Qu'as tu vu ? Rien !

Qu'as tu vu ? Rien !

 

Le soleil était bas. il y avait du soleil

Les pieds dans la boue, le sourire dans les yeux

Je savais la souffrance, je savais le chemin

Je savais la patience, mais du drame, je ne voyais rien

 

Ah si ! J'ai vu les côtes d'Angleterre

Elles étaient à portée, il suffisait d'un saut

L'homme a franchi ce pas depuis des millénaires

En camion, à la nage ou à pieds on y arrivera

 

Ah si ! J'ai vu les murs et les barbelés

Ils n'empêchent pas d'entrer

Ils empechent de sortir

A croire qu'on veut les garder ces pauvres gens.

 

Ah si ! J'ai vu le bric à brac de ceux qui n'ont rien

Les détritus, les vieux papiers
Le vent parfois avec des chiffons colorés

Accroche des chefs d'oeuvresaux buissons d'argousiers

 

Ah si ! j'ai vu arrivé des quatre coins du monde,

Le trop-plein des armoires,

hommage dérisoire, aumône arrachée

A la mauvaise conscience des nantis

 

Ah si ! J'ai vu la générosité de tant de bénévoles

Mains gauches fraternelle

Qu'ignorent les mains droites

Prêtes à étrangler

 

Ah si ! J'ai vu des chapelles et des mosquées

Quelle prière murmurer sur ces tapis sacrés ?

Comment garder confiance en un Dieu qui se tait ?

Mon Dieu, pourquoi m'as tu abandonné ?

 

Ah si ! J'ai vu les petits commerces innoncents

Qui dessinent des rues, des places, et des lumières

Comme dans une ville civilisée. Comment deviner derrières ces vitrines

D'autres trafics, d'autres mafias, d'autres crimes inavoués ?

 

Ah si ! J'ai vu là quelques arpents de terre

Coincés entre des nations apeurées.

Ils racontent tous les conflits du monde

L'espérance claque ici comme une gifle au visage de l'humanité.

 

 

Aprés quelques heures dans la Jungle de Calais - Mgr Jacques Noyer