Dieu l'a exalté au dessus de tout nom

Dimanche des Rameaux

Dimanche des Rameaux

Matthieu 21, 1-11 puis Isaïe 50, 4-7 ; Philippiens 2, 6-11 ; Matthieu 26,14 à 27, 66.

 

Un vrai temps de carême (quarantaine) où chacun est confiné chez soi. Même Pâque sera fêté de chez soi, alors que chacun restera confiné. Le monde entier, plusieurs milliards d’humains s’interrogent sur ce temps où tous sont confrontés à l’épidémie, à un virus somme tout banal, mais dont on parle tant que beaucoup sont désorientés. Certains se demandent si le modèle économique auquel nous faisons confiance n’a pas oublié l’humain.

 

Relisons le psaume 8 qui interroge « Qu’est-ce que l’homme, pour que tu penses à lui ? Qu’est donc le fils de l’homme que tu viennes le visiter ? » A cette question, la Genèse répond que Dieu en a fait le responsable de la Création. Il lui a confié les clés… il peut tout y faire, à condition de respecter le sens de l’humain : l’arbre du bien et du mal, il ne peut en disposer.

 

 Pour les croyants que nous sommes, il est nécessaire de s’arrêter à l’attitude du Christ. Le magnificat, au début de l’Evangile selon Luc, évoque la place accordée au petit, au faible. Quand Jésus est interrogé par ses disciples sur “Qui est le premier ?”, il placera au centre du cercle un enfant. Quand il est assis sur les marches du Temple, il fait observer à ses disciples l’importance de l’offrande de la veuve : deux piécettes, qu’est-ce donc ? (Marc 12, 42-44). Les professionnels du Temple ne pouvaient pas accepter ce renversement des valeurs : ils se seraient alors retrouvés à la dernière place, eux qui étaient installés à la première place.

Au moment où nous entrons dans la semaine sainte, notre méditation pourra porter sur la place accordée par Dieu à l’homme, surtout au petit, au dernier. Notre méditation pourrait porter sur ce que devient l’humain aujourd’hui, quand l’économie (la rentabilité) a voulu ignorer la place de l’autre comme frère. Les quelques lignes de ce commentaire ne peuvent pas remplacer les débats économiques actuels. Qu’est-ce que l’homme dans les discours économiques ?

 

Rappelons la manière dont les théologiens et croyants ont médité sur les relations de Dieu aux humains que nous sommes. On peut ainsi relire le premier chapitre de l’Evangile de Jean. Jésus n’a pas revendiqué de rester auprès de Dieu au contraire, il est venu chez les siens… Il est venu chez nous, pour nous. A sa manière saint Paul transcrit pour les chrétiens de Philippes sa méditation sur Jésus : sa venue, sa mort sur la croix et sa résurrection d’entre les morts.

 

Une icône orthodoxe de la Résurrection représente Jésus sortant du tombeau, tirant par le bras Adam et Eve, les élevant vers Dieu son Père. Il est descendu aux enfers dit-on dans le credo… c’est pour relever toute l’humanité et lui offrir la Vie avec Dieu. Ce dimanche, nous lirons le récit de la passion selon Matthieu et vendredi le récit selon Jean. Nous avons du temps pour méditer, pour comparer ces deux récits. Chaque évangéliste veut nous dire quelque chose de ce Jésus rejeté de tous, mais dont le nom sera répandu à la surface de la terre.

 

Matthieu insistera sur la docilité du Fils à la volonté du Père : non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. Jean insiste sur la glorification du Fils. Il fait dire par Pilate : “je ne trouve en lui aucun motif de condamnation…” A la fin de la passion selon Jean, on retrouve Nicodème, celui qui avait discuté tout une nuit avec Jésus autour de naître et renaître.

A notre tour, au début de cette semaine sainte, nous pouvons découvrir en quoi nous sommes invités à renaître… Pour que tout homme ait la vie, et qu’il l’ait en abondance.

Abbé E.Hennart.