soi-même de sa vie (Une théologie des Exercices, p. 40-41).

 

755. Le célibat

"Si celui qui ne se marie pas n'est pas en lui-même plus parfait que celui qui se marie, le célibat est comme tel plus parfait que l'état de mariage" (Saint Augustin, cité dans un article de Communio, Mars-avril 1979, p. 15).

 

756. Non-sens

Lorsque notre vie devient difficile et nous semble une impasse, lorsque ce qui nous est demandé paraît trop lourd, lorsque les souffrances deviennent intolérables et que le destin qui nous est imposé paraît presque un non-sens : la croix de Jésus... (Tu couronnes l'année de tes bontés, p. 73-77).

 

757. La vie grise

La valeur chrétienne suprême ne consiste pas dans l'expérience de la transcendance, mais dans le fait d'assumer la vie grise de tous les jours dans la foi, l'espérance et l'amour (Nouveaux points de repère, p. 116).

 

758. Ne pas savoir

Nous sommes dispensés de croire que Jésus en savait ou en prévoyait plus que ce qu'il avait à réaliser activement. Si l'obéissance est la vertu fondamentale, ne pas savoir est peut-être plus important que savoir, dans la mesure où ce non-savoir permet un abandon de soi plus profond (Dans un article de la revue Communio, septembre 1977, p. 35).

 

759. Le roc

Il y a angoisse chrétienne avant la mission, lorsque l'âme est vidée, et à la rigueur, dans l'exercice de la mission, mais non pas au moment même où est donnée la mission : ici, nécessairement, règnent la clarté, l'assurance, l'accord. Le prophète qui se trouve devant Yahvé peut avoir peur avant sa mission, et sa mission peut comporter de l'angoisse; mais au moment où sa mission lui est donnée, l'angoisse lui est ôtée sans laisser de traces. L'acte par lequel la mission est donnée, et qui suppose l'indifférence totale, possède et garde pour celui qui est envoyé quelque chose du caractère du roc sur lequel est bâtie l'Eglise (Le chrétien et l'angoisse, p. 147).

 

760. Le serpent

Le Christ, "tueur du serpent, lui a tranché la tête sans plus faire attention au reste du corps : il a laissé ces contractions de la bête déjà morte pour donner à ceux qui viendraient après lui l'occasion de s'exercer"(Grégoire de Nysse cité dans Présence et pensée, p. 109).

 

761. S'abaisser

Ce qu'il faut d'humilité à Dieu pour s'abaisser dans la condition humaine (Dramatique, III, p. 96).

 

762. Une relation immédiate

La relation immédiate entre Dieu et l'âme ne peut jamais, pour le chrétien, faire abstraction du Christ et de l'Eglise (Une théologie des Exercices, p. 54).

 

763. Angoisse

L'angoisse, sans pitié, prend les hommes à la gorge. Elle remplit le cabinet du psychiatre, peuple les maisons de santé, fait monter le chiffre des suicides, dépose les bombes explosives, déclenche les guerres froides ou chaudes. - L'angoisse, on cherche à l'extirper des âmes comme une mauvaise herbe par une philosophie de l'espérance forcée, par la libre diffusion de tout excitant, par la captation de la tendance au nomadisme grâce à l'industrie du voyage, bref grâce à l'invitation à toute forme d'aliénation de soi (Catholique, p. 9).

 

764. Le service

Rien dans l'Eglise du Christ ne prospère si ce n'est dans l'amour mutuel de ses membres. Le membre ne peut pas accomplir son service s'il n'aime pas et s'il n'est pas aimé... Le ministère a un service particulier d'amour qui doit nous aider à adopter l'attitude particulière à chacun d'amour et de service (La vérité est symphonique, p. 64).

 

765. Le fardeau

Aimer, c'est imiter Dieu, rendre amour pour amour en prenant sur soi de façon désintéressée le fardeau d'autrui (Epître à Diognète, cité dans Dramatique, II, 1, p. 117).

 

766. Dieu vient à nous

Dieu vient à nous dans le Christ en une apparition sensible et humaine. (Dans E. Guerriero, Hans Urs von Balthasar, p. 238).

 

767. La barrière

Le croyant de l'Ancien Testament met tout son espoir en Dieu, mais l'accès au ciel lui est interdit. La barrière de la mort reste fermée, le mourant descend à la fosse (H.U.v.B. dans O. Boulnois [dir.], Je crois en un seul Dieu , p. 216).

 

768. Le besoin premier du pauvre

L'Esprit, c'est le souffle et la brise de Dieu qui "pousse" le pauvre et l'obéissant dans la direction et sur les chemins de la volonté et du commandement de Dieu (Ro 8, 14; etc.). C'est la réalité présente de Dieu en lui qui le pousse à la rencontre de l'avenir de Dieu dans une liberté divine (Jn 3, 8). C'est le besoin premier du pauvre et ce qu'il doit solliciter. Dieu ne peut pas plus lui refuser le Saint Esprit divin que des parents ne peuvent tendre à leurs enfants une pierre au lieu de pain, un serpent au lieu d'un poisson, un scorpion au lieu d'un oeuf (Lc 11, 11-13). Le pauvre qui prie reçoit infailliblement, non pas un bien terrestre (qui est "donné par surcroît"), mais le bien de Dieu (La nouvelle Alliance, p. 111).

 

769. Commencements

L'Eglise est le lieu où commence la conformation de l'humanité à la personne et à l'événement Jésus Christ (La nouvelle Alliance, p. 386).

 

770. Dieu n'est pas loin

A notre question inquiète : "Est-ce que j'aime Dieu?", l'Ecriture nous réplique : "Aimes-tu ton prochain? Qui n'aime pas son frère, qu'il voit, comment peut-il aimer Dieu qu'il ne voit pas?" Ainsi une chose est sûre : personne ne peut se tourner vers l'amour de Dieu par déception d'amour humain. Sinon, il tomberait sous le jugement de Péguy : "Parce qu'ils n'aiment rien, ils croient qu'ils aiment Dieu". Mais l'amour humain suffit-il à nous assurer de l'amour de Dieu? S'il s'agit d'un amour désintéressé, oblatif, alors Dieu n'est pas loin (Grains de blé II, p. 60).

 

771. Le berceau

"Le berceau est non moins profond que la tombe" (Le chrétien Bernanos, p. 432).

 

772. Le point central

Le Christ est le point central de tous les esprits doués de raison parce qu'il est leur vie (Nicolas de Cues cité dans De l'intégration, p. 303).

 

773. Tartuffe

N'y a-t-il pas chez tout clerc qui joue un rôle sacré un Tartuffe caché, si bien que le dévoiler soit oeuvre de vérité et d'honnêteté (Dramatique, I, p. 88).

 

774. Statistiques

Les qualités les plus essentielles des forces de l'Eglise échappent à toute statistique : la prière, la souffrance, l'obéissance dans la foi, la docilité, l'humilité. Comme l'échec a été le signe de l'existence terrestre de Jésus Christ, il devrait aussi être celui de l'Eglise terrestre. Aujourd'hui, aucun laïc ne peut plus commencer une phrase accusatrice en disant que "l'Eglise devrait" sans se demander en même temps s'il fait lui-même ce que l'Eglise devrait faire (Qui est chrétien?, p. 122-124).

 

775. Le drame

Le drame le plus profond du temps de l'Eglise n'est pas celui qui se joue entre l'Eglise et le monde (car le monde des nations est offert en attendant à l'Eglise comme champ de mission, et elle peut y faire mûrir des succès de toute espèce), c'est celui qui se déroule entre Israël et l'Eglise, là où Jésus et sa croix paraissent échouer, où le Prophète est méprisé dans son propre pays et où son représentant ne suffira pas à faire ce qui n'est pas fait (De l'intégration, p. 165).

 

776. Intimité

Dieu ne se laisse pas considérer du dehors d'une manière neutre; pour être saisi par lui, cela suppose qu'on soit admis dans la sphère sainte de l'Esprit, dans l'intimité sainte entre le Père et le Fils et que l'on participe à l'Esprit divin (Dramatique, II, 2, p. 402).

 

777. Le fou

L'homme n'est-il pas sorti des mains de Dieu pour retourner à Dieu? N'est-il pas au centre de lui-même lorsqu'il fait coïncider son centre avec le centre de Dieu? Seul celui qui est assez fou pour penser que Dieu est un "autre", un "deuxième", un "étranger", peut croire que l'homme qui s'en remet à Dieu puisse être pour lui-même un étranger (Hans Urs von Balthasar dans O. Boulnois, [dir.], Je crois en un seul Dieu, p. 383).

 

778. Le centre

Les hommes qui se sont remis de tout à Dieu sont aussi par Dieu complètement pris en charge et complètement accomplis. - Marie : son être et ses actes sont uniquement au service de son Fils. Il est au centre (Triple couronne, p. 111-112).

 

779. L'Envoyé

Jésus n'a pas besoin d'anticiper son propre destin final, c'est assez qu'il se sache envoyé, et il suivra jusqu'au bout la volonté de Dieu, cette volonté qui est ordonnée par elle-même au salut (Dramatique, III, p. 404).

 

780. La profondeur silencieuse

Le sacrement apporte sans paroles - quoique par la médiation de la parole de l'Eglise - la profondeur divine mystérieuse dans l'âme créée et l'ouvre silencieusement à cette profondeur silencieuse (Dieu et l'homme d'aujourd'hui, p. 231).

 

781. La mort aussi

La mort aussi est voulue et créée par Dieu (Dramatique, IV, p. 228).

 

782. Le rejet

L'Alliance entre Dieu et les hommes a été rompue plus radicalement que jamais par le rejet du Messie (Dramatique, III, p. 312).

 

783. Se donner

L'objet de la foi s'offre au moment précis et dans la mesure où l'homme, renonçant à saisir et à comprendre par lui-même, se donne et se livre à ce qui est à croire (La gloire et la croix, I, p. 217).

 

784. A titre privé

Aucun fidèle ne reçoit l'Esprit à titre privé, mais toujours en raison et en vue du Corps tout entier (Triple couronne, p. 108).

 

785. Les ténèbres de l'amour

Espérer pour tous : aussi n'a-t-on jamais le droit de désespérer du sort d'un pécheur, et cela vaut même pour Judas... Dans la Passion, le Fils doit souffrir pour tous ceux qui, sans lui, auraient mérité l'enfer. Bref les ténèbres du péché restent enveloppées dans les ténèbres de l'amour telles que le Fils les subit à la déréliction de la croix... Le jugement de la croix est définitif, mais le Seigneur attend le dernier jour pour en montrer le résultat (Dramatique, IV, p. 256-258).

 

786. Mozart

Il était magnifiquement libéré du désir ou du besoin maladif de se 'raconter' (Karl Barth, p. 60).

 

787. Une mère humaine

Une mère humaine est requise pour porter le mystère de Dieu fait homme et du Rédempteur du monde : une mère humaine, avec tous ses sentiments, ses expériences, ses joies et surtout ses souffrances maternelles (La gloire et la croix, I, p. 288).

 

788. Le coeur de l'homme

Drame de l'homme : il ne peut échapper à sa relation verticale à l'absolu, sans pouvoir la captiver magiquement pour l'enfermer dans sa propre finitude... La nostalgie de l'absolu est le coeur de l'homme... Si l'homme refuse Dieu, il ne trouve que lui-même affronté au temps et à la mort. L'existence de l'homme est alors pathétique : sans cesse confronté à la profondeur énigmatique de l'existence (Dramatique, p. 63-64).

 

789. Ouvrir l'homme à l'amour

De toute éternité, Dieu ne veut... qu'une seule et unique chose : ouvrir l'homme à son amour. C'est à cette fin qu'il a créé le monde (Karl Barth, p. 435).

 

790. L'Esprit

De même que lorsque deux personnes s'étreignent, la rencontre peut engendrer une vie nouvelle, il est permis d'affirmer que l'Esprit a pour origine l'amour que le Père et le Fils ont l'un pour l'autre. Mais on peut également dire que l'amour (l'Esprit) précède (logiquement, non pas chronologiquement) le Fils qui est précisément engendré en lui (H. Guerriero, Hans Urs von Balthasar, p. 298).

 

791. Une noce éternelle

Il a inventé la merveille de son eucharistie : il est en toi et tu es en lui. Une noce éternelle entre toi et lui, auprès de laquelle l'union de l'homme et de la femme n'est qu'une pauvre et courte ébauche. Sous ce voile du pain et du vin, il veut habiter parmi nous d'une manière vivante pour prendre part aux joies et aux souffrances des hommes (Le coeur du monde, p. 136).

 

792. La joie

Peut-être est-ce précisément la joie chrétienne dans toutes ses variétés que les hommes qui m'entourent ont surtout besoin de recevoir de moi. Qu'en reçoivent-ils si un individu de plus est désespéré avec eux? Que veulent-ils sinon une étincelle de foi en l'amour et en la lumière (L'engagement de Dieu, p. 135).

 

793. Foi et nuit

Toute obscurité n'est telle qu'à partir d'une lumière antérieure, en droit impérissable (La prière contemplative, p. 326).

 

794. Une communion

Le Fils nous entraîne dans sa communion avec le Père (Tu couronnes l'année de tes bontés, p. 128).

 

795. Mystère primordial

La communion est le mystère primordial selon lequel, par un acte libre d'amour, Dieu fait participer ce qui n'est pas Dieu à toutes les richesses de son amour... Tout est pure gratuité, mais la grâce suscite en réponse les oeuvres del'homme (Dramatique, II, 1, p. 106).

 

796. Sauver ce qui est perdu

Pour savoir comment Dieu sauve ce qui est perdu, il faut apprendre de lui que l'homme, son enfant, sa création, repose dans son Fils éternel (son Verbe éternel, sa Parole éternelle) et que Dieu, pour empêcher la rupture de son alliance et de son dialogue avec l'homme, lorsque l'homme les rompt lui-même, aime mieux laisser le coeur de son Fils éternel se briser sur la croix (De l'intégration, p. 244).

 

797. Eucharistie

Communier, c'est chaque fois consentir au Christ pour qu'il nous conforme à lui (La nouvelle Alliance, p. 264).

 

798. Le métier d'homme

L'homme n'aura pas fini d'apprendre son métier d'homme tant qu'il n'aura pas réussi à concilier, aussi parfaitement que possible, l'attitude qui le tient courbé vers la matière et l'attitude droite, le regard levé vers Dieu (Dieu et l'homme d'aujourd'hui, p. 124).

 

799. Le royaume de la vérité

Seul parvient à la foi pleine et, par là, à la véritable indifférence celui qui a laissé derrière lui l'angoisse du péché, et l'entrée dans le royaume de la vérité est nécessairement joie, consolation, lumière éblouissante (Le chrétien et l'angoisse, p. 145).

 

800. La vérité de l'homme

Le christianisme n'est pas seulement la vérité qui nous est transmise du ciel par un porte-voix humain : il est la vérité de l'homme (La prière contemplative, p. 183).

 

801. Une amitié lui fait défaut

Le P. Balthasar cite Guardini : "Pascal n'est pas un saint; son esprit inspire la crainte; sa ferveur est dévorante; il n'aime pas la nature ni l'art; il n'a aucun humour; une amitié lui fait défaut qui l'aurait apaisé" (Romano Guardini, p. 76).

 

802. Langage secret

Toute parole de Jésus avant la croix et la résurrection est essentiellement parabole, langage secret qu'on ne déchiffre pas ou pas complètement. Ce n'est que la croix et la résurrection qui peuvent expliquer ce qui est caché dans toutes les paroles de Jésus durant sa vie terrestre... L'horizon de fin du monde qui, pour le Christ, était sa mort, devient pour l'Eglise l'horizon du retour du Christ... Pour Jésus, la croix est la fin du monde et son au-delà est la parousie (La nouvelle Alliance, p. 290-299).

 

803. Un livre d'enfants

Dieu s'est abaissé jusqu'à écrire un livre d'enfants à notre usage : la Bible. (A propos de Hamann, protestant allemand du XVIIIe siècle, dans La gloire et la croix, II, p 142).

 

804. La faillite

Les disciples étaient en pleine faillite (avec la mort de Jésus). La résurrection de Jésus est venue tout remettre en ordre dans leur esprit (Nouveaux points de repère, p. 152).

 

805. Ascension

L'événement de l'Ascension sert à rendre sensible la limite et à rendre évidente la transcendance verticale du temps. L'aspect terrestre du Christ devient flottant, on peut suivre sa course sur une certaine distance, puis il est voilé aux regards. Les yeux restent fixés au ciel à cause du mouvement ascendant... Mais déjà la réalité céleste personnifiée par les anges se tient sur le sol, à côté des spectateurs, et rappelle ces hommes extasiés à leur devoir terrestre. La nuée est deux choses à la fois comme au Thabor et dans l'Ancien Testament : l'apparition et le voile flottant de la splendeur divine, la manifestation à travers le voile, présence assurée à travers l'absence visible, initiation sensible à la transcendance insensible... Le Verbe de Dieu disparaît en bénissant les assistants : pour la dernière fois après Pâques, il se donne en se retirant, il se laisse saisir tandis qu'il s'échappe. Le regard fixé vers le haut devient de lui-même une adoration, et c'est même ici que toute adoration et toute contemplation ont leur fondement et leur patrie... Par suite, l'organe contemplatif de la foi est triple : la vision, la cessation de la vision, le prolongement de la vision dans la non-vision, dans l'adoration prosternée. Et cette vision débouche dans la joie du devoir terrestre : jusqu'aux extrémités de la terre ou dans le temple pour louer Dieu (Lc 24, 53) (De l'intégration, p. 300-301).

 

806. Humiliation

L'incarnation est pour Dieu plus humiliante que la croix (Louis de Grenade cité dans Le mystère pascal, p. 30).

 

807. Athéisme moderne

Le phénomène effrayant de l'athéisme moderne pourrait être, entre autres choses, une disposition de la providence pour ramener de force la chrétienté à une manière plus haute de penser Dieu (Dieu et l'homme d'aujourd'hui, p. 196).

 

808. Celui qui nous appelle

L'Esprit Saint est celui qui console, qui réconforte, qui encourage, qui persuade, qui exhorte, qui réveille, qui anime, qui incite, qui presse de la voix; ce que l'éperon et l'injonction sont pour le cheval, ce que l'applaudissement est pour l'orateur, ce que la trompette est pour le soldat, le Paraclet l'est pour l'âme : celui qui nous appelle (Hopkins cité dans La gloire et la croix, II, 2, p. 265).

 

809. Voilà la preuve

Le vrai jugement qui sépare les brebis des boucs en mettant la foi et l'incrédulité en plein jour, c'est la croix... La volonté de l'homme est toujours inquiète et préoccupée de se maintenir. La volonté divine la libère du souci et de la prévoyance. Tant que l'homme agit, il n'est pas encore prouvé par l'expérience qu'il obéisse à Dieu dans son action. L'obéissance dans la souffrance, voilà la preuve. Expérience qui est une entrée dans l'immensité de Dieu : elle ne peut être remplacée par rien. Le Christ lui-même apprit de ce qu'il souffrit, l'obéissance (He 5, 8). Différence essentielle chez l'homme entre savoir et apprendre à connaître, surtout en ce qui concerne la foi. L'épreuve fait partie du contenu fondamental de l'Ecriture. Dieu lui-même n'est "sûr" de l'homme, pour ainsi dire, que lorsqu'il l'a fait passer au creuset comme l'or dans la fournaise (Qui est chrétien?, p. 71-72).

 

810. Une Parole puissante

Dieu... s'est manifesté depuis longtemps à l'homme dans une Parole si puissante et si compréhensive qu'elle ne peut absolument pas devenir du passé, mais continue à retentir comme présente à travers tous les temps (La prière contemplative, p. 10).

 

811. La liberté gratuite de l'amour

La vie commune de deux personnes qui s'aiment reste jusqu'au bout tentative, essai, marche à la rencontre de l'autre, à la condition que chacun préserve la liberté de l'autre. Malheur à celui qui voudrait, par quelque ruse que ce soit, arracher à l'être aimé son ultime secret! Non seulement il n'y parviendra pas, mais il ne réussira en fin de compte qu'à faire mourir l'amour. Seul ce qui est offert dans la liberté gratuite de l'amour a valeur de révélation (Points de repère, p. 29).

 

812. Une seule chair

L'Eglise devient une seule chair avec le Christ dans l'eucharistie (Triple couronne, p. 112).

 

813. Privilège perdu

Le péché originel est la perte des rapports réciproques d'amour qui existaient entre Dieu et l'homme. L'homme n'a plus la possibilité de "devenir enfant de Dieu'"(Jn 1, 12), mais il ne veut pas et ne peut pas y renoncer. Car il est destiné à participer à la vie divine, et il a perdu ce privilège quand il chercha à posséder sans Dieu ce qu'il ne pouvait avoir que par Dieu et en Dieu. Ainsi se prolonge nécessairement le péché qui a eu lieu une fois. L'homme s'efforce de reconquérir par ses propres moyens son privilège perdu. Il se passe là ce qui se passe dans les relations entre humains : l'offenseur ne peut pas arracher son pardon à l'offensé; et plus il cherche à l'obtenir de force par des actions pressantes, plus il enfreint la loi de l'amour réciproque. L'homme ne peut pas cesser de se chercher religieusement, pour tirer de lui-même un ordre harmonieux du monde dans lequel Dieu aussi est reconnu à sa vraie place; mais tout cela par les forces propres de l'homme qui refuse de reconnaître son impuissance totale à restaurer son rapport avec Dieu hors de la grâce de Dieu (De l'intégration, p. 216-217).

 

814. Comprendre

Je crois, mais je désire comprendre. (D'après saint Anselme dans E. Guerriero, Hans Urs von Balthasar, p. 245).

 

815. Embrasser

Se tenir prêt à embrasser la volonté divine, sous quelque forme qu'elle se manifeste (Une théologie des Exercices, p. 47).

 

816. Révélation infinie

L'Esprit de Dieu souffle toujours d'une manière vivante dans l'Eglise, et il découvre des aspects toujours nouveaux de la révélation infinie... L'Esprit Saint est à l'oeuvre à travers tous les temps pour interpréter de manière vivante la révélation du Christ consignée dans l'Ecriture (Thérèse de Lisieux, p. 15-17).

 

817. Comprendre

Jésus Christ n'est intelligible que comme sommet d'une histoire totale du salut, qui part d'Adam, Noé et Abraham, accompagne l'histoire du monde et de l'Eglise, et se prolongera jusqu'au dernier jour (La prière contemplative, p. 65-66).

 

818. Chercher

Le Dieu de la révélation chrétienne est à ce point immense que, trouvé, il est encore à chercher. (Saint Augustin cité dans Simplicité chrétienne, p. 116).

 

819. Notre compétence

Garder une conception naïve de la double issue de l'histoire de l'humanité (ciel ou enfer) ou s'ériger en contradicteur absolu de cette représentation, c'est s'exposer au danger de penser l'eschatologie en spectateur externe et non pas selon le point de vue de la personne concernée... L'appréciation de l'endurcissement effectif d'un homme, sa résistance au Christ, n'entre pas dans nos attributions, elle dépasse notre compétence, malgré tous les signes extérieurs contraires (W. Kreck cité dans Dramatique, IV, p. 273).

 

820. Eloignement de Dieu

Il n'est pas étrange que les disciples, même après la résurrection, n'aient pu comprendre que lentement le sens de la croix... Jésus a su d'avance sans aucun doute que sa volonté d'aider les hommes éloignés de Dieu à revenir à Dieu allait être prise terriblement au sérieux, qu'il devrait à leur place éprouver jusqu'au bout cet éloignement de Dieu et même cette éclipse totale de Dieu, pour les en retirer et faire passer de lui à eux sa propre intimité avec Dieu (Aux croyants incertains, p. 80-82).

 

821. Affreux complexe

"On ne trouvera chez lui (Hans Urs von Balthasar) aucune trace de cet affreux complexe d'infériorité qui semble ronger aujourd'hui, dans certains milieux, tant de consciences chrétiennes, tel un cancer" (Henri de Lubac, Paradoxe et mystère de l'Eglise, p. 192-193).

 

822. Chef d’œuvre

"... comme le dit Hans Urs von Balthasar dans un chapitre brûlant de son petit chef d'oeuvre lyrique, 'Le coeur du monde'..." (Cardinal Barbarin dans Bernheim-Barbarin, Le rabbin et le cardinal, p. 126).

 

823. L'amour infini est pauvre

On perçoit ici tout ce qui est caractéristique de Luc : l'amour sans limite de Dieu, tel que Jésus le révèle et le présente, est pauvre. Non pas seulement doux et humble (comme chez Matthieu), mais sans force. Le père, dans la parabole, "est contraint" de laisser partir le fils cadet et ce n'est que lorsque celui-ci arrive à la fin de ses aventures que la fête du grand pardon peut être célébrée (Lc 15, 11-32) (La nouvelle Alliance, p. 304).

 

824. L'homme sans défense

(Il m'est demandé) le courage de dire oui à toute parole de Dieu qui peut concerner ma vie... Plus l'homme est sans défense, plus il est ouvert sur Dieu et pour Dieu, plus la force de Dieu peut se répandre et habiter en lui (Le chrétien et l'angoisse, p. 152-153).

 

825. La technique

Aucune technique ne saurait arracher à Dieu la moindre parole de révélation; il ne la profère qu'avec une liberté souveraine et attend de celui qui la reçoit le oui simple de la foi (Simplicité chrétienne, p. 87).

 

826. Certitude vivante

Il n'y a que l'Esprit Saint qui peut donner la "certitude vivante" au sujet de Dieu... Il y a le témoignage intérieur de l'Esprit... Le vrai témoin, c'est l'Esprit. Il fait signe vers le Christ. Il s'efface pour ainsi dire devant le Père et le Fils (L'Esprit de vérité, p. 139).

 

827. Tout devient incompréhensible

Si on supprime la résurrection, ce n'est pas un point qui devient incompréhensible de la vie terrestre de Jésus, c'est absolument tout... Si l'on écarte du Christ sa dimension trinitaire, tout devient incompréhensible (La gloire et la croix, I, p. 394-395).

 

828. Le fondement mystérieux

Dieu est le fondement mystérieux dont nous sommes issus sans qu'on nous ait demandé notre avis et auquel nous finirons par retourner (Les grands textes sur le Christ, p. 90).

 

829. L'échec

Comme l'échec a été le signe de l'existence terrestre de Jésus Christ, il devrait être aussi celui de l'Eglise terrestre... Les qualités les plus essentielles des forces de l'Eglise échappent à toute statistique : la prière, la souffrance, l'obéissance dans la foi, la docilité, l'humilité (Qui est chrétien?, p. 122-124).

 

830. Le gros porc

L'existence sur le tas d'ordures peut amener certains à réfléchir... L'évêque Schubert, de Roumanie, autoritaire, arriviste, était en prison appelé "gros porc" par les surveillants, qui frappaient en ricanant son ventre bien nourri. Le déclic se fit. Il devint en geôle ce que d'innombrables méditations n'avaient pas réussi à faire : un frère sincère du codétenu bafoué. Les exemples sont innombrables qui illustrent ce type de conversion à la fraternité chrétienne seulement et précisément dans l'épreuve de la souffrance (Nouveaux points de repère, p. 371).

 

831. Une voie inespérée

Dieu se révèle à l'homme en vertu de sa propre initiative divine libre... Et c'est seulement en présence de l'Amour absolu que l'homme est amené à sa vérité et, par là, à son intelligibilité... L'homme ne peut se comprendre sans l'acte libre de Dieu qui se révèle... Dieu n'est jamais tout à fait extérieur à l'homme... Le christianisme a dévoilé à l'homme une voie inespérée vers son achèvement qui, en dehors de Dieu, avait toujours échoué; mais c'est une voie qui a comme présupposé la foi en la résurrection du Christ et contrarie ainsi la raison, les conviant à un duel sans cesse renouvelé (De l'intégration, p. 89-90).

 

832. Une réponse aux questions que tous se posent

Il est venu d'en haut pour donner ici-bas une réponse aux questions que tous se posent, il est capable de donner au fini le poids total de l'éternité. Il peut communiquer à tous quelque chose de ce poids d'éternité et de cette plénitude de valeur en face de Dieu... Ou bien l'homme se réjouit de la lumière de Dieu ou il se lamente sur sa finitude... La mortalité n'est pas la fin de tout (Dramatique, III, p. 117).

 

833. L'interprète du Fils de Dieu

L'Esprit est avant tout l'interprète du Fils de Dieu. ("C'est de mon bien qu'il prendra pour vous en faire part" Jn 16, 14); il l'accompagne dans sa mission : à sa naissance, à son baptême, sur la croix; mais c'est seulement quand l'oeuvre du salut est achevée qu'il entre pleinement en action, qu'il peut l'exposer dans sa profondeur et son unité (E. Guerriero, Hans Urs von Balthasar, p. 299).

 

834. Ce que Dieu veut de moi

Je ne sais jamais par moi-même de façon certaine ce que Dieu veut de moi, je ne peux en faire l'expérience que dans le cadre de l'Eglise et dois me mettre à son écoute, me conformer à ses indications, parce qu'elle est la colonne et la base de la vérité (1 Tim 4, 15) (Points de repère, p. 170).

 

835. Pas encore acclimaté au ciel

Le contemplatif abandonne au Verbe le soin de choisir en quel état du Verbe (comme un mort ou comme un ressuscité, qui vit encore sur terre ou qui a déjà son être dans le ciel) celui-ci veut le transporter au cours du pèlerinage qu'est la vie terrestre : vie pendant laquelle il est dépaysé du monde et pas encore acclimaté au ciel (La prière contemplative, p. 329).

 

836. Tomber aux mains du Dieu vivant

Il me semble naïf et superficiel de vouloir simplement supprimer tout ce qui est dit du jugement de Dieu dans la Bible (Ancien et Nouveau Testament)... Le jugement de Dieu est inexorable sur tout ce qui n'est pas conforme à la sainteté et à l'amour divin. La colère de Dieu et son amour en fin de compte ne font qu'un. Chose effroyable que de tomber aux mains du Dieu vivant quand le Seigneur jugera son peuple (He 10, 30-31). Chose effroyable pour ceux qui ne veulent pas lui appartenir car, pour les autres, qu'y a-t-il de plus beau que de tomber aux mains du Dieu vivant?... Lacroix est un jugement qui tombe sur le péché qui est la réalité anti-divine du monde. Le Christ a été fait péché : non pas punition d'un innocent à la place des coupables, mais concentration volontaire en Jésus de tout ce qui en ses frères s'oppose à Dieu. (Substitution : pro nobis). Prise en charge de notre faute... Au centre de la croix : sans aucun doute l'expérience du délaissement par Dieu, expérience du péché livré aux mains de la justice divine, au feu de la sainteté de Dieu. Pour que le Christ puisse connaître ce rejet, il a dû en quelque sorte s'identifier avec le péché des autres. Le Christ ne veut plus distinguer entre lui-même, l'innocent, et ses frères coupables. Spontanéité souveraine de Jésus qui prend sa croix sur lui (Lc 8, 23; 14, 27), croix dont le poids est sans proportion avec ses seules forces humaines. Elle l'écrasera, et plus spirituellement que corporellement (Au coeur du mystère rédempteur, p. 33-36).

 

837. Un égoïste qui ramène tout à sa propre gloire?

Si l'incompréhensible "folie" de Dieu est au centre de la révélation, que seront alors les dogmes sinon autant de garde-fous qui surveillent l'intégrité du mystère? On pourrait les multiplier à loisir, on pourrait aussi - et ne serait-ce pas par hasard l'avenir de la théologie dogmatique? - les simplifier, les faire coïncider et se pénétrer mutuellement puisqu'ils ne sont que des illustrations variées d'un seul et même mystère. Nous croyons que Dieu est un en trois personnes, car s'il n'était pas en lui-même l'amour absolu, il ne serait qu'un égoïste qui ramène tout à sa propre gloire, ou alors, s'il devait aimer le monde, il en dépendrait et cesserait d'être Dieu. La croix du Seigneur est l'apparition chez nous de ce Dieu si dissemblable à nous dans son amour abyssal, et l'histoire ne rétrécira pas cet abîme, au contraire, elle le fera voir et valoir (Le Christ à venir, p. 229-230).

 

838. Dieu n'a pas à avoir honte de sa création

L'existence en définitive est digne de confiance parce que son fondement est l'Amour éternel lui-même, qui est plus fort que la mort. Dans la résurrection du Christ, sa Passion apparemment vaine pour le monde est assumée sous la forme de stigmates dans la gloire du Père; mais, avec les stigmates, sont assumées aussi les callosités de ses mains de charpentier et toutes les blessures spirituelles qui furent infligées à son âme par son expérience terrestre. C'est ainsi que toute l'humanité, avec sa vanité et tous ses efforts, est glorifiée et justifiée auprès de Dieu par la glorification de Jésus. C'est alors seulement que Dieu n'a pas à avoir honte de son oeuvre de création dont le compte ne peut tomber juste qu'ainsi (Retour au centre, p. 139).

 

839. Parler de Dieu?

Ne vaut-il pas mieux, en fin de compte, renoncer à réfléchir sur Dieu et à parler de lui s'il reste toujours l'Inconnu même et surtout lorsqu'il se révèle? Nous n'en avons pas le droit puisqu'il est venu à nous à travers des événements - qui ont atteint leur point culminant en Jésus Christ - avec une puissance (ou une impuissance) où il se montrait tellement soucieux de se livrer, de ne pas s'imposer, de nous appeler, que nous pouvons comprendre une chose : il veut exister pour nous, nous cacher dans les profondeurs de son propre amour divin. Jésus nous apprend à nous adresser à cet amour comme à un Toi... Nous pouvons et devons nous livrer inconditionnellement à lui, c'est ce qu'exige de nous l'ensemble de la Bible avec une insistance croissante, et l'exigence est légitime à cause de la preuve que Dieu a manifestée de son amour pour le monde  (Points de repère, p. 28).

 

840. Une certitude

Un seul est revenu de la mort et il apporta avec lui, du royaume des morts, l'espérance pour tous, la certitude de la vie éternelle... Il est venu alors qu'aucun de ses disciples ne croyait le moins du monde à une telle possibilité. Et il les admonesta même à cause d'un tel manque de foi... Ce que Jésus apporte? Il apporte justement ce dont nous avions besoin bien que nous ne sachions pas comment y parvenir : la vie continue mais ce n'est pas simplement la continuation de la vie ancienne... Continuer de vivre, mais pas non plus une vie totalement nouvelle et autre (Tu couronnes l'année de tes bontés, p. 87).

 

841. Communion des saints

La communion des saints n'est rien d'autre que le plein pouvoir qu'a tout être qui aime de transmettre à d'autres qui en ont besoin ce qu'il possède en propre des dons divins (Triple couronne, p. 120).

 

842. Précision

La Parole que Dieu adresse à l'homme est précise, et l'obéissance attendue devrait être tout aussi précise, et non pas vague et approximative (Adrienne von Speyr et sa mission théologique, p. 69).

 

843. Une prétention inouïe

On ne peut se représenter de manière assez universelle et radicale la prétention de Jésus. L'évangile nous montre qu'il a une conscience incomparable de sa mission... la conscience de sa position centrale dans l'histoire du monde et du salut. Il inclut en lui toutes les personnes du drame du monde, lui qui est la tête du Corps composé de membres vivants, personnels... Il demande des disciples et il offre aux hommes de devenir ses disciples, tandis que lui-même n'est le disciple de personne. Celui qui donne sa vie pour lui la gagnera (Mt 10, 39). Alors que Dieu, dans l'Ancien Testament, promet le repos pour les coeurs des hommes (Jr 6, 16), Jésus le promet auprès de lui à tous ceux qui peinent sous le fardeau (Mt 11, 29). C'est d'après son comportement envers Jésus que se décidera pour chaque homme son destin final (Mc 8, 38). Lui-même sera le Juge du monde à la fin des temps (Mt 25, 31 ss.). Tandis que tout dans le monde est périssable, l'homme qui s'appuie sur la parole de Jésus bâtit sa maison sur le roc (Mt 7, 24). Et voici la déclaration la plus forte, à peine concevable : "Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point" (Mc 13, 31). Et Jésus prévoit que son message et sa mise en avant de lui-même provoqueront le scandale et il le ressent de plus en plus jusqu'à pressentir sa crucifixion. Ceci montre qu'il avait conscience de dire et de faire ce qui est inouï, incroyable, indésirable... Il se plaçait au centre en vertu de sa mission d'attirer à lui tous les hommes (Dramatique, II, 2, p. 22).

 

844. Le nouveau-né

La pensée ultime, et donc aussi la pensée première, du Créateur lorsqu'il envisagea le monde et l'homme fut la "récapitulation" (Saint Irénée, saint Paul) de tous les êtres terrestres et célestes sous un seul Chef, le Christ (Ep 1, 10). Créer l'homme, pour Dieu, c'est se pencher avec un amour personnel infini sur cette créature nouveau-née pour lui insuffler cet amour et susciter sa réponse, un peu comme fait une mère qui, de la force personnelle de son coeur, éveille dans son enfant une réponse d'amour comme une véritable création (De l'intégration, p. 98).

 

845. La mort comme suprême parole

Au centre de toutes les paroles divines adressées aux hommes se tient le Fils unique... Mais au centre de cette parole unique il y a la mort, dans laquelle la parole du Fils devient un cri puis disparaît. Cette non-parole est une super-parole, le mouvement le plus haut et le plus mystérieux de Dieu envers l'homme (La nouvelle Alliance, p. 79-80).

 

846. Réaliser l'impossible

Dans la kénose du Fils, sa "forme divine" reste comme "en dépôt" auprès du Père, à la fois comme gage de sa fidélité à la volonté du Père et, pour le Père, comme rappel de la profondeur avec laquelle lui-même s'est engagé dans l'aventure du monde. Dans cette sorte de tension entre l'éternité et le temps, Dieu ne s'est pas aliéné lui-même, mais il est plus que jamais présent à lui-même, car il accomplit ainsi le libre engagement dans lequel il est entré par la création. C'est comme s'il avait fait avec lui-même le pari de réaliser l'impossible : créer des libertés autonomes sans pour autant les laisser se perdre.(Article Kénose dans le Dictionnaire de spiritualité, 8, 1711).

 

847. Le désert

Tout homme qui veut vivre chrétiennement doit d'abord être mort avec le Christ dans la relation immédiate à Dieu. C'est pourquoi les envoyés de Dieu viennent toujours de quelque manière du désert. Le Christ vient de trente ans de vie cachée, de quarante jours de combat au désert dans la relation immédiate avec Dieu. Le Baptiste vient du désert, Paul vient de trois années passées en Arabie... Et celui qui, fatigué et découragé par le bavardage vide de prière, si fréquent dans la chrétienté actuelle, sort comme Elie dans le désert, peut se trouver soudain devant l'Horeb, la montagne de Dieu, où il a le droit de rencontrer Dieu directement pour être envoyé à ses frères avec de nouvelles missions (Nouveaux points de repère, p. 47).

 

848. Fuir naïvement la croix

L'Eglise inscrit dans son programme d'action la construction positive du monde, mais d'autres s'en occupent de façon beaucoup plus efficace, et ce n'est qu'à contrecoeur qu'elle doit se plier au programme et à la volonté du véritable Seigneur de l'Eglise qui veut que la récolte cachée soit promue beaucoup plus par ses souffrances, ses échecs, son portement de croix, que par les entreprises bien intentionnées des chrétiens, qui fuient naïvement la croix. Pour l'Eglise, être en croix ne veut pas dire célébrer la croix comme un événement passé ou la conserver en elle comme un principe dont elle dispose librement, mais être placée dans une contradiction qui, historiquement, est inéluctable (De l'intégration, p. 165).

