Vous êtes Temple de Dieu, l’Esprit habite en vous

Fête de la Dédicace du Latran

Ezéchiel 47, 1-12 ; 1 Corinthiens 3, 9-17 ;  Jean 2, 13-22

Alors que la liturgie nous invite à fêter l’édification et la consécration de la Basilique du Latran, grand ouvrage de pierre dédiée au Saint Sauveur et cathédrale de l’évêque de Rome, les lectures, elles, nous invitent à aborder la dimension symbolique, spirituelle de l’édifice, ce n’est pas tant les pierres matérielles que les pierres vivantes que nous voulons honorer. Aussi l’Evangile choisi est-il un extrait tout au début de l’évangile de Jean, qui met de suite les points sur les “i”. Ce Temple est le Corps du Christ.

 

A Jérusalem, autour de Jésus, l’incompréhension des uns, le rejet des autres est immédiat. Ainsi les apôtres ne comprennent pas de quoi Jésus veut leur parler. Il en sera ainsi tout au long de l’Evangile de Jean. A de nombreuses reprises nous verront Pierre surtout, mais aussi Thomas ou Philippe, ne pas comprendre de quoi Jésus veut leur parler. Quant aux professionnels du Temple, les vendeurs, mais aussi les Juifs influents, ceux qui ont fait faire les constructions du Temple avec Hérode… ils s’insurgent contre Jésus. Ainsi, dès sa première présentation publique devant eux Jésus est incompris voire rejeté. Il faut que Jésus justifie son droit de parler. Il fut une époque bien plus proche de nous où les chrétiens devaient se taire, taire leur foi, demeurer dans les sacristies. Il semble qu’aujourd’hui, les hommes de bonne volonté même non croyants soient moins allergiques aux paroles des chrétiens, à leurs actions. Cela peut nous réjouir.

 

En cette introduction de Jean, au ch.2,  se trouve ramassé l’ensemble des acteurs de l’Evangile : Jésus, ses adversaires, ses amis qui ne comprennent pas grand-chose. La fin de l’épisode évoque aussi l’annonce de la résurrection, c’est-à-dire la fin de l’Evangile. Aussi faut-il lire et relire lentement cette “petite histoire des vendeurs chassés du Temple”, car derrière elle se profile la grande histoire de Jésus et de ses disciples, pour qui il faudra bien du temps pour entrer dans le mystère de Jésus sa mort et sa résurrection mais aussi le mystère de sa relation à Dieu, son Père. Le principe de base sur les moyens d’interpréter la vie de Jésus y est aussi inscrit : “lire les prophéties des Ecritures…” Tout comme les disciples d’Emmaüs selon Luc, pour comprendre Jésus, il faut associer à ses gestes et paroles, les textes de l’Ecriture.

 

Même sans être férus de l’Ecriture, nous pouvons cependant comprendre aujourd’hui que nous sommes le Corps du Christ, que la participation à l’eucharistie fait de nous des membres de son Corps. Nous ne recevons pas l’eucharistie parce que nous l’avons mérité ou parce que nous serions parfaits, nous recevons l’eucharistie pour devenir ce Corps du Christ, membres d’un seul Corps, nourris par celui qui donne vie au monde. Il est dommage que les autorités ecclésiastiques n’ont pas encore réagi positivement aux demandes de certains pécheurs de recevoir le corps du Christ. Espérons que la miséricorde l’emporte sur la comptabilité légaliste qui tient éloignés nombre de croyants : sont-ils plus pécheurs que les autres ? EH