Préparez le chemin du Seigneur

2ème dimanche de l’avent

Isaïe 40, 1-11 ; 2 Pierre 3, 8-14 ; Marc 1, 1-8.

Consolez consolez mon peuple, car le Seigneur vient… Comme un berger, il conduit son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur, il prend soin des brebis qui allaitent leurs petits. Ainsi commence la célébration de la parole de ce 2ème dimanche de l’avant. Cela résonne pour nous comme de belles images, de belles paroles. Comme les orientaux et les sémites, les paroles de prophètes sont emplies d’images qui expriment bien plus qu’elles ne le disent. Nous n’avons plus sous les yeux le visage de ces bergers d’autrefois qui paissent leur troupeau… et nous avons vite envie de passer à la dimension symbolique de l’image… Spiritualiser les images est une manière de quitter le concret de l’existence humaine.

 

Je viens de lire l’appel pour trouver un abri, un toit à plusieurs familles de roms, j’ai lu le témoignage d’acteurs de solidarité, en associations pour soutenir des gens que malmène la société en crise, ou membres du conseil général, les actions dont ils parlent sont du concret : accompagner un plan de surendettement, favoriser une réinsertion ou participer à l’alphabétisation d’étrangers et fils d’étranger. Ces témoignages ne peuvent que donner plus d’actualité aux paroles d’Isaïe quand il appelle à préparer un chemin à travers le désert, à redresser les chemins tortueux… ce dont notre société est remplie. Vouloir dissocier le concret des situations pour ne regarder que la symbolique des belles images bibliques est un risque pour le croyant, celui de séparer l’humanité de Jésus et de ses frères de la dignité de Fils de Dieu, oubliant l’humanité pour ne garder que la divinité.

 

Certaines hérésies des premiers siècles de l’Eglise voulaient séparer les deux natures du Christ. Ce risque de séparer l’humain et le sacré est encore un risque aujourd’hui. A trop vouloir adorer Dieu dans son temple, on en oublie de l’honorer dans le corps brisé de nos frères humains.

 

L’évangéliste Marc ne nous donne pas le message de Jean-Baptiste avec autant de détails que Matthieu ou Luc, au point qu’on n’en retiendrait qu’une dimension spirituelle. Or Jésus se trouve très vite confrontés au démons de son temps, et les premières guérisons sont pour redonner toute sa dignité à ces miséreux que le démon enfermait dans un corps malade. Marc insiste davantage sur l’accoutrement de Jean Baptiste… une manière de faire comprendre que Jean reprend aussi le message des grands prophètes…

 

Relisons Osée, Amos, Isaïe ou Jérémie, relisons leurs accusations contre le peuple élu et nous découvrirons combien ces prophètes associent le concret du service du frère à l’expression de foi lors des assemblées religieuses : pas l’un sans l’autre… A leur manière, ils préparaeint le terrain pour Celui qui vient et dira : il ne suffit pas de dire Seigneur, Seigneur pour entrer dans le Royaume des cieux, il faut aussi faire la volonté de mon Père.
E.H.