Montre-nous le Père

5ème dimanche de Pâques

Actes 6, 1-7 ; 1 Pierre 2, 4-9 ; Jean 14, 1-12.

 

La polémique entre une partie de l’épiscopat et le gouvernement peut nous surprendre, concernant la fermeture des églises jusqu’au début juin. Comment les premières communautés chrétiennes ont-elles fait pour assister à la messe chaque dimanche ? Comment les anciens ont-ils fait durant les périodes de guerre ? Comment se manifeste chez nous le souci de l’assemblée ?

 

En lisant le début des Actes des apôtres, 5,11, nous voyons Luc utiliser un mot nouveau : l’Eglise (Ac. 5,11). C’est après l’épisode d’Ananie et Saphire : “une grande crainte saisit alors toute l’Eglise et tous ceux qui apprenaient cet évènement”. Faire Eglise, faire assemblée.

 

Aujourd’hui la première lecture évoque une autre difficulté que la première communauté a dû résoudre : il s’agit du service des tables pour les veuves non hébraïques. Les récriminations ont fait prendre conscience du problème auprès des autorités, les Douze. L’assemblée entière est convoquée en vue de prendre une décision. Ce sera la désignation d’un groupe de serviteurs pour assurer le service. On a même leur nom, ils ont tous une consonnance grecque.

 

Si la dimension caritative est à l’origine du groupe, ils sont aussi attentifs à porter la Parole et à évangéliser. Ainsi les premiers désignés, Etienne puis Philippe sont remarqués pour la Parole portée (martyre d’Etienne, mission de Philippe en Samarie, etc.). Plus tard on leur donnera le nom de diacre, en raison du service (diaconie) auquel ils sont destinés. Aujourd’hui, l’insistance sur le service liturgique risque de donner une autre destination à leur service (des tables et de la Parole). Retenons de cette première lecture que la première communauté s’organise et invente le chemin de son avenir, avec le groupe des Douze qui reste fidèle à la mission d’annonce et de prière. Le groupe des sept est chargé du service des tables, mais continuer la prédication.

 

L’Evangile de ce dimanche est extrait de l’évangile de Jean où il rassemble plusieurs dialogues entre Jésus et ses disciples lors du dernier repas. Il y a Thomas, il y a Philippe. Philippe aimerait bien connaître le chemin vers le Père et Thomas appelle à voir le Père. La réponse de Jésus est une invitation à le croire. Si nous étions à la place des apôtres, serions-nous satisfaits de la réponse de Jésus : “Je suis dans le Père et le Père est en moi”?

 

Notre méditation pourrait se développer autour de cette affirmation ; nous pourrions nous demander ce que signifie croire en Jésus ? Sinon accepter de le suivre, de mettre nos pas dans ses pas. Croire, hier comme aujourd’hui, c’est garder le cap sur Jésus. Je marche, je continue à marcher parce qu’il y a Quelqu’un devant moi. D’où l’importance de lire et relire les Ecritures, les quatre évangiles en particulier.

 

Les apôtres, les premières communautés n’ont pas choisi de tourner en rond dans Jérusalem, à la recherche de Jésus qui les a quittés. Ils ont entendu l’appel à aller au bout de monde, comme c’est raconté en Mathieu, mais aussi en Luc ou encore en Jean : "afin que le monde croie que tu m'as envoyé…" Nous avons à transformer notre vie, vie de famille, de travail, de relations sociales pour y accomplir l’œuvre de Jésus, transformer peu à peu le monde selon le dessein du Père. Il nous appartient de participer à construire l’édifice où tout ensemble fait corps, corps du Christ, Eglise de Dieu. Même si nous sommes confinés, chacun chez soi, il y aura un temps d’ouverture où les relations pourront manifester que nous sommes ensemble le corps du Christ pour donner vie au monde. E.H.