Fêtede la Pentecôte

Vous aussi allez rendre témoignage

Actes des Apôtres, 2, 1-11, début du récit de Pentecôte ;  Galates 5, 16-25 ; baptisés dans l’unique Esprit ;  Jean 15, 26-27 et 16, 12-15 La promesse de Jésus : le don de l’Esprit

 

Pour le pape François, voici la troisième Pentecôte de son pontificat. La semaine dernière il canonisait quatre religieuses, dont deux palestiniennes et une française… Cela ne ressemblait pas aux pompes qui ont présidé à la béatification de ses prédécesseurs. Pour cette fête de Pentecôte, nous allons relire le récit qui présente les apôtres osant sortir de leurs réserve et de leurs murs sous l’inspiration active de l’Esprit de Jésus : une Eglise en sortie !

 

Reprenons quelques expressions du pape François depuis son élection. Outre le bonsoir et le priez poour moi, du premier soir, de nombreuses expressions ont émaillé ses discours dont nous gardons la mémoire et, espérons-le, la mise en œuvre. Des mots qui ont fait la une des éditorialistes chrétiens et des prédicateurs : “une Eglise en sortie” ; “aller aux périphéries”… Après le siècle valorisant les trois blancheurs (l’hostie, le pape, l’immaculée conception), voici le siècle d’une Eglise qui préfère s’être salie à arpenter les chemins de traverse, une Eglise dont les pasteurs transpirent l’odeur des brebis. Changement de langage, sans doute aussi changement de manière d’être Eglise du Christ au milieu du monde, qui s’organise pour l’ad intra et l’ad extra.

 

Que d’aucuns soient choqués par ces changements de tonalité n’a rien d’étonnant… Trop habituées à une direction ecclésiastique dominée par l’Europe de l’Ouest, germaniste et latiniste, les oreilles et l’intelligence se sentent agressées par des rythmes latino-américain et une exubérance auxquelles nous n’étions pas habitués. Ce serait se méprendre que de justifier les difficultés aux changements par la présence d’une culture sud-américaine, car le malaise dans la chrétienté est bien antérieur.

 

Le rejet de la modernité avait inspiré bien des textes ecclésiastique fin XIXème et début XXème (les anathema sit et le décret lamentabili) Les innovations du bon pape Jean n’ont pas plu à tous et il s’est trouvé des courants (les héritiers des antidreyfusards et de l’Action française) pour semer l’opposition systématique au Concile Vatican II : quoi ? Un concile qui se refuse à émettre des condamnations, un concile qui invite à dialoguer avec le monde, etc. !

 

Le bas-peuple a applaudi alors que le haut-clergé fourbissait ses armes (Ottaviani et sa curie, Lefebvre et ses intégristes, etc.). Le journaliste Marco Politi décrit le climat actuel au Vatican : “François parmi les loups”. Faut-il avoir peur ? Non, mais mieux vaut savoir quel sont les courants qui résistent à l’Esprit saint. C’est ainsi qu’il faut comprendre l’admonestation de François envers les évêques Italiens. Il invite à limiter l’aspect théorico-doctrinal abstrait et, à l’opposé, poursuivre l’effort de les traduire en propositions concrètes et compréhensibles ». François invite ces mêmes évêques  à laisser toute leur place aux « laïcs disposés à assumer les responsabilités qui leur incombent ». Bien plus que d’un évêque-pilote, « ils ont besoin de l’évêque-pasteur ».

 

La force des douze, au lendemain de la Pentecôte est d’avoir su inviter des gens nouvellement évangélisés à animer la vie des nouvelles communautés (Lydie, Phoebé, Tite, Timothée, etc.). Ils ont appris aussi à délibérer pour l’ouverture de l’Eglise aux nations païennes (Actes 15), malgré les réticences des chrétiens de Judée… Pentecôte, fête de l’expansion de l’Eglise, fête de l’ouverture.

 

Ce qui caractérise la vie de Paul, celle de Pierre Marc ou Jean, ce n’est ni la tranquillité, ni la passivité, mais le souci de faire connaître le Christ mort et ressuscité. Il semble qu’ils aient pris leur aise pour citer l’Ancien Testament. Il leur est arriver de citer librement l’Ancien Testament, toujours dans le sens d’aider à découvrir et à comprendre ce Jésus qu’ils avaient fréquenté sur les routes de Palestine et qui avait tellement transformé leur vie. La Loi fait place au commandement d’aimer. On trouve cela en saint Jean mais aussi en Matthieu (5-7 et 23). Saint Paul le redit aux Galates. Après avoir fortement tancé ceux qui voulaient revenir à l’ordre ancien (Gal 1-2) il les invite à vivre au souffle de l’Esprit : “amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maitrise de soi. En ces domaines la Loi n’intervient pas” (2ème lecture). Puissions-nous être inspirés au nouveau souffle de l’Esprit de Jésus, au souffle du Paraclet, celui qui inspire notre défense face à l’adversaire. EH.