Toutes les nations sont associées au même héritage.

Fête de l'épiphanie

Isaïe 60, 1-6 ; Ephésiens 3, 2-6 ; Matthieu 2, 1-12

Toutes les nations sont associées au même héritage.

La tradition chrétienne a accumulé au fil des siècles bien des images non indispensables pour affirmer l’amour de Dieu pour nous. L’épiphanie est une fête fort agréable, au-delà de l’histoire des rois. Ainsi l’église de Bethléem, construite par sainte Hélène au 4ème siècle, aurait été préservée de la destruction parce que les envahisseurs perses auraient reconnu leurs ancêtres dans les représentations des mages sur les murs de cette église. Matthieu parle de mages venus d’Orient, des sages qui compulsaient les étoiles pour y discerner les mystères du monde. Venaient-ils de Babylone ou de Ninive ? Nul ne sait. Ils venaient d'Orient.

 

Matthieu voulait sans doute rattacher la vie de Jésus à celle de ses ancêtres : Abraham ne venait-il pas du pays des Chaldéens ? En évoquant le détour de saint Joseph et Marie par l’Egypte n’était-ce pas une manière d’évoquer que le peuple juif fut esclave là-bas au temps des pharaons et que Yahvé les avait délivrés. Quand les chrétiens rapporteront les faits et gestes de Jésus, quand ils écriront ses enseignements sous forme d’Evangile, ils auront le souci de rattacher Jésus aux prophètes, et, parmi eux, à Isaïe dont les premiers écrits sont contemporains des incursions de Ninive et de Babylone en Israël et en Juda.  

 

Notre foi chrétienne s’enracine dans une très longue histoire et un très grand territoire. Ceux qui voudraient faire un mythe à l’origine du christianisme sont donc dans l’erreur, même s’il faut éviter de lire au mot à mot les récits de la nativité. Un travail de décryptage, d’interprétation est nécessaire, ne serait-ce que de reconnaître que Jésus était lui-même totalement juif, de corps et d’esprit. (Il a fallu du temps pour que les chrétiens le reconnaissent). C’est encore Isaïe qui annonçait qu’un jour toutes les nations seront rassemblées par Dieu pour un festin sur sa montagne.

 

Nous avons pu entendre saint Paul affirmer que toutes les nations sont associées au même héritage. Ce n’est que très récemment que les papes rendent visite aux différents pays du monde. Le dernier voyage était d François au Japon où il rappelait qu’on n’est pas là pour se faire la guerre, ce qui est loin d’être gagné. La fête de l’épiphanie porte donc un très beau message : la manifestation de Dieu pour les gens du monde entier. Les dernières tractations avec la Chine montrent que ce n’est pas encore gagné, Xi-JinPing souhaitant réécrire la Bible à sa manière, après avoir voulu imposer des évêques à sa discrétion. Nous sommes ici bien loin de la légende des trois rois-mages, Gaspar, Melchior et Balthasar offrant leurs cadeaux au petit Jésus. Mais si cette belle image nous sert pour partager la certitude que Jésus est venu pour tous, pour les lointains de la terre, tant mieux.

 

Peut-être nous faut-il, nous aussi, sortir de notre habitation pour porter au-delà de chez nous la Bonne Nouvelle qu’il y a une place pour chacun dans le cœur de Dieu. Epiphanie : manifestation de Jésus à toutes les nations. Nous avons notre place dans cette annonce. E.Hennart