Donne-nous de cette eau!

3ème dimanche de carême

  • Exode 13-7 L’eau jaillie du rocher
  • Romains 5, 1-8 Le Christ nous a rachetés
  • Jean 4, 5-42 Une source jaillissante pour la vie éternelle

La première lecture tirée du livre de l’Exode nous emmène en plein désert aux eaux de Mériba, considérées comme lieu du défi. C’est ainsi que la tradition juive a fixé le récit de l’eau au désert : Mériba, “parce que les fils d’Israël avaient accusé le Seigneur et parce qu’ils l’avaient mis au défi en disant : Le Seigneur est-il vraiment au milieu de nous, ou bien n’y est-il pas ?”

On peut lire ce récit comme un épisode d’une histoire ancienne qui ne concerne les gens d cette époque, on peut aussi lire ce récit comme une mis en forme, une figure de l’attitude possible au cœur de tout croyant d’hier comme d’aujourd’hui. Au moment de l’épreuve et de l’aridité d’une vie, en nous, le doute peut s’élever contre Dieu…

 

Une réponse telle que la propose saint Paul est d’affirmer : “Nous sommes en paix avec   Dieu par Notre Seigneur Jésus-Christ… Alors que nous n’étions encore capables de rien !”

 

Le récit d’Evangile, la Samaritaine peut nous indisposer, car nous pensions le bien connaître et être indisposés par son longueur. Alors, le lecteur fait des coupures, des césures, qui deviennent des censures dans un texte unique composé de plusieurs étapes. La méditation et les commentaires du début, dialogue avec Jésus, risquent d’escamoter la suite. Le contraste entre l’attitude des apôtres, de cette femmes et des samaritains devrait activité notre intérêt. De fait, les apôtres sont hors course et ne comprennent rien : ni le fait que Jésus parle avec une femme, une étrangère, ni qu’ils sont revenus du village seuls alors que la femme ramène la foule de ses compatriotes. Ils ne comprennent pas non plus quelle peut-être la nourriture de Jésus ; ils ne comprennent pas non plus l’allusion à la moisson qui n’est pas d’épis de froment mais de gens qui viennent à lui… d’autres ont semé avant eux !

 

Cette femme, premier apôtre a attiré ses compatriotes à Jésus : “ : “Et si c’était lui, le Messie ?”. A Cana Jésus n’avait rien révélé à cette femme qui lui parle du manque de vin. Ici, l’heure était venue, l’heure de la Révélation pour l’étrangère, pour l’humanité. On ne connaîtra jamais le nom de cette femme de Samarie, mais elle a ouvert le chemin de la foi. Ses compatriotes invitent Jésus à demeurer chez eux… il y demeurera deux jours. Le troisième jour, il est ailleurs, aux autres villes et villages aussi il doit s’annoncer comme le sauveur du monde. Et ce sera très vite le refus de croire qu’il soit envoyé de Dieu. Dès le chapitre suivant les Juifs contestent ce Jésus d’on ne sait d’où il vient !!!

 

Jean, qui a de la suite dans les idées, écrira un peu plus loin : “Celui qui a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive, celui qui croit en moi… (ch.8)”. Donne-nous de ce pain, demande faite par les gens de Galilée renvoie à la demande  Donne-moi à boire de cette eau !:”

 

Le désir manifesté d’avoir part à l’eau et au pain de Jésus devrait entrainer en nous le souci de provoquer au désir de Jésus. N’est-ce pas notre part à prendre à la mission que de provoquer ce désir auprès de ceux qui nous rencontrons… N’ayons donc pas une figure de carême sans Pâques, comme le rappelle le pape François, devenons porte ouverte pour le salut du monde et la gloire de Dieu. EH