7ème dimanche de Pâques

Je ne vous laisserai pas seuls

Actes 1, 12-14 ; 1 Pierre 4, 13-16 ; Jean 17, 1-11.

 

Pour rejoindre ce 7ème dimanche de Pâques, nous devons enjamber la fête de l’Ascension. Désormais notre esprit est orienté vers la Pentecôte et l’Esprit-saint. L’évangile de ce dimanche est le début de la longue prière sacerdotale de Jésus, après la Cène, prière pour ses disciples, prière où les disciples sont associés à la relation de Jésus avec le Père. La communauté des croyants est désormais associée à la vie avec le Père. Vouloir faire un marquage, un décalque des paroles et des évènements d’après Pâques et d’avant l’ascension, de manière “historique” n’a guère de sens. Il vaut mieux penser à la longue méditation de saint Jean, longtemps après que l’Eglise se soit éparpillée dans le monde. L’itinéraire tel que l’a vécu Paul est très différent de ce qu’en rapporte Saint Luc, et lui-même parle tout autrement de saint Jean.

 

Nous connaissons les paroles où Jésus précise eux en moi, et moi en eux ; toi en moi, etc. Pourtant c’est le moment où Jésus dissocie sa vie de celle du monde : “désormais je ne suis plus dans le monde…, eux, ils sont dans le monde”. A notre tour de vivre cette méditation. Nous avons besoin de mesurer cette coupure entre l’Eglise et Jésus, au sens où désormais, c’est aux disciples de continuer le chemin initié par Jésus. Coupure qui est pourtant toute théorique, car Jésus vit dans son Eglise, et cette Eglise est envoyée dans le monde. Il nous faut ici relire le chemin d’Eglise tel que Luc le présente dans les Actes. Dans l’évangile selon Jean, Jésus s’adresse au Père et signifie qu’il a communiqué ce qu’il a reçu de Lui ; désormais, ce sera aux disciples de communiquer ce qu’il a reçu, et il nous appartient de continuer. Ce n’est pas une simple question de connaissance. Connaître Dieu ce n’est pas un ensemble de dogmes, mais une relation avec le Père. Accepter d’être en relation avec Dieu, c’est reconnaître que l’Esprit est en nous, avec nous, pour nous tourner vers le Père, mais aussi pour le communiquer autour de nous.

 

Communiquer, communier. Voilà des mots très proches. Or pour beaucoup, il n’y avait pas possibilité de communier, ni même de communiquer. Le temps de confinement va prendre fin, et de nouveau ces deux mots vont se vivre dans les communautés de paroisses. Puissions-nous vivre un vrai temps de Pentecôte, où l’on essaime à nouveau au milieu des communautés humaines. Essaimer pour semer.

 

Une parole de l’ange qui n’est pas retenue dans les lectures de ce dimanche c’est : “Pourquoi regardez-vous vers le ciel ?” De même, nous nous tournons vers le chœur de l’église pour y célébrer à nouveau l’Eucharistie. C’est nécessaire, mais ce n’est pas pour rester autour du chœur c’est pour aller et porter la Bonne Nouvelle. Différentes raisons rendent notre dynamisme ad extra moins évident. Serions-nous désenchantés ? C’est ce que des sociologues ont voulu nous expliquer. Ce n’est pas ce que le pape François a entretenu, mais bien plutôt une incitation à avancer au large, aux périphéries. Il y a encore quelque chose à faire dans le monde. La tendance actuelle est à l’écologie, mais aussi au social. Ils étaient onze avant la Pentecôte. Ils sont redevenus douze à l’initiative de Pierre. Désormais, ils sont des milliers, des milliards à vouloir porter le nom de Jésus. Puissions-nous porter ce nom et le faire grandir.

Abbé E.Hennart.