Ils s'en allaient en commençant par les plus âgés

5ème dimanche de carême

Isaïe 43, 16-21 ; Philippiens 3, 8-14 ; Jean 8, 1-11

 

Cet épisode de l’évangile de Jean est très connu. Intitulé la femme adultère, il concerne tout autant les détracteurs que la femme vouée à la condamnation. On oublie aussi que ce récit est d’abord un piège tendu à Jésus par ses principaux détracteurs, scribes et pharisiens. Les synoptiques présentent ce genre de situation précisant même que c’est un piège dont Jésus ne pourrait se dépêtrer : qu’il dise oui, qu’il dise non, on aura toujours un motif pour “enfoncer Jésus” (par exemple l’impôt dû à César). Bien des chrétiens sont gourmands de ce type de récit où Jésus piégé donne la réplique à ses opposants et fait comprendre le péché dans lequel ils sont plongés. Il est vrai que la remarque “ils s’en allaient un par un en commençant par les plus âgés ne manque pas de piquant.

 

L’essentiel, le cœur du message n’est pas là, il réside dans l’offre du Christ à la Samaritaine, offre d’une vie nouvelle devant Dieu : “Va, et désormais ne pèche plus”. On aura remarqué qu’il n’y a aucune trace de jugement de la part de Jésus. Cela rappelle un précédent dialogue au ch.3, 17 : “Dieu n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui”, ou encore en 10, 10 : “moi, je suis venu pour que les hommes aient la vie et qu'ils l'aient en abondance”. C’est sans doute dans cet esprit que le pape François a voulu renouveler l’annonce de la Bonne nouvelle : on a tellement enseigné dans les églises et les catéchismes le jugement de Dieu et son courroux qu’il n’était pas inutile de mettre l’insistance sur la miséricorde divine.

 

On sera aussi attentif à la manière dont Isaïe fait parler le Seigneur : “Ne faites plus mémoire du passé…Voici que je fais des choses nouvelles”. Des fleuves d’eau vive passeront au milieu du désert.

 

Comment ne pas penser à ces désert de Syrie ou de Turquie que traversent les déplacés des temps modernes, qui ne reçoivent ni eau ni nourriture, à qui on refuse le passage. Et nous, gens de l’occident, nous sommes responsables et complices de ces exactions. On peut bien remettre une médaille à ces magnats du pétrole, rois de l’or noir. Les amateurs des fables de La Fontaine peuvent relire : “qui t’a permis de troubler mon eau pure ? dans Le loup et l’agneau : la raison du plus fort est toujours la meilleure. Le Christ entend procéder autrement. Sera-t-il entendu ? Serons-nous à ses côtés ?

Abbé Emile Hennart