Mon Seigneur et mon Dieu !

2ème dimanche de Pâques

(En bas de page, invitation à lire les Actes des apôtres)

 

Lectures du 2ème dimanche: Actes 2, 42-47 ; 1 Pierre 1, 3-9 ; Jean 20, 19-31

 

Mon Seigneur et mon Dieu est devenue l’expression de foi de l’incroyant qu’était devenu Thomas, lorsqu’il a vu et entendu celui qu’il considérait comme mort pour toujours, depuis cette nuit du vendredi-saint, depuis que se sont étendues les ténèbres sur la terre. Il y avait eu ce souhait : Shalom, c’est-à-dire “La paix soit avec vous”, mais rien n’avait fait changer l’opinion de Thomas, celui qui ne croit que ce qu’il voit.

 

Aujourd’hui, nous sommes huit jours après Pâques, mais nous sommes en 2020, après une fête de Pâques bien particulière, où chacun était confiné chez soi, en attendant que le coronavirus ait fini de passer… Rien ne nous empêche de penser aux Hébreux confinés en Egypte attendant que l’ange soit passé et le Mal éliminé.

 

L’Evangile de ce dimanche (Jean ch.20) évoque tout à la fois le soir de Pâques et un autre soir, huit jours plus tard. Le rythme de la semaine est préservé, mais on a changé de jour, ce n’est plus le sabbat, mais le lendemain, qui deviendra le dimanche, le premier jour de la semaine. Si le rythme hebdomadaire est hérité de la Tradition juive, un changement va s’effectuer en passant du dernier jour de la semaine au premier, celui de la Création du monde et de la Lumière (Genèse ch.1). Comme l’exprimera saint Jean au début de son évangile : au commencement était le Verbe, Vie et Lumière des hommes. La lumière fêtée habituellement ensemble au cœur de la nuit, cette année, nous l’avons fêtée chacun chez soi. Il appartient désormais à chacun de faire briller cette lumière au cœur des hommes.

 

L’Evangile de ce dimanche ne dit pas ce qu’il est advenu de Thomas. Mais la tradition chrétienne rapporte qu’il a porté loin vers l’est la lumière du Christ vivant. Il serait mort martyrisé en Inde. De la dernière rencontre de Thomas avec Jésus nous retiendrons la parole de Jésus : “Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu”. Thomas apparait comme témoin de la seconde génération. Il n’est pas là lors des premières annonces pascales.

 

Comme lui, on peut se demander comment les chrétiens ont pu conforter leur foi au Christ ressuscité. La vérification par le toucher ne leur est pas possible. Ils ont pris l’habitude de se rassembler autour de la Cène du Seigneur. Comment donc peut-il se rendre présent à eux, qui ne l’ont pas connu… et à nous. Il ne suffit pas à Thomas d’avoir touché le Christ pour croire. Il est amené à croire au Christ proche de lui, autrement que de manière physique. Le Christ est désormais est hors de portée, et pourtant, il se rend présent à lui comme aux autres disciples. Le crucifié-ressuscité n’est pas une expérience de l’ordre physique : il est “Seigneur et Dieu”. Thomas est le porte-parole de l’Eglise qui confesse que Jésus-homme est Jésus-Dieu. La dernière parole de Jésus fait comprendre que ce n’est pas le fait de voir Jésus qui grandit le croyant, mais le fait de ne pas voir. L’essentiel n’est pas dans le fait de voir, mais dans le fait de croire : “En Jésus, Dieu a visité son peuple”, (mais c’est la théologie de saint Luc !).

 

Pour conclure, ce récit avec Thomas vient nous faire comprendre que la foi c’est autre chose que de constater empiriquement qui est ce Jésus ressuscité : heureux ceux qui croient sans avoir vu… Telle est notre condition dans l’Eglise et dans chacune de nos maisons. E.Hennart.

 

Lire les Actes des apôtres quand on est confiné…

 

actes_des_ap-tres actes_des_ap-tres  Nous avons été très sollicités pour célébrer les fêtes de Pâques tout en restant confinés dans nos maisons. Par la magie des écrans, nous pouvions nous relier à d’autres en célébrant le mystère de la mort et résurrection du Christ. Depuis, les sollicitations ont tari. Au soir de Pâques, le premier jour de la semaine, que s’est-il passé pour ceux qui avaient suivi Jésus sur les routes de Galilée et de Judée ? Qu’ont fait les disciples. Pour cela, relisons d’abord l’évangile des disciples d’Emmaüs (Luc 24). Deux disciples quittent Jérusalem et repartent vers leur village d’origine. Un troisième les rejoint à qui ils racontent leur peine. “Voilà le troisième jour qui passe !” Pour ces hommes, tout est fini. Ils avaient cru en lui.

