La pierre rejetée par les bâtisseurs est devenue pierre d’angle

27ème dimanche ordinaire

Dimanche 4 octobre. 27ème dimanche ordinaire

Isaïe 5, 1-7 ; Philippiens 4, 6-9 ; Matthieu 21, 33-43

 

Déjà la première lecture nous rappelle une histoire de vigne. Plus tard, on la retrouvera dans les évangiles. Isaïe rappelle combien cette vigne est soignée par le Seigneur. C’est une manière de faire comprendre combien nous sommes aimés de Dieu. Le premier chapitre de saint Jean nous le fait comprendre à sa manière. Saint Jean le redit aussi dans ses lettres. La vigne dont parle Matthieu reçoit beaucoup d’attentions de la part du maître. Malheureusement ceux à qui cette vigne est confiée ne mérite pas la confiance du maître de la vigne.

 

Les commentaires habituels portent sur Israël premier destinataire pour garder la vigne, mais il ne méritait pas cette confiance de la part du Seigneur. Sans doute cet évangile de Matthieu a-t-il influé sur les relations entre l’occident catholique et les Juifs. Ainsi le premier évangile a servi de support à l’antisémitisme. Quand saint Louis imposera l’étoile pour distinguer les Juifs des chrétiens, il ne mesurait pas combien cela a servi de prétexte contre le peuple juif, au cours des siècles, et il faudra attendre la fin du concile Vatican II pour que naisse une attitude moins hostile envers ce peuple. Pourtant il existe encore des discours chrétiens, en particulier intégristes, qui refuse encore de modifier ce regard et ces attitudes antijuives, au nom de ce texte. Pourtant saint Paul avait affirmé : “désormais, il n’y a plus ni juif, ni grec…” (Galates 3, 28) refusant que l’on fasse dans l’humanité des distinctions discriminatoires. Si l’on reprend la parabole de la vigne, force est de constater que Dieu aime toute l’humanité et qu’il refuse à sélectionner les uns par rapport aux autres.

 

La parabole de la vigne montre les soins du vigneron à l’égard de la vigne qu’il a planté. Les Ecritures évoquent aussi des temps de colère de Dieu contre une vigne qui ne donne pas de bons fruits. Mais ce n’est heureusement pas l’attitude habituelle ! Il arrive que Dieu se lamente contre ses fils, car parfois, ils exagèrent. On vient de la voir à propos du Pape François qui a rétrogradé un cardinal pour malversations financières ; on connait aussi son discours pour excès de cléricalisme ; on se souvient encore du sermon de pénitence imposé à la curie, au temps de l’avent, il y a quelques années. Dans un langage moins diplomatique, nous avons ce dicton : «Bon, ça ne s’écrit pas avec un “C” !».

 

Nous pourrions aussi tenter un exercice, celui d’apprécier quelques gouvernants actuels à l’aune de la parabole de la vigne pour apprécier en quoi c es dirigeants sont amoureux de leur peuple comme le maitre de la vigne. L’exemple le plus récent est le maître de la Biélorussie, mais on pourrait aussi penser à la caste dirigeante au Liban, ou encore Bolsonaro ou Trump à l’égard de leurs peuples, surtout avec les moins favorisés de ces peuples. Quand donc entendrons-nous contre eux des paroles qui les font sortir de leur trône pour incompétence à gérer la vigne qui leur est confiée ? Il se passe d’étranges choses dans la gouvernance de bien des pays. Parfois les faits (ou crimes) n’arrivent à la connaissance que bien longtemps après : pensons aux colonialismes, aux rapports de la France avec les Algériens

 

L’Evangile n’est pas un manuel de politique, mais parfois, il vaut la peine de s’y référer. Pensons à Saül rejeté, à Achab et Jézabel, tandis que Salomon sera honoré, etc. La vigne dont il est question, c’est le champ du Seigneur, le lieu où les hommes sont invités à travailler afin de faire de ce terrain un espace luxuriant où coulent le lait et le miel, où, selon l’Apocalypse, on récupère chaque mois une récolte, une récolte pour tous, et non pour quelques-uns.

 

“Mon ami avait une vigne… Il en attendait le droit, et voici le crime”. Que cette parole d’Isaïe, ou celle de Matthieu ou encore de Jean nous aide à apprécier les comportements des hommes. Emile Hennart.