 

849. Dialogue de sourds

Un dialogue avec des non-croyants, ne reconnaissant pas la figure de Jésus dans son humanité, est de soi impossible. Jésus lui-même a avec ses adversaires un dialogue de sourds (Cf. Jn 8-9) (Théologique, 2, p. 74-75).

 

850. La liberté de Dieu

Dieu prouve sa liberté en se révélant. Et il se révèle comme libre et personnel. Ce faisant, il révèle le sens d'éternité de l'être humain. Dieu se révèle d'une manière scandaleuse par le libre choix d'un peuple exclusif des autres). Dans la nouvelle Alliance, l'exclusivité n'est pas supprimée bien que maintenant la totalité des "peuples" soit conviée à entrer dans l'Alliance. Cette Alliance est exclusive maintenant justement parce qu'elle inclut tous les peuples. Dieu est toujours celui qui choisit souverainement dans l'amour (et il choisit tout le monde). Et il garde pour lui, comme son secret d'amour, sa manière mystérieuse d'inclure tous les peuples, et donc toutes les philosophies et toutes les religions, dans son Alliance exclusive (De l'intégration, p. 198-199).

 

851. L'immensité du ciel

Dire que la révélation objective est close avec la fin des temps apostoliques signifie le caractère définitif, insurpassable, de la Parole divine proférée en Jésus. "Mes paroles ne passeront pas". La plus importante de ces paroles étant la parole en acte de sa croix et de sa résurrection. Cependant la Parole définitive de Dieu est si profonde qu'elle creuse l'espace où peut se faire entendre son silence, de même que les astres révèlent l'immensité du ciel nocturne (Dramatique, II, 1, p. 87-88).

 

852. Prier de tout son être

Sainte Marie, Mère de Dieu, prie pour nous pécheurs, non avec des paroles, mais avec ton être même (Triple couronne, p. 63).

 

853. Chercher le perdu

Pour la créature douée de liberté, il y a la possibilité de périr. Et le Père fait don de son Fils pour qu'il aille vers en bas chercher le perdu jusque dans la mort et l'enfer (Les grands textes sur le Christ, p. 154).

 

854. Dialogue

Même si l'homme reste muet en face de Dieu, cela ne change rien au fait que le fondement de sa nature, qu'il le veuille ou non, soit engagé dans un dialogue avec Dieu (Dramatique, p. 92).

 

855. Pauvreté

Est pauvre celui qui n'a pas encore reconnu Dieu (A propos de Hölderlin dans La gloire et la croix, IV, 3, p. 106).

 

856. La rose

La rose est sans pourquoi, elle fleurit parce qu'elle fleurit, elle n'a pas souci d'elle-même, ni ne désire être vue (Angelus Silesius cité par Heidegger, dans La gloire et la croix, IV, 3, p. 187. ).

 

857. La mission

Tout chrétien a une mission. Tout chrétien doit vivre son existence comme une mission. Et on ne peut pas s'attribuer à soi-même cette mission, on doit la recevoir de Dieu. Et toute mission reçue est au profit de l'Eglise et de l'humanité. Et il faut se rappeler qu'en chacune de ses phases, une mission dépend de celui qui la donne, qu'elle peut toujours être transformée, et que l'acte de disponibilité immédiate envers Dieu ne peut jamais devenir du passé (Nouveaux point de repère, p. 45).

 

858. La gloire de Dieu

La gloire de Dieu, c'est l'amour éternel qui rayonne de la croix et de la résurrection (Cordula, p. 100).

 

859. La puissance et l'impuissance

Dieu est venu là où personne ne l'attendait. Il n'est pas venu au-devant des spéculations des sages et des docteurs et des religions, il n'est pas venu dans la gloire, le tonnerre et la tempête ; il est venu là où personne ne l'attendait : dans la chair qui est faiblesse. C'est elle que Dieu choisit pour exprimer la puissance et l'impuissance de Dieu qui assume tout ce qui est faible et transitoire (E. Guerriero, Hans Urs von Balthasar, p. 298).

 

860. La grisaille

La plus grande partie de la vie des saints est grisaille quotidienne (Triple couronne, p. 118).

 

861. Le monde sans Dieu

Que se passe-t-il quand l'homme organise le monde sans Dieu? C'est le collectivisme ou le nazisme, ou le culte du dictateur. On sacrifie l'existence individuelle à l'humanité collective. Il faut que les gens meurent aujourd'hui pour des lendemains qui chantent (Cf. Dramatique, II, 1, p. 35).

 

862. L'Inconcevable

Par sa "Parole", dans sa révélation surnaturelle, Dieu a la puissance étonnante d'exprimer son altérité abyssale d'une manière intelligible et appropriée au monde, donc sans cesser d'être l'Inconcevable (La nouvelle Alliance, p. 232).

 

863. Dialogue

On ne devrait jamais souffrir dans un dialogue une parole qu'on jugerait déplacée dans la prière (Points de repère, p. 205).

 

864. Enfer

Péguy avait quitté l'Eglise parce que le dogme d'un enfer éternel lui paraissait intolérable. Péguy : "Il faut se sauver ensemble. Il faut arriver ensemble chez le bon Dieu... Qu'est-ce qu'il nous dirait si nous arrivions... les uns sans les autres?" (La gloire et la croix, II, 2, p. 308.314).

 

865. Trajectoire

La trajectoire de l'homme créé, qui commence en Dieu, peut ensuite s'éloigner de lui; elle est capable de retourner à Dieu dans la mort : parce qu'elle est engagée dans la trajectoire du Fils incarné (Dramatique, IV, p. 277).

 

866. Théophanies

La théophanie du Baptême au Jourdain ainsi que celle du Thabor sont la manifestation publique, dans son aspect visible et corporel, de sa dignité de Fils éternel de Dieu, de sa relation au Père, dont la voix retentit et le désigne; et aussi de sa relation à l'Esprit qui descend sur lui ou l'enveloppe en rayonnant comme gloire de Dieu (La gloire et la croix, I, p. 168).

 

867. La nourrice

Voilà la sagesse éternelle qui scrute les profondeurs de la divinité et qui, engendrée avant l'étoile du matin, a formé le plan de tous les mondes et de toute leur histoire, de tous les destins et de tous les cheminements des êtres, et voyez maintenant comment elle se met à balbutier et à s'exprimer à la manière d'une nourrice, comment elle raconte de petites histoires, des histoires "vraies", qui peut-être même sont réellement arrivées : "Il était une fois un homme qui avait deux fils..." Et les enfants écoutent attentivement, ils applaudissent et réclament : encore une histoire (Le coeur du monde, p. 60)!

 

868. Une évidence insurpassable

On ne peut pas prouver la résurrection de Jésus. Ce qui peut être prouvé, c'est uniquement la conviction des témoins et de l'Eglise primitive... Cette manifestation du Ressuscité à eux, hommes mortels, à eux qui l'avaient connu avant sa mort, était si vivante que, pour ceux à qui elle fut donnée, elle devait tenir lieu de preuve au sens d'une évidence objective insurpassable (Le mystère pascal, p. 223).

 

869. La colère de Dieu

Le mystère de la rédemption dans l'Apocalypse : la colère de l'Agneau est aussi grande que celle du Père. Mais pour réconcilier le monde avec Dieu, il boit au mont des oliviers la coupe de la colère de Dieu, jusqu'à la lie, souffre de la peur de la mort et l'absence de Dieu qu'éprouvent les pécheurs, se charge de toutes les fautes de ses frères, les hommes, et met ainsi fin à la colère de Dieu (L'Apocalypse, p. 47).

 

870. Le chemin de l'insouciance

Aucun chrétien n'a le doit de tourner le dos à la croix, ni de prendre le chemin de l'insouciance comme si le drame qui s'est déroulé au Golgotha ne le concernait plus (E. Guerriero, Hans Urs von Balthasar, p. 197-8).

 

871. Le Père invisible

Il fallait que le Père demeure invisible pour que l'homme n'en vînt pas à mépriser Dieu et qu'il eût toujours vers quoi progresser. Mais le Père invisible se rend visible dans le Verbe qui est son Fils et qui nous le fait connaître comme Père aimant et Créateur de toutes choses (Saint Irénée cité dans Dramatique, II, 1, p. 119).

 

872. La prière non exaucée

La volonté humaine de Jésus pouvait se heurter à une limite imposée par la volonté du Père, comme dans la prière à Gethsémani, et ceci se marque dans la formulation au conditionnel : "s'il est possible". Mais Jésus se plie d'emblée à cette limite : pour sa volonté absolue d'obéissance, là où il surmonte sa propre volonté humaine, il n'existe aucune sorte de limite. - Or quelque chose d'analogue peut arriver à celui qui a la foi animée par la charité; s'il lui est permis de pénétrer par la prière dans les profondeurs de la volonté de Dieu et de lui "arracher" des choses qu'un autre croyant, moins filialement abandonné, n'aurait pas obtenues, il peut aussi se heurter à une limite d'ailleurs imprévisible : alors il éprouve qu'un bien particulier ne peut lui être accordé en raison d'un bien plus important. Mais pas plus pour le croyant qui prie que pour le Fils, cette expérience négative ne s'interprète comme une fin de non recevoir ou un refus : c'est un fait (Dramatique, II, 1, p. 259).

 

873. La mort de Marie

On ne peut certainement pas douter que Marie eut réellement une mort humaine et ne fut pas directement transférée d'un état terrestre à l'état céleste. Même si la mort, comme nous la connaissons aujourd'hui, est venue dans le monde par le péché, le Christ a pourtant assumé cette mort du pécheur pour la pacifier du dedans et la transformer en un acte de libre abandon au Père... - Si le pécheur est contraint en mourant de remettre son esprit dans les mains de son Créateur et Père, Marie a depuis longtemps consenti à cet abandon. Que la vie terrestre lui soit enlevée, ce n'est dans son esprit que la dernière forme de l'acceptation : "Qu'il me soit fait selon ta parole". C'est pourquoi il convient d'invoquer la Mère justement pour cette heure décisive de notre passage : "Maintenant et à l'heure de notre mort". Depuis son premier oui, elle a chaque jour passé à Dieu en une sorte de mort, elle s'est tellement entraînée à l'acte de la remise de soi-même qu'elle est devenue en quelque sorte la grande experte de la mort chrétienne. Elle a vécu dans un constant passage de la vie en soi-même à la vie en Dieu (Triple couronne, p. 114).

 

874. Chercher à comprendre

La foi est toujours obéissance même lorsqu'elle cherche à comprendre... Et ce n'est que par la foi que nous comprenons (Karl Barth, p. 61. 90).

 

875. La grâce de la présence

Le Seigneur se dérobe à celui qui le cherche et se tourne vers lui, mais jamais sans lui avoir transmis la bénédiction et la grâce de sa présence (La vérité est symphonique, p. 109).

 

876. La faute d'autrui

Ce n'est pas le devoir des chrétiens de s'interroger sur l'éventuelle faute d'autrui (E. Guerriero, Hans Urs von Balthasar, p. 199).

 

877. La liberté

Si l'homme refuse Dieu, le Sauveur, le bon pasteur se trouve dans une impasse, car les brebis sont toujours libres de le suivre ou non. Le juste n'est sauvé qu'avec peine (1 P 4, 18) car il y aura toujours quelque part une insuffisance et un refus (Dramatique, IV, p. 264).

 

878. Existence chrétienne

L'existence chrétienne n'est digne de foi que si nous sommes comme "des gens qui vont mourir et nous voilà vivants, comme des gens qui n'ont rien, nous qui possédons tout, comme des pauvres, nous qui faisons tant de riches" (2 Co 6, 9-10)    (Retour au centre, p. 147).

 

879. Pierre

Tout ce qu'on a reproché à l'Eglise (romaine) est préfiguré dans les fautes de Pierre, que l'histoire évangélique ne tait pas, surtout l'évangile de Marc. Ce problème ne sera jamais définitivement résolu (Schelling cité dans Le complexe antiromain, p. 156).

 

880. Pâques

Jésus qui crie sur la croix son abandon par Dieu, est déclaré juste par Dieu au jour de Pâques (Nouveaux points de repère, p. 200).

 

881. Le risque

Le risque qui consiste à recevoir son existence à chaque instant de la main du Père par l'intermédiaire de l'Esprit Saint : (c'est le risque que court le Fils)    (Théologie de l'histoire, p. 64).

 

882. Surprise

Il y a en Dieu vie éternelle, ce qui signifie surprise éternelle, et il en sera de même pour nous (Adrienne von Speyr citée dans Dramatique, IV, p. 365).

 

883. On ne peut pas l'inventer

Le Christ pour Pascal : le monde ne peut pas l'inventer, il est humainement impossible. Rien, à partir du monde, ne pouvait ni l'exiger, ni le soupçonner, ni le projeter (La gloire et la croix, II, 2, p. 107).

 

884. La liberté de Dieu

Il y a beaucoup de points de vue différents sur Dieu dans la sainte Ecriture parce que Dieu est beaucoup trop grand pour qu'une seule vue sur lui puisse contenir tout l'essentiel. D'autre part Dieu est aussi beaucoup trop libre pour qu'il ne puisse inspirer que d'une seule manière un écrivain sacré (Adrienne von Speyr et sa mission théologique, p. 66).

 

885. La tâche terrestre

Les yeux de l'Eglise levés vers le ciel ne compromettent pas la fidélité et l'exactitude de l'accomplissement de sa tâche sur terre, mais la favorisent et la rendent tout simplement possible (La prière contemplative, p. 299).

 

886. Le bruit

Le serviteur ne fait pas de bruit (Citation dans Dialogue avec Karl Barth, p. 62).

 

887. Inouï

La vraie science biblique enrichit d'une manière inouïe notre représentation de la Révélation (Cordula, p. 78).

 

888. Quatre évangiles

L'Esprit nous présente quatre évangiles différents que l'Eglise n'a pas tenté de réduire à un seul parce que, pour elle, aucun évangile n'a reflété le témoignage du Christ, du Verbe incarné, dans toute sa richesse... La peine que prennent les évangélistes pour transmettre même des paroles de Jésus... qu'ils ne comprenaient peut-être plus tout à fait, ou qui les gênaient, montre combien était forte la volonté d'exactitude historique (La nouvelle Alliance, p. 133-136).

 

889. Tentation de puissance

L'intégrisme : son erreur est la tentation de puissance (Qui est chrétien?, p. 111-113).

 

890. La croix

Si le Christ réclame de ceux qui le suivent de porter eux aussi la croix chaque jour, il est impensable qu'il ait pu exiger des autres ce qu'il n'était pas disposé à porter lui-même (D'après saint Irénée dans Dramatique, IV, p. 296).

 

891. Marie

Marie accompagne le Dieu incarné du berceau à la tombe et, au-delà, à la vie glorifiée (Marie, première Eglise, p. 122).

 

892. Le Messie

Le Messie est apparu autrement qu'Israël l'avait espéré, d'où toutes les difficultés qu'il a eues pour l'accepter  (Dramatique, II, 2, p. 12).

 

893. Le rayon lumineux de l'Esprit

La révélation de Jésus-Christ contient surabondamment la vérité pour chaque époque, donc aussi pour la nôtre. Mais elle ne la contient pas de telle sorte qu'elle tomberait dans les bras des croyants sans qu'ils s'approprient par la réflexion le don de vérité reçu. Il serait indigne aussi bien de la grâce que de l'homme qu'il en soit autrement. L'Esprit Saint manifeste à chaque temps l'aspect qui lui est particulièrement réservé de la vérité divine, du moins si les hommes de ce temps s'efforcent, par la prière, d'obtenir cette vérité. Et la vérité alors, ne se trouve pas dans quelque coin perdu, resté par hasard dans l'ombre jusqu'à présent, et sur lequel le rayon lumineux de l'Esprit tomberait maintenant pour la première fois, elle se trouve au centre, foyer ardent, d'où la lumière rayonne (Dieu et l'homme d'aujourd'hui, p. 256).

 

894. L'énigme

Toute la philosophie, tout l'effort de réflexion de l'humanité sur elle-même "tourne autour de l'énigme de l'être du monde, de la vie, de l'homme, de l'histoire et de la mort" (La vérité est symphonique, p. 40).

 

895. Reniements et fidélité

Dieu tient parole même quand l'homme, son enfant et sa créature, le renie. La rupture est alors si profonde que Dieu pourrait presque être tenté de renier l'homme, son enfant, qui le renie. On découvre de telles cassures dans l'ancienne Alliance. Un jour, "Dieu se repent d'avoir fait l'homme sur la terre" (Gen 6, 6). "Il se repent d'avoir donné la royauté à Saül" (1 Sam 15, 11). "Il se repent du bien qu'il a fait à Israël" (Jr 18, 10). Et cependant, après cela, il se repent encore de s'être repenti et il va jusqu'à conclure une alliance éternelle avec Noé (Gen 9, 15) et il promet une alliance éternelle avec Israël (Jr 26, 3) parce que "les dons et l'appel de Dieu sont sans repentance" (Ro 11, 29), au-delà de tous les fossés historiques de réprobation et de rejet, de reniement. - L'homme est si près du coeur de Dieu que le refus de l'homme de poursuivre le dialogue avec lui brise le coeur de Dieu. Et parce que Dieu est fidèle à sa parole, même quand on le renie, il maintient intactes ses dispositions intérieures même dans l'état de rupture. Jésus Christ est l'Alliance intacte et le dialogue impossible à rompre, en qui Dieu place tout ce qui est sujet à brisure  (De l'intégration, p. 243-244).

 

896. Les religions mythiques

L'ancienne Alliance est une éducation du peuple juif en vue de l'arracher aux profondeurs des religions mythiques pour lui permettre une vie dans le domaine du Dieu vivant et saint (De l'intégration, p. 185).

 

897. L'Inaccessible

Nul n'a accès à toi car tu es inaccessible; et personne ne te saisira si tu ne te donnes pas toi-même" (Nicolas de Cuse cité dans Dramatique, II, 1, p. 250).

 

898. Nos petites excuses

Dieu nous a créés de telle sorte que, pour être nous-mêmes, nous devons entendre la Parole de Dieu. Il nous en a donné le pouvoir avec le devoir... Et toutes nos petites excuses n'y changent rien (La prière contemplative, p. 31).

 

899. Faire l'important devant Dieu

Dieu n'est pas un dompteur qui fait faire aux âmes des prouesses extravagantes, mais un amoureux qui ne veut rien d'autre qu'un grand amour, qui reçoit en souriant ce que cet amour lui offre comme une trouvaille, mais rejette tout ce par quoi l'homme, si secrètement que ce soit, veut faire l'important devant lui (Grains de blé II, p. 63-64).

 

900. Le pieux repas

Les plaies du corps du Christ deviennent la demeure ouverte aux croyants... Les plaies ne sont pas guéries; elles ne se cicatrisent pas; elles restent béantes et rayonnantes. L'Agneau, vivant sur le trône de Dieu, reste pour l'éternité "comme égorgé". Paul nous avertit que par la célébration de ce mystère nous proclamons la mort de Jésus. Il veut dire par là que nous devons être conscients qu'il ne s'agit pas de participer simplement à un pieux repas. Saint Paul ne parle pas alors de la résurrection, qui est à l'arrière-plan, puisque sans la résurrection la proclamation de la mort n'aurait pas de sens (Jésus nous connaît-il?, p. 51).

 

901. Comprendre

"Si tu comprends, ce n'est pas Dieu" (Saint Augustin dans Théologique, II, p. 106 et Théologie des Exercices, p. 76).

 

902. La messe du dimanche

Pourquoi le chrétien irait-il à l'église le dimanche sinon pour y rencontrer sans cesse le don que Dieu lui destine afin de se l'incorporer (Points de repère, p. 217).

 

903. Une idée de Dieu

Le Christ a quitté l'infini de la "forme de Dieu"; il s'est risqué dans la finitude et le vide du temps... pour se confier à la volonté du Père qui lui était donnée à chaque instant, sans que l'éternité lui fournisse aucune sécurité. Ce n'est pas lui qui décide de l'heure, ce n'est pas lui qui la connaît; le Père seul l'a en son pouvoir. Il se laisse conduire avec la patience qui caractérise l'attitude fondamentale du chrétien dans la foi, l'espérance et la charité, comme une indifférence orientée vers le Père. En émergeant ainsi de l'éternité dans le temps, le Fils de l'homme a connu l'angoisse et de ce fait il a traduit en langage humain quelque chose de divin, d'inaccessible (car c'est cela la Révélation : nous rendre accessible ce qui en soi est inaccessible) : les affres, le tremblement de Dieu pour le monde, sa création, qui menace d'être perdu pour lui. Et qui voudrait objecter que cela est incompatible avec l'éternité bienheureuse de Dieu, aurait une bien pauvre idée de Dieu (Le chrétien et l'angoisse, p. 143-144).

 

904. Rencontrer et trouver Dieu

L'homme est capable de percevoir le Dieu qui le rencontre et qui se révèle à lui. L'homme a été créé et équipé par la nature, en tant que créature, pour rencontrer et trouver Dieu en toutes choses, et par conséquent pour pouvoir aussi trouver. C'est cela la nature véritable de l'homme (Karl Barth, p. 234-235).

 

905. La pénitence du Christ

Quand on interrogeait Jean-Marie Vianney sur sa méthode qui faisait fondre les pécheurs endurcis, il répondait : "Voici ma recette : je donne aux pécheurs une petite pénitence et j'accomplis le reste à leur place"... Jean-Marie Vianney faisait pénitence non pas comme si la pénitence était son oeuvre propre, mais en y voyant cette participation minimale à la pénitence du Christ qu'on devrait décemment offrir (Catholique, p. 117).

 

906. Une lumière

"Il est tout aussi ridicule qu'irrespectueux de se demander ce que cela peut bien vous faire d'être Dieu fait homme"... Mais l'historien peut seulement dire ceci : "Ce qui s'est passé alors en réalité, l'historien en tant que tel ne peut rien en dire... Que cet homme soit le Fils de Dieu, la recherche historique sur la personne de Jésus ne peut ni le prouver, ni le réfuter" (Dahl). Pour pouvoir en dire plus, l'exégète a besoin, comme tout autre croyant, de la même lumière que celle reçue un jour par Pierre : "Ce ne sont ni la chair ni le sang qui t'ont révélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux" (Mt 16, 17) : une lumière venant de la région même d'où provient la personne de Jésus et dans laquelle il est chez lui : "Mon Père qui est dans les cieux" (Les grands textes sur le Christ, p. 212).

 

907. La patrie de l'homme

La patrie après laquelle l'homme soupire, c'est Dieu. Ce n'est pas l'homme qui est chez lui dans le monde, c'est le monde dans l'homme. Et il est là pour l'homme... Quand l'homme a atteint son but, le monde atteint le sien avec lui. Mais il ne s'agit pas d'un changement de lieu, comme si l'homme devait sortir du monde pour passer à Dieu, mais c'est lui et le monde qui est sien qui changent d'état... Telle fut dès l'origine l'intention Du Créateur : que la créature soit pleinement elle-même quand elle est en Dieu, que l'homme soit pleinement libre lorsqu'il demeure dans la liberté éternelle (Triple couronne, p. 100).

 

908. Remonter jusqu'à Jésus

Le saint et le pécheur sont des figures complémentaires. "Le pécheur tend la main au saint puisque le saint donne la main au pécheur. Et tous ensemble, l'un par l'autre, l'un tirant l'autre, ils remontent jusqu'à Jésus" (Péguy cité dans La gloire et la croix, II, 2, p. 328).

 

909. Une percée

Si le Christ n'était pas ressuscité, il n'y aurait ni Eglise, ni foi... Il est passé à une forme d'existence qui a laissé la mort derrière elle une fois pour toutes. Contrairement à ceux qu'il a ressuscités, Jésus est soustrait aux limites de ce monde et à la corruption, il vit pour Dieu pour les siècles des siècles... Cet événement est sans analogie. Il dépasse d'une manière unique tout notre monde de vie et de mort pour nous frayer, par cette percée, une nouvelle route vers la vie éternelle de Dieu (Le mystère pascal, p. 182-186).

 

910. La foi

Notre foi chrétienne est quelque chose de bien concret et de presque tangible (La foi chrétienne est une, p. 3).

 

911. La non-compréhension

La nouveauté qu'apporte Jésus est si unique que seule sa personne, seule l'expérience que nous faisons avec lui peuvent nous y faire entrer. Et le premier degré de cette initiation restera toujours une non-compréhension (Lc 2, 50) de ce qu'il nous dit (Triple couronne, p. 45).

 

912. Les saints

A travers les époques de l'histoire chrétienne, le rôle des saints est de revivifier l'évangile. A travers la redoutable intensité des prophètes, de Jésus, de saint Paul, de saint Jean, les saints ont ressenti comment l'infini approchait toujours plus immédiatement, comment la parole humaine, le geste humain, n'étaient qu'une mince pellicule qui séparait de lui (Dieu et l'homme d'aujourd'hui, p. 206).

 

913. Le secret de son âme

Marie n'a certainement pas reçu le sacrement de la confession, mais personne n'a comme elle dévoilé à Dieu le secret de son âme, non seulement de temps à autre, mais à chaque instant de son existence (Marie pour aujourd'hui, p. 43).

 

914. La proximité du Dieu vivant

Tous les moyens de grâce dans l'Eglise (les organes et les fonctions dans l'Eglise, le ministère et les hommes qui l'exercent, l'Ecriture sainte comme parole compréhensible, les sacrements comme signes visibles de la rencontre de Dieu et de l'homme, la tradition, l'exemple des saints et de tous les hommes à la foi vivante, l'ensemble solidement charpenté de l'année liturgique qui accueille le croyant et le conduit doucement de mystère en mystère)... tous les moyens de grâce dans l'Eglise sont comme des rampes destinées à éduquer le croyant et à l'entraîner en vue de risquer le saut, loin de tous les parapets... Tous les moyens de grâce dans l'Eglise ne veulent transmettre autre chose que la proximité du Dieu incompréhensible et de son amour (Le chrétien et l'angoisse, p. 148-149).

 

915. Le coeur à nu

Dans la révélation, Dieu a voulu mettre son coeur à nu puisqu'il a livré son Fils unique (Nouveaux points de repère, p. 113).

 

916. Un bonheur intangible

Un Dieu qui, du haut de son propre bonheur intangible, laisserait souffrir ses créatures et ferait servir ces souffrances à sa propre glorification, ne serait pas, avec sa créature, dans un rapport de modèle à imiter. Ce qui arrive, c'est que, dans l'oeuvre de réconciliation qui efface le péché du monde, le Fils de Dieu ne s'est pas tenu à distance dans l'état de séparation du "pur", car il a aimé en toute pureté en se mettant sans réserve dans la situation de faute et de fatalité de ses frères humains (De l'intégration, p. 83).

 

917. La petite vieille

Le croyant Bernanos disait son chapelet tous les jours, "comme une petite vieille", disait-il, et il ne se couchait pas avant d'avoir dit les complies (le dernier office de la liturgie des heures pour le clergé séculier comme pour les religieux et les religieuses (E. Guerriero, Hans Urs von Balthasar, p. 154).

 

918. Digne de l'enfer

Le lien au Christ est indestructible. Quelqu'un peut bien s'efforcer de se séparer du Christ, il demeure toujours marqué par son appartenance au Christ, quand bien même choisirait-il une manière d'être digne de l'enfer (M. Schmaus cité dans Karl Barth, p. 506).

 

919. Constitution foncière

Obéir à Dieu et se tenir prêt à accomplir sa volonté se trouve inscrit dans la constitution foncière de la créature. Et pourtant ce n'est possible que par Jésus : "Hors de moi, vous ne pouvez rien faire" (Jn 15, 5)    (La nouvelle Alliance, p. 188).

 

920. Le travail de l'Esprit

L'Esprit Saint travaille à universaliser le drame du Christ. Selon le symbolisme de la Pentecôte, c'est lui qui est à même de transposer d'une langue à l'autre (Ac 2, 7-8)    (Dramatique, II, 1, p. 80).

 

921. La relation interpersonnelle

La connaissance de foi a d'innombrables degrés de profondeur... La relation interpersonnelle nous apprend à connaître l'intimité d'une autre personne dans la mesure où elle nous fait entrer plus avant dans sa liberté insaisissable; au lieu de diminuer, elle grandit devant nous et nous grandissons en elle (La vérité est symphonique, p. 28).

 

922. Perdre le contact avec Dieu

Il ne faut pas dire que Jésus a été "châtié" par Dieu à la place des pécheurs. On ne dira pas non plus qu'il se sentait "damné" par Dieu et jeté "en enfer", car la manière dont nous nous représentons l'enfer est liée à une haine de Dieu. Il serait simpliste d'attribuer au Crucifié un quelconque ressentiment à l'égard du Père. Mais il est tout à fait possible que la souffrance vécue de ce qui aurait été la condition de pécheur, à savoir la séparation de Dieu - peut-être la séparation définitive et radicale - ait pu entrer dans l'expérience du Fils de Dieu. On peut même dire que personne n'a davantage souffert de l'abandon par Dieu que le Fils dont toute la vie n'a été qu'une union avec le Père, dont la nourriture était de faire sa volonté, et il continue de la faire sans qu'il s'en rende encore compte. Par toutes les fibres de son être, il est attaché à ce Dieu qu'il ne sent plus parce que, dans ce moment, au nom des pécheurs, il doit sentir ce que signifie avoir perdu le contact avec Dieu (Jésus nous connaît-il?, p. 35).

 

923. Le prestige et la vérité

A la Libération, il aurait fallu que l'Eglise punît elle-même ses coupables, ou du moins les forçât à se démettre, comme faisait de son côté l'Etat pour ceux de ses fonctionnaires qui avaient failli à l'honneur. Il est profondément regrettable que l'Eglise ait été compromise par un certain nombre d'hommes sans coeur et sans cervelle, mais comment cacherions-nous un fait connu de tous? On ne peut espérer sauver à la fois les vérités et les prestiges. En s'y essayant, on nuirait à l'Eglise plutôt qu'on ne la servirait (Bernanos, dans Le chrétien Bernanos, p. 548).

 

924. Hors de l'Eglise et dans l'Eglise

"Hors de l'Eglise, pas de salut". Cela veut dire que l'Eglise est la gardienne et la gérante authentique de l'héritage du Christ et que, cependant, il existe des manières d'appartenir à l'Eglise qui ne sont pas liées à son organisation extérieure (Dramatique, II, 1, p. 102).

 

925. Les difficiles

Les choses auxquelles Dieu s'intéresse dans notre obéissance ne sont pas celles qui nous paraissent faciles, mais les difficiles (Triple couronne, p. 62).

 

926. Prétention sans égale

L'homme Jésus de Nazareth émet cette prétention sans égale de pouvoir parler et agir avec l'autorité du Dieu d'Israël et du Créateur du monde et d'être finalement comme homme la parole définitive de Dieu à Israël et au monde entier. Cette prétention insurpassable... Jésus la présente avec un degré incomparable d'humilité, de naturel, de proximité envers les pauvres et les méprisés, comme l'accomplissement et pourtant le dépassement inattendu de la prophétie de l'Ancien Testament (Aux croyants incertains, p. 21).

 

927. La grâce et la colère

La grâce de Dieu, si souvent attestée dans l'ancienne Alliance, ne saurait être séparée de sa colère, attestée elle aussi en mille endroits, contre le péché et la rupture d'alliance (Dramatique, III, p. 184).

 

928. Le serviteur

Dieu ne pourrait pas être Seigneur s'il n'avait pas la liberté d'être aussi serviteur (La nouvelle Alliance, p. 372).

 

929. Incommunicable

Ce que savait la Vierge lorsque sa grossesse devint visible... n'était pas communicable (Méditation chrétienne, p. 52-53).

 

930. Le bon chrétien

"Je me sens plutôt tenter d'écrire pour les mauvais esprits. Qui sont ces mauvais esprits au jugement de beaucoup de catholiques? Ce sont des gens que le diable pousse à nous méconnaître, nous autres croyants, à nier nos talents, nos vertus. Il est pourtant probable qu'un grand nombre de ces mauvais esprits n'ont rien à voir avec le diable. C'est peut-être le Bon Dieu lui-même qui les a rendus particulièrement sensibles à nos défauts, à nos ridicules, à la contradiction souvent scandaleuse entre nos principes et nos vies, à beaucoup d'autres choses encore, afin d'humilier en nous cet orgueil pharisaïque, par lequel l'esprit de synagogue survit chez nous à la synagogue détruite" (Le chrétien Bernanos, p. 174-175).

 

931. Les frontières de l'Eglise

Le vieil axiome : "Hors de l'Eglise, pas de salut", on ne peut plus l'accepter aujourd'hui dans son sens littéral. Déjà Augustin aimait rappeler que beaucoup d'hommes qui paraissent être au dehors sont en réalité au dedans, et inversement, "ce qui est bien plus grave", beaucoup d'hétérodoxes, beaucoup de chrétiens anonymes sont bien plus chrétiens que certains pratiquants orthodoxes... Finalement, c'est la tête de l'Eglise qui décide, dans ses jugements insondables, qui, sur terre, au dedans et au dehors de l'Eglise visible, a répondu à l'amour divin et à ses exigences. Donc il existe réellement une frontière, et l'Eglise n'a pas le droit de la supprimer ou de la déclarer sans importance; et en même temps il n'en existe pas parce que le Seigneur de l'Eglise, qui la fixe en dernier ressort, n'est pas lié (par les frontières visibles de l'Eglise) (Points de repère, p. 209-210; 221).

 

932. Le frère

Celui qui espère pour son frère espère que ce frère trouvera Dieu, le Christ et l'Eglise. Désirer dans l'amour quelque chose d'autre pour son frère n'en vaudrait pas la peine (Dieu et l'homme d'aujourd'hui, p. 295).

 

933. Neutralité

Au fond le credo est une prière, une adoration... On ne peut parler de Dieu de façon neutre. Ou bien on consent à son existence et on se soumet à sa souveraineté, ou bien on le nie, et alors (puisqu'il n'existe pas), ce n'est pas la peine d'en parler (La foi chrétienne est une, p. 12).

 

934. Un comportement responsable

Si une parole de Dieu parvient jusqu'à nous, elle impose en retour un comportement responsable qui la transpose dans l'existence humaine (Simplicité chrétienne, p. 87).

 

935. Participation

Personne ne devient un saint sans participer, à sa mesure, à la croix (Nouveaux points de repère, p. 196).

 

936. Stupéfaction

Le vrai Dieu ne peut se rencontrer que dans la stupéfaction. Le Christ appelle ça le "trésor caché" que seuls trouvent les pauvres en esprit... Qui se vante d'être riche n'a encore rien compris... Tout commence vraiment par une ignorance devenue consciente d'elle-même par la réflexion (La gloire et la croix, IV, 3, p. 20-21).

 

937. L'Eglise et Marie

"Sainte est Marie, bienheureuse est Marie, mais l'Eglise est meilleure que la Vierge Marie. Pourquoi? Parce que Marie est une partie de l'Eglise, un membre saint, un membre excellent, un membre suréminent, mais pourtant un membre du corps tout entier. Et assurément le corps tout entier est plus qu'un membre particulier" (Saint Augustin cité dans Dramatique, II, 2, p. 241).

 

938. Le baptisé

Tout baptisé dit un oui fondamental à la volonté de Dieu tout entière (Nouveaux points de repère, p. 311).

 

939. Les écluses du ciel

Ce qui est demandé à celui qui prie, c'est d'être "malléable". Souple et malléable dans la main du potier divin. Que son amour pour Dieu soit obéissance... Une réceptivité à la volonté de Dieu, à ses inspirations, au plus léger signe... L'obéissance veut être en contact vivant avec la volonté divine... "Qu'il me soit fait selon ta parole" est une déclaration qui ouvre les écluses du ciel (La prière contemplative, p. 109).

 

940. Une attention amoureuse

L'amour veut reposer et demeurer auprès de l'aimé. D'où le conseil : ne pas chercher sans cesse, ne pas vouloir agiter des pensées toujours nouvelles et dénicher des aspects nouveaux... mais porter une attention amoureuse à la dimension profonde de chaque aspect particulier qui se présente. Chaque mot de l'Ecriture mène directement et verticalement dans les profondeurs de Dieu, donc au coeur de la plénitude et de l'unité où tous les mots et tous les aspects extérieurs se rejoignent. C'est lui, le Fils du Père, qui est cette plénitude (La prière contemplative, p. 138).

 

941. L'imprévisible

Le coeur de la sainteté : abandon serein à l'imprévisible volonté de Dieu (La gloire et la croix, IV, 2, p. 202).

 

942. Mystère de foi

L'eucharistie est pur mystère de foi, il n'y a de visible en elle que le symbole de la nourriture et de la boisson, aucune expérience subjective ne peut être présentée comme critère de vérité objective (La gloire et la croix, I, p. 448).

 

943. Les canaux

Ce qui, dans l'Eglise, n'est que structure et appareil ne représentera jamais la vérité totale de l'Eglise. Structures et fonctions (y compris la la fonction sacerdotale, la hiérarchie des évêques, tous les aspects de la vie du clergé) sont des canaux destinés à conduire, intactes, les grâces et les vérités divines là où elles doivent aller, c'est-à-dire dans le coeur des hommes (Le chrétien Bernanos, p. 81).

 

944. Les raisons intimes

Ce qui compte, c'est que, lorsque l'homme prend une initiative, la docilité envers Dieu reste la plus intime des raisons qui le font agir (L'engagement de Dieu, p. 24).

 

945. Dieu n'est pas un objet

La vie éternelle des créatures spirituelles ne saurait consister en une simple "vision" de Dieu... Dieu n'est pas un objet, mais une vie constamment actualisée dans l'éternité... La créature doit vivre au ciel non en face de Dieu, mais dans son intimité... Il y a identité substantielle entre la vie terrestre de la foi et la vie de l'au-delà (Dramatique, IV, p. 386).

 

946. Se trouver soi-même

En nous abandonnant à l'amour absolu, non seulement nous ne sommes pas aliénés à l'égard de nous-mêmes, mais nous nous trouvons nous-mêmes pour la première fois (La nouvelle Alliance, p. 351).

 

947. Dieu veut être cherché

Le Dieu caché de Paul est visible dans sa création; Lui qui dépasse infiniment le monde n'est loin d'aucun homme et il veut être cherché avec nostalgie constamment et à travers tout (La gloire et la croix, IV, 3, p. 13).

 

948. La gloire et la croix

Le but des livres du P. Balthasar "La gloire et la croix" : confronter la révélation chrétienne avec tous les autres projets, réels ou possibles, issus de la raison humaine (Points de repère, p. 220).

 

949. Oraison et lecture méditée

"L'oraison thérésienne n'a donc jamais cessé d'être une lecture méditée de l'Ecriture, et tout particulièrement de l'évangile, où, lorsqu'elle était victorieuse d'un sommeil toujours menaçant, la carmélite inlassablement fidèle à sa règle trouvait l'aliment non seulement de sa piété, mais de son esprit" (A. Combes cité dans Thérèse de Lisieux, p. 347).

