Jésus, le Bon pasteur, la Porte.

4ème dimanche de Pâques

Actes 2, 36-41 ; 1 Pierre 2, 20-25 ; Jean 10, 1-10

 

Joli mois de mai. Le Seigneur nous conduit vers des prés d’herbe fraîche (Ps.22). Ce quatrième dimanche après Pâques est aussi appelé dimanche du bon Pasteur. Il renvoie à une image familière autrefois, peu connue aujourd’hui. Qui a pu voir un troupeau et son berger se déplacer ?  L’Evangile de Jean qui nous est offert aujourd’hui propose deux paraboles : d’une part le bon Pasteur, d’autre part la Porte.

 

Au fil des années, nous avons associé ce dimanche avec celui des vocations. Elles sont aujourd’hui en voie de disparition. Nous devrions penser aux chrétiens qui ouvre la porte pour que d’autres puissent entrer. Peut-être avons-nous un peu trop vite identifié prêtres avec bon Pasteur. Mais cette année, nous sommes tous confinés, et le troupeau ne sera pas rassemblé dans chacune des églises, du diocèse, de France ni même du monde. Nous avons aussi pu voir le pape François, évêque de Rome, seul dans son immense cathédrale saint Pierre. Il a offert sa bénédiction à la ville et au monde. Que notre prière soit aussi ouverte à tout le troupeau, aux croyants du monde entier.

 

L’épreuve du confinement, c’est le contraire du troupeau rassemblé. Cette épreuve peut être vécue différemment selon la situation de vie, de logement, de proximité ou d’éloignement avec des parents, des amis, des voisins. Parfois un simple geste envoyé à distance peut signifier le lien qui nous unit. Même à distance, nous formons un seul peuple, un seul troupeau. Celui qui nous unit, c’est le Christ. “Par Lui, avec Lui et en Lui…” est-il affirmé en fin de prière eucharistique. Sans doute, par l’intermédiaire d’un écran avons-nous pu aussi être unis avec d’autres. A l’occasion de ce temps de prière, nous pouvons présenter au Seigneur ce dont avons été témoins ou dont nous avons entendu parler. Autour de nous il se passe des choses caractéristiques de l’appartenance commune à un même peuple, à un même troupeau. L’eucharistie, même si nous ne pouvons pas la célébrer ensemble est une invitation à adresser un merci au Père de toute sollicitude, de toute miséricorde.

 

Les lectures de ce dimanche demeurent une occasion de méditer sur l’assemblée à laquelle nous sommes tous convoqués. La première lecture est extraite du récit de Pentecôte. Il n’y avait pas de cloches pour convoquer ces gens autour des Douze. Mais le bruit de la tempête et les langues de feu ont signifié à l’assemblée pèlerins l’intervention de Dieu, un peu comme la tempête et le feu pour Moïse et le peuple des Hébreux au Sinaï. Pour le rédacteur des Actes des Apôtres, il y a volonté d’utiliser une symbolique en rapport avec la création du peuple au Sinaï, et pas d’être un journaliste reporter pour dire ce qui s’est passé : un peuple nouveau est né. 3.000 personnes seront baptisées ce jour-là. L’Eglise naît dans la continuité de ce que Dieu a créé au Sinaï.

 

Faut-il donc que Juifs et Chrétiens se considèrent toujours comme frères ennemis ? N’y a-t-il pas appel à se considérer comme héritiers de l’Alliance ? Quand Paul vi est allé en pèlerins en Terre sainte, il a laissé au Cénacle un bronze représentant un arbre à trois branches : héritiers d’Abraham, Juifs, musulmans et chrétiens. Les musulmans commencent leur ramadan. Il y a quinze jours, Chrétiens et Juifs fêtaient leur pâques… Il y a encore beaucoup à faire pour que les fils d’Abraham se reconnaissent de la même famille, du même peuple. Jésus est venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance. Quand donc les uns et les autres ouvriront-ils les portes ? Abbé Hennart