 

Cinquante ans plus tard, un homme de lettre, originaire d’Antioche, la grande ville romaine au Nord du pays, entreprend de rédiger ce à quoi les communautés mettent leur espérance. L’ouvrage se composera de deux parties. D’une part la Bonne Nouvelle répandue par ce Jésus où il fait comprendre la bonté de Dieu, père, à l’égard de tous, à commencer par les derniers de la société. La seconde partie de l’ouvrage rapporte comment ceux qu’avaient touchés les paroles de Jésus ont parlé de leur ami, de leurs rencontres et du chemin parcouru. Ainsi naissent deux ouvrages : l’Evangile selon Luc et les Actes des Apôtres, de Jérusalem à Rome.

Nous avons notre place dans cette longue histoire. Lisons maintenant le premier chapitre des Actes. Le projet est de lire deux chapitres par semaine, plutôt que quelques morceaux choisis.

 

Actes ch.1

(Lire d’abord le récit des Actes, avant de lire les quelques lignes de commentaire).

 

Transition avec l’Evangile.

Les quatre premiers versets du chapitre, en forme d’introduction nous relient à l’évangile de Luc, à commencer par l’introduction littéraire qu’il a rédigé à l’intention de son lecteur, Théophile, “celui qui aime Dieu”. Invitation à lire Luc, 1, 1-4. Ces quelques versets évoquent aussi le ch24 de Luc où sont rapportés les récits des disciples d’Emmaüs, de la mission d’annonce : “C’est vous qui en êtes témoins”, ainsi que l’ascension. Deviennent témoins ceux qui ont suivi l’itinéraire de Jésus, depuis la Galilée jusqu’à Jérusalem. Cela sera rappelé avec le choix de Matthias pour remplacer Judas. Notre foi ne peut pas faire l’impasse sur la dimension historique de Jésus qui s’est fait chair (incarnation). Est-ce important pour nous, même si nous le redisons machinalement à chaque profession de foi ?

 

Ascension et instructions aux apôtres 4-11

Dans l’évangile selon Luc, c’est le soir même de la résurrection que Jésus est emporté au ciel (Luc 24, 51). Ici ce même Luc nous laisse entendre une durée de quarante jours (v.3). Pourquoi cette différence exprimée par ce même Luc ? Faute d’inattention ou perte de mémoire ? A moins de nous inviter à considérer sous des angles différents cette séparation d’avec Jésus. D’une part, l’exaltation de Jésus par Dieu, c’est immédiat avec sa résurrection. D’autre part, il nous faut du temps, à nous les humains pour comprendre (un peu) ce qui se passe. La rupture entre Jésus d’avant et le maintenant est caractérisée par plusieurs expressions : il a été enlevé, il fut élevé, il s’en allait ; ou encore : vous l’avez vu s’en aller. Il n’est plus question de revivre avec Jésus comme avant. Il n’est pas question d’oublier ce qui s’est passé avant, mais il n’est pas question de faire comme avant ! Désormais il importe aux Onze redevenu Douze de se frayer un chemin dans le monde, jusqu’à Rome (les extrémités de la terre, vu depuis Jérusalem).

Par deux fois il est fait allusion au don de l’Esprit. Luc fait souvent à l’Esprit qui donne vie à l’Eglise. L’Eglise est sous le signe de l’Esprit, mais Jésus le Christ ne lui est pas absent. (Celui qui aime chercher, peut déjà repérer les nombreuses évocations de l’Esprit-saint dans les Actes). Une fois de plus les apôtres ne comprennent pas ce qui se passe. “Rétablir le Royaume”, pour eux, c’est une manière de mettre dehors les Romains. Plutôt que de rester le nez en l’air, ils sont invités à devenir témoins du ressuscité.

 

Reconstitution du groupe des Douze. 12-26

De retour à Jérusalem, dans leur salle de réunion, Pierre prend la parole. Cela est étonnant, car l’histoire laisse entendre que Jacques, a pris l’ascendant sur le groupe en tant que “frère du Seigneur”. Pierre est un étranger à la famille. Mais les Actes sont écrits bien après la mort de Jacques et les conflits entre Pierre et Paul sont du passé. Le choix de reconstituer le groupe des Douze est une manière de signifier que Jésus est venu pour tous. Douze, c’est rappeler le monument que Josué avait fait installer au bord du Jourdain, lors de l’entrée en Terre promise, un monument composé de douze pierres, pour signifier que le salut de Dieu est pour tous. (Josué 4). En vue du choix, c’est quelqu’un qui a participé à l’ensemble du parcours avec Jésus. L’expression “tirer au sort” pourrait laisser croire que c’est le hasard qui décide. Pour les disciples c’est laisser le choix dans la main de Dieu et non entre nos mains. Ainsi Mathias fut adjoint aux Onze.

 

Invitation à méditer les chiffres utilisés dans ce chapitre : Douze ; quarante. A qui, à quelles situations bibliques font-ils référence ? Quelle en est notre mémoire?