 

950. L'acte d'écouter la Parole de Dieu

L'acte d'écouter la Parole de Dieu est tout à la fois un acte de la prière, de la foi et de l'obéissance, une écoute dans l'Eglise et la Tradition... (Mein Werk, p. 19).

 

951. Obligé de soutenir un combat

De par sa constitution naturelle, l'homme est obligé de soutenir un combat parce qu'il garde constamment une tendance à s'enfermer dans sa finitude et sa mortalité pour se contenter de ses fins naturelles... Aucune voie désormais n'est ouverte pour l'achèvement de soi qui ne passe par la mort à soi-même avec le Christ... C'est seulement avec la grâce qu'il pourra s'efforcer d'entrer dans le renoncement nécessaire pour qu'il puisse se dépasser... La grâce est requise pour poser l'option qui ne replie pas la nature sur elle-même... Il y a une solidarité entre les hommes dans leur destin face à l'absolu et nous avons le droit et même le devoir d'être reconnaissants envers Dieu de ce qu'existe cette solidarité entre les hommes dans leur destin face à l'absolu... Dieu a pris sur lui le châtiment rigoureux qui pesait sur nous... Il n'a pas pris sur lui la faute de quelques-uns seulement mais de tous sans distinction (Dramatique, III, p. 168-169).

 

952. L'homme et la femme en recherche

Mystère que l'homme soit toujours à la recherche de "sa" partenaire, la femme, mais qu'il n'arrive jamais à l'atteindre. Et il en est de même de la femme à l'égard de l'homme. Le moi humain est toujours à la recherche du toi qu'il peut effectivement trouver, mais sans jamais s'approprier cette altérité. La raison n'en est pas seulement dans le fait que la liberté du toi ne peut jamais être maîtrisée par le moi... étant donné que chaque liberté humaine... s'ouvre exclusivement à la liberté absolue et divine, mais aussi dans le fait que cette impossibilité est inscrite corporellement dans la constitution différente et complémentaire des sexes (Dramatique, II, 1, p. 319-320).

 

953. Le respect de l'autre

L'amour n'assigne pas seulement des limites à la révélation de soi-même, il respecte aussi le mystère de la personne d'autrui. Jamais il ne cherchera à extraire par ruse du domaine intime d'un autre une vérité quelconque, jamais il n'arrachera de lui un aveu (Phénoménologie de la vérité, p. 111).

 

954. Oser faire le saut

Pour oser faire le saut en Dieu, l'homme doit tenir la main du Seigneur Jésus. Ce saut suppose la totalité de l'homme; celui qui, sans hésiter, laisse à Dieu toute la place, celui-là peut être sûr de Dieu, tout obtenir de lui (La foi du Christ, p. 32).

 

955. Cardinal

Un cardinal qui ne dit pas son nom faisait partie de la même promotion cardinalice que le Père Hans Urs von Balthasar. Voici ce qu'il raconte : "(... Balthasar, grand théologien du XXe siècle...) Désirant lui rendre hommage, Jean-Paul II décide de le faire cardinal alors qu'il a déjà plus de quatre-vingts ans. Balthasar apprend l'intention du pape au début du printemps 1988. Comme je le connais bien, nous nous téléphonons. Il me confie l'ennui que tout cela lui procure. Il redoute de venir à Rome pour participer à la cérémonie. Et il me dit, avant de raccrocher, cette phrase qui me va droit au coeur : 'Dieu merci, je suis bien malade!' Et de fait, il meurt deux jours avant la remise du chapeau". Et le cardinal conclut en livrant ses pensées au sujet du P. Balthasar, au moment de recevoir lui-même du pape la barrette rouge : "Il était déjà ailleurs, vraiment ailleurs, lui" (Dans Olivier Le Gendre, Confession d'un cardinal, p. 252).

 

956. Le coeur de Dieu qui bat

La Parole de Dieu devant laquelle le croyant s'agenouille est la Parole de Dieu qui lui est adressée : il est appelé et invité à y monter, et la Parole lui appartient, il peut l'entourer de ses deux bras et la presser contre lui, et il sent combien le coeur de Dieu y bat mystérieusement (La prière contemplative, p. 135).

 

957. Destin

"En un sens qui n'appartient qu'à lui, Dieu éprouve réellement, au contact du monde, un destin. Dieu est ainsi fait qu'il peut éprouver un destin... C'est pourquoi la croix est le symbole par excellence. Qui lui porte atteinte enferme le monde dans une énigme incompréhensible" (R. Guardini cité dans La nouvelle Alliance, p. 7).

 

958. Le destin du diable

Il ne peut exister de doctrine transparente du démoniaque. Les mystères de Dieu sont pour nous bien plus à nu que les mystères du mal. Ce qui est vertigineux chez le diable, c'est qu'essentiellement il veut mentir et refuse de se convertir. Ce que cette attitude représente demeure, en dernière analyse, un mystère qui n'est accessible à personne, même au pécheur le plus invétéré. Et c'est pourquoi le destin du diable est pour nous un mystère totalement inabordable (Dramatique, IV, p. 186-187).

 

959. La fin du monde

La croix est la fin du monde. Saint Matthieu la décrit très explicitement comme telle. Et Pâques est un monde nouveau au-delà de l'abîme intemporel (Les grands textes sur le Christ, p. 228).

 

960. Le jugement de Dieu

Le jugement dernier ne veut pas dire que ce jour-là chaque individu particulier se verra rempli de confusion devant les autres. La situation de profonde confusion du pécheur le concerne lui seul, devant Dieu seul. Dans le jugement particulier, on dépose tout sentiment d'envie ou de joie maligne vis-à-vis des autres; par ce jugement de Dieu, on ne peut plus considérer le monde et son histoire et les autres qu'avec les yeux de Dieu (Dramatique, IV, p. 328).

 

961. Etre nous-mêmes

Dieu lui-même nous a créés de telle sorte que, pour être nous-mêmes, nous devons entendre la Parole de Dieu. Il nous en a donné, avec le devoir, le pouvoir (La prière contemplative, p. 31).

 

962. Les idiots que nous sommes

L'Eglise, qui est composée d'une foule de pécheurs, ne pourra jamais correspondre entièrement à ce que Dieu attend d'elle... Dans leur ensemble, les pécheurs qui vivent en elle, et dont nous faisons tous partie, n'ont pas cessé tout au long de l'histoire de se comporter plus ou moins comme des idiots... Mais ils se sont rarement comportés de façon aussi idiote que de nos jours... "Ils ne savent pas ce qu'ils font". Pourquoi je reste dans l'Eglise? Parce que, fait étrange, en dépit de tout ce qu'ils ont décidé, les idiots que nous sommes n'ont pas encore réussi à la faire périr... Plus on l'humilie, plus on découvre la place qu'elle doit occuper de plein droit. La dernière, cela va de soi (Points de repère, p. 243-244).

 

963. La résurrection de Jésus

L'événement du Christ ne devient compréhensible dans sa totalité qu'à partir de la résurrection. La résurrection a été pour les premiers chrétiens la clef de la croix et la lumière qui leur a permis de déchiffrer chacun des épisodes de la vie de Jésus... Le chrétien vit de la résurrection dans la perspective de la croix; et il vit la crucifixion quotidienne dans la perspective de la résurrection (Jésus nous connaît-il?, p. 91-92).

 

964. Le soleil et la lune

L'Eglise n'est jamais le centre... sur lequel on devrait attirer l'attention. Elle est lune, non soleil... Elle est 'réponse' à la Parole glorieuse de Dieu... Ce qu'elle rayonne dans la nuit, c'est la lumière de l'espérance pour le monde (La nouvelle Alliance, p. 471).

 

965. L'enfer

Le démoniaque n'est-il pas par lui-même rupture de toute communication? - Le curé de campagne de Bernanos à la comtesse qui croit haïr Dieu qui lui a 'pris' son fils : "L'enfer, madame, c'est de ne plus aimer" (Le chrétien Bernanos, p. 119 et 331).

 

966. Il est mort à ma place

La pensée que le Christ est mort pour moi, à ma place, pour ma faute, devant Dieu, est tellement loin et si peu vérifiable! Le centre du credo, c'est le "pour nous". Pour nous et pour notre salut il s'est fait homme, pour nous il a été crucifié, est mort, a été enseveli. De ce centre rayonnent les autres affirmations centrales du credo : la foi en la divinité vraie et consubstantielle de Jésus, la foi en la puissance de sa présence sacramentelle, la foi en son retour eschatologique pour juger les vivants et les morts, la foi en l'Esprit Saint qu'il nous a acquis, la foi en la vie éternelle dont il nous a ouvert l'accès (Nouveaux points de repère, p. 369-370).

 

967. Motif de crédibilité

Les saints sont des hommes qui ont cherché à vivre uniquement en fonction de l'amour du Christ. C'est en eux que se trouve... l'unique motif de crédibilité de sa fondation. Grâce à eux apparaît clairement ce que l'Eglise est "authentiquement", à savoir ce qu'elle est dans son essence authentique. Au contraire, les pécheurs (qui ne croient pas sérieusement à l'amour de Dieu) l'obscurcissent essentiellement..., poussent à bon droit à la contradiction et au blasphème (L'amour seul est digne de foi, p. 156).

 

968. Eucharistie

Le grand discours d'adieu de Jésus (qu'on trouve dans l'évangile de Jean) n'est en réalité que l'eucharistie traduite en paroles (Tu couronnes l'année de tes bontés, p. 140).

 

969. Le contraire de l'ennui

Au ciel, chacun saura enfin qui il est en réalité et pourra ainsi pour la première fois faire de lui un don absolument unique. Mais ce don sera commun à tous si bien que nous plongerons éternellement non seulement dans les profondeurs toujours nouvelles de Dieu, mais aussi dans les profondeurs inépuisables de nos compagnons de création, les anges et les hommes. Non pas comme si tout pouvait être embrassé d'un seul regard, comme si dans une sorte d'indiscrétion on pénétrait tout au point de ne rien laisser à découvrir. Cela n'est pas possible parce que Dieu est liberté infinie et que toute personne créée participe à cette liberté qui ne peut être connue que si elle s'ouvre elle-même. C'est pourquoi le ciel sera le contraire de l'ennui (Triple couronne, p. 121).

 

970. Etranger

La Parole de Dieu nous dit que le chrétien est un étranger dans ce monde, un monde qui le hait et le persécute (Dialogue avec Karl Barth), p. 25).

 

971. Gethsémani

Les choses auxquelles Dieu s'intéresse dans notre obéissance ne sont pas celles qui nous paraissent faciles, mais les difficiles (Triple couronne, p. 62).

 

972. Chercher Dieu à tâtons

L'homme ne peut en définitive s'achever lui-même sans que Dieu s'ouvre librement à lui... On ne peut forcer le Dieu absolu à ouvrir par grâce son domaine intime. La noblesse de l'homme, c'est que sa liberté soit ordonnée à ce domaine le plus libre qui soit... L'homme est un être qui cherche l'absolu à tâtons (Ac 17, 27), Dieu se réservant de venir au-devant de cette recherche pour la mener à son achèvement quand il le veut et sous la forme qu'il veut (L'engagement de Dieu, p. 90-91).

 

973. Les bras de Dieu

"La sainteté n'est pas dans telle ou telle pratique, elle consiste en une disposition du coeur qui nous rend humbles et petits entre les bras de Dieu, conscients de notre faiblesse et confiants jusqu'à l'audace en sa bonté de Père" (Thérèse de Lisieux, p. 283 et 382).

 

974. La beauté

Si l'on est insensible à la beauté, on peut passer devant le plus pur chef d'oeuvre sans le remarquer... Refuser une oeuvre d'art est relativement sans conséquences. En revanche, rejeter la parole significative et décisive de Dieu peut devenir jugement pour celui qui s'en détourne librement... Le drame humain : essentiellement, il s'agit toujours de s'ouvrir ou de se fermer à une illumination de l'existence (Dramatique, II, 1, p. 24-25).

 

975. Balbutier

Le premier mot que l'Esprit Saint nous apprend à balbutier comme enfants de Dieu est le mot "Abba", Père (Ro 8, 15; Ga 4, 6). L'Esprit Saint qui nous est donné est donc en premier lieu un esprit de dialogue avec Dieu, de prière; et à partir de là seulement un esprit d'entretien avec les hommes, de mission... La prière que le Fils nous a inculquée commence par le mot "Père"... L'Ave Maria aussi est une prière de l'Esprit (car l'ange a salué Marie dans l'Esprit Saint, et Elisabeth, en rencontrant Marie, fut remplie de l'Esprit Saint). Nous devrions nous soucier que toutes nos prières soient inspirées par l'Esprit... Aucun fidèle ne reçoit l'Esprit à titre privé, mais toujours en raison et en vue du Corps tout entier (Triple couronne, p. 105; 108).

 

976. L'Idiot

Don Quichotte et l'Idiot de Dostoïevski ne sont-ils pas les symboles les plus frappants du Christ dans la littérature mondiale? (Le complexe antiromain, p. 58).

 

977. Se connaître

Il appartient aux grands bienfaits de Dieu qu'aucun homme ne se voit tel qu'il est; même s'il se regarde dans un miroir, il se voit transformé dans le miroir. Les autres découvrent de lui beaucoup de choses qu'il ne sait pas, mais par contre ils ne savent que peu de choses de ce que lui-même sait de lui (Mein Werk, p. 9).

 

978. Stérilité

Toute action qui ne s'enracine pas dans la contemplation est livrée d'avance à la stérilité (Cordula, p. 95).

 

979. Les balances éternelles

Le rapport du Christ à chaque événement terrestre repose tout entier en sa gracieuse liberté... Dans quelle proportion fait-il sienne une prière, une intention, un acte vertueux? Quel poids donne-t-il à tel homme, à telle nation, à telle époque dans les balances éternelles? Nous n'en savons rien. D'ici, nous ne pouvons qu'offrir... Tout ce qui... est amour, tout cela sert. l'action, oui, mais davantage la prière, le désir de se donner, la souffrance, l'échec, la mort. La mort reste au centre, elle est la grande chance : notre donation se dépasse pour devenir pure passivité dans les mains divines, c'est là que notre fécondité pour les hommes éclate et que nous entrons vraiment dans le grand Corps rédempteur. Ce fut le rythme de la vie du Seigneur : le couchant de l'homme était le levant de Dieu (Le Christ à venir, p. 231).

 

980. Volonté de puissance

Le désir de Dieu... ne peut être une volonté de puissance qui chercherait à prendre possession de Dieu, mais une volonté de se livrer, de se laisser saisir par lui (La méditation chrétienne, p. 100).

 

981. La maison de famille

Oh! bien sûr, si le monde était un chef d'oeuvre d'un architecte soucieux de symétrie ou d'un professeur de logique, d'un Dieu déiste, en un mot, l'Eglise offrirait le spectacle de la perfection, de l'ordre, la sainteté y serait le privilège du commandement, chaque grade de la hiérarchie correspondrait à un grade supérieur, bien entendu. Allons! Vous voudriez d'une Eglise telle que celle-ci? Vous vous y sentiriez à l'aise? Laissez-moi rire; loin de vous y sentir à l'aise, vous resteriez au seuil de cette congrégation de surhommes tournant votre casquette entre les mains, comme un pauvre clochard à la porte du Ritz ou du Claridge. L'Eglise est une maison de famille, une maison paternelle, et il y a toujours du désordre dans ces maisons-là, les chaises ont parfois un pied de moins, les tables sont tachées d'encre, et les pots de confiture se vident tout seuls dans les armoires, je connais ça, j'ai l'expérience (Le chrétien Bernanos, p. 223).

 

982. Le véritable amour

L'homme est par nature fait pour se révéler lui-même et pour s'ouvrir à la révélation des autres... Le véritable amour n'est capable d'aucune fausseté... L'amour est la communication désintéressée de soi-même, tout comme il est l'accueil désintéressé du prochain en soi (Phénoménologie de la vérité, p. 106. 108-109).

 

983. La foi

La foi ne se ferme jamais sur une vérité donnée par Dieu, mais elle a pour caractère propre de se tenir disponible pour toute révélation possible de Dieu (Théologie de l'histoire, p. 46).

 

984. Plénitude

La vérité, c'est que Dieu est mort par amour pour le monde, c'est que la nuit de la croix de Jésus Christ est la lumière pour l'humanité, donc pour moi. Toutes les sources de la grâce jaillissent de cette nuit. Tout ce que je suis, en tant que je suis plus qu'un être éphémère sans espérance, dont la mort anéantit toutes les illusions, je le suis par cette mort qui me donne accès à la plénitude de Dieu. Je fleuris sur la tombe du Dieu qui est mort pour moi, j'enfonce mes racines dans le sol nourricier de sa chair et de son sang (Cordula, p. 22).

 

985. Echange

Le terme qui caractérise l'existence de Jésus Christ de la façon la plus centrale est celui de représentation, de substitution... La substitution est ce qui se passe sur la croix : l'innocent meurt pour le pécheur et, en mourant, peut l'emmener avec lui au Paradis... Il y a échange entre la sainteté du Christ et le péché des hommes. "Donne-moi ton péché afin que je te donne ma sainteté", dit le Crucifié (Dans un article de Communio, janvier-février 1988, p. 22-23).

 

986. Un creuset

L'enfant qui naît sort, sans résister, de la Parole de l'origine. Celui qui, à l'heure de la mort, ne résiste pas à l'amour de Dieu retourne dans la Parole de l'origine, qui lui était antérieure. Le mouvement circulaire de l'homme sortant de Dieu pour retourner à lui n'est possible que parce qu'il s'inscrit dans la trajectoire du Verbe incarné qui, de sa naissance à sa mort, s'est déroulée en Dieu. Avec cette différence toutefois que l'homme qui est pécheur et s'est détourné de Dieu devra nécessairement être purifié par la grâce du Verbe et passer au creuset du purgatoire afin de retrouver la plénitude que Dieu avait voulue pour lui, la plénitude de son moi véritable (Dramatique, IV, p. 93).

 

987. Toute la douleur du monde

Nous confessons Dieu le Père comme créateur du ciel et de la terre. On pourrait douter de la paternité de Dieu quand on jette un regard sur les horreurs de ce monde. L'assertion ne devient tolérable que lorsqu'on ajoute la suite : que ce Dieu n'est pas quelqu'un qui regarde d'en haut et du dehors, mais qu'il envoie en ce monde son Fils bien-aimé, et même le livre au supplice, afin de partager en lui toute la douleur du monde et la transfigurer du dedans (Aux croyants incertains, p. 74-75).

 

988. Etre pratiquant

Ce n'est pas seulement suivre les voies sociales de l'année liturgique chrétienne et son cycle de dimanches et de fêtes avec présence à la messe. La pratique chrétienne se joue tout autant dans les voies (inconnues à l'avance) du destin personnel dont on prend particulièrement conscience aux jours de joie, mais sans doute plus intensément encore aux jours d'épreuves. Le chrétien est alors mis en demeure, et rudement, de donner effectivement à son existence le sens de tendre à Dieu. Il se heurte à ses limites, ressent son impuissance et est profondément déçu de soi et de sa vie; fauché par la mort, un être cher l'a quitté; un autre l'a traîtreusement abandonné; une bise glaciale souffle sur l'endroit vide et il s'agit de se décider pour Dieu ou pour le néant. Plus efficace encore est l'effet d'humiliations que le Seigneur a promises aux siens comme grande grâce et qui doivent toujours nous rappeler son souvenir. "Le disciple n'est pas au-dessus de son maître" (Mt 10, 24). Elles sont le signe que le Seigneur et Maître n'a pas oublié son serviteur (Qui est chrétien?, p. 105-106).

 

989. Les prétextes et les excuses

Dieu nous a créés de telle sorte que, pour être nous-mêmes, nous devons entendre la Parole de Dieu. Il nous en a donné le pouvoir avec le devoir... Avec la foi, Dieu nous a donné le pouvoir de l'entendre... Et toutes nos petites excuses n'y changent rien... La table de la foi demeure toujours garnie, que l'invité se présente ou se dérobe sous mille prétextes et excuses (La prière contemplative, p. 31).

 

990. Les masques

L'homme ne décide qu'une fois ce qu'il sera... Devant la mort, tous les masques tombent (Dramatique, I, p. 316).

 

991. Un homme pur et simple

L'affirmation centrale du credo est que "Jésus a été crucifié pour nous", comme déjà "pour nous les hommes et pour notre salut" il était descendu du ciel et s'était fait homme. Un homme pur et simple, quelques que soient ses dons, ne pourrait jamais enlever le péché du monde... Dieu le Père a permis à son Fils cette expiation (Aux croyants incertains, p. 76).

 

992. Un pauvre homme

Les juifs... ont connu la dérision de voir le Messie sous la forme d'un pauvre homme pendu à des clous, au bord de la grand-route, parmi la foule indifférente ou goguenarde montant vers Jérusalem (Le chrétien Bernanos, p. 310).

 

993. Incompréhensible

L'homme. Qui donc est-il? Un incompréhensible mélange qui tient à la matière par le bas et tire son origine de Dieu par le haut (Dramatique, II, 1, p. 166).

 

994. Le passé et le futur

L'Ecriture. Par les actions passées de Dieu nous pouvons apprendre à mieux connaître le sens de ses actions présentes et futures (Théologie de l'histoire, p. 186).

 

995. Tout laisser là

Dans la prière (et la méditation), sitôt que la Parole de Dieu me touche, je dois tout laisser là et suivre (Théologie des Exercices, p. 93).

 

996. L'image que Dieu a de toi

Par la foi, je sais que je suis racheté par le sang du Christ, je sais donc que tu l'es également et que la foi m'oblige à voir, à respecter et à supposer en toi dans l'action l'image réelle suprême que le Dieu trinitaire a de toi (La gloire et la croix, I, p. 359).

 

997. Proche ou lointain

Dieu veut être aussi bien un Dieu proche qu'un Dieu lointain. Il n'est au fond lointain que pour ceux que l'orgueil ou le scepticisme tiennent loin de lui, tandis qu'il est le Dieu proche pour les humbles, pour ceux qui sont prêts à l'entendre (Simplicité chrétienne, p. 16).

 

998. Incomparable

L'Esprit a depuis toujours attesté à Jésus lui-même qu'il est le Fils unique et incomparable du Père (Dramatique, II, 2, p. 40).

 

999. Les surprises

Le croyant, parce qu'il aime, est heureux de se laisser sans cesse surprendre par l'amour divin et, connaissant la joie qu'a Dieu à surprendre, il se laissera surprendre une dernière fois qui sera comme la toute première. "Bien-aimés, dès maintenant nous sommes enfants de Dieu, et ce que nous serons n'a pas encore été manifesté. Nous savons que lors de cette manifestation nous lui serons semblables parce que nous le verrons tel qu'il est" (1 Jn 3, 2)    (La nouvelle Alliance, p. 456).

 

1000. Tourné vers le monde

Le chrétien a beau être, tant qu’il voudra et tant qu’il le doit, tourné vers le monde et lié à lui, il n’empêche qu’en tant que croyant, il doit garder les yeux fixés sur l’événement humano-divin de la croix. A cet événement, il doit tout ce qu’il est (Ga 2, 20), c’est là qu’il va constamment déposer tout ce qu’il possède, c’est de là qu’il revient sans cesse réformé et reconstitué (La foi du Christ, p. 120).

 

1001. Résurrection

Comme homme, le Christ ne peut pas par lui-même ressusciter; c’est le Père qui, comme Dieu des vivants (Ro 4, 17), réveille le Fils d’entre les morts afin que, de nouveau uni à son Père, il envoie dans l’Eglise l’Esprit de Dieu (Triple couronne, p. 93).

 

1002. Se laisser prendre

Il s’agit pour l’homme de rencontrer dans sa vie le Dieu vivant et de soutenir le choc de cette rencontre. Il doit, en renouvelant son oui, se laisser prendre par Dieu et se laisser mettre à l’abri en lui, donner à sa Parole la prédominance sur sa vérité propre et, dans toutes ses occupations et ses soucis profanes, se laisser conduire par Dieu. L’homme vit alors dans la prière, dans la joie et dans la vérité (Adrienne von Speyr et sa mission théologique, p. 51).

 

1003. Prétention

La révélation chrétienne a « une prétention universelle » (La gloire et la croix, IV, 2, p. 91).

 

1004. Liberté

Le concept de liberté finie semble contradictoire en soi. En effet comment celui qui se heurte à ses limites d’être peut-il être libre et non pas prisonnier?… Et cependant nous avons invinciblement conscience de notre liberté, mais en même temps nous avons aussi la certitude que cette liberté n’est pas illimitée… Ne suis-je qu’un atome perdu dans la masse? Ou bien est-ce que, dès l’origine, j’ai été voulu comme cet être unique, tel que je me saisis intérieurement, capable de communier avec les êtres de même nature devenus mes compagnons d’élection? (Dramatique, II, 1, p. 177.180).

 

1005. La conscience d’être le Fils de Dieu

Le Fils, même dans sa condition d’homme, ne peut pas ne pas se connaître comme étant le Fils éternel du Père. Mais cette connaissance… ne l’a pas empêché d’être parfaitement obéissant au Père… La vision peut se voiler dans l’événement de la Passion tandis que l’obéissance demeure intacte. Il faut donc parler d’une foi du Christ au sens propre… Mais dans l’incarnation même, il y a une certaine mise en veilleuse de la vision auprès du Père… Il est évident que nous sommes ici en plein mystère (Dramatique, IV, p. 107).

 

1006. Le coeur du monde

Premier contact de Jean-Michel Garrigues avec les dominicains. On lui donne un livre à lire. « Je me mis à lire le livre et fus immédiatement comme happé dans un maelström de poésie spirituelle » (C’était « Le coeur du monde » de Hans Urs von Balthasar). En rendant le livre, il dit au dominicain : "Je ne savais pas que la théologie pût être cela!" (Jean-Michel Garrigues, Par des sentiers resserrés, p. 84).

 

1007. Difformités

« L’ Eglise visible, que voulez-vous, ce n’est pas seulement la hiérarchie ecclésiastique, c’est vous, c’est moi, elle n’est donc pas toujours très agréable et elle a même été parfois très désagréable à regarder de près, au XVe siècle par exemple, au temps du concile de Bâle, et dans ces cas-là on est naturellement tenté de regretter (qu’elle soit si visible)… Oui, on regrette qu’un cardinal soit reconnaissable de si loin à sa belle cape écarlate tandis qu’un saint, de son vivant, ne se distingue par aucun détail vestimentaire… Et pourtant il y a cette bizarrerie que les plus qualifiés pour se scandaliser des défauts, des déformations ou même des difformités de l’Eglise visible – je veux dire les saints – soient précisément ceux qui ne s’en plaignent jamais » (Le chrétien Bernanos, p. 222).

 

1008. Une pauvre idée de Dieu

En émergeant dans le temps, le Fils de l’homme a connu l’angoisse, et dans l’angoisse, comme dans tout ce qu’il a été, dans tout ce qu’il a fait et dans tout ce qu’il a subi, il a traduit en langage humain quelque chose de divin, d’inaccessible, car c’est cela la Révélation : les affres, le tremblement de Dieu pour le monde, sa création, qui menace d’être perdu pour lui. Et qui voudrait objecter que cela est incompatible avec l’éternité bienheureuse de Dieu, aurait une bien pauvre idée de Dieu (Le chrétien et l’angoisse, p. 144).

 

1009. L’impasse et le destin

Le Rédempteur a dénoué la contradiction de l’existence humaine (l’homme porte en lui des désirs d’infini et il n’arrive qu’à l’impasse de la mort). Le Rédempteur a foncièrement libéré les hommes de l’empire du destin (et le destin, c’est la mort). L’envoi de l’Esprit Saint, après l’accomplissement de l’action rédemptrice du Fils, est l’intériorisation, dans la conscience étroite et finie de l’homme, de l’action qui historiquement est unique (De l’intégration, p. 82).

 

1010. Résistance

Bienheureux les doux, les pauvres, les humbles, parce qu’ils n’opposent pas de résistance, parce qu’ils offrent au Saint Esprit une place disponible. Les humbles du cantique de la Vierge sont vides pour Dieu, et Dieu alors peut les élever (De l’intégration, p. 222).

 

1011. Les morts

La mort du Christ ressaisit toutes les morts humaines… A la base, toutes les morts sont affectées par l’unique mort du Christ, en vertu de son caractère de substitution. « Un seul est mort pour tous » (2 Co 5, 14). Dans quel but? « Pour que les vivants ne vivent plus pour eux-mêmes mais pour Celui qui est mort et ressuscité pour eux » (2 Co 5, 15)    (Dramatique, IV, p. 303).

 

1012. La mémoire de Marie

(Marie : son influence sur saint Jean… Marie demande à Jean l’apôtre d’expliquer à saint Grégoire le thaumaturge le mystère de la foi…) Nous ne saurons qu’au ciel à quel point l’Eglise est redevable à Marie de son intelligence de la foi… Cf. toutes les apparitions mariales, « si nombreuses ces derniers temps »… Pour avoir été si contemplative ici-bas, Marie peut être aussi active dans le ciel en donnant à l’Eglise d’avoir part à son inépuisable mémoire… La chapelet a toujours été un élément important lors des apparitions de Marie; il est arrivé qu’elle égrène le chapelet en même temps que les fidèles. Pourquoi cela? Pour que nous préférions lui adresser notre prière plutôt qu’au Christ ou au Père? Il n’en est rien. Mais pour qu’au contraire nous portions sur les mystères de la vie de Jésus et, par là, sur le mystère du Dieu trinitaire le regard même de Marie, pour que notre contemplation prenne sa source dans sa mémoire… C’est à travers elle que nous devons chercher à pénétrer le mystère de la rédemption : la mémoire de Marie est aussi précise qu’au premier jour (Marie pour aujourd’hui, p. 46-48).

 

1013. Deux oeuvres

Nul ne prendra de risque en disant que les deux figures de Karl Barth et de Hans Urs von Balthasar dominent toute la théologie du XXe siècle. Leurs contributions sont immenses (J Lacoste, Histoire de la théologie, p. 442).

 

1014. Les milliards de morts

Par le fait chrétien… une énergie a été enfouie dans le monde d’une manière définitive et insurpassable, énergie qui tend vers l’avant avec plus de vigueur que tout projet utopique concevable à partir du monde. Car par la résurrection des morts, le Christ dépasse d’avance le monde et ses utopies les plus extrêmes… Quelle utopie terrestre serait capable de nous ramener le passé, la mort, les milliards de morts qui nous ont précédés, et pire encore, leurs affreuses souffrances, incompréhensibles en elles-mêmes, absurdes pour le monde, et d’en faire l’avenir et la « bienheureuse espérance de la gloire » (Ti 2, 13)? Et cette espérance la plus utopique… est réellement enracinée dans les coeurs des croyants par la résurrection de Jésus, qui n’est pas un mort quelconque, mais celui que Dieu « a fait péché » (2 Co 5, 21), celui dont le « règne » vise la destruction du « dernier ennemi », la mort (1 Co 15, 26)    (La nouvelle Alliance, p. 440-441).

 

1015. L’ère de l’Esprit

L’effusion de l’Esprit Saint à la Pentecôte veut être la preuve visible du « retour » du Fils chez le Père… Le temps de l’Eglise, considéré comme l’ère du Saint Esprit, par opposition à l’ancienne Alliance et à l’ère du Christ, n’est pas un temps dans lequel la Révélation se produit, mais celui où la plénitude, désormais parfaite, de cette Révélation s’impose et s’exprime (De l’intégration, p. 127 et 130).

 

1016. Rassemblement et division

Jésus n’est sûrement pas venu en s’attendant à ce que son ministère de rassemblement se fasse sans qu’il y ait division. Sans doute s’adresse-t-il à tous, il ne laisse de côté aucune classe d’hommes, il discute avec les docteurs de la loi, il mange et boit avec les publicains et les pécheurs. Mais il perçoit aussi très bien quand sa voix est accueillie et quand elle lui est renvoyée comme par un mur. Ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin du médecin, mais les malades; je suis venu appeler non pas les justes mais les pécheurs (Mc 2, 17)… Selon l’écho qui est rendu à son message, il apprend à connaître quelles seront les phases suivantes de sa mission. Il verra venir la chute dans le dénouement final; à ce moment il sera l’exclu pur et simple, mais c’est ainsi qu’il réussira à remettre ensemble tout ce qui était séparé (Dramatique, IV, p. 405).

 

1017. Connaissance de Dieu

La connaissance de Dieu consiste avant tout à savoir que nous ne connaissons pas ce qu’est Dieu (l’essence de Dieu). Dieu qui demeure toujours caché s’est manifesté à nous par l’intermédiaire du monde créé. Nous ne pouvons pas disposer de Dieu et de sa révélation (A propos de Boèce, dans Phénoménologie de la vérité, p. 243).

 

1018. L’homme a besoin d’un autre

L’homme est en route pour se soumettre le monde et l’humaniser. Mais seul le chrétien peut voir qu’une mise en valeur du monde et une humanisation purement terrestre ne peuvent en aucun cas constituer une fin ultime satisfaisante pour l’homme individuel ou social. Tout l’effort naturel de l’homme tend vers une fin qu’il ne peut atteindre par ses propres forces… L’homme a besoin d’un autre (Dieu) pour s’achever, pour parvenir à sa vérité propre (L’engagement de Dieu, p. 93-95; 107).

 

1019. La prière comme soupir

La décision fondamentale de l’homme vis-à-vis de Dieu est quelque chose d’à peine perceptible. Elle n’est rien de plus que le pur désir, reconnaissable pour le regard divin, rien de plus que de souhaiter faire ce qu’il désire, que de se déclarer d’accord et de désirer dire oui… Et ce minime soupir de désir, cette faible aspiration, c’est la vie et l’esprit de l’homme… En ce sens, la prière est manifestement ce soupir, … cette mort de l’esprit pour Dieu… Chez l’un, Dieu ne trouve qu’une acceptation contrainte à ses dispositions; chez un autre, il trouve, en réponse à son appel, un acte de choix. Et par cet acte infiniment petit, la créature fait ce qui dépend de ses forces pour enjamber l’abîme… Et ce soupir ou cette aspiration elle-même est réponse à une inspiration de l’Esprit Saint (A propos de Hopkins, dans La gloire et la croix, II, 2, p. 257).

 

1020. Chemin de croix

Les hommes le clouent sur la croix afin d’en être débarrassé pour de bon, et ainsi ils le fixent définitivement à la terre. Ils le clouent pour qu’il ne puisse plus remuer et par là même ils accomplissent sa volonté de rester toujours près de nous immuablement… Lui-même, dans sa liberté divine, reste auprès de nous jusqu’à la fin et au-delà… (Dieu s’est laissé clouer à la croix dans sa souveraine liberté)… C’est bien là un mystère d’amour qui se trouve au-delà de toutes les inventions des religions et des idéologies humaines… Mystère qu’aucun homme n’aurait pu soupçonner (Chemin de croix, p. 49).

 

1021. Recevoir ce don

Le christianisme est d’abord un don de Dieu aux hommes. Et parce que Dieu n’a rien d’un donateur mesquin, c’est le don le plus merveilleux qu’on puisse imaginer… Voici que je vous annonce une grande joie… La seule attitude critique valable de la part de celui qui reçoit ce don est celle d’un coeur comblé qui… s’empresse de dire merci… Pour recevoir ce don, il faut se faire soi-même tout entier oui, merci, accueil  (Points de repère, p. 4).

 

1022. Il est descendu aux enfers

La descente aux enfers devrait être d’une importance centrale… parce que c’est là que s’accomplit l’ultime obéissance du Fils de Dieu : devoir chercher Dieu là où il n’est pas, où il ne peut même pas être, dans la quintessence du péché du monde. Cela fait partie d’un enseignement sur la Trinité qui, désormais, embrasse tout ce qui est au ciel, sur terre et aux enfers. C’est une pensée nouvelle et de grande ampleur qui provient d’Adrienne von Speyr (A propos de mon oeuvre, p. 99).

 

1023. Au service de l’amour

Jamais le seul fait de savoir quelque chose n’est un motif suffisant pour le révéler. Pareille révélation ne servirait qu’à une chose : faire connaître sa supériorité. Sous prétexte d’apporter une vérité, on veut prouver qu’on en sait plus que les autres, et peut-être même, sous le masque d’affirmations innocentes se cache une intention de blesser. Il peut y avoir « un abus de la vérité par manque d’amour »… Toute manifestation de la vérité qui n’est pas au service de l’amour est comparable à un exhibitionnisme qui va comme tel contre les lois intimes de l’amour. Dans le silence de l’amour qui se cache lui-même et cache la vérité, il y a plus de vérité que dans le geste de répandre à profusion la vérité si on le fait sans amour (Phénoménologie de la vérité, p. 110-111).

 

1024. Recherche

Les projets non chrétiens de religiosité contiennent à la fois deux intentionnalités : la volonté de partir à la recherche de la solution et, intrinsèquement contenue en elle, la non-réceptivité à l’égard de la vraie solution (Dramatique, III, p. 199).

 

1025. Jouet

Peut-on penser que lorsque Dieu laisse son Serviteur devenir le jouet des pécheurs, cela le laisse indifférent? (Dramatique, III, p. 195).

 

1026. Obligations mondaines

On peut bien dire qu’Adrienne von Speyr a démontré de la façon la plus convaincante qu’il est possible au chrétien d’exercer activement une profession et d’avoir des obligations mondaines sans relâcher la contemplation et la prière de foi, mais en la renforçant au contraire et en la fortifiant (Adrienne von Speyr et sa mission théologique, p. 80).

 

1027. Liberté du Ressuscité

Liberté du Ressuscité : il peut être le Souverain absolu (« Tout pouvoir m’a été donné »: Mt 28, 18) et en même temps celui qui, pour la première fois et maintenant précisément, appelle les siens « mes frères » (Mt 28, 10; Jn 20, 17); celui qui contraint à l’adoration (Mt 28, 9 et 17); Lc 24, 52; Jn 20, 28) et, comme dans les temps anciens, est assis à table avec ses disciples (Ac 1, 4; Lc 24, 41s.; Jn 21, 12)  (Le mystère pascal, p. 251).

 

1028. L’illusion

La demande fondamentale de la liberté finie consistera à prier pour sortir de l’errance, pour se dégager des masques du moi empirique derrière lesquels reste caché mon vrai moi inconnu de moi-même. Car ‘aucune pensée humaine ne peut sonder ce qu’est notre moi le plus intime’ (K. Heim). On demande donc de ne pas s’enfoncer dans l’illusion, mais de découvrir le chemin et d’être à même de le suivre, car c’est par là que se réalise pour moi la volonté divine (Dramatique, II, 1, p. 253).

 

1029. Les partenaires de Jésus

La Parole de Dieu a retenti une fois, au centre du monde, dans la plénitude des temps, elle apparaît avec une telle force que c’est tous qu’elle vise et à tous qu’elle s’adresse. Et tous sont atteints aussi immédiatement, aucun n’est défavorisé par quelque éloignement temporel ou spatial. Sans doute une poignée d’hommes sont devenus les partenaires de Jésus dans ses entretiens sur terre, et nous pourrions les envier pour ce bonheur, mais ils se comportèrent tout aussi lourdement et maladroitement dans ces entretiens que nous et tout autre l’aurions fait. Ils n’avaient… aucun avantage sur nous; au contraire, ils voyaient la manifestation terrestre et extérieure du Verbe, et cet aspect leur cachait dans une large mesure le côté intérieur divin (La prière contemplative, p. 13).

