Jusqu’à ce que tout ait levé

16ème dimanche ordinaire

Sagesse 12, 13-19 ; Romains 8, 26-27 ; Matthieu 13, 4-43.
Dans la continuité de dimanche dernier, voici d’autres paraboles que Matthieu a réunies en un ensemble, que la tradition a reçu comme “les paraboles du Royaume”. Parmi les clés de lecture, nous pouvons supposer qu’elles viennent répondre aux questions que pouvaient se poser les premiers chrétiens comme les disciples du temps de Jésus : “comment cela se fait-il que la parole de Jésus n’ait pas autant de succès durable qu’on aurait pu l’escompter ?”
Bien des foules ont suivi Jésus, mais bien peu de temps ! Succès éphémères dont rend compte la parabole de la graine vite étouffée par les mauvaises conditions d’existence. Nous avons trop en tête l’épopée glorieuse du jour de Pentecôte et des voyages missionnaires de saint Paul pour mesurer le décalage entre l’énergie déployée pour annoncer la Parole de Jésus et le peu de réception, voire l’hostilité croissante qu’elle provoque. Dans les années 90, le monde juif rejettera dans son ensemble la “secte de Jésus” ; le monde païen n’appréciera pas beaucoup les remises en causes de ses faux dieux et s’emploiera à rejeter dans les ténèbres la secte des chrétiens… C’est donc fort à propos que nous pouvons entendre ces paraboles, comme une réponse au questionnement.
Nous pouvons nous souvenir d’une parole des disciples auprès de Jésus lorsqu’ils lui demandèrent de faire tomber le feu du ciel sur un village qui ne les avait pas bien reçus. Mais n’avons-nous pas parfois le même type de raisonnement devant l’indifférence voire l’hostilité opposée aujourd’hui encore à l’égard de la Parole de Jésus au XXI ème siècle. Il est vrai que nous ne sommes pas toujours fidèles à la bonté et à la proximité des pauvres telles que les a pratiquées Jésus… Mais il nous arrive aussi de fulminer à bon droit devant des refus incompréhensibles, comme devant les maigres résultats de nos initiatives de nouvelle évangélisation.
Quelles réponses Jésus apporte-t-il : tout d’abord, ce n’est pas à nous d’éradiquer ce que nous considérons comme néfaste… cela sera dévolu aux anges aux derniers jours. Ensuite avons à continuer à semer avec persévérance. Nous avons à aider à la croissance, avec toute la patience nécessaire, tout comme la ménagère doit attendre que le levain fasse gonfler la pâte à pain, ou le jardinier au regard patient jusqu’à ce que la petite graine devienne arbre protecteur. Mais aurons-nous cette patience et ce regard qui voit pousser bien petitement et lentement les semences du royaume ?
N’y a-t-il pas dans ces paraboles du Royaume invitation à continuer ce qui nous est demandé, à savoir ce qui est signalé au début du discours des béatitudes : heureux ceux qui ont faim et soif de justice, heureux ceux qui fabriquent de la paix, heureux les cœurs purs, ceux qui ne manigancent pas en arrière… Relisons donc le chapitre 5 de Matthieu. Pour faire un homme, mon Dieu que c’est long…, et pour faire un fils de Dieu ? EH