Le chant de la vigne

27ème dimanche ordinaire

Dimanche 8 octobre 2017.             

Isaïe 5, 1-7 ; Philippiens 4, 6-9 ; Matthieu 21, 33-43

Dans la continuité des controverses de plus en plus acides entre Jésus, les prêtres et les anciens, le ton se durcit encore ce dimanche quand le Christ propose d’entendre la parabole de la vigne. Le lectionnaire des dimanches a mis en parallèle le texte d’Isaïe 5 où le prophète se plaint, de la part du Seigneur, du mauvais esprit de la vigne qui ne produit pas de bons fruits… après tout ce que le Seigneur a fait pour elle. Ici, dans l’Evangile, ce sont les vignerons, ce sont les autorités du peuple, qui ont reçu en cadeau cette vigne qu’ils ont à faire fructifier et pour laquelle ils doivent retourner un fermage. Plutôt que de verser le fermage réclamé, ils préfèrent rosser les envoyés du maître et même tuer le fils qui vient de la part du maître c’est-à-dire Dieu.

 

Quand on sait que, à la fin du récit suivant de l’Evangile, les grands prêtres et anciens vont se réunir pour voir comment faire taire définitivement Jésus, on comprend qu’ils se soient déjà sentis visés par Jésus quand il affirme que la vigne leur sera retirée et confiée à d’autres. L’Evangile a été rédigé dans les années 80, peu après la destruction du Temple et des institutions juives. C’était une lecture évidente pour ces chrétiens des années 80 de voir qui est visé par la parabole. Matthieu rassemble d’autres paraboles, comme les invités au repas de noces, qui se défaussent, ou encore l’impôt dû à César et à Dieu… Autant de remises en cause des autorités, en rapport avec la prochaine passion du Seigneur que feront subir les grands-prêtres et anciens.

 

Il serait bien sûr délicat de comparer hier et aujourd’hui, les responsables de l’Eglise d’aujourd’hui avec les publicains et les prostituées de l’Evangile. Pourtant les échos qui nous parviennent du Vatican des dernières semaines et la révolte qui gronde à Rome contre le pape François nous incitent à faire le rapprochement. Quand le pape invite à sortir de nos Eglise pour rejoindre les gens de la société qui souffrent et n’entendent plus l’annonce de la Bonne Nouvelle, nous devons nous sentir concernés et interpellés.

 

A la suite d’Isaïe, reconnaissons les bienfaits dont nous a gratifiés le Seigneur : notre naissance, l’éducation chrétienne pour la plupart, un pays de civilisation chrétienne et un environnement plutôt favorable, etc… Redevables de tout cela, nous avons un retour à produire. Puissions-nous être de ceux qui entendrons la parole de Jésus : “Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume qui vous a été préparé depuis la fondation du monde”. Emile Hennart