Marie, un parcours dogmatique
Rechercher nos racines, fouiller le passé semble bien être préoccupation des dernières décennies : archéologie et fouilles se multiplient, protection du patrimoine, généalogies, histoire locale, albums photos et illustrations anciennes etc.
Et chaque découverte apporte à la fois émerveillements et remises en cause. Ne dit-on pas que Lutèce, le berceau de Paris ne se situe pas à l’emplacement de la Cité, mais sous l’actuelle Nanterre ! En Bible, archéologues et exégètes s’empoignent sur la part d’historique que comportent les livres du Pentateuque…
Une récente thèse vient d’être publiée sous le titre « Marie, un parcours dogmatique ». Dans cette étude Dominique Cerbelaud tente de reconstituer le parcours de la pensée catholique (et romaine) dans la littérature et la théologie mariales.
Entre les quelques versets du Nouveau Testament sur Marie et la profusion mariologique des 19° et 20° siècle, quel parcours, quelle amplification ! Entre les silences de Marc, ou de Jean qui ne nomme jamais la mère de Jésus par son nom, ou la discrétion voulue de Luc qui écrit : « Marie gardait tout ces évènements dans son cœur » quelle distance d’avec la poésie dithyrambique du haut Moyen-Âge, ou d’avec l’exégèse mariale du Cantique ou de l’Apocalypse! Comment savoir entendre l’approche que fait la théologie orthodoxe ou luthérienne, ou comprendre celle de la contre-réforme et sa problématique mariale dont elle fit une arme contre nos frères des églises réformées etc…Voilà beaucoup des champs théologique à parcourir.
Avec les “comment“ et les “pourquoi un tel développement marial“, Dominique Cerbelaud nous entraîne aussi vers d’autres champs, celui de la piété populaire qui reconnaîtrait en Marie plus d’humanité qu’en son fils Jésus ; celui du fonctionnement du magistère, celui de l’inconscient, etc.
Ce parcours historique et théologique ne laisse donc pas indemne celui qui l’entreprend. Entre la mariologie maximaliste, (“on n’en fait jamais assez pour Marie“) et la mariologie minimaliste (“fidélité à l’Écriture, à l’œcuménisme, refus de radicaliser les positions des pères de l’Église, ou de faire coller les textes de l’Ancien Testament à nos thèses mariales“), l’auteur n’invite pas à se déterminer pour ou contre ceci ou cela, mais à ouvrir les yeux. Cet ouvrage mérite un détour, un détour prudent sans doute, mais il n’est jamais inutile d’entrer un peu plus dans l’intelligence de la foi. E.H.
"Marie, un parcours dogmatique", Dominique Cerbelaud,
cerf Cogitatio fidei n°232, oct.2003, 30€
Une mis en garde a été émise par la commission doctrinale de l'épiscopat concernant une lecture non critique de l'ouvrage qui pourrait être reçu comme niant le dogme.
à gauche: ND Panetière.
Ci-dessous, La Vierge présente l'enfant-Jésus, au temps des cathédrales.
Iconographie.
"A partir du 19° siècle, la représentation de la vierge seule, sans le Christ, devient envahissante. Certes, depuis longtemps existe une vierge orante, c'est-à-dire entièrement tournée vers Dieu... ou vers le Christ dans les coupoles byzantines ... Dans les images catholiques récentes, Marie ne lève plus les bras vers le ciel, mais elle les tient tournés vers la terre. C'est elle, désormais qui reçoit la prière, et distribue les grâces demandées. Bien plus, sur certaines représentations, on la voit piétiner le serpent (allusion à Genèse 3,15). Ne tend-elle pas dès lors, à acquérir les dimensions d'une "figure divine"?" Extrait de "Marie, un parcours dogmatique" p.127-128