Ma chair est vraie nourriture

Fête du Corps et du Sang du Christ

Deutéronome 8, 2-16 ; 1 Corinthiens 10, 16-17 ; Jean 6, 51-58.

Le thème de la fête célébrée ce dimanche a orienté le choix des lectures. D’une part, ne jamais oublier le Seigneur qui donne vie, ainsi au désert avec la manne ; ainsi le rappel de Paul aux chrétiens de Corinthe divisés de Corinthe : N’oubliez jamais que vous célébrez le Corps et le Sang du Christ (Ne pas oublier que les deux versets retenus par la liturgie ne permettent pas de comprendre l’ensemble de la déclaration et mise en garde faite par Paul.

 

L’Evangile est  un extrait du chapitre 6 de Jean où le Christ évoque la signification profonde d’être en communion avec lui. C’est à partir de ce moment que se développe son affirmation d’être lié à son Père, de faire les œuvres de son Père. C’est là-dessus que les Juifs prennent leurs distance, car Jésus fait entendre que lui et son père ne font qu’un. Ainsi la fête de ce jour n’est pas adhésion à des connaissances, ni même obéissance à des principes qui nous seraient venus d’en-haut, mais pleine communion au Christ venu pour que tout homme la Vie et qu’il l’ait en abondance. Cette communion au Christ est en même temps communion aux frères (la multitude). Ce serait une grave erreur que de retenir que la dimension union au Christ oubliant la communion aux frères, comme le rappelait la Constitution Lumen Gentium : union à Dieu et unité du genre humain sont les caractéristiques du Sacrement.

 

De cet Evangile, et de la fin du ch.6 on retiendra la difficulté de compréhension pour les Juifs, comme pour nous aujourd'hui. Le Nouveau Testament présente souvent Jésus comme le Serviteur annoncé par Isaïe ; sa vie est tout entière donnée depuis son entrée dans le monde, comme dit la lettre aux Hébreux ; sa vie tout entière est le sacrifice parfait tel que la Bible a essayé de l'inculquer à l'humanité. "Le pain que je donnerai ; c'est ma chair donnée pour que le monde ait la vie". Et désormais, dans la vie donnée du Christ, nous accueillons la vie même de Dieu : "De même que le Père qui est vivant m'a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même aussi celui qui me mangera vivra par moi". La dernière conversion qui nous reste à faire, c'est de ne plus chercher à "faire" du sacré, mais à accueillir la Vie que Dieu nous donne.

 

Certains courants de pensée et d’agir dans l’Eglise développent à nouveau la dimension “faire du sacré”, invitant à recréer la distinction entre le pur et l’impur, comme au temps du Christ et des judéo-chrétiens. Or Jésus lui-même a refusé la sacralisation à outrance de tout objet, y compris de son propre corps. Désormais c’est son corps exposé qui devient Temple de l’Esprit… Désormais, c’est notre propre corps qui devient temple de l’esprit. S’il y a distinction et distinction entre l’homme et Dieu, reconnaissons que le Christ a voulu que cela ne fasse qu’un, et accentuer aujourd’hui la distinction peut être une erreur regrettable. Comme le père et moi on ne  fait qu’un, de même celui qui me reçoit je ne fais qu’un avec lui… et Dieu habite en lui. EH