 

1030. Les conditions

Aucune prière ne peut poser de conditions, elle commence vraiment là où elle se décide à abandonner les conditions, quelles que craintes que l’on ait (Cordula, p. 32).

 

1031. L’énigme

L’homme est pour lui-même une énigme qui a besoin de Dieu pour être résolue (Dramatique, I, p. 221).

 

1032. Education

On sait aussi à quel point toute l’éducation divine de la prière a précisément pour but d’apprendre à l’orant cette vérité et cette expérience, les plus importantes de toutes : aucun effort, aucun exercice, aucune attitude ne peut forcer le Seigneur à venir!… Cette liberté divine n’est aucunement en contradiction avec la garantie de sa grâce. Cette grâce étant promise et accordée, l’orant a le devoir d’avoir confiance même quand il souffre de la sécheresse et n’éprouve rien, et il doit apprendre à dégager sa foi toujours plus purement de la subjectivité provisoire de ses dispositions. Et cependant cette purification des dispositions subjectives est en même temps la voie sur laquelle le sujet humain doit rencontrer le plus sûrement, avec tout son être d’homme, le vrai Seigneur et Dieu. Là où toute liberté est laissée à Dieu, Dieu peut s’introduire (La gloire et la croix, I, p. 354-5).

 

1033. Oubli

Il y a un oubli coupable de Dieu, une ignorance plus ou moins voulue de Dieu. C’est de cet oubli coupable que jaillit l’idolâtrie, et dans celle-ci les faux dieux ne sont rien d’autre que la projection de ses propres désirs qui évincent le Dieu devenu gênant : c’est la rupture du lien d’alliance nuptiale avec le vrai Dieu. Il y a ensuite un rejaillissement du péché fondamental sur le domaine de la vie, au plan politique comme au plan social, puisque le Dieu de l’alliance détermine la vérité profonde de l’homme (Dramatique, III, p. 154).

 

1034. Sécheresse

La sécheresse n’est pas du tout à considérer a priori comme une pénitence et un destin tragique imposé, mais d’abord comme la forme quotidienne de l’amour. Celui-ci a coutume au fond de commencer par ses formes exceptionnelles pour parvenir par ce détour à son état normal. C’est pourquoi, dans la lectio (dans la contemplation) aussi, la sécheresse n’a rien d’effrayant ou d’alarmant, elle a au contraire quelque chose de rassurant. L’amour n’est pas étouffé par la monotonie de la vie quotidienne, mais il l’illumine par mille inspirations et sait la renouveler par de petites choses; ainsi en est-il de la lectio (de la contemplation)… Dieu tient prêt tout ce qu’il faut pour nous rafraîchir. Prendre virilement courage, secouer ce qui nous pèse et repartir d’un bon pas (La prière contemplative, p. 148).

 

1035. La lune

L’Eglise n’existe et n’a de sens que par rapport au centre qui est le Christ, le Fils unique du Père. Les Pères comparaient fréquemment sa lumière à celle de la lune, car elle est empruntée au soleil (qui est le Christ)     (La gloire et la croix, I, p. 391).

 

1036. Des rencontres

Les récits de la résurrection de Jésus : tous ces récits ont pour objet des rencontres avec le Christ vivant. C’est lui qui prend l’initiative de la rencontre dont bénéficient les témoins. Elle est toujours un don gratuit. Et les hommes voient, entendent, touchent et même ils goûtent. Mais l’important, c’est que le Christ vivant se montre de lui-même. Ce qui normalement échappe aux yeux se manifeste. Dieu n’est vu que lorsqu’il fait librement la grâce de se révéler lui-même. Il arrive aussi que la révélation soit graduelle : il se dévoile tout en restant voilé : « Notre coeur n’était-il pas tout brûlant »… (Lc 24, 32). Il y a une irruption du caché et de l’invisible dans la sphère de la connaissance humaine. Cela manifeste la spontanéité, la vie et la maîtrise de celui qui apparaît. C’est vraiment une rencontre. Une parole qui atteint au coeur : « Marie » (Jn 20, 16)  (Le mystère pascal, p. 213).

 

1037. Deux personnes qui s’aiment

La vie commune de deux personnes qui s’aiment reste jusqu’au bout tentative, essai, marche à la rencontre de l’autre, à la condition que chacun préserve la liberté de l’autre. Malheur à celui qui voudrait, par quelque ruse que ce soit, arracher à l’être aimé son ultime secret! Non seulement il n’y parviendra pas, mais il ne réussira, en fin de compte, qu’à faire mourir l’amour. Seul ce qui est offert dans la liberté gratuite de l’amour a valeur de révélation (Points de repère, p. 29).

 

1038. Expliquer le Père

Ce n’est pas lui-même que Jésus a le devoir d’expliquer, mais son Père. Il incombe donc à l’Esprit d’expliquer le Fils (E. Guerriero, Hans Urs von Balthasar, p. 211).

 

1039. La porte étroite

On meurt seul… Les vivants peuvent accompagner le mourant jusqu’à son dernier souffle, et celui-ci peut se sentir accompagné par eux… Malgré cela, il ne peut franchir la porte étroite qu’en isolé (Cordula, p. 25).

 

1040. Les écrans

Ne pas laisser subsister des formes et des schèmes de pensée appartenant au passé de l’histoire de l’Eglise, comme des écrans devant la figure du Christ… La figure du Christ a en elle une justesse et une évidence internes, comme l’a une oeuvre d’art ou une proposition mathématique. Et la justesse de la figure du Christ a le pouvoir de rayonner d’elle-même jusqu’au coeur de l’homme qui la saisit (La gloire et la croix, I, p. 393).

 

1041. L’Esprit Saint

A l’origine de la révélation de la Parole, il y a toujours déjà le Saint Esprit : lui seul peut produire l’entrée de la Parole de Dieu dans l’homme, dans la nature et dans l’histoire. C’est pourquoi l’homme ne peut recevoir, contempler, comprendre la Parole que dans l’Esprit (La prière contemplative, p. 73).

 

1042. La bien-aimée

Prier sans cesse, un peu comme un jeune homme porte sans cesse dans son coeur, vivante et efficace, l’image de sa bien-aimée, au milieu des occupations les plus étrangères (L’amour seul est digne de foi, p. 141).

 

1043. Les pauvres

Bien des gens croient ne plus rien pouvoir donner quand ils sont âgés ou en prison ou dans quelque autre situation sans issue. Ils ont l’impression d’être inutiles et sont parfois tentés de mettre fin à leurs jours. Qu’ils pensent que seul le pauvre, et le pauvre plus que tout autre, puisqu’il a perdu la conscience de la propriété personnelle, est mis dans une situation qui lui permet de donner. Cf. la veuve qui, en mettant deux sous au Trésor, a donné plus que les autres. Les pauvres en esprit ne gagnent pas seulement pour eux-mêmes le royaume de Dieu, ils l’ouvrent également aux autres (Points de repère, p. 75).

 

1044. Des ailes

Purgatoire : peut-être la souffrance la plus profonde, mais la plus bénie. L’effroyable tourment de devoir faire sans tarder tout ce que nous avons redouté notre vie durant : voici que s’ouvrent les portes obstinément fermées. Mais en même temps je sais qu’à présent, pour la première fois, je vais pouvoir l’accomplir, ce dernier acte, cet acte total. Des ailes s’ouvrent pour moi, me voici parvenu à moi-même (Grains de blé, p. 47).

 

1045. L’essentiel

Non seulement nous tendons de la terre au ciel, mais nous sommes, comme chrétiens aimants et croyants, essentiellement auprès de Dieu (La prière contemplative, p. 305).

 

1046. Le respect de la liberté

Dieu, le Seigneur, respecte la liberté humaine qu’il a créée. Il ne fait qu’offrir, il n’impose pas…. Mais cette offre inlassable atteint ses fins en dépit de toutes les résistances de notre mauvais vouloir. Entre la liberté humaine et l’offre divine intervient le mystère : Jésus peut répandre dans les âmes son Esprit qui les délivre de leur obstination à demeurer dans l’esclavage et les conduit à la liberté du consentement. Mystère de l’action conjointe de l’impuissance et de la toute-puissance divines. Mystère aussi de la volonté de Dieu de n’accomplir qu’avec l’homme son oeuvre à l’égard de l’homme et de ne pas opérer le salut universel sans aide, sans l’Eglise, mais surtout l’Eglise vraiment docile et sainte (Préface à Louisa Jacques, Qu’un même amour…, p. 10).

 

1047. Oui

La prière liturgique officielle de l’Eglise est toujours, elle aussi, d’une manière ouverte ou cachée, consciente ou inconsciente, une prière mariale. Et si Marie ne s’est pas préparée à son propre oui autrement que par la prière, nous sommes incapables à plus forte raison de prononcer le nôtre par nos propres forces, mais nous devons, avec reconnaissance, rester attachés à elle, qui a pu le faire (Triple couronne, p. 11).

 

1048. On ne sait pas pourquoi

Dieu s’est révélé au peuple juif, on ne sait pas pourquoi. Dieu a daigné se révéler à lui . Cf. Deutéronome (Points de repère, p. 25).

 

1049. Un coup d’oeil

Au purgatoire, l’homme se trouve mis à nu devant Dieu selon l’oeuvre de sa vie… Nul besoin d’un aveu; l’oeuvre éclate là, sans fard et à découvert… Ce coup d’oeil sur la vie permet de mesurer la distance entre ce qui était et ce qui aurait dû être… L’homme se tient pour la première fois nu devant le Seigneur et il reconnaît à ce moment que Dieu l’a vu depuis toujours sans aucun masque. Ce regard seul compte maintenant (Dramatique, IV, p. 333).

 

1050. Humilité

On peut par orgueil désirer l’humilité (Pierre Nicole cité dans Grains de blé, p. 107).

 

1051. Le drame

L’existence humaine est un drame. Dieu en assume la responsabilité, bien qu’il ne soit pas en cause quand l’homme, dans l’exercice de sa liberté, se met à jouer de travers, ce qui n’empêche pas d’ailleurs que Dieu maintienne l’intention qui est la sienne depuis l’origine. En face, se tient l’homme… laissé à sa propre liberté, condamné à la liberté…, l’homme à qui est accordé le pouvoir de constituer ce qu’il est capable d’être non pas cependant en dehors de la liberté divine, mais au contraire seulement en elle et avec elle : signe à la fois de grandeur et d’indigence. Enfin, entre les deux se trouve le Médiateur… qui doit s’accorder avec chacune des deux parties sans trahir pour autant l’une ou l’autre… Il est lui-même la péripétie dominante de la pièce; il ne s’ensuit pas du tout que le reste du jeu se déroule mécaniquement à partir de là; ce qui se dévoile peu à peu, ce sont des aspects toujours neufs, intenses et inattendus de cette péripétie… jusqu’au dénouement du dernier acte (Dramatique, II, 1, p. 167).

 

1052. Surabondances

Dieu le Père n’a pas considéré sa divinité comme un privilège exclusif mais il l’a partagé depuis toujours. Puis autre surabondance de l’amour de Dieu : la création et l’histoire du salut. Nouvelle surabondance : le Fils choisit de ramener à son Père la créature dotée de liberté, qui a résolu par cette liberté même de s’éloigner de Dieu. Et puisque Dieu ne reprend pas ce qu’il donne, son Fils est absolument impuissant face à la volonté perverse de l’homme qui le charge, tel un véritable bouc émissaire, de tout le poids de l’iniquité du monde. Le drame de la croix se poursuit le samedi saint lorsque le Fils… accepte de descendre auprès des morts pour être en communion avec les hommes de toujours et de partout (E. Guerriero, Hans Urs von Balthasar, p. 310).

 

1053. L’autorité

Saint Pierre. Celui qui a renié trois fois, qui voudrait et pourrait jamais le reconnaître comme l’autorité suprême de l’Eglise? (Nouveaux points de repère, p. 314).

 

1054. Responsabilité

L’Eglise est centrifuge : non seulement elle est ouverte sur le monde qui appartient déjà foncièrement au Christ, mais elle en porte aussi la responsabilité… Le message du salut doit pénétrer dans la substance du monde comme le levain qui soulève la masse… Considérer avec bienveillance les valeurs que l’on rencontre et montrer avec douceur qu’elles ne s’achèvent vraiment que dans le message chrétien (Dramatique, III, p. 432).

 

1055. L’humilité de l’amour

L’autorité doit se rendre progressivement superflue (vis-à-vis des enfants, des élèves). Mais elle existe aussi comme quelque chose qu’il n’est pas possible de dépasser à cause du caractère pécheur et de la faiblesse de l’homme… En vue du bien commun… Dans le christianisme, l’autorité ne devient croyable et ne sera acceptée par le peuple que si elle s’exerce dans l’humilité de l’amour (Points de repère, p. 99; 104).

 

1056. Victoire

Il n’est aucune victoire surnaturelle qui ne se paie de souffrances particulières avant ou après (Le chrétien Bernanos, p. 461).

 

1057. Les réponses

Au péché, Dieu a donné deux réponses : l’enfer et le Fils; l’enfer est la conséquence nécessaire du péché, tandis que le Fils est la disponibilité totale qui expie le péché (Dramatique, IV, p. 244).

 

1058. La mort selon Freud

Freud : « L’énigme douloureuse de la mort met fin à cette vie absurde… A la mort d’un être cher, on demeure inconsolable, et c’est bien ainsi. Il n’existe aucune instance devant laquelle porter plainte ». Freud était foncièrement incroyant (Dramatique, I, p. 426-427).

 

1059. La croix du Père

La colère de Dieu, c’est sa bonté retournée contre le mal… C’est pour ainsi dire la croix du Père que d’être contraint de donner de lui cette image, jusqu’à ce que le Fils sur la croix en dévoile le sens dernier… Colère et amour n’ont qu’un but dernier qui est le salut de l’homme. Dans l’ancienne Alliance, Dieu apparaît comme le fouleur du pressoir (Is 63, 2 s.), tout maculé du sang des nations qu’il piétine dans sa colère. Mais dans la nouvelle Alliance, le Fils prendra sur lui-même l’effet de la vengeance : c’est lui le raisin foulé (Dramatique, IV, p. 242-243).

 

1060. Programme

Jésus présente son programme : la croix (Mt 16, 21-27)… La croix est un scandale non seulement pour le monde mais aussi d’abord pour l’Eglise. L’Eglise est faite d’hommes qui souhaitent tous échapper à la souffrance autant que possible et aussi longtemps que possible. Toutes les religions, sauf le christianisme, répondent à la question : comment l’homme peut-il échapper à la souffrance?… Le Christ, au contraire, s’est fait homme pour souffrir plus que personne n’a jamais souffert… Et il dit à Pierre : Prends toi-même ta croix pour l’amour de moi et en faveur de tes frères, pour le salut desquels il faut souffrir. Ton salut n’est pas de te débarrasser de ton moi, mais d’offrir sans cesse ton moi pour les autres, ce qui ne va pas sans douleur et sans croix (Théologie des Exercices, p. 139).

 

1061. L’accord

Nous acceptons tranquillement et sans amour que le Christ porte nos péchés. C’est pourquoi Dieu ne demande pas aux pécheurs leur accord au sujet de l’événement du calvaire (Seul l’amour est digne de foi, p. 82).

 

1062. Sommeil

A propos de la fille de Jaïre ou de Lazare : Jésus annonce qu’ils dorment, ils sont dans cet état de passage qui les achemine vers lui (Dramatique, IV, p. 314).

 

1063. La vérité

Il est rare qu’il faille dénier à quelque perspective toute âme de vérité (Phénoménologie de la vérité, p. 174).

 

1064. S’interroger

Qui ne s’interroge pas sur soi-même ne mène pas une vie humaine (Platon cité dans Dramatique, I, p. 407).

 

1065. Prophètes et visionnaires

La Révélation de Dieu vient, on le sait, par l’intermédiaire de certains hommes, dont on peut dire que, comme prophètes ou visionnaires, ils possèdent de Dieu une connaissance autre et plus expérimentale que ceux qui « viennent à la foi pour avoir entendu la prédication » (Ro 10, 17) (Nouveaux points de repère, p. 61).

 

1066. La rencontre

Ce qui rend si dramatique et si féconde toute nouvelle lectio divina : la rencontre avec le Seigneur. On ne peut jamais prévoir comment l’Éternel se présentera dans le temporel, quels aspects seront cette fois-ci prédominants, quels aspects connus seront approfondis, quels aspects non encore remarqués ressortiront, quels aspects doivent être amenés à la lumière et quels autres doivent rester dans une demie obscurité (La prière contemplative, p. 213).

 

1067. Des degrés vers Dieu

Il n’existe pas entre l’homme et Dieu un équilibre obtenu une fois pour toutes. Sans cesse l’homme doit se laisser surprendre, désarmer, vaincre par Dieu. Et plus il expérimente combien l’amour de Dieu est sans mesure, plus les exigences de cet amour dans sa vie lui paraissent grandes… Cependant l’homme n’est nullement délaissé et perdu dans son abandon à Dieu. Au contraire, Dieu le Père, dans le Fils incarné et par la conduite de l’Esprit Saint, ménage à l’homme des degrés vers lui et l’habitue à vivre dans le monde divin (Adrienne von Speyr et sa mission théologique, p. 51-52).

 

1068. Initiative

Dieu, conformément à sa nature divine, et avant tout dans sa révélation historique, détient la pleine initiative dans le rapport de la créature avec lui, parce que c’est lui qui dit qui il est et comment on doit se comporter envers lui (La gloire et la croix, I, p. 207).

 

1069. Le manteau

Qu’il le veuille ou non, tout homme se trouve placé à l’ombre… du manteau de Marie… Marie a adopté comme enfants tous les hommes… Comme elle a été la mère spirituelle et charnelle de Jésus, sa prière de mère pour ses enfants ne peut le laisser indifférent, car il ne s’est jamais départi de son respect filial envers elle… Dieu n’a pas soustrait son Fils à l’autorité de sa Mère et à son intercession pressante (Marie pour aujourd’hui, p. 79).

 

1070. Les larmes

L’aveuglement et l’endurcissement de Jérusalem arrachent des larmes à l’Homme-Dieu (Lc 19, 41). Il y découvre comme l’échec de toute son entreprise de salut et se voit contraint d’abandonner la ville sainte à sa ruine (Ibid., 43-44)… Elle avait été illuminée par l’enseignement et les miracles de Jésus, elle avait savouré la belle parole de Dieu et les forces du monde à venir, et néanmoins elle était tombée (Cf. He 6, 4-6)  (Dramatique, IV, p. 260).

 

1071. L’espace de Dieu

Avant la Pentecôte, les apôtres ne possédaient pas encore la signification infinie du Christ…. Ils avaient cru en lui, mais pas encore en lui comme étant la vérité infinie de Dieu… L’espace entre le Père et le Fils où l’Esprit introduit est d’un certain point de vue lui-même… Il est l’amour entre le Père et le Fils… L’Eglise est essentiellement habitée par l’Esprit de Dieu. « Là où est l’Eglise, là aussi est l’Esprit de Dieu » (Saint Irénée). L’Esprit Saint fait entrer l’homme dans l’espace de Dieu (L’Esprit de vérité, p. 11-13).

 

1072. Le miséricordieux

Le Dieu qui se révèle en Jésus Christ est le Père miséricordieux de tous ceux qui le cherchent avec un coeur sincère, quelle que soit la religion à laquelle ils appartiennent; le Fils de Dieu, par amour de Dieu et des hommes, est mort dans sa passion pour expier les fautes de tous et, dans sa résurrection, il leur a ouvert la voie à la vie éternelle (Citation de Balthasar dans A. Riccardi, L’étonnante modernité du christianisme, p. 86).

 

1073. Les grandes actions

Dans le domaine chrétien, tout l’éclat des grandes actions est toujours éclipsé par l’insurpassable Passion du Rédempteur (La gloire et la croix, 4, 2 p. 202).

 

1074. Communion des saints

S’il est impossible qu’un homme racheté par le Christ participe activement à sa propre rédemption (et cela est vrai aussi de Marie, à sa manière éminente), il n’est, d’autre part, pas impossible que Jésus donne à ceux qu’il a rachetés la possibilité de recevoir une participation à son pouvoir de pénétrer dans le domaine des libertés humaines d’une manière qui sauve, libère, promeut; sans doute un homme ne peut pas pénétrer dans l’intimité d’un autre homme, mais il peut, conformément aux lois de la communion des saints, se mettre à la disposition de Dieu pour d’autres (peut-être même pour des hommes très déterminés) : en priant, en souffrant, en existant pour d’autres (Dramatique, II, 2, p. 217).

 

1075. Joyeux

Nous sommes tous si joyeux que Jésus ait souffert pour nous. Nous sommes d’accord avec cela en vertu d’un obscur, d’un profond instinct de conservation… Nous sommes disposés… à regarder d’un oeil assez favorable cette agonie tragique… Nous l’acceptons comme allant de soi, avec une naïveté, avec une cruauté réellement désarmante (Péguy cité dans La gloire et la croix, II, 2, p. 326).

 

1076. Dépendance

Chaque enfant est d’abord remis sans défense aux mains de sa mère. Il doit se laisser emmailloter, porter, nourrir et soigner. Il en va de même pour les mourants, qui ne peuvent plus agir… mais doivent laisser disposer d’eux-mêmes lorsqu’on prend soin d’eux… C’est librement que le Fils s’est laissé plonger dans cette dépendance… Quand il entre dans sa passion, il laisse l’Eglise disposer de lui et de son sacrifice… Et c’est d’abord au soin aimant de l’Eglise féminine que le Crucifié est confié… Pour toute la durée de l’Eglise, le Fils de Dieu livre et remet à celle-ci non seulement les fruits de sa vie et de sa passion, mais aussi sa propre personne… Dans sa passion, il est entouré de l’Eglise féminine qui souffre avec lui; de la même manière, dans son eucharistie, il sera remis aux mains de l’Eglise… et finalement aux mains de quiconque devient pour lui une mère en faisant la volonté du Père… La remise de Jésus aux mains de Marie, à la naissance et à la mort, est plus centrale que la remise aux mains du ministère ecclésial, dont elle demeure la condition préalable (Dramatique, III, p. 368-9).

 

1077. Contrainte

Un commandement ou une défense venant de Dieu ne peuvent être considérés comme une contrainte injuste que si l’homme confère à son propre désir la valeur d’une norme absolue (Phénoménologie de la vérité, p. 250).

 

1078. Fidélité à toute épreuve

Jésus Christ est le point de départ de toute connaissance authentique du Dieu vivant… La mort de Jésus Christ est le témoignage de la fidélité à toute épreuve de Dieu à son alliance parce qu’elle assume l’infidélité d’Israël et de l’humanité… Dieu demeure celui qui agit même quand il se laisse maltraiter (Dramatique, IV, p. 215-216).

 

1079. L’instrument

L’Homme-Dieu est la figure centrale de la création… Mais il ne peut être compris sans l’ancienne Alliance… L’Ancien Testament est l’instrument avec lequel l’Eglise apprend à comprendre l’événement du Christ et à l’expliciter; et c’est le Christ lui-même qui lui met cet instrument en main (Lc 24, 44 s.) : ce qui s’est passé était nécessaire (Les grands textes sur le Christ, p. 136-141).

 

1080. Murailles

Il y a des moments où la haine… dresse des murailles insurmontables, où l’on ne peut plus que se taire parce que toute parole de plus accroîtrait la distance, ou tomberait comme l’étincelle sur le tonneau de poudre (Dramatique, I, p. 28).

 

1081. L’énigme

L’homme est une question pour lui-même. Une question sans réponse, une énigme sans solution. Au cours des âges, les hommes n’ont cessé de chercher la réponse à l’énigme de leur existence; cela s’est fait dans deux directions : dans la voie de la mythologie, dans la voie de la philosophie. Et ces deux voies conduisent à des impasses. La mythologie, on finit par dire : tout cela, ce sont des histoires de dieux multiples que les hommes ont inventées pour essayer d’expliquer l’inexplicable. Et la philosophie a atteint son sommet quand, avec les Grecs, elle a cru découvrir, comme une nécessité naturelle de l’homme laissé à lui-même, qu’il y avait en l’homme un élément permanent, immortel, qui survivrait à la mort et à la décomposition du tombeau : une âme immortelle. Mais ce qu’une philosophie démontre (l’immortalité de l’âme) est contredit par une autre philosophie : à la mort, l’homme disparaît tout entier; certains ont cru pouvoir démontrer l’immortalité de l’âme, ils n’ont rien démontré du tout, ils se sont fait illusion. Pour nous chrétiens, il n’y a de réponse complète à la question de la totalité de l’homme que sur la voie de la révélation résumée pour nous dans les livres saints de l’Ancien et du Nouveau Testament transmis depuis toujours dans l’Eglise (De l’intégration, p. 74).

 

1082. Se tenir debout

Le rythme incessant de conversion et de rechute scande l’histoire d’ Israël : signe que l’unique nécessaire, l’écoute docile de la parole de Dieu (Lc 10, 42), est chose difficile parce que l’homme ne supporte pas de ne s’attacher qu’à Dieu…. mais se crée sans cesse un sol sous ses pieds pour se tenir debout (Dramatique, II, 2, p. 305-306.

 

1083. L’incommensurable de Dieu

La révélation divine est parvenue aux hommes dans le Christ. C’est une parole décisive sur les hommes et sur le monde. Une parole que Dieu seul pouvait prononcer. Même si Jésus vient dans le monde, sa parole n’est pas une parole humaine parmi d’autres paroles humaines; la parole de Dieu prend forme humaine mais pour révéler, dans cette forme, le Dieu que personne n’a jamais vu (Jn 1, 18). Dans la parole humaine apparaît l’incommensurable de Dieu. Il se cache tout en apparaissant. Le libre discours de Dieu sur lui-même, l’homme ne peut pas le déduire de ce qu’il sait par ailleurs. Pour percevoir cette parole qui vient de Dieu, l’homme n’a pas la faculté naturelle nécessaire pour la recevoir. Pour recevoir la parole de Dieu, il faut une grâce de Dieu : la foi. En croyant, l’homme peut comprendre et, comme croyant, il peut chercher toujours à comprendre plus profondément. Mais quand le croyant a compris la parole de Dieu, il n’a pas encore compris Dieu tel qu’il est en lui-même. La parole humaine de Dieu n’est pas encore Dieu lui-même (Karl Barth, p. 122).

 

1084. Vision et présence

Il faut faire attention quand on parle de vision de Dieu dans le ciel parce que Dieu n’est jamais un objet saisissable en plénitude. Si on veut garder ce terme de vision, on doit parler dialectiquement de présence suprême de ce qui dépasse toute compréhension (Dramatique, IV, p. 361).

 

1085. L’enfer

Saint Ignace de Loyola recommandait à ses jésuites : "Ne prêchez pas sur l’enfer; contentez-vous de le méditer pour vous-mêmes" (D’une interview du P. Balthasar parue dans le journal Le monde du 09/10/1987).

 

1086. Plénitude

Il faut donc que l’homme accepte de porter son propre vide en même temps que son angoisse, dans la plénitude de Dieu, qui n’est pas sentie, et qui en conséquence est sentie comme un vide… Dieu est là. Mais il n’est plus là comme il était présence dans la brise vespérale du paradis, comme la réalité la plus réelle pour l’homme et pour sa nature, comme ce en quoi et par quoi tout le reste prend réalité, mais il est là comme plénitude non sentie, comme la plénitude dans le vide (Le chrétien et l’angoisse, p. 140-141).

 

1087. La souffrance

Comment concilier la souffrance du monde avec la bonté de Dieu? Une solution théorique du problème est exclue : une vue totale de ce mystère nous est refusée tant que nous luttons. Nous est uniquement accordé le regard sur le Crucifié délaissé par Dieu, comme si dans ses ténèbres intérieures reposait la lumière qui éclaire tout. Le silence sans réponse à la question (« Père, pourquoi m’as-tu abandonné? ») ne détruit pas la foi du Fils dans le Père… La souffrance de ce monde se trouve tout près du coeur de Dieu… C’est une illusion d’optique de penser que la souffrance se passe ici-bas et que là-haut, un Dieu dans sa béatitude la regarde, désintéressé. Tous les poings de l’homme révolté contre le ciel pointent dans la mauvaise direction… L’amour de Dieu a depuis toujours assumé d’avance toute la souffrance (Dieu et la souffrance, p. 26-29).

 

1088. Le petit nombre

Alors qu’il n’y aurait qu’un damné, le coeur du Sauveur, avec ses exigences amoureuses, pourrait encore parler, pour s’en plaindre, du petit nombre des élus : c’est le bon pasteur qui ne songe qu’à sa brebis perdue; c’est le Père, sévère et menaçant d’avance, pour avoir moins à châtier plus tard (Blondel cité dans Théologie de la descente aux enfers paru dans Mission ecclésiale d’Adrienne von Speyr, p. 158).

 

1089. Le tout

Le tout de ce que Dieu a à dire au monde a été exprimé en un seul homme, en une seule Eglise (A propos de mon oeuvre, p. 112).

 

1090. La puissance

Comme il est vivace en vous ce désir de puissance!… Ne vous rendez-vous pas compte de votre déception lorsque le monde oublie d’applaudir à votre humilité? Vous tendez à la sainteté : voilà un signe que vous ne la possédez pas (Le coeur du monde, p. 191-192).

 

1091. Les odeurs

L’orgueil, qui cherche sa propre gloire, se reconnaît facilement : il sent mauvais. Prenons un prédicateur, un professeur de théologie : est-il donc si difficile de discerner s’il cherche sa propre gloire ou s’il cherche la gloire de Celui qui l’a envoyé? (Cf. Jn 7, 18)      (Points de repère, p. 12).

 

1092. Un point de rencontre

Malgré sa supériorité souveraine à l’égard de tout le créé, y compris le ciel, le Dieu de la révélation biblique veut se rendre si concrètement auprès de l’homme qu’il ménage avec lui une rencontre en un point du monde qu’il a lui-même choisi, en un lieu qu’il marque de sa présence (Dramatique, II, 1, p. 152).

 

1093. L’instinct

En tous les êtres spirituels, Dieu a déposé secrètement la faculté de le reconnaître; en généreux Seigneur, il a planté dans la nature des humbles humains que nous sommes le désir et l’amour de lui et il nous a donné l’instinct de le chercher à travers tout ce qui est du monde (Saint Maxime le Confesseur cité dans Liturgie cosmique, p. 103).

 

1094. De nouveaux aspects

Le Saint-Esprit cherche à me révéler chaque jour de nouveaux aspects de Dieu… Le Saint-Esprit nous introduit dans la plénitude du Christ et il nous l’explique jusqu’à la fin du monde d’une manière toujours plus riche et plus profonde (La prière contemplative, p. 148; 153).

 

1095. Capacités

Pouvons-nous refuser à Dieu la capacité de se révéler au monde comme il veut… « L'homme psychique n’accueille pas ce qui est de l’Esprit de Dieu » (1 Co 2, 14)  (Tu couronnes l’année de tes bontés, p. 92; 96).

 

1096. Réalisme

Regarder l’amour du Christ ne signifie pas nier les fautes du prochain. Le Samaritain doit voir les plaies qu’il lui faut panser… De même qu’un éducateur doit voir les lacunes de la science et des aptitudes de l’enfant pour pouvoir accomplir son oeuvre, le chrétien doit voir avec réalisme ce qui est contraire à Dieu partout dans le monde (L’amour seul est digne de foi, p. 148-149).

 

1097. Le Préexistant

S’il survenait à un homme quelconque l’idée de mourir par amour pour les autres, cela ne servirait pas à grand-chose. Ce ne serait q’un mort de plus. La foi chrétienne suppose que le Christ est l’Unique, le Préexistant qui, de riche qu’il était, s’est fait pauvre pour nous afin de nous enrichir par sa pauvreté (2 Co 8, 9), celui dont l’amour renoncé et obéissant jusqu’à la mort de la croix (Ph 2, 6 s.) était ainsi devenu capable de prendre sur soi efficacement pour Dieu le péché et la malédiction, préalablement à notre conscience et à notre consentement (Ro 5, 8) et, par cette action efficace, de nous comprendre tous en lui (La nouvelle Alliance, p 262).

 

1098. Personnel

Dieu ne veut pas accomplir sans nous ses oeuvres les plus personnelles (Karl Barth, p. 34).

 

1099. Le poids de la grâce

Il faut remarquer que toutes les paroles du Seigneur admettant la possibilité d’une perdition éternelle sont d’avant Pâques. Après Pâques, saint Paul nous dit : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous? … Dieu s’arrange pour que la grâce ait plus de poids que le péché… Le Fils peut préserver tous les hommes, Adam n’a pu en garder aucun. Aussi le Fils, selon la doctrine des Pères, a sauvé Adam lui-même et l’a retiré de l’enfer… Dieu n’aurait pu confier aux hommes leur liberté s’il n’avait pas, dans sa liberté divine, assuré sa victoire sur le monde. Et par ailleurs, s’il y a amour véritable à l’origine, le don de la liberté est absolument requis (Dramatique, IV, p. 255).

 

1100. Ce que je ne sais pas

La prière, dialogue avec Dieu. Dans ce dialogue, je ne suis pas la personne principale et ce n’est pas ce que je me propose de présenter qui sera le plus important (car Dieu le connaît d’avance), mais ce que Dieu veut me dire et que moi, à coup sûr, je ne sais pas (Simplicité chrétienne, p. 121-122).

 

1101.Relations

Dieu veut rencontrer l’homme réellement et entretenir des relations avec lui comme avec un partenaire authentique… L’intention fondamentale de Dieu : s’ouvrir lui-même à l’homme autant que celui-ci en est capable (La prière contemplative, p. 271).

 

1102. La cause perdue

A l’instant décisif où Jésus fut arrêté et exécuté, les disciples n’entretenaient aucune certitude concernant l’attente d’une résurrection. Ils s’enfuirent et jugèrent la cause de Jésus perdue. Il doit par conséquent être intervenu quelque chose qui, en peu de temps, non seulement provoqua un retournement complet de leurs dispositions, mais aussi les mena à l’action nouvelle et à la fondation de la communauté. Ce quelque chose est le noyau historique de la foi de Pâques (Le mystère pascal, p. 224-225).

 

1103. Présence

L’Esprit Saint est pour nous donateur de présence divine (L’Esprit de vérité, p. 21).

 

1104. L’intime de l’homme

Ce qui constitue l’être le plus intime de l’homme, c’est qu’il est ouvert à Dieu, par une grâce provenant de Dieu même (Karl Barth, p. 505).

 

1105. Expérience de Dieu

Peut-on faire une quelconque expérience de Dieu? Car si je ne le rencontre nulle part dans mon existence, comment puis-je croire en lui?… On ne ne peut pas faire l’expérience de Dieu comme d’une chose du monde ou même comme d’un autre homme… Dans la révélation biblique, ce n’est pas l’homme qui cherche Dieu, c’est Dieu qui vient rencontrer l’homme. Dieu ne se révèle jamais en réponse à la demande d’un homme, à son désir d’une révélation divine. C’est Dieu qui va vers Abraham avec une promesse que celui-ci n’attendait pas; il va vers Moïse avec une tâche que celui-ci n’espérait pas, qu’il ne souhaitait pas, qu’il refuse même avec entêtement (au point que Dieu se fâche); il va vers Isaïe à qui la vision de sa gloire fait crier : « Malheur à moi, je suis perdu »; et lui aussi reçoit une mission pénible et pleine de désagréments… Au fond tout se passe comme si ce n’était pas l’homme qui doit faire une expérience de Dieu, c’est Dieu qui veut faire une expérience, qui en éprouvant un homme veut établir si l’homme qu’il a chargé d’une mission marche bien sur la voie qui lui a été indiquée. Jésus aussi est passé par là; sa mission est passée par une épreuve qui l’a durci au feu : s’il avait cédé à la tentation d’un messianisme terrestre, il aurait renversé la situation et, au lieu de se laisser éprouver, il aurait mis Dieu à l’épreuve (Nouveaux points de repère, p. 49-51).

 

1106. Notre bienheureuse indifférence

C’est pour nous que le Fils est descendu du ciel, pour nous qu’il a été crucifié, qu’il est mort et fut mis au tombeau. Pour nous, c’est-à-dire en notre faveur mais aussi à notre place. La rédemption a coûté cher à Dieu… Cela a coûté cher à Dieu de réconcilier l’homme avec lui… L’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde… Ne pas évacuer le caractère terriblement dramatique de la croix… Sur la croix, le Christ expie notre bienheureuse indifférence : "Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?" (Tu couronnes l’année de tes bontés, p. 69 et 68).

 

1107. La liberté

Dieu, qui n’a nul besoin du monde, achève son oeuvre créatrice dans l’économie du salut en se livrant lui-même en toute liberté (Dramatique, II, 1, p. 117).

 

1108. Responsabilité

De toute éternité, Dieu assume la responsabilité du succès de la création. Le Père aussi est impliqué dans la kénose du Fils : comme celui qui envoie et abandonne. L’Esprit n’unifie qu’à travers la séparation et l’absence… Au Dieu créateur et rédempteur rien ne reste étranger de ce qui se passe dans sa création achetée par lui et dont il a pris la responsabilité (Le mystère pascal, p. 39-40).

 

1109. Les ignorances du Christ

Le Christ : sa préconnaisance des choses, il la laisse auprès du Père afin de se mettre pleinement en disposition d’obéir. Il y a donc là une « non-connaissance » effective qui n’est nullement un jeu où il simulerait l’ignorance. De même sa science humaine surnaturelle, dans la lumière divine, il ne l’utilise que dans la mesure où elle est nécessaire à sa mission. Elle ne s’exerce plus dès qu’on touche à ce point où c’est la non-connaissance qui doit prédominer dans l’accomplissement de sa mission (Dramatique, IV, p. 110).

 

1110. Chargement

La croix est le moment où il rassemble tous les scandales et tous les malfaiteurs pour les charger sur son corps de douleurs. Mais l’ivraie du mal continue à proliférer et remporte apparemment la victoire sur lui… A la fin du monde seulement ce qui a été consommé intérieurement sur la croix par la souffrance aura à se manifester extérieurement avec puissance (Dramatique, IV, p. 258).

 

1111. Se blottir

La foi, l’espérance, la charité sont les manières dont le coeur humain qui palpite, inquiet, se blottit dans l’éternel, avec tout ce qu’il aime ici-bas et entraîne avec lui (De l’intégration, p. 109).

 

1112. Persévérance

La dissociation entre nous et nos fautes ne s’accomplit que dans le Christ… Il est au pouvoir de l’homme de se retrancher du ciel et, jusque dans la mort, il peut tourner le dos à la lumière de la vie éternelle (Dramatique, IV, p. 263).

 

1113. Le versant invisible

La vie éternelle n’est pas une continuation de la vie périssable; elle ne commence après la mort… Elle est le versant invisible d’un tout dont provisoirement le seul côté voilé nous est accessible… Et ce côté voilé est productif de quelque chose qui ne nous est pas révélé… La caducité de toutes choses nous fait souffrir parce qu’elle pèse comme une contrainte (Dramatique, IV, p. 452).

