12ème dimanche ordinaire

Passons sur l’autre rive.

Job 38 1, 8-11 ; 2 Corinthiens 5, 14-17 ; Marc 4, 35-41.

 

Faut-il s’étonner que Jésus ait été secoué par un coup de vent sur la mer ? Sur le lac de Capharnaüm ces sautes de vent sont fréquentes. N’y a-t-il pas là une invitation de Marc à vivre dans la confiance, sans doute. Mais on peut en rester à un évènement de la nature. Il est cependant possible que Marc ait donné à cet évènement un sens symbolique. Le récit commence par l’invitation à passer sur l’autre rive. L’autre rive, est-cela mer ? Ou n’y a-t-il pas référence à l’évènement auquel sont affrontés les premiers chrétiens : celui de s’adresser aux païens, en particulier les romains ?

 

Cela ne s’est pas très bien passé dans les années 50-80. Certains ont été arrêtés et martyrisés. Marc écrit à l’époque où Néron s’attaque aux chrétiens de Rome et de son empire. Plus tard, Pline le Jeune en Asie mineure écrira à l’empereur pour demander ce qu’il doit faire avec les chrétiens qu’il a arrêtés. Tout cela est de l’histoire ancienne, mais cela tapisse le récit de Marc. Pourtant récemment encore, des chrétiens ont été interpellés en Chine, et ailleurs. Nous-mêmes sommes davantage marqués par l’indifférence ou le silence. L’Eglise de France et d’Occident est contestée à cause de certains comportements qui ont pu offusquer des concitoyens non-croyants.

 

Des amis ont quitté la communauté chrétienne et leur comportement peut nous interroger, déclencher de la tempête en nous. En terre d’Islam il est difficile d’annoncer le Christ. Je pense aussi aux catéchistes qui, tout au long de cette année ont continué à rassembler des enfants en temps de pandémie ; elles leur ont parlé du Jésus des évangiles et de la foi, des sacrements. Un certain nombre de valeurs évangéliques sont à annoncer et défendre au milieu de l’hostilité d’un monde qui conteste notre volonté de mettre nos pas dans ceux du Christ. Notre région a vu de nombreux licenciements : faut-il se taire ? Les chrétiens participent à l’accueil des migrants.

 

Il y a donc bien des vagues qui chatouillent nos rives. L’évangile passe très vite du phénomène naturel à la question de foi. On change de registre. Jésus demande : “N’avez-vous pas encore la foi ” Il n’est donc pas anormal qu’aujourd’hui encore on rapproche notre foi avec les évènements plus quotidiens. Voici aussi le temps des élections. Il ne faut considérer que notre choix soit étranger à notre manière de vivre notre foi. Nos choix engagent une certaine orientation dans la vie locale et régionale. Pourtant l’Evangile ne dicte pas nos choix. Il les inspire. A nous de relier foi et quotidien, pour la gloire de Dieu et le salut des hommes. E.Hennart