Quitte ton pays, ta parent, va vers le pays que j'indiquerai

2ème dimanche de carême

2 Timothée 1, 8-10 ; Matthieu 17, 1-9

 

Avant de lire la première lecture, du livre de la Genèse, peut-être faut-il faire un rapide tour d’horizon de notre société actuelle bouleversée, en particulier les tensions qui s’enveniment dans les rapports sociaux, comme entre Israéliens et Palestiniens, entre Turcs et Syriens. Certains habitent Hébron (où l’on vénère la tombe d’Abraham), d’autres habitent Idlib, (région où se serait posée l’arche de Noé selon certains prédicateurs). On pourrait aussi ajouter des Erythréens (certains ont trouvé refuge dansa une église à Arras), on pourrait aussi penser aux Mexicains confrontés au mur de Mr Trump… Bref, tous ceux qu’on appelle des migrants pourraient eux aussi avoir commencé une histoire de déplacement : “Quitte ton pays, ta parenté, la maison de ton père”. On ne peut donc lire l’histoire d’Abraham et taire la manière dont on se comporte aujourd’hui avec des gens obligés de tout quitter.

 

Ainsi commence l’histoire du peuple d’Israël avec cette parole qu’Abraham met dans la bouche de son Dieu, dont il ne connait pas encore le nom : “Quitte ton pays, va vers le pays que je t’indiquerai. C’est le début d’une histoire touchante qu’il nous est donné de lire ce dimanche.

 

Plus tard, Abraham aura deux fils : Isaac et Ismaël. Tous deux auront un coin de terre, que l’on désignera comme terre promise d’un côté, comme Arabie de l’autre. Ainsi donc notre lecture évoque une histoire ancienne vieille de près de 4.000 ans. Nous ne lisons pas seulement ces récits comme des mythes, de l’histoire ancienne, mais comme une invitation, de la part de Dieu, à rapprocher hier et aujourd’hui. Des histoires de migrants, hier comme aujourd’hui sont des questions posées à notre humanité : “qu’as-tu fait de ton frère ?” (Pour cette phrase il faut remonter encore plus haut dans la Bible, avec Caïn et Abel, en Genèse 4, 9).

 

L’Evangile de ce dimanche est le récit de la Transfiguration. C’est un bref moment, sur une haute montagne (évocation de Dieu avec Moïse) où les 3 apôtres ont la vision de Jésus autrement que comme le copain qu’ils fréquentent. Jésus se donne à voir comme étant du côté de Dieu (la blancheur), du côté de ce que disent les Ecritures (Moïse et Elie, considéré comme aux sources de la Loi et des Prophètes). C’est donc le moment de ce que nous affirmons de manière plus intellectuelle dans le Credo : “Vrai Dieu et vrai homme !” Les apôtres n’ont pas vraiment compris ce qui leur arrivait. En redescendant de la montagne, ils ne diront rien avant la résurrection de Jésus.

 

Que ce soit à propos d’Abraham, que ce soit à propos de la transfiguration, nous sommes invités à mettre en relation l’hier et l’aujourd’hui, invités à relire notre histoire (nos histoires). Ces deux récits ne peuvent rester figées dans le passé. Elles nous invitent à découvrir en quoi, aujourd’hui, nos réponses aux événements sont réponse ou non à l’attente de Dieu. Sans doute n’avons-nous pas réponse à tout ce qui se passe. Ce n’est pas une raison pour dire qu’on n’est pas concernés parce qui se passe. E serait alors faire insulte au mystère de l’Incarnation : Dieu, en Jésus, est venu chez nous, pour nous, pour nous inviter à prendre un chemin de vie. Abbé E.Hennart