 

1114. Sagesse

Prétention de Jésus de rassembler et concentrer sur sa personne toutes les aspirations religieuses de l’humanité, d’être le chemin, la vérité, la vie (Jn 14, 6). Quand il ajoute : « Personne ne va au Père si ce n’est par moi », il ne nie certes pas pour autant le salut final de tous ceux qui ne le connaissent pas et adhèrent à d’autres religions; mais il affirme expressément que ce ne sont pas ces religions qui donnent le salut, mais lui seul… Ce qui se trouve secrètement inscrit au plus profond de la prétention de Jésus, c’est le mystère de la Trinité. Jésus n’est pas venu en son propre nom, mais au nom du Père qui a fait reposer sur lui l’Esprit… Ce qui est bouleversant dans son message, c’est qu’il révèle la puissance divine dans l’absence de résistance, allant jusqu’au don de la croix : sagesse de Dieu qui apparaît comme folie, plus sage cependant que la sagesse de l’homme (1 Co 1-2). La cicatrice de l’ « Agneau comme égorgé » doit attester la vulnérabilité de l’amour trinitaire… Contraste entre la toute-puissance apparente du mal et l’impuissance apparemment mortelle des croyants (Apocalypse)   (Dramatique, III, p. 406-420).

 

1115. Le vide

La sécheresse et l’absence de consolation, le vide et l’ennui, le dégoût et le sentiment d’inutilité qui saisissent à quelque moment tout contemplatif et qui… peuvent se prolonger comme une discipline étrangement dure pendant de longues périodes, sont vraiment la voie purgative… Même à quelqu’un auquel elle n’est peut-être plus « nécessaire », cette voie de la pénitence peut être imposée de nouveau et plus lourdement. La croix est pleine de sens en tout temps et en toute période de la vie… Elle est peut-être imposée par manière de substitution pour des requêtes ou des besoins déterminés ou généraux du royaume de Dieu; dans la prière des ordres contemplatifs, ce doit être souvent le cas…. Donc ne pas ériger en loi rigide la succession : vie purgative, vie illuminative, vie unitive (La prière contemplative, p. 288-289).

 

1116. S’extérioriser

Par l’Incarnation, Dieu s’est extériorisé (Le mystère pascal, p. 32).

 

1117. Evénement central

L’Eglise ne peut être que celle qui représente cet événement central de l’histoire du monde : Dieu a prononcé sa parole… Et cette parole n’a pas été dite du ciel, d’une manière transcendante, mais elle est devenue chair, a habité parmi nous et a daigné devenir elle-même un nouveau centre pour la conscience de l’humanité (Dieu et l’homme d’aujourd’hui, p. 178-179).

 

1118. La charge

Quelle charge est pour Dieu ce cosmos, avec toutes ces libertés aux aspirations divergentes, qu’il lui faut conduire ‘là où elle ne veulent pas’, sans pourtant les écraser de l’extérieur par sa grâce!… Il y aura toujours des hommes dans l’Eglise qui, par grâce, voudront porter eux aussi une part de la charge que Dieu et son Fils et son Eglise ont à traîner avec le monde. Ceux-là pensent à eux-mêmes moins qu’à toute autre chose… Au coeur de l’Eglise, il existe toujours uns petit troupeau qui ne peut contempler la souffrance du Dieu crucifié sans demander avec humilité de n’en être pas entièrement exclu (Catholique, p. 52-53).

 

1119. Lourdes

Il est chrétiennement juste qu’il y ait des lieux comme Lourdes où l’on prie beaucoup. Mais il est tout aussi juste que, même dans ces lieux, les miracles, soit physiques, soit moraux, surviennent sans bruit. Ce ne sont pas les miracles qui se trouvent au centre, mais le fait que la grâce est offerte à des milliers de personnes de s’enfoncer plus profondément par la prière dans la volonté de Dieu, à l’intérieur d’une communion des saints qui sont en même temps malades et pécheurs (Catholique, p. 86).

 

1120. Des plaies ouvertes

Le Christ est blessé à mort par le péché, et son corps transfiguré porte des plaies éternellement ouvertes. Même au jugement, les peuples devront regarder Celui qu’ils ont transpercé (Ap 1, 7). L’Eglise et le monde sont sans cesse lavés dans le sang du Christ qui coule éternellement (Ap 7, 14; 22, 14). Seul celui qui est blessé avec le Christ pour ses semblables et qui peut donner son sang avec lui participe à la purification du monde (L’Apocalypse, p. 60).

 

1121. Provocation

Toute l’attitude de Jésus était une provocation ouverte pour le judaïsme officiel : il se fait juge de la Tora, ce qui revient à s’attribuer une autorité divine… de sorte qu’il devait compter avec la probabilité d’une mort violente. Ses paroles et ses gestes mettent sa vie en jeu (Au coeur du mystère rédempteur, p. 17).

 

1122. Dépassement incessant

L’accomplissement néo-testamentaire était contenu sans doute dans les formes de la promesse ancienne, mais à son avènement elle scandalisa ceux qui n’étaient pas prêts à dépasser tout ce qui avait été compris jusqu’alors. De même tout croyant dans l’Eglise doit être prêt sans cesse à participer au passage de l’ancien au nouveau… pour être docile à l’Esprit Saint… S’avancer dans une attitude foncière d’attention et d’obéissance à l’égard de l’Esprit… Les surprises et les présents de l’Esprit à l’Eglise consistent avant tout dans la révélation des vérités qui sont d’une importance décisive pour une époque aussi bien de l’histoire de l’Eglise que de l’histoire du monde… Pas sous la forme d’un traité abstrait… mais dans la création d’un saint qui constitue pour son temps le message du ciel… La vie ne peut s’expliciter que par la vie… Les saints sont la tradition vivante. Les missions des saints tombent du ciel si verticalement… (Théologie de l’histoire, p. 108-110).

 

1123. Eucharistie

Eucharistie : une irruption de l’éternité dans le temps; mais cette irruption n’est suivie d’aucun départ de l’éternel hors du temps… Le pain et le vin consacrés sont le point où l’amour éternel fait irruption dans le temps et où le temps s’ouvre à l’amour éternel… On s’avance, on reçoit le Pain (et peut-être aussi le Vin), on le mange, on retourne à sa place et cinq minutes après on sort de l’Eglise. Le chrétien ne sait ni ce qui se passe en lui ni comment cela se fait. Il croit de son mieux, mais il sait bien qu’il ne réalise pas totalement. Il se console en pensant qu’il passera toute sa vie sans comprendre totalement… Le seul moyen que j’aie pour me préparer consciemment à l’irradiation de cette lumière, c’est la contemplation… La contemplation est l’attitude du croyant qui tente de se montrer reconnaissant, de réaliser en lui ce qu’il a reçu dans le sacrement, d’absorber et de digérer spirituellement ce qu’il a avalé matériellement (Points de repère, p. 144-146).

 

1124. Le P. Balthasar vu par le P. de Lubac

Il est impossible d’étudier Schleiermacher sans être fortement impressionné – et cela toujours davantage à mesure qu’on pénètre sa pensée – par la richesse et l’étendue des tâches que cet homme s’imposait, par le bagage moral et intellectuel dont il disposait pour les entreprendre, par la persévérance virile avec laquelle il allait au bout du chemin dans lequel il s’était engagé sans se soucier de savoir si les circonstances lui étaient favorables ou non, et par l’art qu’il mettait en oeuvre pour chacun de ses travaux jusqu’au sermon dominical, comme en se jouant, et ainsi justement avec un sérieux suprême. Il était lié à Jésus par une relation personnelle que l’on est en droit de qualifier d’amour… Il fut un homme d’Eglise caractérisé. Sa vie durant, il a pensé, parlé et agi, conscient de sa responsabilité concrète (Citation d’un texte de Karl Barth concernant Schleiermacher dans le livre du P. de Lubac Autres paradoxes, p. 130-131, et le P. de Lubac ajoute : "Cet éloge s’appliquerait bien à Hans Urs von Balthasar").

 

1125. Bonheur

Dieu veut me faire participer à son éternelle béatitude… Considérer toutes choses comme don de Dieu (Tu couronnes l’année de tes bontés, p. 23).

 

1126. Face à face

Le face à face entre l’homme et la femme est le fondement prévu pour qu’entre Dieu et l’humanité il puisse y avoir un semblable face à face (La gloire et la croix. Nouvelle alliance, p. 420).

 

1127. Pas solitaire

Le Christ ne vit certainement pas en solitaire dans son Eglise, mais il y est avec tous les saints du Paradis, dont il ne se sépare pas (Catholique, p. 114).

 

1128. Prison

L’humanité ne peut s’échapper ni de l’espace du Christ en général, ni de la loi de référence qui est créée par sa vie. C’est la vraiment la prison dans laquelle « Dieu a enfermé tous les hommes dans la désobéissance pour leur faire miséricorde à tous » (Ro 11, 32)    (Théologie de l’histoire, p. 68).

 

1129. Les bonnes manières

Marie était un membre de l’Eglise et, par conséquent, elle peut… apprendre à tous la bonne manière de dire oui. Jésus, en tant que Fils du Père éternel, se tient sur un tout autre plan que Marie, qui est un simple être humain… Et pourtant le Fils a voulu dépendre fortement de sa Mère… Dieu ne dédaigne pas de se rendre dépendant de l’homme : il a créé l’homme libre… et il prend au sérieux la liberté créée (Marie première Eglise, p. 117).

 

1130. Fécondité

Rien n’a jamais été fécond dans l’Eglise qui ne soit passé de l’obscurité d’une longue solitude à la lumière de la communauté… Les missions, petites ou grandes (et tout chrétien a une) dérivent toutes du même point. Chaque mission commence dans le face-à-face avec Dieu et aboutit dans le corps de l’Eglise qui a de nombreux membres… Chaque envoyé doit d’abord s’être tenu seul devant Dieu. Et personne ne peut être envoyé si d’avance il n’a pas tout remis sans réserve, librement, comme un mourant doit le faire par contrainte. Ce n’est que lorsque tout est offert et abandonné radicalement, lorsque Dieu est libre – sans aucune réserve du croyant – de choisir en lui ce qu’il veut, qu’une mission chrétienne peut avoir lieu… Ce fruit est toujours un fruit d’amour, mais fondé sur le don de soi (Cordula, p. 27).

 

1131. L’homme

Le chrétien doit d’abord apprendre à considérer les autres hommes et les choses avec les yeux de Dieu. Cela ne veut pas dire que l’homme cesse d’être une profonde énigme… L’homme en général, mais aussi tout homme en particulier, est un mystère… (Nous chrétiens, nous croyons) que Dieu présente une solution à l’énigme de l’homme… Dieu est assez grand pour accueillir cet être infiniment ouvert dans son ouverture bien plus grande encore… Au centre, l’homme existe comme une personne : il est voulu, aimé, c’est pour lui que Dieu meurt, pour aller le chercher et l’attirer à lui (L’engagement de Dieu, p. 111-114).

 

1132. Expérience

La doctrine chrétienne part entièrement de l’expérience de la résurrection corporelle… C’est là que s’éclairent la vérité et le sens de la croix ainsi que tout ce qui concerne l’incarnation (Dramatique, IV, p. 43).

 

1133. Prétention

Si Jésus a été crucifié sous Ponce Pilate, c’est sans aucun doute à cause de sa prétention, insupportable à des oreilles juives, d’être l’interprète suprême de la volonté et de l’enseignement de Dieu, de représenter Dieu de manière si personnelle qu’il osait pardonner les péchés et prendre au nom de Dieu le parti des pécheurs contre ceux qui, forts de leur zèle pour la Loi, cherchaient à se justifier eux-mêmes devant lui. (Dureté du NON de Jésus à toute force d’auto-justification, douceur du OUI à quiconque s’en remet à la miséricorde de Dieu dans une humble confiance) (Les grands textes sur le Christ, p. 224-225).

 

1134. Rencontre

« Ce qui intéresse la Bible, donc ce qui doit aussi nous intéresser, (c’est la question) de l’homme qui rencontre son Dieu et se tient devant son Dieu et auquel Dieu est présent » (K. Barth). Mas cet homme biblique est celui qui a été trouvé par Dieu et choisi par lui comme partenaire de son alliance (La gloire et la croix, I, p. 322).

 

1135. Le centre

Tout ce qui, au cours de l’histoire de l’Eglise, mérite d’être appelé réforme a toujours été une exhortation active et efficace à revenir de la périphérie au centre. Le centre, c’est le Christ, et l’Écriture tout entière ne parle que de lui (Retour au centre, p. 101).

 

1136. Alchimie

Lorsqu’un péché – qui est une chose bien réelle – est remis par l’absolution, il ne se résout pas dans le néant mais, par l’alchimie de l’amour divin, dans la souffrance du Christ (Triple couronne, p. 67).

 

1137. Engagement

Dieu s’est engagé totalement pour l’homme et il est en droit d’attendre des hommes qui ont compris le caractère suprême de son engagement… qu’ils fassent au moins l’essai (La vérité est symphonique, p. 66).

 

1138. Approches

Le christianisme apporte à la philosophie religieuse un renversement complet du point de départ. Il ne s’agit plus de savoir comment l’âme peut s’approcher de Dieu mais d’apprendre comment, de fait, Dieu s’est approché de nous (Présence et pensée, p. 101-102).

 

1139. L’humanité

Jésus Christ ne peut être compris qu’en rapport avec toute l’histoire de l’humanité et tout le cosmos créé (La gloire et la croix, I, p. 25).

 

1140. La patrie

La patrie à laquelle l’homme aspire, c’est Dieu. Ce n’est pas l’homme qui est chez lui dans le monde, c’est le monde dans l’homme. Et il est là pour l’homme : il est son soubassement et le moyen de son errance (Triple couronne, p. 100).

 

1141. Le feu

Le feu allumé dans le coeur des disciples d’Emmaüs par le voyageur qui les accompagne est un feu qui s’élève d’un entretien ayant pour objet l’histoire passée du salut, mais celle-ci est expliquée par le Seigneur présent et elle allume dans les disciples l’ardent désir d’obtenir dans l’avenir la vision… du Seigneur disparu (La prière contemplative, p. 160).

 

1142. La route

Dans la Bible : est-ce Dieu qui révèle ses vues sur l’homme ou est-ce l’homme qui exprime les siennes sur Dieu? … Il faut laisser la Bible être la Parole de Dieu à l’homme… Ajouter cependant que Dieu a parlé à plusieurs reprises et de diverses manières (Hb 1, 1). L’ancienne Alliance est une promesse aux multiples aspects; l’accomplissement est unique et il se trouve dans la nouvelle Alliance… La foi consiste à suivre le Dieu qui est en marche à travers le temps et qui montre la route sans qu’on puisse savoir d’avance où elle mène. Ce sera toujours comme pour Abraham et pour le peuple au désert. Dieu peut en tout temps donner de nouvelles instructions (Dialogue avec Karl Barth, p. 28-31).

 

1143. Rédemption

Une telle fin (des temps) n’a de sens que si le Dieu libre qui a créé le monde dans le temps en le tirant du néant… vient à la fin des temps… sauver sa création tout entière en la tirant de la mort pour l’introduire dans la vie (La foi du Christ, p. 215).

 

1144. Le sens de l’existence

Le monde moderne, marqué par la science, recherche le sens de sa propre existence. Il a besoin d’une vision du monde, d’une philosophie, qui le justifie, qui justifie le travail des hommes. L’homme est une question pour lui-même. L’homme est un être ouvert sur le tout. Dans ce tout, en face de l’homme, une religion qui lui promet et lui montre autre chose qu’un simple écho de son être renvoyé par le cosmos. Le Verbe de Dieu, qui n’est pas dérivé d’autre chose, qui n’est pas contenu dans l’être naturel de l’homme (Dieu et l’homme d’aujourd’hui, p. 29-30).

 

1145. Tendresse enfantine

L’incarnation de Dieu, c’est trop beau pour être vrai. Ou plutôt : si cela n’était pas, il faudrait l’inventer. Cela dépasse l’imagination humaine. Qui oserait attribuer à l’Absolu cette tendresse enfantine? Le Christ inscrit dans l’histoire quelque chose qui se résume en quelques mots : Dieu trine, Dieu homme, mort salvifique et résurrection à la vie de Dieu, le tout uni par une pensée infiniment simple : l’amour éternel, Dieu amour, Dieu homme par amour, cet amour se prouvant par l’absorption de la mort. Le christianisme épuise par là le contenu de toute religion possible. L’Être absolu, pour exprimer l’amour absolu, va jusqu’à la mort, la séparation, le néant. Que pourrait-il y avoir au-delà? Ne sera-ce pas assez d’avoir ce soleil toujours devant soi, à l’horizon de tout progrès et de celui du monde (Le Christ à venir, p. 226).

 

1146. Un amour les appelle

L’homme est orienté vers un salut qui dépasse la condition terrestre et qui ne peut se trouver qu’en Dieu. Si l’on part des forces de l’existence terrestre vouée à la mort, ce salut n’est absolument pas accessible sans le secours divin, sans que la divinité se dévoile à l’homme et se penche vers lui. Le fait décisif neuf se trouve dans la libre personnalité du Dieu infini qui s’est révélé à Abraham, à Moïse et aux prophètes et finalement dans le Christ, et qui accordait à l’homme, gracieusement, le salut inaccessible en le faisant pénétrer dans sa réalité intime et céleste… Et l’homme est capable de comprendre que le monde et lui-même ont une origine transcendante, donc qu’ils ont été créés par une intelligence surpuissante et qu’ils sont donc appelés aussi à une fin transcendante, qu’un amour les appelle (De l’intégration, p. 92-94).

 

1147. L’avenir

Avec le mot d’obéissance, nous touchons à coup sûr à la disposition la plus intime de Jésus, et il est sans doute plus important et plus salutaire à l’obéissance parfaite de ne pas vouloir connaître à l’avance l’avenir, pour l’accueillir de la main de Dieu avec une parfaite fraîcheur quand il arrive (Dans la revue Communio, Janvier-février 1979, p. 38).

 

1148. Fécondité

La Passion de Jésus Christ : il la connaît d’avance et il en a aussi distribué le fruit à l’avance. En quoi consiste sa souffrance? Non pas d’abord en une torture physique qu’à l’époque des milliers d’hommes eurent à endurer comme lui, mais en quelque chose de plus profond : dans le fait qu’il soit délaissé par Dieu qu’il appelle son Père de manière toute particulière. Il savait par expérience qui est Dieu et il a perdu ce Dieu, apparemment pour toujours. Il ne suffit pas de dire qu’en Jésus Christ Dieu se sent solidaire de ceux qui souffrent. Il faut plutôt utiliser la notion de substitution : un seul expie les fautes des multitudes… Jésus boit la coupe jusqu’à la lie… pour nous… non pas pour que nous n’ayons pas à souffrir, mais pour que cette souffrance dépourvue d’un sens ultime reçoive en lui un sens suprême, celui d’aider à expier pour le monde… La souffrance portée à la suite du Christ peut, elle aussi, avoir part à cette fécondité… Il faut le dire avec insistance à tous ceux qui souffrent : ils appartiennent probablement bien plus à l’humanité que les actifs et les affairés… Cela fait partie du caractère absolument unique de l’enseignement chrétien… Le chrétien a la possibilité de faire par avance bénéficier d’autres du prix lié à sa souffrance, et on peut être sûr que, s’il le fait, Dieu ne sera pas regardant (Dieu et la souffrance, p. 16-22).

 

1149. Le Thabor

Il n’y a pas de voie chrétienne vers Dieu… qui ne porterait pas l’empreinte de l’événement de la croix… Au Golgotha, le Christ se charge pour nous et à notre place de l’universel péché : c’est la solidarité dans la déréliction, par amour pour ceux qui se sont détournés de Dieu, et en vue de leur réconciliation… Ce n’est pas la lumière du Mont Thabor qui est le sommet de l’existence terrestre de Jésus, mais les grandes ténèbres où le plonge le supplice de la croix alors qu’il clame sa déréliction dans un grand cri (Nouveaux points de repère, p. 115).

 

1150. Expérience

A tout chrétien est accessible une certaine expérience de la vérité chrétienne en vertu du déploiement en lui des dons du Saint Esprit, tandis que les dons mystiques extraordinaires… ne sont donnés qu’à certains individus d’après le bon vouloir de Dieu, mais pour l’utilité de l’Eglise (Simplicité chrétienne).

 

1151. Utopie

L’utopie d’une existence sans contrariété, si désirable qu’elle puisse paraître – là où tout serait joie sans souffrance, bonheur sans peine ni effort, amis sans adversaires – ne nous est, honnêtement parlant, même pas imaginable. D’ailleurs si elle l’était, elle n’échapperait pas au soupçon d’engendrer l’ennui… En fait les maux de l’univers… ne paraissent qu’augmenter à mesure que l’homme assume davantage lui-même la conduite de l’histoire (Dramatique, III, p. 101).

 

1152. Substitution

Le grand mystère de la souffrance substitutive de Jésus sur la croix. Il a pris sur lui notre faute pour nous redonner accès à la joie inconditionnelle. Dans la nuit de l’absence de Dieu, il nous a ouvert la route vers l’immense domaine de Dieu. Il nous a ouvert aussi le chemin de ce qu’on peut appeler « souffrir avec lui »… Saint Paul en tire la conséquence : « Je complète en ma chair ce qui manque aux souffrances du Christ pour son corps qui est l’Eglise » (Col 1, 24). La souffrance du chrétien est féconde en particulier lorsqu’elle conduit à la nuit obscure de l’esprit… Lorsque nous cessons de ressentir la joie, nous pouvons espérer que notre obscurité génère la lumière dans d’autres coeurs (Tu couronnes l’année de tes bontés, p. 24-25).

 

1153. Le secret

Ne refuser aucun des chemins que Dieu nous ouvre pour accéder au secret de son amour éternel (Les grands textes sur le Christ, p. 89).

 

1154. Dissolution

A l’inverse du sein maternel qui, pour le nouveau-né, était chaleur vivante et nourriture, la tombe où disparaît le cadavre n’est plus que glaciale dissolution (Dramatique, III, p. 111).

 

1155. Plénitude

La liberté de la personne humaine trouve sa plénitude dans la rencontre avec une liberté divine personnelle qui lui marque sa sollicitude (Dramatique, II, 1, p. 170).

 

1156. Abnégation

En Jésus nous est révélé l’amour du Père, amour qui, dans la mesure justement où il décide l’incarnation de Dieu dans le monde, est un amour qui manifeste la plus profonde abnégation. Par amour pour le monde, le Père renonce à ce qu’il a de plus cher, son Fils, il ne le ménage pas (et ne se ménage donc pas lui-même), il l’abandonne à la déréliction. Cet aspect du renoncement divin se reflète dans tous les moments de l’existence de Jésus. C’est précisément parce qu’il aime le monde et les hommes que Jésus donne sa vie pour eux… Le sens et le but de l’incarnation, c’est la croix pour nous, et la résurrection pour nous également… L’acceptation par le Fils de son incarnation (il s’est laissé porter dans le sein de la Vierge comme semence du Père par l’Esprit Saint) est déjà un acte de l’amour de renoncement… (Le Fils se tient comme disponible pour la volonté de salut du Père). Devenir disciple, c’est être appelé à s’aligner autant que possible sur cette disponibilité du Fils (Points de repère, p. 172-173).

 

1157. Jugement dernier

Tout l’accent est placé sur le jugement particulier de chaque homme après sa mort, et le jugement dernier n’en est, à proprement parler, que la confirmation publique devant le monde entier (Dramatique, IV, p. 318).

 

1158. Prise en charge

Les hommes qui se sont remis de tout à Dieu sont aussi par Dieu complètement pris en charge et complètement accomplis (Triple couronne, p. 111).

 

1159. Baptême

Il y a dans le baptême une grâce initiale objective, inaccessible à l’expérience. Grâce qui n’est qu’un point de départ pour les expériences de la grâce (La gloire et la croix, I, p. 230).

 

1160. Disparition

Le Christ a accepté de porter tout péché et d’être abandonné à la place de tous. Le oui de Marie… est communion à sa torture, à sa disparition dans la nuit… (Cordula, p. 31).

 

1161. Le mystère des Ecritures

Jésus le Ressuscité explique lui-même les Ecritures en se les appliquant à lui-même : Tout ce qu’ont annoncé les prophètes, tout ce qui est écrit de moi dans la Loi de Moïse, les prophètes et les psaumes, il fallait que cela s’accomplisse (Lc 24, 44)… Jésus reprend sa préhistoire dans l’ancienne Alliance pour expliquer sa propre histoire terrestre, sa Passion, sa résurrection. Jésus occupe une place définitive dans le dessein de Dieu. Il est la plénitude (Jn 1, 16). Désormais Jésus seul suffit. Mais il fallait et il faut toujours le trésor de mots et d’images de l’Ancien Testament pour appréhender l’événement de la vie de Jésus et surtout sa Passion et sa résurrection. Saint Jean le dit plus d’une fois : ce n’est qu’après la résurrection que les disciples ont compris une parole de Jésus (Jn 2, 22; 12, 16). Marc aussi écrit tout son évangile dans une perspective postpascale (Mc 1, 1). Il cherche à faire comprendre comment Jésus a pu rester caché. Jésus devient le centre souverainement signifiant qui ordonne magnétiquement autour de lui tous les sens fragmentaires des Ecritures (Le mystère pascal, p. 219-220).

 

1162. Disponibilité

L’audition de la Parole de Dieu suppose la totale disponibilité de l’homme : « entendre » de toute son âme et de toutes ses forces, et accepter le contenu de la Parole comme vérité de Dieu, avec une disposition d’ouverture totale qui ne prétend pas tout savoir d’avance… « Ecoute, Israël, ainsi parle le Seigneur ton Dieu » (Dans un article de la revue Concilium, n° 29, 1967, p. 46).

 

1163. Un nouveau oui

L’homme devrait avoir la force de répondre en plénitude à Dieu et aux autres hommes; mais le centre libre de la personne est comme paralysé; cette paralysie a quelque chose de démoniaque, aussi la Bible la dépeint-elle comme une tyrannie du démon, le prince de ce monde, s’exerçant sur l’humanité. Cet asservissement a pour conséquence toutes sortes de falsifications de l’échelle des valeurs; il n’est foncièrement brisé que par la mort exemplaire du Christ qui le supprime pour tous ceux qui s’attachent à sa force d’amour. On ne peut pas dire que le Dieu qui auparavant s’était détourné de l’homme et ne lui était plus favorable se tourne à nouveau favorablement vers lui : ce serait un anthropomorphisme grossier; c’est l’homme au contraire, coupé de la grâce par son refus de Dieu, qui dit maintenant à Dieu un nouveau oui (De l’intégration, p. 101).

 

1164. Le Père

Ce que nous avons appris de Jésus Christ, c’est que l’homme est admis dans l’intersubjectivité divine. Jésus Christ nous invite à appeler avec lui Dieu « Abba », le Père de la Trinité, tandis qu’il porte nos péchés qui nous empêchent de dire : « Père ». L’ouverture illimitée du Christ au Père lui permet de porter en lui vers le Père le prochain fermé sur lui-même… Le plus important s’accomplit dans la prière, dont les dimensions s’étendent jusqu’à l’abandon sur la croix (Cordula, p. 98-99).

 

1165. Proximité de Dieu

Dieu n’est jamais plus proche de nous que dans l’humilité et la pauvreté de l’indifférence, dans la disponibilité à la mort et dans le refus de toute tentative pour s’emparer de lui et se l’annexer (De l’intégration, p. 113).

 

1166. La valeur de la vie humaine

La résurrection du Christ d’entre les morts concerne l’homme de façon décisive, car la résurrection du Christ change complètement aussi bien la valeur de la vie humaine individuelle que l’histoire de l’humanité (Les grands textes sur le Christ, p. 248).

 

1167. Entrer dans la lumière

La pénitence n’est pas quelque chose d’anonyme. La Parole de Dieu s’adresse directement à Adam : « Où es-tu? », à Caïn : « Qu’as-tu fait de ton frère? », à David : « Cet homme, c’est toi », à Pierre : « M’aimes-tu plus que ceux-ci? », à la Samaritaine : « Va chercher ton mari », à Thomas : « Viens et mets ta main ici ». Chacun doit pénétrer tout seul dans la lumière (Points de repère, p. 185-188).

 

1168. Traduction

"Là où est le Seigneur, là est l’Esprit, et là où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté » (2 Co 3, 17). C’est ainsi qu’il faut traduire et non « Le Seigneur est l’Esprit, et l’Esprit du Seigneur est la liberté" (La vie surgie de la mort, p. 58).

 

1169. Désintéressement

Où il y a naissance, il y a déjà mort. Et comme les hommes fuient devant la mort, de même les mères tendent à s’accrocher à leurs enfants pour qu’ils n’aillent pas loin d’elles s’exposer à la mort. En vérité, la mère, par la naissance, est déjà dépossédée. Elle peut accompagner un bout de chemin l’enfant qui part à la hâte, aussi longtemps qu’il a besoin d’elle, mais cela doit se faire dans le renoncement. Il en va de même pour nos oeuvres en général, et surtout pour les plus spirituelles, personnelles, désintéressées et fécondes. Une fois posées, elles ne nous appartiennent plus, elles sont remises à la disposition de la Providence de Dieu (Triple couronne, p. 33).

 

1170. Prière

L’acte foncier de chaque prière est un oui inconditionné à la volonté de Dieu. Une prière n’a un sens authentique que si elle repose sur un oui inconditionné à la Parole de Dieu. Partout où ce oui est présent – même inavoué, secret, mais foncier – la prière fondamentale est là (Nouveaux points de repère, p. 45).

 

1171. L’humanité

L’Eglise doit être perçue comme une réalité dynamique avec des hauts et des bas qui vont de la cime mariale jusqu’aux bas-fonds du dernier pécheur, dont la vie de grâce s’est éteinte par la mort du péché et qui, malgré cela, reste dans l’Eglise soutenue par le Christ et ses frères qui souffrent pour lui en se purifiant et en se sanctifiant. Là est le mystère de la communion des saints… Mais l’Eglise ne vit pas à l’abri d’un mur qui la protège et la limite : au contraire, elle a une mission envers l’humanité. En s’incarnant, le Christ ne visait pas seulement à sauver un petit nombre d’élus jugés dignes de la rédemption, mais l’humanité entière… Aussi l’Eglise a-t-elle, auprès de Marie, un devoir de corédemption et de médiation à l’égard de l’humanité (E. Guerriero, Hans Urs von Balthasar, p. 196).

 

1172. Aller à Dieu

L’existence de Jésus a pour but d’aider l’homme à aller jusqu’à Dieu… L’Eglise ne doit être rien d’autre que l’expression de la figure du Christ au milieu de ceux qu’il appelle ses frères (La gloire et la croix, I, p. 475).

 

1173. Naufrage

La réconciliation du monde avec Dieu : c’est ainsi que Jésus comprend sa mission. A un moment donné, Jésus connaît le naufrage du non-sens : « Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? » Il a porté le péché en expérimentant intérieurement ce qu’est le péché en vérité : la privation de la gloire de Dieu (Ro 3, 23), expérience semblable à celle de l’enfer sous son aspect de définitive perte de Dieu (HUvB, dans O. Boulnois [dir.], Je crois en un seul Dieu , p. 140-141).

 

1174. La foi

Une foi sans la pratique qui correspond à cette foi est une foi morte. Et la première oeuvre de la foi consiste à ne pas résister à Dieu, à lui faire confiance totalement et à se livrer à l’agir de Dieu (La vérité est symphonique, p. 92).

 

1175. Connaissance de Dieu

Combien est limitée la connaissance de Dieu que possèdent les individus! D’où la nécessité fondamentale où ils se trouvent de la compléter par celle de toutes les autres créatures (En lisant Claudel, dans Dramatique, III, p. 385).

 

1176. Eglise de pécheurs

Tout au long de l’histoire, l’Eglise reste une Eglise de pécheurs, et ses saints sont les premiers à se reconnaître comme tels… Nécessité pour l’Eglise de prier chaque jour : « Pardonne-nous nos offenses », tant que dure le temps d’ici-bas… Jamais l’Eglise n’est parfaitement à la hauteur de ses tâches (Marie première Eglise, p. 116).

 

1177. Mission

« Mission » veut dire que Dieu m’envoie au monde, à mes semblables (peut-être pour une action bien précise), peut-être pour compatir dans la Passion du Christ, à la croix, lieu par excellence des ordres contemplatifs. L’essentiel de l’attitude de toute mission est d’être disponible à tout ce que Dieu veut. Remise de soi entre les mains de Dieu pour que Dieu seul en dispose. Et Dieu en dispose toujours au profit du monde (Nouveaux points de repère, p. 116).

 

1178. Vatican II

Mot d’esprit de Mgr von Streng (Bâle) qui n’avait pas pris de théologien avec lui pour le concile Vatican II : « Je n’ai pas amené à Rome de théologien; un plus intelligent que moi : de quoi aurais-je eu l’air? Un aussi intelligent : à quoi bon? Un peu plus bête : je n’en ai pas trouvé ». Conclusion du P. de Lubac : "Il aurait bien fait cependant d’amener Balthasar. Personne, semble-t-il, ne l’a exclu, mais personne n’y a pensé"(H. de Lubac, Carnets du concile, II, p. 251).

 

1179. La gloire et la croix

En avril 1965, le P. de Lubac lit en traduction le premier volume du P. Balthasar : « La gloire et la croix ». Le concile Vatican II se terminera en décembre 1965. Réflexion du P. de Lubac : « Le concile est privé d’un des hommes qui auraient pu lui apporter le plus de lumière; on n’a sans doute pas voulu l’exclure, mais ni Rome ni son évêque n’ont pensé à lui » (H. de Lubac, Carnets du concile, II, p. 394).

 

1180. Services

11 novembre 1965, au cours de la dernière session de Vatican II. On apprend au P. de Lubac qu’une modeste fête a été organisée à Bâle pour les soixante ans du P. von Balthasar. Réflexion du P. de Lubac: « Depuis six années (préparation, puis concile) Balthasar est tenu écarté; non pas même volontairement exclu, mais nul n’a pensé à lui. Que de services il aurait rendus! L’Eglise s’est ainsi privée du meilleur de ses théologiens » (H. de Lubac, Carnets du concile, II, p. 456).

 

1181. Frêle esquif

Le monde entier, avec toute sa solidité, vogue comme un frêle esquif sur la profondeur insondable. Seul élément absolu et décisif : l’amour inexplorable du Père (La prière contemplative, p. 43).

 

1182. Origines

L’origine d’une nouvelle vie est aussi secrète que la résurrection du Seigneur (De l’intégration, p. 260).

 

1183. Relations

C’est sans aucun doute un fait historique que Jésus a appelé des disciples, qu’il les a invités à le suivre dans sa propre vie d’une manière personnelle, et par là a érigé consciemment son propre être en modèle, montrant comment on parvient à la véritable relation avec Dieu (Les grands textes sur le Christ, p. 214).

 

1184. La joie parfaite

L’Eglise ne peut jamais s’établir dans l’événement de Pâques – et par suite dans la joie parfaite de Pâques – de telle sorte qu’elle ne devrait pas se trouver toujours aussi en route avec Jésus vers la croix, non seulement en tant que pécheresse qui se réjouit d’être bientôt rachetée de ses péchés, mais aussi en tant que l’amante qui a devant les yeux quel prix l’aimé va avoir à payer pour cette rédemption (Nouveaux points de repère, p. 239).

 

1185. La colère

La colère de Dieu (dans l’Ecriture), c’est la détermination totale de l’amour à ne pas pouvoir pactiser avec le mal, à ne pas vouloir pactiser avec le mal… Le mal qui s’est incrusté dans le coeur des hommes doit disparaître à tout prix et être jeté hors du monde (L’Apocalypse, p. 87).

 

1186. Prière de sécheresse

Méditation chrétienne telle que tous les saints l’ont connue et comprise : se tenir là où « cela fait du bien » non pas à un tel mais au salut du monde entier, dans une prière de sécheresse et, si Dieu le veut, de déréliction… L’Ecriture dit seulement : Bienheureux les pauvres en esprit, les mendiants à la porte de Dieu, qui y frappent et qui, lorsque la porte leur sera ouverte, seront accueillis comme les enfants du Père (Une méditation trahison, Axes, oct.-nov. 1978, p. 13).

 

1187. Père

Lorsque l’Esprit crie « Abba, Père » en celui qui ne sait pas prier (peut-être parce que Dieu est pour lui trop grand ou trop loin ou trop près), cette parole n’est pas une parole audible, mais peut-être seulement une parole silencieuse se dégageant de l’être (Dieu et l’homme d’aujourd’hui, p. 233).

 

1188. Le vrai

L’homme n’est dans le vrai que lorsqu’il vit dans la vérité de Dieu (Et cette vérité, Dieu en a fait don à l’homme par la révélation biblique)      (Adrienne von Speyr et sa mission théologique, p. 78).

 

1189. La semence de Dieu

Le Christ vivait de la vérité donnée à chaque instant par le Père… Dans une attitude de pleine disponibilité, chercher à comprendre les signes des temps… Recevoir de Dieu le contenu et l’explication de sa vie… Recevoir son temps comme donné à chaque instant par Dieu. Et l’état d’ouverture de l’homme à Dieu, c’est la foi et la prière… Le Fils se comporte dans une certaine mesure d’une manière réceptive et comme féminine à l’égard de la volonté du Père; de même l’Eglise et tout croyant à l’égard de la vie du Fils. L’effusion de cette ‘semence de Dieu’ (1 Jn 3,9) est l’événement le plus intime de l’histoire (Théologie de l’histoire, p. 115-116).

 

1190. Les paroles de la vie éternelle

L’événement de la naissance de l’Eglise à partir du Christ est un événement permanent, se produisant à chaque instant, et la structure ministérielle permanente (institution) est ce qui garantit la possibilité de participer en chaque temps à l’événement originel… La fixation définitive de la Parole de Dieu dans l’Ecriture est la condition pour que les paroles de la vie éternelle (Jn 6,68) restent sans cesse accessibles dans leur force originelle, mais cela à vrai dire seulement si elles sont reçues et comprises dans le courant vital de la « tradition » qui assure la liaison avec l’original (Dramatique, II, 2, p. 284).

 

1191. Le sens de l’existence

C’est l’existence individuelle du Christ qui donne un sens à toutes les autres existences dans le temps, aussi bien à celles du passé qu’à celles de l’avenir. La signification donnée au passé n’est qu’en apparence plus étonnante que la signification donnée à l’avenir (Théologie de l’histoire, p. 74).

 

1192. Pourquoi n’aimer qu’une femme?

« Pourquoi n’aimer qu’une femme quand on pourrait en aimer mille? », demande Don Juan… Une connaissance mutuelle trop intime peut détruire l’attente toute fraîche du don qu’apporte l’autre (L’amour seul est digne de foi, p. 78).

 

1193. Le pécheur

Le pécheur : celui qui a renoncé à la quête d’une vraie réalité,… qui connaît le morne ennui d’une vie sans Dieu (Le chrétien Bernanos, p. 350).

 

1194. Eucharistie

Ils ne sont peut-être pas nombreux ceux qui ont pleine conscience de ce qui est douloureux dans l’acte sacrificiel auquel ils participent et qui savent vraiment que, dans cette action, chaque fois qu’elle se produit, ils annoncent la mort du Seigneur (1 Co 11,26). Mais au moins doivent-ils y consentir en marchant sur les traces du Crucifié (Dramatique, III, p. 369-370).

