Beaucou sont appelés, peu sont élus

28ème dimanche ordinaire

Isaïe 25, 6-10 ;  Philippiens 4, 12-20 ;  Matthieu, 22 1-14.

Quel contraste entre notre première lecture (Isaïe et l’invitation du festin à tous sur la montagne) et la dernière réflexion de Jonas qui reproche à Dieu d’avoir pardonné aux habitants de Ninive ! (lecture de ce mercredi, Jonas 4, 1-11). Les deux attitudes sont décrites dans la Bible, mais on reconnaitra aisément cependant ce qui est parole de Dieu, parole de miséricorde.

 

A propos de Jonas, la bibliste Roselyne Dupont-Roc fait ce commentaire utile : “Ce récit reflète les débats entre Juifs installés à Jérusalem au retour d’exil : doivent-ils se refermer sur une foi fortement identitaire ou ouvrir largement les yeux sur les peuples qui les entourent et reconnaître que l’amour de Dieu ne connait pas de frontières ?” Au retour d’exil, de fait, certains courants surtout sacerdotaux veulent durcir les règles d’appartenance au peuple de Dieu. C’est ce qu’on voit se développer jusqu’au temps où Jésus adresse une parole autre, ce qui explique les motifs de sa mise à mort (évoquée dans la parabole de la vigne du dimanche précédent, Mt 21).

 

On peut se demander s’il n’en est pas de même aujourd’hui au vu des tensions entre conservatisme et ouverture dans nos Eglises, au point que même le pape François est régulièrement attaqué par une intelligentsia vaticane (et plus), qui oublie l'appel à la miséricorde. L’attitude des chrétiens de France à l’égard de ce qu’ils appellent les bébés OGM est éloquente… pas de pitié, pas de miséricorde aucune de la part de ces chrétiens de la manif pour tout, qui furent applaudis par le cardinal archevêque de Paris il y a peu, lorsqu’ils défilaient contre une loi du précédent gouvernement.

 

Quelle peut donc être notre méditation sur la parabole des invités aux noces, ce dimanche, où les invités dédaignent l’invitation du Roi ? La masse des indigents fut donc invitée et répondit en masse à l’appel du Seigneur. Mais il s’en trouve un qui ne portait pas le vêtement de noce. Alors nous nous étonnons sur cette fin d’Evangile qui laisse entendre une miséricorde à géométrie variable.

 

Ce serait oublier que l’Evangile est comme une homélie de Matthieu à l’égard des chrétiens en fin de premier siècle qui ne jugent pas utile de se convertir (de se changer, changer de vêtement pour la noce). Qu’ils ne s’étonnent donc pas si le roi juge leur présence indésirable, au vu de leur absence d’effort. Ainsi devons-nous au regard du Seigneur, continuer à nous convertir même si nous sommes sûrs d’être pardonnés par Lui au dernier jour… Emile Hennart