 

1195. Tentations

La tentation subie par Jésus au début de son activité l’a fortifié dans ses certitudes : en présence de son destin qui contient la volonté absolue et exigeante de Dieu, il n’a aucune possibilité d’agir avec des moyens et des pouvoirs surhumains qui se trouveraient peut-être (magiquement) à sa disposition; mais comme l’exige l’incarnation authentique, il ne peut agir qu’avec les forces accordées par Dieu et, du côté humain, uniquement avec la pauvreté, l’obéissance et l’abandon (La gloire et la croix. III. Théologie. 2. Nouvelle Alliance, p. 145).

 

1196. Souffrance

La souffrance du monde n’est-elle pas le meilleur prétexte aux accusations contre Dieu (Triple couronne, p. 72).

 

1197. L’énigme

Sans la relation essentielle de l’homme au mystère du Christ, l’homme demeure nécessairement une énigme insoluble. Et donc ce n’est pas un hasard si jusqu’ici on ne lui a jamais trouvé de solution. Le caractère insaisissable de l’homme provient de son face-à-face avec le mystère de Dieu qui est par essence inconnu; l’homme, fait à l’image de Dieu, porte nécessairement en lui quelque chose de ce caractère mystérieux (Dramatique II, 1, p. 300).

 

1198. L’amour

L’amour chrétien : il est miséricorde qui vient du coeur, disposition bienveillante d’accueil, sentiment d’humilité, douceur qui ne se défend pas, patience pleine de générosité, disposition à supporter le prochain insupportable, pardon parce que Dieu a pardonné (L’amour seul est digne de foi, p. 164).

 

1199. Le pont

Comme le Christ lui-même dont elle porte la figure, l’Eglise a à servir de pont entre Dieu et le monde. Elle apparaîtra donc d’autant plus digne de foi qu’elle sera davantage une transparence laissant voir Dieu, de même que dans le Christ, tout, jusqu’à la dernière fibre, laisse transparaître le Père (La gloire et la croix, I, p. 474).

 

1200. La contrainte

La mort, c'est une contrainte, mais c'est aussi un événement spirituel. C'est la reddition de son corps à son donateur... Faire de notre mort une offrande parfaite entre les mains du Père (Dramatique, IV, p. 434).

 

1201. Le Ressuscité

Le Seigneur ressuscité veut rester concrètement présent à son Eglise tous les jours jusqu'à la fin du monde (Complexe antiromain, p. 169).

 

1202. L'infini

L'âme ne peut se reposer que dans l'infini (Grégoire de Nysse dans Présence et pensée, p. 69).

 

1203. L'éternité

Prière d'Augustin : "Tu précèdes tous les temps passés du haut de ton éternité toujours présente" (E. Guerriero, Hans Urs von Balthasar, p. 94).

 

1204. Dépendance

Le monde dépend tout entier de l'être divin qui le précède (Dramatique IV, p. 88).

 

1205. La surprise

Question finale : connaissons-nous ce que nous espérons? Ni connaissance totale, ni ignorance totale. La réponse est donnée dans 1 Co 2,6-16 : et elle tient sur le fil du rasoir. La sagesse de Dieu a besoin d'une libre révélation par l'Esprit intérieur à Dieu, de même qu'un Toi humain ne peut que librement introduire dans son intimité. Aucune "transcendance" des hommes vers Dieu, du Je vers le Tu, ne peut anticiper cette libre ouverture de soi. Affirmation centrale du verset 12 : Nous avons reçu l'Esprit qui vient de Dieu afin de connaître les dons que Dieu nous a faits. Tout ne s'arrête pas à une parole de Dieu : Dieu va jusqu'à déposer son Esprit dans notre esprit. "Don de grâce" qui ne peut être arraché au geste donateur de Dieu et transformé en une possession dont l'homme disposerait de lui-même, en "savoir absolu". La preuve en est que la sagesse mystérieuse de Dieu reste une "folie" pour l'homme charnel... La gloire que Dieu a préparée pour l'homme n'est pas montée au coeur de l'homme par transcendance : elle est pur don de Dieu à ceux qui l'aiment... Puisque l'Esprit de Dieu est intériorisé à l'esprit humain qui aime, celui-ci est vraiment engagé dans son acte de comprendre et de parler, sans que le don de Dieu devienne jamais un bien propre et que le mystère de l'amour merveilleux devienne quotidien et accoutumé... Et parce qu'il aime, le croyant ne cherche pas à savoir quelle part de l'avenir il a pu pressentir. Il est heureux de se laisser sans cesse surprendre par l'amour divin; et connaissant la joie qu'a Dieu de nous surprendre, il se laissera surprendre une dernière fois, qui sera la toute première (Cf. 1 Jn 3,2)     (La gloire et la croix. Nouveau Testament, p. 454-456).

 

1206. Le sens

L'histoire humaine est prise en charge par l'histoire du Christ qui lui imprime un sens, un sens qui ne lui est pas imposé de l'extérieur et d'en haut sans qu'elle y fasse attention, mais un sens qui réclame de l'homme au contraire une volonté de présence, de participation (Théologie de l'histoire, p. 120).

 

1207.La lumière de Dieu

Se laisser conduire (par Dieu) est essentiellement une attitude d'humilité, de simplicité de la foi; seule cette attitude fraye le chemin à la communication divine, seule elle accorde à la lumière de Dieu tout l'espace d'un coeur purifié. ("Heureux les coeurs purs, ils verront Dieu")... Cette béatitude donne... plus d'aisance pour... percevoir ce qu'il y a d'insurpassable dans le don que Dieu fait de lui-même (Dramatique, II,1, p. 105).

 

1208. Initiation

Toute l'histoire d'Israël est une éducation du genre humain, une initiation croissante à la vérité divine toujours égale à elle-même (De l'intégration, p. 137).

 

1209. Un silence divin

Il y a des choses sur lesquelles Dieu maintient un silence divin que nous devons respecter (Dieu et le drame du monde, dans la revue Communio, 2011/2).

 

1210. Confrontation

"Tout est à nu et à découvert aux yeux de Celui à qui nous devrons rendre compte" (He 4,13). Chaque Parole de la révélation - de l'Ancien Testament, de l'évangile, des épîtres des apôtres, de l'Apocalypse - a distinctement ce caractère de jugement... Le feu du jugement ne sera rien d'autre que la confrontation suprême et inélucatble avec la Parole pour celui qui jusqu'à présent avait toujours fui à son approche (La prière contemplative, p. 236).

 

1211. Les pieds sales

Dans le plan de Dieu, l'Eglise est le maillon indispensable entre l'amour de Dieu et l'amour de l'humanité. Et si tu trouves que l'Eglise n'est pas à la hauteur, eh bien fais de ton mieux pour que cela change... Tout homme qui veut augmenter dans l'Eglise la capacité d'amour afin qu'augmente, par l'Eglise, la capacité d'amour du monde, doit imiter... au plus intime de son coeur l'humble geste d'amour de Jésus et en faire son attitude profonde : il doit laver les pieds sales de ses frères (Cf. Jn 13,13 ss.). On n'a pas le droit de choisir lorsqu'on se met à laver les pieds; chacun de ces frères aux pieds sales est le frère pour lequel le Seigneur est mort, qu'il soit sympathique ou non, progressiste ou réactionnaire, ou Dieu sait quoi encore. Seul l'amour - qui a été répandu en nous par le Seigneur mais qui doit maintenant passer aux actes - édifie, alors que la vaine science détruit (1 Co 8,1) (Points de repère, p. 194-196).

 

1212. L'Indispensable

Selon saint Thomas d'Aquin, Dieu est l'Indispensable sans qui l'homme affamé de bonheur ne peut atteindre sa fin (Théologie des Exercices, p. 58).

 

1213. Le fils perdu

Le dernier des fils perdus devient, par la croix de Jésus, le prochain du Juif et donc celui de Dieu : cela impose qu'il le devienne aussi pour quiconque suit le Christ (Dramatique, IV, p. 254).

 

1214. Le salut

On ne peut parler de véritable salut que lorsque quelqu'un qui souffre et restait jusque là esclave de cette souffrance la maîtrise, y acquiesce en toute liberté intérieure et, s'il s'agit d'un chrétien, s'en remet à Dieu qui la domine et la donne (Article paru dans Communio, mai 1977, p. 31).

 

1215. Les monstres

Nous ne comprendrions rien à ce qui se passe dans la temporalité... hors de cette profondeur où nous avons notre vérité devant Dieu. (Le tout de l'homme n'est pas la vie végétative). Sans cela, les hommes restent d'affreux monstres non développés, des moignons d'hommes... Nous sommes nés de la lumière et nous retournons à la lumière (Le chrétien Bernanos, p. 50-52).

 

1216. Les étapes

Toutes les étapes de la révélation biblique étaient requises pour aboutir à l'incarnation de Dieu et donc aussi à la compréhension de Dieu par l'homme (De l'intégration, p. 211).

 

1217. Angoisse

Angoisse de Dieu qui, dans son désir de donner, a laissé à l'homme la liberté de quitter la maison paternelle... Chaque fois que cette liberté ne revient pas à lui sous forme d'amour reconnaissant et réciproque, mais se change en éloignement et en ingratitude, son coeur blessé saigne. Le pécheur reviendra-t-il? L'univers entier, avec ses grands courants d'histoire païenne et judaïque, est la preuve des efforts toujours croissants de Dieu pour ramener à Lui la créature... Et lorsque toutes les tentatives ont échoué, le Père met son Fils en danger et l'envoie sans défense au milieu de ses vignerons perfides... Il accepte d'assister en silence à la mort de son Fils (Avec Péguy dans E. Guerriero, Hans Urs von Balthasar, p. 250).

 

1218. Formes douces ou cruelles

C'est dans notre silence que Dieu fait entendre son appel et nous invite à nous replonger dans notre Origine. Cet appel revêt toutes les formes douces ou cruelles : avertissements et châtiments, hasards intérieurs ou extérieurs, joie et douleur. Quand l'homme se met en quête de Dieu, il y a bien longtemps que Dieu est en quête de lui (Avec Tauler dans La gloire et la croix, IV, 2, p. 127).

 

1219. Mission

A l'origine de toute mission spéciale de vie chrétienne, il doit y avoir un acte d'indifférence absolue, c'est-à-dire immédiate à l'égard de Dieu : cet acte est pure disponibilité à tout, pure acceptation de tout ce que Dieu peut décider. C'est... le reflet de l'exigence de Jésus demandant à ses disciples : "Si quelqu'un vient à moi sans haïr son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses soeurs, et jusqu'à sa propre vie, il ne peut être mon disciple" (Lc 14,26). [Haïr, c'est-à-dire ici : en cas de nécessité, quitter, dépasser, tout informer à partir de la Parole de Dieu] (Nouveaux points de repère, p. 44).

 

1220. Le mensonge

Le saint : quelqu'un en qui il n'y avait pas beaucoup de mensonge! Juste ce qu'il faut pour vivre, pour vivre notre pauvre chère chienne de vie, rien de plus, aucune imposture (Le chrétien Bernanos, p. 281).

 

1221. La foi

L'Eglise : l'instance qui communique la foi au Seigneur. Par sa proclamation, l'Eglise invite les hommes à se rattacher à sa foi : d'abord par elle, puis en elle et avec elle (La gloire et la croix, I, p. 499).

 

1222. Le credo de Hans Urs von Balthasar

Au fond il n'y a qu'un seul dogme, de même que l'homme est un malgré la multiplicité de ses organes, de ses situations et de ses vues. Ce dogme est identique à la prédication apostolique : le Ressuscité a souffert sur la croix "pour nous et pour beaucoup"; d'où : il est le Fils de Dieu; d'où né de la Vierge; d'où : le juge des vivants et des morts qui ressusciteront eux aussi. Parce qu'il est le Fils de Dieu, il n'est pas subordonné à Dieu le Père, et l'Esprit qu'il a envoyé à son Eglise est réellement l'Esprit de Dieu  (Catholicisme, p. 101-102).

 

1223. L'énigme

L'homme a conscience d'être jeté dans l'être sans l'avoir voulu, il tend vers le vide, il n'a pas son fondement en lui-même, son existence lui échappe fatalement. Le Christ est venu de la part de Dieu éclairer son origine; et l'homme a à se laisser conduire vers son origine; il peut se reconnaître comme relié à l'amour absolu du Père parce qu'il est coengendré dans la grâce avec le Fils unique. C'est la seule voie pour l'homme de se comprendre lui-même : le fait d'avoir la vie en lui-même et d'être intelligent, indépendant et responsable, il l'a reçu de quelqu'un d'autre qui lui veut du bien. L'homme est un mystère pour lui-même : il se sait transcendant au monde et il n'a pas en lui-même son fondement ultime; il se sait transcendant au monde et il est finalement le jouet des forces du monde. Le Christ est venu inviter l'homme à ratifier sa dépendance à l'égard de la Liberté qui l'a créé. Nul ne devient malgré lui un enfant du Père céleste (Dramatique II, 2, p. 29).

 

1224. Les gouttes de la grâce

"Isangelos" , pareil à un ange : mot magique des premiers chrétiens. Ils enviaient aux anges leur capacité de vivre continuellement dans la lumière de la pleine conscience et de ne jamais laisser tomber la moindre goutte de grâce (Grains de blé II, p. 137).

 

1225. Le goût et la joie

Rôle du Saint-Esprit dans la compréhension de la foi : goût et joie trouvés dans la Révélation, sentiment intime de sa vérité et de son authenticité internes. Ainsi soutenu, l'homme peut et doit s'ordonner consciemment à la Révélation..., s'accoutumer à vivre en elle, harmoniser avec elle toute sa personne (La gloire et la croix, I, p. 208).

 

1226. Les quarante jours

La forme d'existence du Christ dans l'eucharistie... n'est pas différente de celle des quarante jours entre Pâques et Ascension... Ici et là, il est le Ressuscité, celui qui vit dans l'éternité mais qui, comme tel, accompagne les siens dans le temps (tout en étant dans l'éternité). La différence : pendant les quarante jours, son accompagnement a lieu au grand jour, dans le temps de l'Eglise il se réalise dans le secret des formes sacramentelles. Les quarante jours sont le commencement même du temps de l'Eglise... Par la messe, l'Eglise devient véritablement et corporellement contemporaine du Christ s'offrant en sacrifice. On ne peut mieux faire que de comparer pareil événement avec les rencontres - très réelles aussi pour lui! - du Ressuscité avec Marie-Madeleine au tombeau, avec Thomas, avec les apôtres et les autres disciples (Théologie de l'histoire, p. 93 et 97).

 

1227. Folle espérance et certitude

Si nous sommes chrétiens, c'est-à-dire si nous saisissons que Dieu est amour, au sens où il veut que soit compris son amour, alors nous avons la confiance et la certitude, nous possédons cette espérance tout à fait unique, folle, contraire à toute expérience : notre existence nous sera un jour donnée dans son unité, non pas péniblement recollée, ni comme une figure nouvelle, étrangère, à laquelle nos fragments terrestres n'auraient en rien contribué, mais comme une image exacte dans laquelle nous nous reconnaîtrons comme pour la première fois et serons enfin ce que nous aurions toujours voulu être (Retour au centre, p. 124-125).

 

1228. Exigence

Dieu peut exiger beaucoup de nous parce que beaucoup a été exigé du Fils sur la croix (Aux croyants incertains, p. 62).

 

1229. Blessure d'amour

Écarter le côté moyenâgeux de la théorie d'Anselme : réparation de l'honneur lésé de Dieu. Y substituer l'idée d'un amour divin bafoué par le péché. Péché : offense faite à Dieu (Galot). Dieu s'est engagé dans le monde et s'est rendu vulnérable (Guillet). Il serait absolument indigne de Dieu de révéler d'abord une justice à la fois gracieuse et exigeante, et de laisser tomber ensuite toute exigence et tout jugement pour ne manifester qu'un amour insoucieux du comportement des hommes. Mais Dieu qui envoie son Fils dans cette mort affreuse, n'est-il pas cruel, inhumain? Cynisme naïf de "ce pauvre dominicain" (Xxxxxx) : Jésus n'a que peu souffert : 24 heures dans un poste de police. Voilà que des religieux se mêlent à la foule qui blasphème au pied de la croix. Il en a sauvé d'autres...- Ne comprendre le mystère de la Passion que comme mystère trinitaire : le Fils et l'Esprit égaux au Père. Un dessein créateur et salvifique du Père conçu aussi par le Fils et l'Esprit dans la plus parfaite unité avec lui. Le Fils aura à souffrir dans ce plan du salut, mais il faut admettre que la proposition procède originairement de lui, que lui-même s'offre au Père pour soutenir et sauver l'oeuvre de la création. Cette proposition du Fils atteint le coeur du Père plus profondément que le péché du monde ne pourra l'atteindre : blessure d'amour en Dieu dès avant la création... Blessure antérieure à celle que vise Anselme, à savoir l'offense faite au Père par le péché et expiée par le Fils (Au coeur du mystère rédempteur, p. 37-40).

 

1230. Le labyrinthe

Jésus-Christ : sa démarche vers tous les êtres égarés dans le labyrinthe du monde afin de les ramener au bercail se heurte de plein fouet à la volonté dressée contre tout rattachement à la source créatrice (Dramatique, , p. 412).

 

1231. La messe du dimanche

Saint Maxime le confesseur ne se lasse pas d'exhorter chaque chrétien... à fréquenter la sainte église de Dieu, à ne jamais renoncer à l'eucharistie qui y est accomplie, soit à cause des saints anges qui y assistent et prennent note des assistants pour les présenter à Dieu et offrir pour eux des supplications, soit à cause de la grâce du Saint-Esprit qui est sans doute toujours invisiblement présente mais qui, plus efficace pendant la sainte eucharistie, transforme les assistants, les recrée et, selon les ressources de chacun, les entraîne vers un degré supérieur du divin, leur enseignant la signification des saints mystères, même s'ils n'ont pas conscience de cette grâce en la recevant (Liturgie cosmique, p. 244).

 

1232. Le geste d'amour

Le croyant ira jusqu'à discerner dans la déréliction de la croix le geste d'amour le plus authentique du Père (Dramatique, II,1, p. 107).

 

1233. Valeur éternelle

Notre frère pour qui le Christ est mort... Notre frère a valeur éternelle pour Dieu et le regard plonge dans des profondeurs insondables (Qui est chrétien?, p. 99).

 

1234. Un langage

Dieu ne pouvait trouver dans la création aucun meilleur langage que la Passion pour se communiquer lui-même... La Passion du Christ est aussi véritablement une Parole proférée par Dieu (De l'intégration, p. 284-285).

 

1235. Refonte

C'est la foi qui constitue le lien entre le ciel et la terre; et vivant dans la foi, nous possédons la maîtrise sur notre mort, en ce sens que la mort n'est plus rupture mais refonte de notre existence en Dieu... Même l'éternité, qui est le temps de Dieu, appartient au croyant. Et son temps terrestre ne saurait tomber en dehors de ce temps éternel... La foi trouve ses garanties en Jésus-Christ, le Médiateur entre la création et la Trinité (Dramatique, IV, p. 99-100).

 

1236.Minimum

Pour déterminer la pratique d'un chrétien, il n'est pas tout à fait juste de se borner à observer s'il va à l'église tous les dimanches et s'il fait ses Pâques. D'une part, c'est un minimum en ce qui concerne les commandements de l'Eglise, d'autre part, ce n'est même pas l'essentiel, car l'essentiel, c'est la charité chrétienne vécue. C'est plutôt signe qu'il a une attitude chrétienne en principe. Il y a d'ailleurs lieu de se demander si c'est un symptôme de santé ou de maladie. La dernière hypothèse s'appliquerait au cas de celui qui regarderait le christianisme comme une institution d'assurance pour le ciel et qui paierait sa prime minimale; la première au contraire, s'appliquerait à celui qui aurait conscience que, pour durer, sa qualité de chrétien a besoin de cet acte régulier, discipline de soi qui représente à la longue un sacrifice nullement insignifiant... Il y a une haute vertu de profession de foi dans ce sacrifice (Qui est chrétien?, p. 101-102).

 

1237.Le succès

"Le succès n'est pas un nom de Dieu" (Martin Buber). Le Dieu succès est un Dieu de ce monde. Il faut situer la fine pointe du christianisme dans le fait que la fécondité chrétienne atteint son sommet dans l'échec aux yeux du monde, dans la faillite de la croix... S'abandonner soi-même à la volonté incompréhensible du Père, obéir dans la nuit de l'esprit, se laisser conduire "là où l'on ne veut pas aller", se laisser enfouir dans la terre comme un grain de blé : c'est là la principe d'une fécondité nouvelle que le monde ne peut comprendre et qu'il est impossible de comptabiliser... Le plus grand sucès de Jésus, c'est l'inutilité de la croix (Points de repère, p. 17-18).

 

1238.Le centre

Tous les êtres ont leur motif intrinsèque suprême dans le Christ, toutes les personnes sont constituées en vue du Christ. Pour les déchiffrer et les comprendre objectivement, il n'y a pas d'autre possibilité que de les orienter vers ce centre où elles s'intègrent (G. Hopkins cité dans La gloire et la croix, II,2, p. 267).

 

1239. Laver les pieds

Incroyable que l'Être absolu s'abaisse jusqu'à laver les pieds et même les âmes de ses créatures... Rien dans le monde ne justifie une telle métaphysique... Élever un édifice si prodigieux sur un fondement si fragile (Jésus de Nazareth), c'est dépasser toute limite de la raison (L'amour seul est digne de foi, p. 131).

 

1240.Enfantement

Paul ne fait que décrire à la perfection la fécondité propre à la vie très chaste de Jésus-Christ et à travers lui, de Marie, de Joseph, de Jean-Baptiste, de l'apôtre bien-aimé et de tant de chrétiens à leur suite... C'est à cause d'elle que l'Eglise catholique, et l'Eglise orthodoxe à sa manière, sont si farouchement attachées au célibat des prêtres : vécu en toute conscience et dans une réelle disponibilité à enfanter à nouveau les fidèles jusqu'à ce que le Christ soit formé en eux, c'est une grâce qui prend sa source en Marie et qui peut être incontestablement reconnue aux fruits qu'elle porte... Paul, qui ne peut encore savoir à quel point sa chasteté revêt un caractère marial, la vit très consciemment comme un douloureux enfantement de ses enfants (Cf. Gal 4,19)  (Marie pour aujourd'hui, p. 26-28).

 

1241.Explicitation

Jamais la théologie n'a pu être autre chose que l'explicitation de la Révélation apportée par l'Ancien et le Nouveau Testament, en même temps que de ses implications (le monde comme créé) et de son but (l'imprégnation du monde créé par la vie divine)     (Dramatique I, p. 101).

 

1242.Juger les autres

Les saints jugeront le monde, et même les anges (1 Co 6,2ss.). Ceci ne peut devenir actuel que quand chaque personne, même le saint, est tellement purifié par son regard sur le Transpercé que son regard sur le monde et sur les anges est devenu semblable à celui du Fils de l'homme. Tout ce qui pourrait trahir, ne serait-ce qu'une étincelle de complaisance en soi-même, de joie perverse à la condamnation des autres, doit être complètement extirpé... Communication du regard et du point de vue de Dieu sur l'ensemble de l'histoire du monde, où les 'saints' qui avaient déjà adopté de tout temps ce point de vue de Dieu, sont désormais justifiés aussi dans leur vision des choses... Cf. saint Paul : "L'homme qui vit de l'Esprit (Saint) peut juger de tout, alors que personne ne peut porter sur lui un jugement" (1 Co 2,15)    (Article Jugement, dans Communio 1980/3, p. 24-25).

 

1243. Ouverture

Le saint, le sanctifié, c'est celui qui a surmonté ses résistances au Saint-Esprit qui lui est donné. Foi parfaite : abandon de toute vie propre à la disposition de Dieu, oui sans limites. Si un tel acte est parfait quelque part, c'est la sainteté accomplie, car la créature qui le produirait serait sans partage ouvert à l'Esprit Saint (Catholique, p. 74-75).

 

1244. Monstruosité

Le même Esprit qui dévoile les enchaînements intimes de la Parole de révélation et fait jaillir un nouvel esprit par la comparaison du spirituel au spirituel (cf. 1 Co 2,13) prouve par là sa liberté et sa richesse inépuisable, à tel point que l'idée d'une vue d'ensemble systématique sur la Sagesse divine, même la Sagesse qui de fait a été révélée, apparaît comme une énormité et une monstruosité rationnelle. Ni la succession des définitions dogmatiques de foi promulguées par les conciles et les papes, ni celle des spéculations théologiques, quelque riche de sens que soit la manière dont se relaient les systèmes et les sommes, n'engendre comme conséquence historique une vue d'ensemble de la révélation, qui serait en quelque sorte contraignante, comme si le temps qui va du Christ au jugement dernier était destiné à l'Eglise afin qu'elle traduise la Parole quelque peu confuse et désordonnée des Ecritures en un système rationnel à peu près exhaustif, enrichi de toutes les conclusions théologiques possibles et susceptibles d'être embrassé d'un seul regard (De l'intégration, p. 135).

 

1245. Un coeur qui saigne

Lorsque le Fils, fait homme sur terre, accomplit expressément la volonté du Père que lui présente l'Esprit Saint, il a fallu que cette obéissance soit précédée de toute éternité par l'offre spontanée et impensable que le Fils fait au Père de sa propre personne : payer de son sang et de son angoisse pour le bien du monde; offre qui ne peut pas ne pas avoir touché le Père au plus intime de son coeur et à laquelle le Père ne pouvait que consentir comme à la meilleure possible, à la plus haute révélation de l'Amour absolu. Il y a consenti "d'un coeur qui saigne"... parlant dès lors par anthropomorphisme (Nouveaux points de repère, p. 205).

 

1246. Le feu

Il est venu jeter un feu sur la terre, et c'est lui qui est ce feu... Les paroles qui sortent de sa bouche ont le plus souvent quelque chose d'ouvertement provocant et il n'est pas étonnant que les flammes jaillissent aussitôt... L'amour qu'il est venu apporter, il le voile dans les paroles annonçant le jugement et dans les menaces de perte éternelle... Il épargne ses miracles pour ne pas les opérer dans l'incroyance mais dans la foi. Celui qui ne mange pas sa chair et ne boit pas son sang n'a pas de part avec lui et aucun accès au Père. "Ce langage est dur. Qui peut l'admettre?" (Prière contemplative, p. 169).

 

1247. Comparaison

L'Eglise, dans son essence, est un mystère qui demande la foi pour être accepté et approfondi... L'Eglise n'a pas d'identité propre autonome par rapport à son fondateur et Seigneur. La moins mauvaise des comparaisons est celle de l'Eglise comme corps du Christ : un corps détaché de sa tête est un non-sens (E. Guerriero, Hans Urs von Balthasar, p. 191).

 

1248. Responsabilité

Dieu n'est pas d'abord puissance absolue, mais amour absolu, et sa souveraineté se manifeste non dans le fait de retenir ce qui lui est propre, mais dans le fait de l'abandonner... Dieu, de toute éternité, assume la responsabilité du succès de la création (Le mystère pascal, p. 32... 39).

 

1249. Exister

L'Eglise existe davantage là où il y a davantage de foi, d'espérance et de charité, en un mot davantage de sainteté (E. Guerriero, Hans Urs von Balthasar, p. 196).

 

1250. L'orgueil

Bernanos : "S'il m'arrive de mettre en cause l'Eglise, ce n'est pas dans le ridicule dessein de contribuer à la réformer. Je ne crois pas l'Eglise capable de se réformer humainement, du moins dans le sens où l'entendaient Luther et Lamennais. Je ne la souhaite pas parfaite, elle est vivante. Pareille aux plus humbles, aux plus dénués de ses fils, elle va clopin-clopant de ce monde à l'autre monde; elle commet des fautes, elle les expie, et qui veut bien détourner un moment les yeux de ses pompes, l'entend prier et sangloter avec nous dans les ténèbres. Dès lors, pourquoi la mettre en cause, dira-t-on? Mais parce qu'elle est toujours en cause. C'est d'elle que je tiens tout... Le scandale qui me vient d'elle m'a blessé au vif de l'âme... Ou plutôt il n'est d'autre scandale que celui qu'elle donne au monde. Je me défends contre ce scandale par le seul moyen dont je dispose, en m'efforçant de comprendre... Je parle au nom de braves gens qui me ressemblent comme des frères... Le monde est plein de misérables que vous avez déçus. Personne ne songerait à vous jeter une telle vérité à la face si vous consentiez à la reconnaître humblement. Ils ne vous reprochent pas vos fautes. Ce n'est pas sur vos fautes qu'ils se brisent, mais sur votre orgueil" (Le chrétien Bernanos, p. 81-82).

 

1251. Raison de vivre

La raison de vivre de Jésus est... d'annoncer la charité de Dieu, sa charité même de Fils de Dieu (Au coeur du mystère rédempteur, p. 45).

 

1252. Le mystère de la personne

Aucune créature ne se tient isolée devant Dieu. Chacune sait bien que ses compagnes dont le mystère lui est caché sont comme elles découvertes et révélées aux yeux de Dieu. Les créatures sont voilées les unes aux autres dans leur vérité la plus profonde, mais elles sont toutes ensemble dévoilées devant Dieu... Si l'une veut en connaître une autre comme elle est en vérité, il faut qu'elle cherche à la considérer avec les yeux de Dieu, il faut qu'elle regarde ses déficiences comme Dieu... dans une atmosphère d'amour très pur. Pareille vision du prochain ne peut naître qu'en relation étroite avec Dieu, dans la prière et le renoncement... Si on veut collaborer dans l'amour (à une amélioration), on ne pourra trouver de meilleure solution que de remettre ce qu'on aime avec une confiance toujours plus grande et un abandon plus total à la direction créatrice de Dieu... Attitude d'abandon et d'indifférence... La raison doit exercer sa fonction de juge... Mais cette mission (de juger)... implique la remise finale du jugement entre les mains de Dieu (Phénoménologie de la vérité, p. 258).

 

1253. Enrichissement

L'arrière-plan de résurrection reste la joie essentielle à partir de laquelle toutes les formes du dépouillement sont accordées et distribuées... Pauvreté pour Dieu et en Dieu, pauvreté vis-à-vis de Dieu, pauvreté de Dieu en nous... C'est ensuite l'affaire de Dieu de décider si cette pauvreté en esprit doit être vécue comme béatitude sentie ou non, comme enrichissement inouï par l'infinité de Dieu ou comme privation de tout le fini sans le gain senti de Dieu (Dieu et l'homme d'aujourd'hui, p. 205).

 

1254. La foi

L'acte de foi réclame du croyant le don de tout son être en sacrifice d'obéissance... La foi est l'adaptation de toute l'existence à Dieu (La gloire et la croix, I, p. 178 et 186).

 

1255. La musique

L'amour unique de Dieu pour chaque personne joue sur l'instrument original et universellement valable de la vie du Christ une mélodie incomparable, neuve, jamais entendue, au cours de chaque nouvelle lectio divina. Les touches de l'instrument sont limitées, tout comme les paroles de la sainte Ecriture, mais les variations possibles qu'elles permettent sur le thème du don de soi de l'amour divin et de l'initiation au sens profond divin sont absolument infinies (La prière contemplative, p. 214).

 

1256. Le repos

L'homme, cet être en quête de son achèvement, ne peut pas trouver le repos tant que la résurrection des morts n'est pas pour lui une certitude. Et cette résurrection n'apparaît qu'en liaison avec le message de la mort d'amour du Fils de Dieu dans le cadre de l'histoire (De l'intégration, p. 115).

 

1257. Rencontre

L'Ecriture est... le récit de la rencontre entre Dieu et les hommes, entre Dieu et les hommes du temps du Christ, dans lesquels tous sont chaque fois compris (La prière contemplative, p. 29).

 

1258. Stérilité

Bible : la stérilité physique, l'impossibilité de concevoir un enfant, de le porter et de le mettre au monde a la même marque évidente que la pauvreté totale. La femme ainsi affligée est profondément humiliée en même temps que méprisée et plainte. Elle ne réussit même pas à faire ce que peut faire une bête, elle ne remplit pas sa destinée humaine, elle déçoit son époux et sa famille. L'apparence pauvre et méprisable d'une virginité pour l'amour de Dieu est toute proche de cette stérilité biblique qui est régulièrement la condition préalable de l'action de Dieu dans le sens de la promesse (Isaac, Samson, Samuel, Jean-Baptiste)... Grâce de la fécondité au service de Dieu... Is. 49,21 : "Qui m'a enfanté tous ceux-là? J'étais sans enfants, stérile et à l'écart; ceux-ci, qui les a fait grandir? J'avais été laissée seule; ceux-là, d'où viennent-ils donc?"... Le message de la Révélation n'est un message de joie que pour le pauvre, il ne fructifie que dans la stérilité (Qui est chrétien?, p. 79-80).

 

1259. Les traces de la Résurrection

L'Ecriture n'est pas une parole sur laquelle la résurrection serait passée sans laisser de traces. Le Nouveau Testament ne vient pas se ranger simplement après l'Ancien Testament comme deux tomes reliés d'un même ouvrage. Tout est une parole qui est un témoignage de la résurrection. Parole du Ressuscité lequel, pendant les quarante jours, éclaire sa propre vie ainsi que l'Ancien Testament à l'intention de l'Eglise (Théologie de l'histoire, p. 144).

 

1260. Foi vivante

La foi vivante se contente de se tenir devant la face de Dieu qui le regarde, sans se soucier de le voir ou non (La gloire et la croix, I, p. 278).

 

1261. Se laisser former

Se laisser former par l'Esprit..., être essentiellement disponible et donné, renoncer à toute anticipation personnelle, c'est la seule manière chrétienne valable, et la seule féconde, dont l'homme peut, pendant sa vie et au-delà d'elle, 'faire histoire' au sens de Dieu. Se laisser former, ce n'est pas faire montre d'une passivité vide, parce que toute semence de parole et d'esprit, lorsqu'elle déposée, invite déjà... à une coopération... et à une participation dans la responsabilité (De l'intégration, p. 242).

 

1262. Le naïf premier amour

Les conseils que l'on peut donner à celui qui se met à la contemplation sont nombreux et pourtant ils peuvent contenir dans une coquille de noix. Ce ne sont proprement, à les mieux regarder, que les conseils que l'on donne à celui qui aime, et c'est là une indication très importante en ce qui concerne l'essence de la contemplation. Rien n'est aussi libre que l'amour... Il doit seulement veiller à ne pas tomber, en devenant libre, dans un nouvel esclavage..., à se rechercher à nouveau lui-même inconsciemment, à rechercher son propre plaisir. Et cela dure jusqu'au jour où l'on remarque que l'amour s'est évanoui parce que l'on s'est toujours déjà en cachette recherché soi-même... L'amour rend libre quand il est désintéressé et il l'est quand il est capable de renoncer même à la jouissance, aux avantages... Tout amour terrestre doit passer par cette purification. Il faut qu'arrivent les instants, les périodes où l'amour est mis à l'épreuve par le renoncement. Alors on discerne si l'enthousiasme de la première rencontre était du véritable amour. Alors aussi le naïf premier amour, s'il était vraiment présent, est purifié et approfondi au feu du renoncement (La prière contemplative, p. 135-136).

 

1263. Magnificence

Dieu est amour. Il est aussi la magnificence absolue. Mais il nous rend humbles parce que lui-même n'est pas seulement la magnificence absolue mais tout autant l'humilité absolue (Théologie de l'histoire, p. 195).

 

1264. Angoisse et ambition

Le rôle de l'Eglise (qui est elle-même un mystère divin) est d'introduire jusque dans le monde terrestre le rayon mystérieux de l'amour trinitaire et crucifié. L'Eglise est communication de tout l'amour de Dieu au monde tout entier... Je dois pouvoir espérer pour chaque frère... On ne met pas entre parenthèses le contenu de sa foi, on ne le noie pas dans un léger murmure humaniste. Mais on la présente dans la situation de mission avec la ferme assurance que c'est possible : "Ne cherchez pas avec inquiétude comment parler ou que dire, c'est l'Esprit de votre Père qui parlera en vous" (Mt 10,19-20)... Faire de l'interlocuteur la norme, et non plus Dieu, trahirait seulement l'angoisse du chrétien d'être à la hauteur de son époque, son angoisse et son ambition, inconscientes peut-être. "Croyez à ce que je vous ai promis : l'Esprit de votre Père est capable de se rendre maître de toute situation" (Cordula, p. 101-102).

 

1265. Banqueroute

Voici ce que signifie la croix du Christ : la volonté d'être absolument impuissant, d'éprouver l'agonie au mont des oliviers, de subir l'infamie extrême et l'amertume, la trahison, le reniement, l'abandon, un trépas qui est une banqueroute, de renoncer à toute espérance éprouvée et réconfortante, à toute foi sensiblement vécue et à tout amour senti. C'est cette volonté qui est le but direct de la vie du Rédempteur. Quiconque veut imiter cette vie doit au moins attendre avec abandon de voir s'il n'est pas dirigé sur la même voie (De l'intégration, p. 226).

 

1266. Le visage

Les traits de l'homme s'épanouissent, s'éclairent et s'approfondissent lorsque l'homme rencontre non un miroir qui lui renvoie son image, mais son original suprême... Ce n'est qu'en Dieu que le visage de l'homme s'illumine (Dieu et l'homme d'aujourd'hui, p. 181).

 

1267. L'heure

Dieu a prévu pour l'homme tout bien. L'homme doit recevoir chaque bien quand Dieu le lui donne... Toute désobéissance, donc tout péché, est, dans son essence, anticipation, saut par-dessus le temps... D'où dans la nouvelle Alliance le rôle de la patience (plus encore que l'humilité) comme disposition fondamentale de l'existence chrétienne... L'heure qui vient... ne peut être anticipée d'aucune manière, même pas être sue (Mc 13,32; Jn 2,4) : ce serait aussi une anticipation qui détruirait l'accueil pur, nu, sans réserve de ce qui vient du Père... La perfection du Fils est son obéissance qui n'anticipe pas (Théologie de l'histoire, p. 36-38).

 

1268. Larmes

(Le Fils) : il espère totalement, purement que le peuple de Dieu recevra la Parole de Dieu, que Jérusalem se convertira. Et un jour, au point culminant de la lutte entre la Parole et le peuple, la certitude se fait jour : Israël ne se convertira pas. La Parole de Dieu fait cette expérience humaine qu'au lieu de convertir l'homme, elle les endurcit. C'est l'heure où il pleure sur la cité sainte. L'heure affreuse où il découvre l'inutilité de l'engagement humain suprême. Désormais, ce n'est pas seulement de sa vie qu'il paie sa vérité, mais de ces larmes terribles (De l'intégration, p. 278).

 

1269. Purgatoire

Le purgatoire est vécu dans l'isolement total; tout est concentré sur le rapport de Dieu à chaque personne. Aussi personne n'éprouve le besoin de savoir ce qui arrive aux autres en un tel état. L'âme est fascinée par quelque chose qui ne tolère aucune distraction... L'âme n'est occupée que de Dieu et d'elle-même. On n'apercevra de nouveau le frère qu'au moment où on sera si totalement purifié par l'amour du Seigneur que l'on deviendra capable de le regarder avec les yeux du Seigneur. On comprend alors que ce passage de la superficialité à la profondeur de la personnalité soit le vrai fondement capable d'inaugurer une communion authentique et définitive (Dramatique, IV, p. 332).

 

1270. Ouverture

Le mystère de la Pentecôte, c'est le mystère de l'ouverture et de l'accès pour tous. Ceux qui ont reçu l'Esprit sortent et prêchent dans toutes les langues à tous les peuples. Et ce jour-là, environ trois mille personnes se convertirent. Cette ouverture de Dieu ne concerne pas quelques élus seulement, mais absolument tout le monde. Les quelques-uns des premiers jours remarquent que l'espace de Dieu est accessible, et ils ne sont choisis que pour annoncer aux autres cette découverte. L'Eglise sur terre est cette ouverture de Dieu au monde, le lieu où elle s'accomplit et où elle est connue. Mais pour que d'autres puissent s'en apercevoir, les chrétiens doivent sortir, purs comme après un bain, rayonnants du soleil qui les illumine, l'âme pleine des sons entendus au ciel. Il faut qu'ils soient, pour les autres, ouverture du ciel (Tu couronnes l'année de tes bontés, p. 123).

 

1271. Les yeux de l'espérance

Nous pouvons dire et affirmer comme saint Paul que la grâce est plus forte que la faute, que tous meurent en Adam, mais qu'ils seront ressuscités dans le Christ qui déposera aux pieds de son Père la création achevée. Mais nous devons aussi affirmer avec le Christ et l'Evangile que les pécheurs seront punis d'une damnation éternelle. Concilier cette antinomie n'est pas l'affaire de la théologie de la terre. La perspective toujours grave de la perdition possible ne doit pas s'oublier si l'on veut que la gravité de la vie chrétienne ne se transforme pas en un jeu... Il y a des menaces divines non seulement pour le mal accompli, mais tout autant pour le bien négligé et pour ce que nous n'aimons pas notre prochain. Ce n'est que dans la crainte qu'il nous est permis de lever les yeux de l'espérance sur le royaume des cieux (Liturgie cosmique, p. 277-278).

 

1272. Un achèvement

Seule l'offre de Dieu adressée à l'homme de pouvoir acquérir une vie éternelle intégralement humaine lui ouvre un espace dans lequel il peut déployer un espoir positif d'achèvement... Non pas directement, car la transformation à travers la mort lui reste imposée, mais dans une orientation où il ose, dans la foi en Dieu, espérer son achèvement. Et le Christ pousse de toute sa force vers la conclusion espérée et voulue par Dieu par l'héritage qu'il a laissé : son Eglise, sa Parole, ses sacrements, ses saints... En agissant ainsi, le Christ ne centre pas tout sur lui-même, il ne se comprend lui-même que comme l'envoyé du Père céleste qu'il sert en lui obéissant humainement de la manière la plus profonde et, sa tâche une fois accomplie, il fait descendre (d'auprès du Père et avec le Père) l'Esprit divin sur l'Eglise. La venue du Christ dans le monde renvoie à un événement inconcevable au sein de l'Amour libre absolu. Et le Fils, en tant qu'obéissant, révèle cet événement intra-divin et il dévoile aussi l'attitude juste de l'homme devant Dieu : le service jusqu'à l'oubli de soi (Dramatique, II,2, p. 17).

 

1273. Le message

Le message de Dieu n'est une joie que pour le pauvre... Pour le riche, la parole de Dieu est toujours inopportune, car elle exige tout l'espace, et celui-ci est encombré de possessions personnelles. Le message n'est pas une joie pour lui, mais une gêne, peut-être même un jugement... Les pauvres, n'ayant rien, savent qu'ils ne sont rien, éternels débiteurs, éternels publicains du fond du temple, toujours mineurs devant Dieu. Les majeurs, ce sont les pharisiens et les docteurs de la Loi. Les pauvres, ce sont les gens de rien, les zéros sans importance, les insignifiants dont il n'y a rien à dire et dont on ne tient pas compte, dont on ne demande jamais l'avis. "Ce qu'il y a de fou et de faible dans le monde, c'est cela que Dieu choisit" (1 Co 1,26-28)    (Qui est chrétien?, p. 76-78).

 

1274.Tomber amoureux

Si l'on venait à penser que l'homme peut apprendre l'amour chrétien en tombant amoureux ou en trouvant un ami, on se tromperait lourdement. Dans tout ce qui est chrétien, il y a aussi abnégation de soi; elle est la forme essentielle du christianisme (Grains de blé, II, p. 82).

 

1275. Origine

A la source de l'homme il y a un mystère que rien d'autre ne peut dévoiler qu'une parole venue de l'origine de l'être (Dramatique, I, p. 210).

 

1276. Aimer l'invisible

En lui (le Christ) Dieu s'est rendu visible à nos yeux et Jésus doit nous apprendre maintenant "à nous laisser entraîner par lui à aimer ce qui demeure invisible" (Préface de Noël)   (Nouveaux points de repère, p. 184).

 

1277. Une destinée

L'homme : "une destinée dont l'origine est indéniable et l'aboutissement énigmatique"... Ce que Dieu cherche, c'est "l'adhésion intérieure" de l'homme... La liberté de l'homme est un reflet de la lumière de la gloire de Dieu révélée sous forme d'une alliance avec l'homme (Dramatique, II,1, p. 16-17).

 

1278. L'homme comblé

Pour être lui-même, pour être sauf, pour être sauvé, l'homme doit faire de lui-même une réponse à Dieu. Pour parvenir à une pleine conscience de lui-même, il doit s'exprimer envers Dieu comme celui que Dieu, dans son amour, a inventé, voulu, apostrophé. Pour être lui-même,l'homme doit se savoir éternellement blotti et rassasié dans les réserves du Père. Le langage, comme l'acte de foi, requiert une certaine distance, la dignité d'une libre décision de fidélité. Dès que s'obscurcit pour l'homme cette Présence qui l'accomplit, le temps apparaît vide et vain; il se sent perdu et voué à la mort parce qu'un temps vide porte en lui la mort; l'homme n'est comblé que dans l'éternel (De l'intégration, p. 244).

 

1279. Le Bien-Aimé

Sans doute y a-t-il aussi une ardeur de l'amour qui veut apprendre à connaître l'aimé..., qui veut le contempler de tous les côtés et retenir ce qu'il a contemplé. Et c'est aussi pour ce motif que le Verbe de Dieu s'est fait chair : il a voulu se laisser contempler et toucher pour l'amour du Père. A ce point de vue la lectio divina (la méditation) n'est jamais paresseuse ; elle ne veut pas dormir auprès du Bien-Aimé, mais veiller et rester attentive et se nourrir de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. Cependant elle n'est pas curieuse et insatiable, mais elle sait apprécier la valeur du mets qui lui est présenté aujourd'hui et s'en contenter. C'est ce mets et nul autre qu'elle doit aujourd'hui goûter intérieurement, c'est de ce mets qu'elle doit tirer la joie et la force nécessaires pour le trajet qu'elle doit accomplir jusqu'à la montagne de l'Horeb (La prière contemplative, p. 139).

 

1280. A genoux dans la poussière

L'attitude de foi fait que l'homme n'aborde la Parole de Dieu, l'Ecriture, qu'à genoux dans la poussière, convaincu que la Parole écrite, imprimée, contient l'esprit et la force permettant à l'homme de rencontrer l'infini du Verbe dans la foi... On ne peut rencontrer cette Parole que dans l'adoration (Théologie de l'histoire, p. 143-144).

 

1281. Certitude

La Bible ne s'intéresse pas aux dispositions religieuses de l'homme, mais à sa docilité envers la révélation que Dieu fait de lui-même et envers la tâche qu'il lui confie... Celui qui vit et pratique la fidélité de la foi... (reçoit) de façon mystérieuse la certitude d'être sur la bonne voie vers le Père et d'en être l'enfant bien-aimé (Nouveaux points de repère, p. 57).

 

1282. Le risque

Le risque de Dieu, en créant le monde, c'est de laisser partir à la dérive toute la liberté humaine (Dieu et le drame du monde, dans la revue Communio 2011, N° 2).

 

1283. La prière et le oui

Le oui (tel celui de Marie) est la source et l'origine de toute prière : dans la mesure où ce oui retentit vers Dieu, une parole est prière... Aucune prière ne peut poser de conditions, elle commence vraiment là où elle se décide à abandonner les conditions, quelques craintes que l'on ait... Le consentement illimité de Marie à l'obéissance illimitée du Fils envers le Père est devenu la substance de l'Eglise (Cordula, p. 32-33).

 

1284. Ce monde atroce

Qui peut mesurer ce que Dieu a risqué quand il a créé des êtres libres capables de le contredire en pleine face? Devait-il les damner? Il est alors perdant au jeu cosmique qu'il avait engagé. Devait-il simplement leur faire grâce? Il n'aurait alors pas pris leur liberté au sérieux, il l'aurait court-circuitée. Comment pouvait-il donc prendre ce risque? A une seule condition : que depuis l'origine le Fils éternel se porte garant des pécheurs par une solidarité absolue avec eux jusqu'à l'abandon par Dieu. C'est à ce prix que Dieu a pu déclarer "très bon" ce monde atroce et lui donner l'être (HUvB dans O. Boulnois [dir.], Je crois en un seul Dieu, p. 58).

 

1285. Le meilleur

Certes le vouloir divin sur l'homme en général est fort clair grâce à la Révélation, mais ce qui, pour chacun en particulier, est décidément le meilleur et sous quelle forme il se présente, personne ne peut le dire, et il n'est pour cela d'autre règle que de s'abandonner à la volonté personnelle et insondable de Dieu (Suso)   (La gloire et la croix, IV, 2, p. 129).

 

1286. Le poids

"Le savoir enfle, c'est la charité qui édifie" (1 Co 8,1)... Mais Dieu ne regarde pas notre savoir avec mépris : nous devons "connaître l'amour du Christ qui surpasse toute connaissance, pour être remplis de toute la plénitude de Dieu" (Ep 3,19)... Impossible, de quelque côté que l'on cherche, de concevoir quelque chose qui aurait plus de poids, qui serait plus enrichissant et comblerait davantage les hommes (Points de repère, p. 18).

 

1287. Incarnation

Pourquoi l'incarnation du Fils de Dieu? Parce qu'il veut prendre sur lui la culpabilité de tous les hommes... Dieu nous a aimés jusqu'à en mourir... L'amour du prochain? Se conformer à la pensée et à l'attitude de Dieu pour le monde (Tu couronnes l'année de tes bontés, p. 174).

 

1288. Sommet

La révélation a atteint son sommet indépassable avec la mort et la résurrection du Christ. La suite de l'histoire ne peut plus être qu'un espace dans lequel cette lumière rayonne (De l'intégration, p. 126).

 

1289. La mémoire

Le rôle de l'Esprit Saint est de rafraîchir quotidiennement la mémoire de l'Eglise et de la remplir de manière renouvelée de toute vérité (HUvB, dans H. de Lubac, Paradoxe et mystère de l'Eglise, p. 190).

 

1290. La parole suprême

Reconnaître en Jésus la parole suprême de Dieu adressée au monde, c'est-à-dire celle dans laquelle Dieu dit quel sens a pour lui la création tout entière, et quel visage il veut montrer au monde (Simplicité chrétienne, p. 56).

 

1291. La joie

La joie pascale des chrétiens sera une joie contenue, une joie qui garde présente la pensée des souffrances d'autres membres du Christ, de l'humanité en général. La joie chrétienne, qui est le fondement existentiel de tout être chrétien, peut être emmurée dans les profondeurs de l'âme qui appartiennent à Dieu, et cette joie peut devenir insaisissable pour le croyant; il suffit qu'il puisse dire : elle est le début et le terme. Que l'âme, en effet, soit dans la joie ou dans la souffrance, l'Esprit ne cesse "d'attester que nous sommes enfants de Dieu... Nous souffrons avec le Christ pour être aussi glorifiés avec lui" (Ro 8,16 ss.)    (Jésus nous connaît-il?, p. 94-95).

 

1292. L'Esprit Saint

On entrevoit maintenant quel travail formidable le Fils a laissé à l'Esprit Saint. Sa propre vie ayant été un échec, tout est à reconstruire de fond en comble. Il faut consolider la foi, l'espérance, la charité... Ensuite conférer la force pour la vie chrétienne... Pour rendre cela possible, il faut créer la structure mystérieuse que l'on appelle l'Eglise, laquelle est, comme toute structure, en partie visible, en partie cachée, en partie objective et institutionnelle, en partie subjective et existentielle... Avec l'Eglise, il y a tout ce qui lui appartient : l'Ecriture, la Tradition, le ministère et ce dont il est le garant... et enfin l'enseignement de la vérité du Fils déployée par l'imagination infinie de l'Esprit, révélant le Père par la sainteté des fidèles et la théologie (les deux allant nécessairement de pair)... Activité nouvelle et toujours commune du Fils et de l'Esprit, puisque désormais le Fils agit précisément dans l'Esprit, restant avec nous tous les jours jusqu'à la fin du monde, comme si la révélation du Père et de son amour commençait réellement pour de bon (Théologique, II, p. 409-410).

 

1293. Vivre en chrétien

La décision de vivre dans le Christ (de vivre en chrétien) ne s'oriente pas avant tout vers l'observation de préceptes exigeants, mais vers le risque total de l'humble adhésion à une présence qui se pose, sans s'imposer, comme la seule solution à la liberté elle-même... Etre chrétien : humble conscience d'appartenir définitivement au mystère de Dieu fait homme (A. Scola, Hans Urs von Balthasar. Un grand théologien, p. 170-172).

 

1294. Le goût

L'amour répandu dans l'homme par l'Esprit lui donne le goût de Dieu (E. Guerriero, Hans Urs von Balthasar, p. 267).

 

1295. L'Histoire tout entière

Le Dieu d'Israël et le Seigneur de l'Eglise s'attribuent d'emblée droit et puissance sur l'Histoire tout entière... La Parole de Dieu dans l'Ancien Testament est d'emblée ouverte à l'ensemble de l'Histoire. Pour l'ancienne Alliance : dans la promesse faite à Abraham que tous les peuples seraient bénis en lui; dans les visions du second Isaïe : que Jérusalem serait le centre de tous les royaumes de la terre. Pour la nouvelle Alliance : en vertu de la mission imposée aux apôtres et à tous les chrétiens concernant l'humanité dans son ensemble (De l'intégration, p. 117-118).

 

1296. Les sacrements

Les sacrements sont là uniquement pour que l'acte de la rédemption - croix, résurrection, Pentecôte - ne se réduise jamais à un pur souvenir, mais soit un perpétuel présent (Catholique, p. 48).

 

1297. Recevoir Dieu

Dieu est essentiellement don. Nul ne peut recevoir Dieu chez soi en s'appropriant Dieu. Si Dieu est essentiellement don, on ne le connaît et ne le possède que lorsqu'on est désapproprié de soi-même et livré... La foi, c'est la disposition à laisser agir Dieu; non seulement le laisser agir à sa guise, mais vouloir ce qu'il veut, c'est-à-dire vouloir être saisi par lui (La gloire et la croix, III,1, Nouvelle Alliance, p. 347-348).

 

1298. La grisaille

(Après les grands événements des débuts de la vie de Jésus, le quotidien reprend son cours pour Marie)... Il tombe maintenant une lumière sur tout ce quotidien, long, caché, apparemment insignifiant ou même vain. Sur toutes les petites et minuscules occupations du ménage : laver, cuisiner, coudre, nettoyer la maison (comme la femme de la parabole, sûrement vue sur le modèle de la Mère), s'occuper des hommes, vivre avec des voisins pas toujours amicaux. La plus grande partie de la vie des saints est grisaille quotidienne (Triple couronne, p. 118).

 

1299. La maladie

Prière pour le bon usage des maladies : Je ne trouve rien en moi qui puisse vous agréer..., rien, Seigneur, que mes seules douleurs qui ont quelque ressemblance avec les vôtres... Ô Dieu qui ne vous êtes fait homme que pour souffrir plus qu'aucun homme... Entrez dans mon coeur et dans mon âme pour y porter mes souffrances et pour continuer d'endurer en moi ce qui vous reste à souffrir de votre Passion que vous achevez dans vos membres jusqu'à la consommation parfaite de votre Corps, afin qu'étant plein de vous ce ne soit plus moi qui vive et souffre, mais que ce soit vous qui viviez et qui souffriez en moi, ô mon Sauveur (Pascal cité dans La gloire et la croix, II, p. 108-109).

 

1300. Le tremplin

De toutes parts retentit le cri : où pouvons-nous faire l’expérience de Dieu? Il faut à l’homme un minimum d’expérience comme tremplin pour risquer le saut dans la foi. Le fiat de Marie a été précédé du salut de l’ange, les Douze ont été envoyés et engagés par un Maître qu’ils connaissaient, Paul a subi à Damas l’emprise du Christ glorifié qui l’a désapproprié : mais nous, qui allons-nous rencontrer? Qui a le pouvoir de nous engager et de nous envoyer en mission (Le complexe antiromain, p. 309).

 

1301. Le soleil

Aucun homme ne devient libre pour lui-même et pour tous les êtres s’il n’est illuminé, ensoleillé, irrigué par l’amour. Si cela est vrai du monde spirituel à un niveau purement humain, ce l’est tout autant et plus encore de l’homme devant Dieu, appelé à une communion d’amour avec lui : l’homme doit être illuminé, ensoleillé, irrigué par l’Amour d’en haut pour devenir vraiment lui-même (De l’intégration, p. 99).

 

1302. Fragments

A travers tous les fragments de la vérité exprimée en mots, viser le Tout de la vérité divine qui nous dépasse à l’infini et qui dépasse aussi nos possibilités d’expression (Vincent Holzer, Hans Urs von Balthasar, p. 28).

 

1303. Le trésor

L’Eglise n’oublie pas les jours que le Fils de Dieu a passés sur la terre, et tout ce que le ciel, dans le cours des siècles, a donné à la terre comme visions fut toujours destiné à rafraîchir le souvenir qu’elle en a et à enflammer de nouveau ses désirs : où est ton trésor, là aussi est ton cœur (Prière contemplative, p. 299).

 

1304. La souffrance sans espoir

La foi en acte est de marcher à la suite de Jésus. Mais Jésus vient du ciel pour s’enfoncer de plus en plus dans le monde des pécheurs. Finalement, en mourant pour eux sur la croix, il prend sur lui leur expérience de l’éloignement de Dieu et même de l’abandon par Dieu. C’est donc précisément la perte de cette certitude lumineuse qui est assurée au croyant éprouvé… Paul a vécu et exprimé ce paradoxe : il sait d’une part que Dieu le console au milieu de toutes ses difficultés et, d’autre part, que ses propres souffrances contribuent à la consolation et à la consolidation intérieure de l’Eglise. (2 Co 1,4-7). Quelqu’un peut éprouver une très forte souffrance et être infiniment consolé, c’est-à-dire savoir qu’il agit au centre de la volonté de Dieu : beaucoup de martyrs ont connu cela. D’autres peuvent ne plus rien voir, ni sentir, ni comprendre, tout en projetant une lumière sur les autres. Il en est ainsi pour beaucoup de grands malades incapables d’apercevoir le moindre sens à leurs souffrances sans espoir : de même que Celui qui fut crucifié pour tous ne voyait plus aucun sens à son abandon par Dieu (Nouveaux points de repère, p. 57-58).

 

1305. La solution

La résurrection est le coeur du kérygme, par quoi le christianisme prétend pouvoir fournir la seule solution complète, la seule satisfaisante du problème anthropologique (De l’intégration, p. 76-77).

 

1306. Le parfum

Le Fils est le chemin qui mène au Père. Il est le parfum du Père dans le monde (Prière contemplative, p. 70).

 

1307. La réception de la Parole

La liturgie est le service sacré de la prière de l’Eglise devant Dieu… Dans ce service sacré, l’Eglise a les yeux fixés sur Dieu. L’acte principal de la liturgie de l’Eglise, c’est l’ouverture à la Parole de Dieu et sa réception. Double réception : du Verbe comme Parole et du Verbe comme chair. La réception du Verbe comme Parole est la condition préalable à la réception du Verbe comme chair. Le Verbe de Dieu était déjà présent sur terre dans l’Ancien Testament sous forme de Parole, mais pour se promettre lui-même, pour promettre son avènement sous forme de chair et en même temps pour préparer cet avènement dans les cœurs (Prière contemplative, p. 113-114).

 

1308. Le diable

La victoire sur le diable est l’affaire propre de Dieu, et donc on ne peut le combattre qu’avec l’armure de Dieu : les chrétiens doivent « s’armer de force dans le Seigneur, de sa force toute-puissante » (Ep 6,10 ss.). Ce sont les armes propres de Dieu dont l’homme est autorisé à se servir, celles-là même que le Seigneur a employées lorsqu’il a été tenté par le diable… Il n’y a en face du diable aucune illusion possible de se croire en sécurité (Dramatique, IV, p. 187).

 

1309. Communion des saints

Incomprise, abandonnée même par son mari, ayant enterré ses six enfants mais non pas son naturel sociable, étrangère à ses propres sœurs et à ses belles-sœurs, ridicule, travaillant stupidement gratis pour les autres, elle n'avait pas accumulé d'avoir pour ses vieux jours. Une chèvre blanc sale, un chat banal, un ficus... Et nous tous qui vivions à côté d'elle n'avions pas compris qu'elle était ce juste dont parle le proverbe et sans lequel il n'est village qui tienne. Ni ville. Ni notre pays entier (Soljenitsyne cité dans Points de repère, p. 75).

 

1310. Le sommet

L'ancienne Alliance qu'on appellerait peut-être avec plus de raison l'Alliance temporaire... portait en soi la promesse d'être éternelle... Jésus Christ n'est rien d'autre que le sommet de l'histoire de Dieu avec sa création (Le complexe antiromain, p. 141).

 

1311. Pas d'espoir possible

Essayer de se représenter ce que fut l'événement de Pâques pour les apôtres. On vient d'enterrer quelqu'un que nous connaissions bien : cercueil et cimetière et tombe. On rentre chez soi, un peu abasourdi par ce qui est arrivé. Le surlendemain, l'enterré est au milieu de nous, il nous salue comme s'il revenait d'un voyage. Nous ne savons pas s'il faut rire ou pleurer. Cela paraît tellement impossible. Et puis il montre ses mains et ses pieds et son côté comme on montrerait des souvenirs de voyage pour bien prouver qu'il a bien été là-bas, qu'il a réellement été au pays de l'ombre et de la mort, du froid et de la prison sans espoir, dont on ne revient pas... C'est de là-bas qu'il revient. Il montre ses plaies qui sont comme des ouvertures sur ce qui fut... Le samedi saint, le sens du monde et le but de l'existence ont disparu, ont été enterrés. Les apôtres littéralement abattus, dans un vide indicible, déçus, abandonnés : "Nous espérions que c'était lui qui délivrerait Israël. Et cela fait trois jours déjà qu'il est mort". Il n'y a pas d'espoir possible. C'est une fin définitive... Et pourtant le troisième jour, le sens du monde ressuscite. Jésus est le premier-né d'entre les morts, l'homme renaît de Dieu, nouveau et éternel. Au-delà de la mort, il commence sa vie éternelle (Tu couronnes l'année, p. 79-80).

 

1312. Les petits enfants

Que Notre Seigneur a bien fait de nous prévenir qu'il y a plusieurs demeures dans la maison du Père! Sans cela il nous l'aurait dit... Oui, si toutes les âmes appelées à la perfection avaient dû, pour entrer au ciel, pratiquer ces macérations, il nous l'aurait dit, et nous nous les serions imposées de grand coeur. Mais il nous annonce qu'il y a plusieurs demeures dans sa maison. S'il y a des grandes âmes, celles des Pères du désert et des martyrs de la pénitence, il doit y avoir aussi celle des petits enfants (Thérèse de Lisieux citée dans Thérèse de Lisieux, p. 288-289).

 

1313. L'obscurité de Dieu

L'image du Crucifié, qui est l'image de la Passion, montre l'obscurité de Dieu et incite le pécheur à la conversion. L'Eglise contemple ce point où Dieu se voile. L'Eglise n'est composée que de pécheurs qui se rassemblent pour célébrer en commun le repas commémoratif de la Passion. Le mystère des noces du Christ avec l'Eglise requiert la contemplation inlassable de la tête couverte de sang et de blessures (La gloire et la croix, I, p. 442-443).

 

1314. Le grand cri dans la nuit obscure

"Dieu est amour", c'est là le dernier mot de la Révélation. En face de ce monde-ci et de son visage défiguré, n'est-ce pas un énoncé risible, presque blasphématoire? Aucune religion n'a jamais risqué cette assertion. Dieu peut être l'Absolu, le Nirvana de tout ce qui est, le Bien suprême, l'Esprit se mirant en soi-même, mais qui voudrait lui attribuer de l'amour pour ce monde raté dont il est finalement responsable? Il faudrait, pour soutenir cette assertion, une preuve formidable. Et il n'y en a qu'une seule : c'est la croix, telle que l'Eglise l'a toujours vue, telle que Marie et avec elle tous les croyants l'ont comprise. Le grand cri dans la nuit obscure : "Pourquoi m'as-tu abandonné?", le coeur fendu jusqu'au centre d'où s'écoule le fleuve de vie, ce n'est pas seulement le cri et le coeur d'un pauvre homme, mais ce cri retentit dans l'espace de l'amour éternel, et le coeur ouvert n'est pas seulement celui de Jésus, mais, en lui, celui du Père. "Ô blessure vraiment royale! Ô sève de Dieu qui s'épanche! Ô coup si fièrement asséné entre la côte et la hanche qu'il perce jusqu'au nœud de la Trinité" (Claudel)    (La foi chrétienne est une, p. 7).

 

1315. La mère

On peut dire que Dieu, qui se penche avec un amour personnel infini sur cette créature nouveau-née (Adam?) pour lui insuffler cet amour et susciter sa réponse, fait dans l'ordre divin et surnaturel quelque chose d'analogue à ce que fait une mère qui, de la force personnelle de son coeur, éveille l'amour dans son enfant comme une véritable création (De l'intégration, p. 98).

 

1316. La dignité

Libération de l'homme par Jésus Christ (comme un appel) : libération par rapport à toutes les puissances cosmiques du destin, de la tyrannie du péché, de l'éloignement de Dieu..., de l'assujettissement à ce qui est vain, futile, et finalement à la mort. Par libre amour, le Christ s'est mis dans les liens de l'obéissance, du destin, de la mort et de l'abandon pour briser de l'intérieur leur puissance tyrannique. Ainsi donc, au milieu des lois et des structures terrestres, le chrétien vit désormais dans une liberté intime... L'incarnation de Dieu a élevé l'homme à la connaissance de lui-même..., à la conscience de sa propre tâche et du sens de son existence. Le pardon de Dieu sur toute notre vie est toujours en même temps appel, embauche, mission, don d'une dignité personnelle unique devant Dieu... Il n'y a qu'en Dieu que l'homme est dans sa vérité (L'engagement de Dieu, p. 37-40).

 

1317. Une seule prière inconnue

Les sacrements, comme la hiérarchie, sont des moyens; leur but, qui seul doit rayonner au dehors, c'est l'amour. C'est à lui qu'on doit reconnaître l'Eglise. C'est par lui que sa structure prouve la présence en elle de l’Esprit. L'Esprit qui engendre la foi, l'espérance et la charité, prouve aussi la présence vivante dans les chrétiens du Dieu trinitaire; et c'est l'histoire de la foi, de l'espérance et de la charité dans le monde qui est l'histoire véritable, authentique, de l'Eglise. La décrire n'est pas possible, car ce n'est que pour une moitié qu'elle surgit dans la dimension historique extérieure; pour l'autre moitié, qui est beaucoup plus importante, elle demeure cachée dans les âmes, dans l'intériorité du royaume de Dieu. On voit les impulsions qui transforment le monde, mais on ne peut établir scientifiquement leurs causes, comme on fait pour les causes terrestres. Une seule prière inconnue, une seule souffrance cachée unie à celle du Christ peut avoir ouvert de vastes champs d'efficacité visibles. Certes le Saint Esprit dans l'Eglise est un facteur historique, mais pas intra historique. Il crée la véritable histoire parce qu'il est son Seigneur (De l'intégration, p. 131).

 

1318.La plénitude

"Nous avons reçu grâce (définitive) pour grâce (préparatoire). Car la Loi fut donnée par l’intermédiaire de Moïse, la grâce et la vérité nous sont venues par Jésus Christ" (Jn 1,16-17). L'ancienne Alliance est une grâce qui annonçait le Christ. Ce n'était pas encore la plénitude. La plénitude, c'est quand le Père se dévoile intégralement dans le Fils devenu pleinement homme pour en être l'interprète, et lorsque cette plénitude est susceptible d'être "reçue" par l'homme grâce à l'Esprit Saint (Théologique, II, p. 20).

 

1319. Les petits pas

Notre vie, somme de petits pas, de travaux quotidiens le plus souvent insignifiants... L'effort pénible du travail sans l’accomplissement duquel l'homme ne progresse pas. Et toujours on doit faire ce qu'on aimerait mieux éviter : l'enfant aller à l'école et qui vit dans l'attente de la récréation, du dimanche et des vacances. L'étudiant qui attend l'heure de l'activité professionnelle. Que l'on considère le visage de ceux qui se pressent chaque matin vers leur travail. Les joies familiales achetées au prix de combien de sacrifices et de renoncements. Question de l'unité de notre vie. Il y a quelqu'un en qui la dispersion apparente de notre existence... est rassemblée et réintégrée dans toute sa déficience, son impuissance et son échec. Si nous sommes réellement aimés par le Père éternel, nos cheveux sont comptés par lui. Et quand il nous fait expier beaucoup de choses, c'est parce que des enfants ne peuvent rien apprendre d'une autre manière : ces pénitences qu'il nous impose sont aussi l'expression de son amour. Le Père vous aime. Si l'on s'amasse des trésors ici, c'est un geste contraire à celui de l'amour. Remettre à Dieu le soin de son trésor. En lui, tu trouveras ta vie rassemblée dans sa véritable unité, cachée, n'apparaissant jamais sur la terre. Espérance et certitude de trouver, dans l'amas de décombres que constitue finalement toute vie humaine, un édifice habitable. Espérance unique, folle, contraire à toute expérience : notre existence nous sera un jour donnée dans son unité dans laquelle nous reconnaîtrons pour la première fois ce que nous aurions toujours voulu être (Retour au centre, p. 109-124).

 

1320. L’entrée de Dieu dans la chair

L’entrée de Dieu dans la chair est le fondement de tout… Le Crucifié ne se contente pas de souffrir l’enfer mérité par les pécheurs, il supporte une déréliction dans la pure obéissance d’amour, et lui seul est capable d’accomplir cela en tant que Fils (Dramatique, IV, p. 252-253).

 

1321. Une issue vers l’infini

Incarnation : Dieu devient homme et le demeure éternellement. Par là, le fini lui-même a acquis une profondeur infinie; par là il a ouvert pour tout le fini une issue vers l’infini. Dieu a la libre possibilité (que l’Ecriture appelle amour) de devenir ce qui est sorti de lui par son acte créateur (K. Rahner, cité dans Théologique, II, p. 314-315).

 

1322. Le plus invraisemblable de tout

La réponse à la question du sens de l’existence ne peut provenir que du Dieu vivant et de manière totalement imprévisible… Le plus invraisemblable de tout, c’est que Dieu ne donne pas la réponse du dehors et d’en haut; il n’est pas le juge qui trône et regarde le jeu du monde. Il est réellement un acteur qui entre presque incognito sur la scène, qui non seulement désire éprouver la finitude avec ses heurs et ses malheurs, mais qui veut en vivre le dénouement, c’est-à-dire l’échec et la mort. Si cela est, l’existence n’aura pas à se plaindre d’avoir été méconnue en ce qui lui donne tout son poids (Dramatique, III, p. 116).

 

1323. Même l’incroyant

L’universalité du salut chrétien implique que tout homme est déjà foncièrement rejoint par la grâce du Christ (du moins par son offre). D’où nécessité d’une théologie dialogale : cet homme, tout homme, même l’incroyant est cet homme aimé de Dieu, capable de répondre au « Dieu inconnu ». Le messager de la foi parmi les incroyants doit prendre au sérieux ses partenaires en les considérant comme frères dans le Christ. Tous se rencontrent sous le regard du Seigneur et du Juge commun. C’est pourquoi le chrétien doit rester conscient que, dans les autres points de vue, il y a aussi une part de vérité, mais que la vérité chrétienne est toujours plus grande que ce qu’il peut saisir par la pensée. Il demeure sous le jugement de la Parole annoncée par lui, et ce jugement peut l’atteindre même par son frère non croyant (Retour au centre, p. 63-64).

 

1324. Un bout de fil

Où serait votre mérite s'il fallait que vous combattiez seulement quand vous vous sentez du courage? Qu'importe que vous n'en ayez pas, pourvu que vous agissiez comme si vous en aviez! Si vous vous trouvez trop lâche pour ramasser un bout de fil et que néanmoins vous le fassiez pour l'amour de Jésus, vous avez plus de mérite que si vous accomplissiez une action beaucoup plus considérable dans un moment de ferveur" (Sainte Thérèse dans Thérèse de Lisieux, p. 311-312).

 

1325. La pure grâce

Que se passe-t-il dans le coeur du Père quand il voit le Fils sur le chemin de la croix? Quand il doit se dire : voilà ce que j’ai permis à mon Fils unique et bien-aimé parce qu’il m’a prié de pouvoir le faire?… Saint Ignace le dit dans ses Exercices : nous devons considérer comment Dieu se donne de la peine pour nous et se comporte comme quelqu’un qui fait un travail pénible… Nous voudrions toujours qu’on nous explique pourquoi Dieu permet tant de souffrances dans le monde. La seule réponse qu’il nous donne se trouve ici : « Dieu a tant aimé le monde » qu’il a laissé s’écrouler sous ce monde le Fils unique. Mais Dieu est un : le même amour éternel se trouve aussi dans le Fils aimant qui nous a tant aimés qu’il a pris sur lui notre faute afin que le Père puisse de nouveau voir en nous ses enfants bien-aimés… Il ne faut pas que nous pensions tant à nos propres peines. Que sont-elles comparées au poids écrasant que Dieu porte pour nous? Et quand nous pouvons en porter une petite part avec lui, c’est alors pure grâce (Chemin de croix, p. 33).

 

1326. La voici enceinte et elle est encore vierge

Marie est loin de pénétrer tous les mystères insondables dont elle est le centre, elle doit fournir l’effort de les méditer inlassablement afin de les comprendre autant que possible. Il lui est dit qu’elle enfantera un fils conçu non d’un homme mais de l’Esprit Saint. La voici enceinte et elle est encore vierge. Ce fils lui a été désigné comme le Fils du Très-Haut. Comment une jeune fille juive pourrait-elle concevoir que Yahvé a un fils? Mais elle est enceinte, c’est là un fait indéniable. L’incarnation est une réalité qu’elle ne comprend pas mais qu’elle médite inlassablement. Et comment s’est produit l’inconcevable? « L’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre » (Marie pour aujourd’hui, p. 36-37).

 

1327. Le bienheureux jardin

L’ici-bas et l’éternité ne font qu’un : l’un est l’envers de l’autre, le temps est l’éternité voilée, l’éternité le temps dévoilé… Durant les quarante jours où le Seigneur transfiguré s’étant rendu visible marcha sur terre, les disciples sentirent le parfum du bienheureux jardin et purent même nous le rendre perceptible dans les récits de la résurrection (Grains de blé, II, p. 137-138).

 

1328. Ne pas penser

Nous qui courons dans la voie de l’amour, je trouve que nous ne devons pas penser à ce qui peut nous arriver de douloureux dans l’avenir, car alors c’est manquer de confiance et c’est se mêler de créer  (Sainte Thérèse dans Thérèse de Lisieux, p. 67-68).

 

1329. Absences

La présence permanente de Jésus auprès de nous se réalise à travers des retraits et des absences successifs. Il est venu dans le monde pour quelques années, puis il disparaît. « Je quitte le monde et je vais au Père » (Jn 16,28). Et cependant il ajoute, de manière paradoxale : « Si vous m’aimiez vous vous réjouiriez de ce que je vais au Père » (Jn 14,28), et cela pour deux raisons. 1. « Parce que le Père est plus grand que moi » : en disparaissant vers le Dieu plus grand, il parvient lui-même à sa véritable stature, telle qu’on pouvait l’entrevoir sur la montagne de la transfiguration et qu’elle devient pour lui définitive à sa résurrection. L’amour des disciples pour lui doit souhaiter pour lui cette stature définitive plus que la forme périssable, sensible, qu’il a revêtue par amour pour eux et par laquelle ils ont expérimenté sa présence. 2. « Il vaut mieux que je parte sinon le Paraclet ne viendra pas à vous. Si je pars, je vous l’enverrai » (Jn 16,7). Ils doivent renoncer à Jésus pour recevoir l’Esprit (La vérité est symphonique, p. 102-103).

 

1330. L'abîme

Si Dieu est vraiment mort pour nous, cela affecte l'existence concrète de tout ce qui est créé. Mais si nous sommes morts avec le Christ, cela ne signifie justement pas que nous sommes entraînés avec lui dans l'abîme, car il est mort pour tous afin que les vivants ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux (2 Co 5,15). La descente d'un seul dans l'abîme devient l'ascension de tous hors du même abîme (Le mystère pascal, p. 50).

 

1331. Les pieds

Dans l'Eglise, le plus grand, le plus chrétien, est celui qui est le plus au service des autres comme Jésus qui sert à la table eucharistique et lave les pieds de l'ennemi, Judas (Nouveaux points de repère, p. 309).

 

1332. Le mouvement

La grâce du Fils, c'est de nous emmener avec lui dans son mouvement de retour vers le Père (Méditation chrétienne, p. 104).

 

1333. Le miracle

Quand un amour m'est accordé, je ne peux le "comprendre" qu'en y voyant un miracle, je ne peux en venir à bout empiriquement ou transcendantalement (L'amour seul est digne de foi, p. 62-63).

 

1334. S'éveiller à la vie

L'eucharistie, c'est l'existence de Jésus (livré pour la multitude) mise à la disposition de tous sous la forme sacramentelle permanente. L'Eglise ne s'éveille à la vie que par Jésus qui s'enracine en elle dans le triduum mortis et la résurrection (Dramatique, II,2, p. 339).

 

1335. Le milieu

L'Eglise est le milieu qui a été inventé et préparé pour présenter et déployer la plénitude du Christ de la manière la plus riche et la plus variée à travers les temps jusqu'à la fin du monde (La prière contemplative, p. 209).

 

1336. Accueillir Dieu

Accueillir Dieu avec une foi, une joie totale, qui l'accepte tel qu'il veut se donner. (C'est ainsi que Dieu devient homme parmi nous, accueilli par Marie)    (La foi chrétienne est une, p. 8).

 

1337. C'est quoi l'amour?

"Dieu est amour". Aucune autre religion du monde n'a osé exprimer ces quelques mots : "Dieu est amour" (Méditation chrétienne, p. 14).

 

1338. Une impuissance toute-puissante

Les deux dogmes constitutifs de la foi chrétienne : le Christ et la Trinité. Comment est-il possible que Dieu crée le monde alors qu'il n'en a aucun besoin? Le mystère de Jésus Christ est l'unique voie d'accès à la Trinité. Jésus Christ a fait connaître l'existence de la Trinité... La distance entre Dieu et l'homme, causée par l'impiété du péché, est dépassée et surmontée dans le "oui" du Fils. Le vendredi saint, le Fils vit jusqu'au bout le drame de l’éloignement du monde. Jésus prend sur lui les péchés des hommes... Il assume au plus profond de lui-même ce qui est "sans et contre Dieu"... Il ne peut expérimenter cette heure que comme une démesure d'obéissance; c'est pourquoi il ne l'accueille pas de sa propre volonté, mais comme la volonté du Père... En fait c'est l'expression de l'impuissance éternellement unie à la toute-puissance, et pour cela plus puissante que toutes les puissances du monde... Et l'impuissance toute-puissante de l'amour divin se révèle dans le mystère de l'aliénation du Crucifié (A. Scola, HUvB un grand théologien de notre siècle, p. 97-101; 140-142).

 

1339. La résurrection est offerte à tout homme

En tout lieu où l'homme peut aller, le Christ est déjà présent (y compris dans la seconde mort, celle du péché qui sépare de Dieu). La résurrection est offerte à tout homme : de même que le Christ meurt pour les pécheurs et avec eux (crucifié entre deux larrons), de même il les entraîne dans sa résurrection (E. Charleux-Herbeau, HUvB, p. 36).

 

1340. L'humilité de l'amour

Dans le christianisme, l'autorité ne devient croyable et ne sera acceptée par le peuple que si elle s'exerce dans l'humilité de l'amour (à l'exemple du Christ)    (Points de repère, p. 104).

 

1341. Courir

Nous qui courons dans la voie de l'amour, il ne faut jamais nous tourmenter de rien. Si je ne souffrais pas de minute en minute, il me serait impossible de garder la patience; mais je ne vois que le moment présent, j'oublie le passé et je me garde bien d'envisager l'avenir. Si on se décourage, c'est parce qu'on pense au passé et à l'avenir (Sainte Thérèse dans Thérèse de Lisieux, p. 68).

 

1342. Expliquer Jésus

L'Esprit Saint est envoyé sur les disciples au moment où le Fils retourne vers son Père, pour l'expliquer aux disciples et pour édifier son corps ecclésial, parce que Jésus a expliqué son Père, il ne s'est pas expliqué lui-même (E. Guerriero, Hans Urs von Balthasar, p. 219).

 

1343. Le mystère essentiel

La kénose reste toujours le mystère le plus essentiel de Dieu, par lequel il révèle et communique au monde son essence (Dramatique, III, p. 309).

 

1344. Apprendre à être un pécheur

(Apprendre à être un pécheur), un pécheur qui a trahi comme Judas, renié comme Pierre et fui comme les autres... Dieu a abandonné dans la nuit le Fils qui portait et incarnait mon péché (Prière contemplative, p. 317-318).

 

1345. L'inaccessible

Le christianisme est la foi en une action, antérieure et inaccessible à toute aspiration et à toute attente humaine, de l'amour tri-personnel de Dieu (La gloire et la croix. Nouvelle Alliance, p. 94).

 

1346. N'est-il pas étrange...?

Il est venu chez lui et les siens ne l'ont pas reçu... Le monde a été créé par le Logos. Cf. saint Paul : Jésus Christ "par qui tout existe et par qui nous sommes" (1 Co 8,6). Et tout aussi a été créé pour lui. Si le monde est ainsi suspendu à Dieu, à sa source comme à sa fin, n'est-il pas étonnant qu'il ne soit pas reconnu? N'est-il pas étrange en tout cas que ce monde, fait pour connaître son principe le méconnaisse. Il doit y avoir une profonde incapacité subjective d'y répondre (Dramatique, III, p. 437-438).

 

1347. Les deux temps

Il ne peut y avoir que deux temps dans l'histoire du salut : celui de la descente du Verbe dans la promesse (Ancien Testament) et dans l'incarnation jusqu'à la mort sur la croix, et celui de sa remontée, dans la résurrection spiritualisante et l'ascension, dans laquelle il entraîne son Epouse, maintenant dans l'espérance, et un jour plus tard dans la réalité (De l'intégration, p. 143).

 

1348. La prétention

Le Christ : un homme indubitablement vrai et authentique paraît avec la prétention de représenter Dieu. Et cela en étant différent de celui qu'il nomme le Père et qui l'a envoyé (La vérité est symphonique, p. 49).

 

1349. L'angoisse

Le christianisme veut et peut libérer l'homme de l'angoisse du péché, à condition que l'homme s'ouvre à la Rédemption et à ses conditions; à la place de l'angoisse du péché, il lui donne l'accès à Dieu sans angoisse, dans la foi, l’espérance et la charité; mais celles-ci, parce qu'elles ont leur origine dans la croix, peuvent donner naissance elles-mêmes à une nouvelle forme d'angoisse, don de la grâce, et issue de la solidarité catholique (Le chrétien et l'angoisse, p. 85).

 

1350. La foi

La foi, c'est la reconnaissance de Dieu comme Dieu et un parfait abandon de soi à Dieu. Il y a de plus dans le Nouveau Testament un trait spécifique de la foi : elle est une adhésion donnée à la vérité du message annoncé et des différentes propositions qu'il contient. Et cela, Jésus l'a vécu mieux que quiconque : fidélité du Fils de l'homme à son Père donnée une fois pour toutes et renouvelée à chaque instant du temps; préférence inconditionnelle du Père, de son être, de son amour, de sa volonté et de son commandement, par-dessus tous les désirs et les inclinations propres; la persévérance inébranlable dans cette volonté, quoi qu'il advienne; et par-dessus tout la disponibilité entre les mains du Père, le refus de vouloir connaître l'heure à l'avance et de la devancer. La foi chrétienne ne peut se concevoir autrement que comme ce qui nous introduit dans l'attitude la plus profonde de Jésus (La foi du Christ, p. 27-30; 48-49).

 

1351. La frontière

L'objet propre de l'espérance chrétienne est le dépassement de la frontière de la mort. L'espérance profane est essentiellement limitée : dans le concret, elle se brise sans cesse sur la mort (L'engagement de Dieu , p. 78-80).

 

1352. La lumière

Le Fils de Dieu se manifeste là où personne ne l'attendait et il projette sa lumière sur l'obscurité de l'homme (E. Guerriero, Hans Urs von Balthasar, p. 189).

 

1353. L'enfant

"Celui n'accueille pas le Royaume de Dieu en petit enfant n'y entrera pas". Ce que le Christ voit en l'enfant, c'est l'ouverture désarmée à la volonté du Père et au Royaume des cieux qui est proche (De l'intégration, p. 261).

 

1354. Le saint

Le saint, c’est l’homme qui est vrai dans sa foi, dans son espérance et dans son amour (Points de repère, p. 71).

 

1355. Le tréfonds

Marie : " Rester ouvert à Dieu jusqu'au tréfonds de soi-même" (Si vous ne devenez comme cet enfant, p. 82).

 

1356. Le sens

Le sens de la venue de Jésus Christ est de racheter le monde, de lui ouvrir le chemin vers le Père (V. Holzer, Hans Urs von Balthasar, p. 46).

 

1357. Une fin effrayante

Tout le credo de l’Eglise primitive s’est cristallisé autour de l’interprétation de la fin effrayante de Jésus sur la croix : elle s’est produite pour nous; saint Paul dit même : pour chacun de nous, pour moi. « Ma vie présente, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré pour moi » (Au coeur du mystère rédempteur, p. 10).

 

1358. Le beau

Le beau ne prétend jamais forcer des résistances. Il captive gracieusement des libertés qui se laissent convaincre (Dramatique II,1, p. 30).

 

1359. Le puits et la machine

Il faut que celui qui aime soit un puits profond pour pouvoir puiser en soi. Le puits le plus profond, le plus inépuisable et celui où on puise le plus, c'est le Christ, et le chrétien a cet archétype pour modèle... - La plupart des hommes ne peuvent pas faire le service de leur vie autrement qu'en étant un petit rouage dans la gigantesque machine du monde et du travail et, dans cette machine, chaque rouage déficient peut être remplacé par un autre qui fonctionnera avec la même régularité. Et pourtant tout serviteur est un homme unique en son genre et l'amour qu'il a dans le coeur est irremplaçable (Qui est chrétien?, p. 116-117).

 

1360. La prière, dialogue avec Dieu

Règles élémentaires de tout dialogue : 1. Se livrer et poser des questions (sans indiscrétion dans les deux cas). 2. Instaurer une distance respectueuse (sans rester étranger l'un à l'autre). 3. Pouvoir attendre (sans impatience). 4. Créer une atmosphère de confiance (telle que dans la suite nul n'ait à regretter quelque chose). [Règles valables en tout cas entre les hommes]   (Simplicité chrétienne, p. 120).

 

1361. Le désert

Depuis Origène, on sait que "la vie est une inlassable traversée du désert"... "Une multitude de chemins qui tendent à la rencontre de Dieu" (E. Guerriero, Hans Urs von Balthasar, p. 78).

 

1362. Le grotesque

Les images de Dieu et de l'Eglise du Christ qui sont offertes dans le monde sont si grotesques que personne ne doit s'étonner de l'athéisme et de l'hostilité à l'Eglise (L'engagement de Dieu, p. 139-140).

 

1363. La beauté

La sagesse éternelle est goûtée dans tout ce qui peut être goûté; elle-même est la beauté dans tout ce qui est beau... Celui qui voit une femme belle rend gloire à Dieu lorsqu'il admire en elle un lointain reflet de la beauté infinie... Le monde entier est un symbole énigmatique de Dieu (Nicolas de Cuse cité dans  La gloire et la croix, IV, p. 25-26).

 

1364. La peur de la mort

"On me dit que j'aurai peur de la mort; cela se peut bien. Si l'on savait combien je suis peu assurée de moi-même! Je ne m’appuie jamais sur mes propres pensées; je sais trop combien je suis faible, mais je veux jouir du sentiment que le Bon Dieu me donne maintenant. Il sera toujours temps de souffrir du contraire (Sainte Thérèse dans Thérèse de Lisieux, p. 67).

 

1365. Le rêve d'Emmaüs

La route d'Emmaüs est éternelle. Les deux disciples, l'esprit plein de mornes pensées. Se creuser en vain la tête : Pourquoi devait-il souffrir et mourir? Pourquoi le royaume ne se manifeste-t-il pas? - Pourquoi votre espérance (enfantine) s'est-elle brisée comme un jouet fragile? Et elle recommence à se briser chaque jour parce que vous ne pouvez pas vous empêcher de la recoller tant bien que mal chaque jour. C'est moi-même qui ruine votre espérance en un royaume imminent, les trônes à droite et à gauche, une Eglise triomphante régnant sur les peuples du Levant au Couchant, la paix du Christ et le règne du Christ, tout cela qui ne fait qu'exprimer votre désir de repos et de sécurité facile dans le royaume de ce monde (Le coeur du monde, p. 188).

 

1366. Quelque chose d'ultime

Si on s'est mis à appeler les croyants des "chrétiens" à Antioche (Ac 11,26), c'est parce que ce nom exprimait ce qui leur tenait le plus à coeur, à savoir que le Rabbi Jésus de Nazareth est le Christ, le Messie, l'accomplissement de toutes les promesses faites par Dieu à Israël et au monde... (De cette réalité unique, surabondante, l'Eglise a toujours eu conscience de s'occuper avec tous les moyens de réflexion dont elle disposait). Les chrétiens ne sont pas les partisans de Jésus, ce sont ceux pour qui Jésus est le Christ, le Messie. Ils croient qu'avec lui Dieu a offert aux hommes non pas quelque chose mais la réalité ultime... Accepter ce don, y croire, signifie, sans qu'il soit besoin de beaucoup réfléchir, y répondre par l'amour dans toute son existence (Points de repère, p. 214).

 

1367. Se mettre en chemin

Si l'enfant prodigue n'avait pas cru à l'amour prévenant de son père, il n'aurait pas pu se mettre en chemin pour revenir au foyer, même si cet amour paternel le reçoit ensuite d'une manière qu'il n'aurait jamais pu rêver. (Ce qui est important), c'est que le pécheur a entendu parler d'un amour qui pourrait s'adresser à lui et s'adresser effectivement à lui. Ce n'est pas lui qui entreprend de changer les dispositions de Dieu, c'est Dieu qui a toujours vu en lui le pécheur sans amour, l'enfant aimé, c'est Dieu qui l'a regardé et jugé en fonction de cet amour (L'amour seul est digne de foi, p. 132-133).

 

1368. Comparaître

Si véritablement Dieu a assumé la nature humaine, c'est désormais exclusivement par lui que l'homme est digne de comparaître devant sa vérité suprême, devant Dieu (E. Guerriero, Hans Urs von Balthasar, p. 190).

 

1369. Obéissance et amour

Dieu donne à son amour la forme de l'obéissance. Il est souhaitable que l'homme donne à son obéissance la forme de l'amour. Consentir à être conduit par Dieu qu'il aime parce que Dieu l'a aimé, au-delà de tout ce qu'il peut lui-même projeter, embrasser du regard, désirer et supporter par ses propres forces. Ce dépassement de tout son être propre conduit l'homme à la liberté divine. La transcendance n'est pas essentiellement dans l’éros, mais dans l'obéissance de la foi, en vertu de la puissance de Dieu qui la demande : Pierre marche sur les eaux, Lazare encore enveloppé du linceul se dresse et marche (Qui est chrétien?, p. 72-73).

 

1370. La lumière

En Dieu il n'y a point dé ténèbres, et dans le péché il n'y a point de lumière... Le chrétien ne peut aider les autres à porter leur fardeau, être solidaire des autres, que dans la mesure exacte où lui-même s'est séparé du péché (Le chrétien et l'angoisse, p. 104).

 

1371. Rompre le silence

"L'homme doit compter avec une parole éventuelle de Dieu rompant son silence et ouvrant ses profondeurs au regard de l'esprit fini" (K Rahner cité dans Théologique II, p. 125).

 

1372. Un mouvement

La grâce est un mouvement personnel de la Trinité vers un croyant particulier... qui a reçu part à la vie du Christ dans la mesure fixée par l'Esprit Saint (Théologie de l'histoire, p. 71).

 

1373. Une lumière intérieure

L'a priori de la foi : offrir sans cesse et de manière vivante le don de l'obéissance à la lumière intérieure (La gloire et la croix, I, p. 139).

 

1374. Sans effort

Aucun trajet, aucun effort... n'est foncièrement nécessaire pour passer de la nature à la surnature à cause de la bénédiction dont Dieu nous a bénis : "Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a comblés aux cieux de toutes les bénédictions spirituelles dans le Christ" (Prière contemplative, p. 44-45).

 

1375. Liberté

Dieu est l'infinie liberté qui ne s'ouvre que d'elle-même (Triple couronne, p. 7).

 

1376. Le champ libre

La condition nécessaire pour apercevoir la figure de Jésus, c'est la foi en Dieu, en ce sens très général où elle consiste à laisser le champ libre à la toute-puissance divine. Tout le champ nécessaire dont cette figure a besoin pour se déployer (La gloire et la croix, I, p. 433).

 

1377. Etre chrétien

Etre chrétien n'est pas facile : un chrétien ne peut pas imiter le Christ qui est unique, il doit néanmoins le suivre (Le complexe anti-romain, p. 59).

 

1378. La tristesse à en mourir

C'est l'affaire de l'Esprit du Christ de distribuer les situations qui nous conforment à telle ou telle situation du Christ : il peut nous plonger dans la jubilation pascale mais aussi dans la "tristesse à en mourir" (Jésus nous connaît-il?, p. 93).

 

1379. L'être intime

L'être intime de Dieu n'est pas pour nous une réalité étrangère. L'être absolu ne peut être pour qui que ce soit une réalité étrangère. Le domaine intime de Dieu ne nous est pas proposé malgré nous. Dieu est notre vrai lieu, le lieu de notre authenticité (La gloire et la croix. Nouveau Testament, p. 343).

 

1380. Cet enfant qu'est le monde

Pourquoi l'existence? Pourquoi des êtres? Pourquoi quelque chose plutôt que rien? S'il n'y a pas d'être absolu, pourquoi, au sein du néant, existent ces choses finies et éphémères qui ne peuvent jamais aboutir à l'absolu? Mais si l'absolu existe, il se suffit comme absolu et alors on comprend presque encore moins pourquoi il devrait y avoir quelque chose en dehors de lui. Seule une philosophie de l'amour et de la liberté peut justifier notre existence... L'amour de Dieu pour cet enfant qu'est le monde (L'amour seul est digne de foi, p. 182-186).

 

1381. La grâce d'être proche de Dieu

La parabole du fils prodigue et du fils aîné contient un double avertissement. 1. Ne prenons pas le chemin qui nous éloigne de Dieu. 2. Et pour le fils aîné : ne méconnaissons pas la grâce qui nous est donnée d'être proches de Dieu (Nouveaux points de repère, p. 56).

 

1382. Sortir

Se convertir : sortir de soi pour aller vers Dieu, docile à sa Parole qui appelle et montre le chemin (Une méditation catholique, dans Axes, juin-juillet 1979, p. 22).

 

1383. La beauté de ce qui est aimé

Ce qui est aimé apparaît toujours merveilleux... La gloire de Dieu, c'est sa beauté... Le Verbe s'est fait chair pour révéler la gloire de Dieu (Jn 1,14)... La beauté subjuguante de Dieu, c'est qu'il est la grâce de l’amour (L'amour seul est digne de foi, p. 65-68).

 

1384. Le centre

Au centre de l'histoire, le Christ accomplit un acte qui s'étend à toute l'histoire; dans son temps absolument historique, il dévoile le sens de tous les temps... Le centre théologique de l’histoire du monde, c'est le Dieu fait homme : Jésus-Christ (Théologie de l'histoire, p. 86-87).

 

1385. Le vide

Croire, c'est faire, au centre le plus intime de soi-même un vide réservé à la Parole de Dieu, qui doit y régner et tracer la route  (Théologie des Exercices, p. 174).

 

1386. La semence de Dieu

L'effusion de la semence de Dieu (1 Jn 3,9) dans le sein du monde est l’événement le plus intime de l'histoire. Mais génération et conception s'accomplissent chaque fois dans une attitude d'abandon et dans une obscurité extrême. L'absence de tout calcul appartient essentiellement à cette plénitude des temps... Ce non-savoir est la condition fondamentale de tout ce qui mérite d'être appelé la connaissance chrétienne dans la foi  (Théologie de l'histoire, p. 116-117).

 

1387. Il n'y a qu'une chose à voir

Dans la mort, la descente aux enfers, la résurrection de Jésus-Christ, il n'y a au fond qu'une chose à voir : l'amour de Dieu Trinité pour le monde, et cet amour ne peut être perçu que par l'amour pour cet amour  (Le mystère pascal, p. 261).

 

1388. Le Christ n'a rien écrit

Le Christ n'a rien écrit lui-même et il ne demande pas qu'on écrive. Mais, par les hommes d’Église, l'Esprit Saint produira un document adéquat sur ce que fut le Verbe incarné de Dieu et de ce qui reste normatif pour tous les temps... L'Esprit rend sans cesse présent tout ce que Jésus était et est encore  (Nouveaux points de repère, p. 139.)

 

1389. Aller à la messe le dimanche?

L'Esprit est l'amour du Père et du Fils : il nous est donné afin que nous apprenions à comprendre que Dieu est l'amour. Et l'eucharistie est l'actualisation inconcevable, toujours nouvelle, du don de l'amour de Dieu. Pourquoi un chrétien irait-il à l'église le dimanche sinon pour rencontrer sans cesse ce don de Dieu qui nous est destiné et pour se l'incorporer (Les frontières de l’Église dans Axes, juillet-août 14).

 

1390. Sacrement

Le sacrement est la garantie que la grâce du Christ est toujours à la disposition de l'homme (E. Guerriero, Hans Urs von Balthasar, p. 202).

 

1391. Un feu

Dieu n'a besoin de damner personne : qui ne veut pas Dieu se condamne lui-même... Celui qui refuse Dieu, un feu le dévore, un feu qui est en lui-même (Dieu et le drame du monde, dans Communio, 2011, p. 7).

 

1392. Rencontres

Innombrables sont les manières dont le Verbe se rend intelligible à nos yeux... La diversité qui se manifeste dans les expériences des mystiques n'est qu'un symbole de la diversité des rencontres dans la grâce et dans la prière... L’important est que le croyant s'ouvre et se donne en toute humilité et abandon (De l'intégration, p. 257).

 

1393. Rayonnement

En vertu de l'Incarnation, l'humanité tout entière pénètre dans le rayonnement de la lumière d'en-haut qui éclaire tout homme (Jn 1,9)... Par Jésus, le règne de Dieu sur terre est en train d'arriver... A tous ceux qui acceptent son message, même aux égarés, il ouvre l'accès à Dieu comme à un Père très aimant  (Dramatique III, p. 156).

 

1394. On l'assassine

Jésus-Christ est langage et parole de Dieu dans la parole et le langage de l'homme. Jésus-Christ est un homme mortel qui est la Parole du Dieu immortel. Le Christ a attribué plus d'importance et plus de force de persuasion à sa parole qu'à ses œuvres miraculeuses : en fin de compte, les miracles ne font que confirmer la parole... Sur la croix, il a vraiment pris la place des pécheurs, il a pris sur lui et réduit à néant tous les refus, tous les "non" que l'homme oppose à Dieu; et à la place, il a présenté à Dieu le "oui" du monde et de l'homme. La Parole de Dieu, Jésus-Christ, est en même temps la parole suprême de l'homme et du monde; elle meurt et ressuscite. On l'assassine et elle se relève d'entre les morts pour remonter vers Dieu dans une nuée de gloire qui la cache à ses ennemis  (De l'intégration, p. 248-249).

 

1395. Précarité

Impuissance de la croix et toute-puissance de Dieu... Chrétiens, nous sommes dans une situation bien plus précaire que nous ne voudrions. Nous sommes radicalement exposés. Le Christ désavoue le glaive de Pierre contre Malchus. Le seul glaive du chrétien : la Parole de Dieu, la prière, la vérité, la justice, la paix, la grâce de Dieu ("Ma grâce te suffit"). Cela veut dire qu'en toute situation précaire le chrétien a la garantie de recevoir de Dieu toute protection céleste. S'il se dérobe par la fuite à sa situation précaire, la protection l'abandonne... La supériorité de la puissance divine ne sauve le chrétien que dans sa propre impuissance. Les richesses de Dieu ne sont là que pour celui qui est sincèrement et effectivement pauvre  (Qui est chrétien?, p. 112-113).

 

1396. Eucharistie

En participant à l'eucharistie, nous devons devenir de plus en plus conscients (dans la foi) que le sacrifice qui est celui du Christ nous englobe comme sujets passifs (il est mort pour nous) et il faut ensuite que nous y adhérions comme des sujets actifs. Mais parce que les croyants sont encore pécheurs, dans les prières de la messe il s'agit plus d'une demande que d'une assertion : nous implorons Dieu qu'il veuille bien nous intégrer dans le sacrifice du Christ en considération de ce sacrifice du Christ qui lui est offert  (Dramatique III, p. 367).

 

1397. Les religions

Le christianisme prétend que le message chrétien a quelque chose d'absolu. Ce qui est vérité (partielle) dans les "religions païennes" appartient à la vérité totale dans le Christ qui, en tant que vérité totale, élimine le partiel en soi... Aucune autre religion ne lui répond avec une exigence tant soit peu semblable  (Nouveaux point de repère, p. 351-352).

 

1398. L'Esprit Saint

C'est l'Esprit Saint qui, en éclairant la vie de Jésus, lui communique la figure d'une norme valable à chaque instant... Ce n'est pas une nouvelle révélation, mais il dévoile toute la profondeur de la révélation déjà accomplie et il lui donne par là une dimension toute nouvelle pour le monde : sa parfaite actualité à chaque instant de l'histoire  (Théologie de l'histoire, p. 79).

 

1399. Fécondité

Rien n'a jamais été fécond dans l’Église qui ne soit passé de l'obscurité d'une longue solitude à la lumière de la communauté  (Cordula, p. 27).

 

1400. Dieu ne tient pas à lui-même

Dieu nous apparaît comme ne tenant pas à lui-même, comme sortant de lui-même pour s'incarner dans la finitude concrète. Ce qui permet aux êtres finis de le recevoir et de le comprendre tel qu'il est en lui-même comme celui qui ne cherche pas à se préserver lui-même. Ainsi sont-ils initiés par lui à l'amour qui donne sans cesse : la conscience de soi, la possession de soi et de l'être ne progressent que dans la mesure où l'être en soi et pour soi fait davantage éclater ses barrières et s'ouvre à la communication, à l'échange, à la sympathie avec l'humanité totale... L'amour de Dieu pour cet enfant qu'est le monde (L'amour seul est digne de foi, p. 19 ; 83 ; 186).

 

1401. La surface

Le péché n'a aucune profondeur, "il nous fait vivre à la surface de nous-mêmes, nous ne rentrerons en nous que pour mourir, et c'est là qu'Il nous attend" (Le chrétien Bernanos, p. 121).

 

1402. Pentecôte

Le miracle de la Pentecôte annonce aussi bien la volonté que le pouvoir de l'Esprit divin de se rendre universellement compréhensible dans la plus grande diversité des langues du monde (La vérité est symphonique, p. 48).

 

1403. Les profondeurs divines de l'homme

L'homme est-il fait pour un simple idéal humain? Toutes les philosophies, tous les systèmes de pensée et d'explication du monde le pensent. Le propre de la révélation chrétienne, c'est qu'elle interprète l'homme non en fonction de l'homme mais en fonction de l'espace préparé pour lui par l'amour de Dieu : l'homme est jugé par l'amour, orienté vers lui, libéré pour lui, rendu capable de lui. C'est là que se lève le mystère du Fils de Dieu qui est en même temps fils de l'homme. C'est à ce double titre que le Christ n'est pas simplement rivé à un simple idéal humain mais qu'il est capable de racheter les hommes de leurs limites et de leurs insuffisances. L'homme livré à lui-même, avec son horizon purement humain, son idéal simplement humain, est aliéné de lui-même. Le Christ est venu révéler à l'homme ses profondeurs divines vers lesquelles l'homme se met en marche par la foi, l'espérance, l'amour, l'obéissance, la prière, l'élévation de tout son être vers Dieu. En Dieu, il y a un espace d'amour entre le Père et le Fils. Et le Fils est venu appeler les hommes à rejoindre cet espace éternel (De l'intégration, p. 81).

 

1404. La lumière de la résurrection

L'unique lieu d'où s'éclaire quelque peu l'obscurité de l'avenir décisif de l'homme et de l'humanité, est bien la résurrection du Crucifié. Le ressuscité, durant les quarante jours, s'offre au toucher, puis il se retire et s'évade dans l'insaisissable. Il dégage l'impression d'une amplitude inouïe ("Dans la maison de mon Père, il y a beaucoup de demeures") ainsi que d'une maîtrise extraordinaire sur sa corporéité puisqu'il se démultiplie en quelque sorte dans l'eucharistie. Les quarante jours nous montrent que rien de ce qui est familier ici-bas ne se perd en Dieu ou  n'y est devenu étranger. Durant les quarante jours, le ciel manifeste qu'il est en train de descendre sur la terre (Dramatique IV, p. 341).

 

1405. Irruption

Dès le premier mot de l’Évangile, Jésus est le Messie, le Fils de Dieu (Mc 1,1) ou il n'est rien du tout; on le comprend ainsi ou on ne le comprend absolument pas... Et cela, c'est l'incompréhensible irruption de l'amour trinitaire éternel (Nouveau Testament, p. 78).

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1406. Hiéroglyphe

Sans la lumière de la Révélation, l'homme reste un hiéroglyphe incompréhensible, et même contradictoire. La croix et la résurrection, comprises comme l'amour et la gloire de Dieu versant son sang et abandonné, constituent la clef de l'énigme humaine (La gloire et la croix, I, p. 359).

 

1407. Perspectives

La biographie d'un saint... est une sorte de phénoménologie surnaturelle dont le but est de saisir tout ce que Dieu veut communiquer à son Eglise par l'existence théologique de son élu (à propos de Thérèse de Lisieux). L'Esprit s'est emparé d'elle et s'en est servi afin de démontrer quelque chose  aux chrétiens et leur ouvrir une nouvelle perspective évangélique. C'est pourquoi l'Eglise doit s'intéresser à Thérèse et l'étudier (E. Guerriero, Hans Urs von Balthasar, p. 179).

 

1408. Foi

Toute foi est foi en la résurrection (La prière contemplative, p. 314).

 

1409. Malheur

Malheur au chrétien qui ne se tiendrait pas chaque jour subjugué devant l'événement qui a non Jésus-Christ (Nouveau Testament, p. 12).

 

1410. Les oreilles

Le lecteur de l'Ecriture doit entendre ce qu'il plaît au Dieu unique, supérieur au monde, de lui dire maintenant à lui, cet auditeur unique, doté par grâce des oreilles de la foi. Il doit regarder la Parole en face, la Parole qui est le Christ et qui s'adresse à lui, non seulement dans l’Évangile, mais aussi par les paroles de l'Ancien Testament ou des apôtres (Prière contemplative, p. 239).

 

1411. Dimensions

Le domaine que la pensée chrétienne doit accorder à l'Esprit Saint ne peut jamais être assez vaste. Jésus-Christ, figure du Serviteur de Dieu sur terre, fut un bref moment à peine perceptible dans l'histoire du monde. Quelques paroles, quelques actes, et tout est déjà fini... "Il vaut mieux pour vous que je m'en aille. Quand il viendra, lui, l'Esprit de vérité, il vous conduira vers la vérité tout entière" (Jn 16,7.13). La maigre révélation en paroles et en actes s'ouvre sur les dimensions qui sont confiées au seul Esprit de Dieu (Cordula, p. 93).

 

1412. Marie

Marie : celle qui fut la Mère de cet Enfant et qui le reste sans perdre son autorité faite d'amour et d'intercession, celle qui nous abrite tous maternellement dans son sein, pour qui nous restons toujours les enfants qu'elle a mis au monde avec douleur et qu'elle mettra au monde jusqu'à ce que le travail d'enfantement de l'Eglise cesse, que la femme se réjouisse et ne pense plus aux douleurs, dans la joie qu'un homme soit venu au monde (Qui est chrétien?, p. 100).

 

1413. L'homme

Et finalement Dieu n'est jamais tout à fait extérieur à l'homme, pas plus qu'il n'est tout à fait l'Autre à son égard; au contraire, en tant que Créateur et cause première, il est aussi le "non-autre" (Non aliud, comme dit Nicolas de Cuse), de sorte que Dieu se dévoilant à l'homme dévoile aussi, de par une nécessité intime, l'homme à l'homme  (De l'intégration, p. 90).

 

1414. Folie

L'esprit fini est attiré par un pôle supérieur; la créature spirituelle sait qu'elle doit s'élever en répondant à un appel d'en haut. Finalement l'attitude fondamentale de l'être créé comme tel, c'est le désir; l'aspiration vers Dieu, c'est le désir dont Michel-Ange, dans l'Adam de la Sixtine, a donné une expression achevée... Mais c'est Dieu qui prend l'initiative pleinement libre de donner la réponse à la question et à la recherche nostalgique de l'homme... La réponse de Dieu en définitive s'appelle Jésus-Christ, qui est l'achèvement qui comble le désir d'Adam. Mais que cette Parole de Dieu puisse être crucifiée, voilà ce que nul homme n'aurait jamais été capable d'inventer. La multitude la repousse, non seulement parce qu'elle est inattendue, mais parce qu'elle est indésirable, scandale et folie (Dramatique, III, p. 101-102).

 

1415. Regarder Dieu

Dans l'Ancien Testament, on voit l'homme désirer regarder Dieu; cette aspiration est satisfaite surabondamment par la venue de Dieu dans la demeure de l'homme pour habiter et manger avec lui (Ap 3,20). C'est une première descente, voilée, dans laquelle rien d'autre ne doit être manifesté que l'humble amour de Dieu. Le ciel n'est plus une image seulement, mais quelqu'un : Jésus-Christ. Et il meurt pour nous tous. Le ciel lui-même est mort pour nous. Et puis par la résurrection cette  terre est transformée en ciel. Jésus-Christ monte définitivement au ciel et s'assied à la droite du Père (Prière contemplative, p. 293).

 

1416. Le dernier mot

Le Fils est le dernier mot de Dieu en fait de Révélation (La gloire et la croix, I, p. 255).

 

1417. Tentation

"Ne nous soumets pas à la tentation" veut dire : "Ne nous laisse pas tomber dans la tentation, et garde-nous d'y consentir" (Jésus nous connaît-il?, p. 25).

 

1418. Croire et ne pas croire

Celui auquel s'adresse la Parole de Dieu a déjà reçu sa grâce, bien plus il est enveloppé par elle de sorte que même celui qui dit non, qui ne veut pas croire à la Parole, reste marqué par cette grâce, il est toujours déjà confronté avec la Parole  (Prière contemplative, p. 62).

 

1419. Dessein

Le dessein de Dieu sur le monde est de réunir le ciel et la terre dans la plénitude de Jésus-Christ. Par sa divinité, il possède tout ce qui est du Père. Finalement les hommes ne reçoivent parfaitement leur sens que par lui  (Dramatique, IV, p. 91).

 

1420. Conscience

Saint Paul a conscience d'avoir dans le Christ la vérité de son existence, d'être mort et ressuscité avec lui, de vivre en marchant au devant de son retour et de le rencontrer mystiquement dans les sacrements  (La foi du Christ, p. 40).

 

1421. Naufrage dans le non-sens

La souffrance du Christ pour les autres, sa mort pour les autres et sa nuit intérieure incluent le sentiment d'un naufrage dans le non-sens : "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?" Jésus a conscience de cette mission de substitution. Et le soir de la Cène, au moment où il va effacer notre faute dans sa chair, il nous donne à la place sa propre chair (Nouveaux points de repère, p. 216).

 

1422. Communication

La communication de Dieu ne vient pas seulement d'en haut; elle peut surgir aussi du tréfonds de l'esprit des croyants  (E. Guerriero, Hans Urs von Balthasar, p. 241).

 

1423. Spectacle

La contemplation chrétienne n’est pas spectacle mais participation (Une méditation trahison, Axes, oct.-nov. 1978, p. 9).


 

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Appendice

 

Le Père Balthasar dans l’Église


 

1. Jean-Paul II

A la mort du P. Balthasar (juin 1988), le pape Jean-Paul II a demandé au cardinal Ratzinger d’aller à Lucerne pour présider ses funérailles. Dans une lettre adressée à cette occasion au cardinal, le pape évoquait la figure du P. Balthasar, "ce fidèle serviteur de l’Église…, un grand fils de l’Église, un éminent théologien et penseur, à qui revient une place d’honneur particulière dans la vie présente de l’Église et de la culture. Par son élévation au cardinalat lors du dernier consistoire, j’ai souhaité reconnaître et rendre solennellement hommage aux multiples mérites de son œuvre immense et inlassable de maître spirituel et de savant estimé. Votre participation à la cérémonie des funérailles sera l’expression de la haute estime qu’a le Saint-Siège pour la personne et pour l’œuvre de cet éminent prêtre et théologien" (Cf. Revue Communio 14 [1989], p. 4).

 

2. Cardinal Ratzinger

Le P. Balthasar : "Je l’avais rencontré à Bonn en 1960… La rencontre avec Balthasar fut pour moi le début d’une amitié de toute une vie, ce dont je ne puis que remercier le ciel" (J. Ratzinger, Ma vie. Souvenirs. 1927-1977, p. 129).

 

3. Paul VI

Jean Guitton en conversation avec Paul VI le 28 septembre 1967. Guitton relate : "Il me demande si je connais Urs von Balthasar, qu’il nomme un écrivain difficile" (J. Guitton, Journal de ma vie, II, p. 236).

 

4. Jean Duchesne

"Ce cardinal fut plus qu’un théologien" (France catholique, n° 2171 du 9 septembre 1988, p. 19-21).

 

5. P. André Manaranche

"Le plus prestigieux de nos théologiens actuels" (En séparant le sable et l’eau, p. 63).

 

6. Didier Rance

"Une mauvaise interprétation du plus grand théologien de ce siècle, von Balthasar" (Un siècle de témoins. Les martyrs du XXe siècle, p. 362).

 

7. René Coste

"Le grand théologien suisse, Hans Urs von Balthasar, qui s’appuyait sur l’expérience mystique d’Adrienne von Speyr, est parvenu à une évocation saisissante... de Dieu Trinité" (Nous croyons en un seul Dieu, p. 74).

 

8 . Gérard Leclerc

"Ces deux génies de la théologie que furent Lubac et Balthasar" (France catholique, n° 3119 du 16 mai 2008, p. 22).

 

9. Cardinal de Lubac

"Il est humiliant que Balthasar n’ait pas été expert au Concile : son œuvre en a traité à l’avance tous les sujets… Toute son œuvre a une dimension contemplative, et c’est là ce qui en fait plus que tout la profondeur et la saveur" (Un témoin dans l’Église : Hans Urs von Balthasar, dans Paradoxe et mystère de l’Église, p. 180 ; 194-195).

 

10. P. Philippe Dockwiller, op

"Plus qu’aucun autre auteur théologique du XXe siècle, Balthasar charrie ou transmet le trésor de la Tradition chrétienne, depuis la Bible jusqu’aux médiévaux et aux modernes en passant par les Pères de l’Église, les saints et les mystiques, en osant aussi lire et critiquer ses contemporains en exégèse et en théologie… Nul ne perd son temps avec Balthasar. Et pour ne pas être systématiquement d’accord avec lui, on apprend pourtant toujours" (Esprit et vie, n° 183, décembre 2007, p. 6).

 

11. Patriarche Athénagoras

"Dès 1965, le patriarche Athénagoras a envoyé un messager lui remettre (au P. Balthasar) la croix d’or du Mont-Athos en reconnaissance de l’effort qu’il avait fait pour faire connaître les Pères grecs et la théologie orientale" (Cf. Ph. Barbarin, Théologie et sainteté, p. 80).

 

12. P. Adalbert Hamman

"Certains théologiens (de Vatican II) n’avaient d’autre compétence que de faire partie de la curie romaine et d’en épouser les thèses. Que d’excellents maîtres ne furent jamais appelés ! Comme a-t-on pu oublier le plus génial de tous, Hans Urs von Balthasar ?" (La vie est un long jour de fête, p. 127).

 

13. P. Emile Berrar

Avant une conférence du P. Balthasar à Notre-Dame de Paris, fin 1980, présentation du conférencier par le P. Berrar, archiprêtre de la cathédrale : "La seule étude de l’œuvre du Père von Balthasar constituerait une formation religieuse approfondie".

 

14. P. Bernard Bro, op

« L’œuvre magnifique du cardinal Hans Urs von Balthasar arriva comme un don du ciel pour ouvrir les poumons desséchés de l’Europe. On est loin d’avoir rendu assez grâce à son travail qui a su emmener la pensée théologique ‘du drame à la gloire’ » (La libellule et le haricot, p. 502).

 

15. Cardinal Martini

"Les pages les plus dramatiques et les plus belles (pour chercher à pénétrer les paroles de Jésus sur la croix : ‘Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?’) sont peut-être celles de Hans Urs von Balthasar dans son ‘Mystère pascal’ : il cherche à interpréter, en se basant sur ces paroles, les sentiments éprouvés par Jésus le vendredi saint, l’obscurité qui envahit son âme, puis sa descente aux enfers" (Cardinal Martini, Saint Paul face à lui-même, p. 134-135).

 

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Mise à jour 29/01/2021