19ème dimanche ordinaire

Ordonne de venir vers toi, sur les eaux

Dimanche 9 août 2020 19ème dimanche ordinaire

1 Rois 19, 9-13 ; Romains 9, 1-5 ; Matthieu 14, 22-33

 

Ordonne de venir vers toi, sur les eaux ;

Pierre savance sur l’eau. L’épisode de l’évangile où Pierre s’enfonce dans l’eau du lac peut nous étonner ! Tout dans cet épisode peut apparaître comme hors de la normalité. L’ordonnateur des lectures a choisi de mettre en parallèle cet évangile avec Pierre, alors que la première lecture présente la découverte par Elie que Dieu n’est pas dans l’extraordinaire. Elie se trouve en grande difficulté, puisque la reine Jézabel a ordonné à ses troupes de poursuivre le prophète du Très-Haut qui a fait exécuter les prêtres de ses hauts-lieux. Elie s’est enfui. Au cours de cet exil il découvre que Dieu n’est pas le “Dieu tout-Puissant du Sinaï” tel que Moïse a pu en parler. Le prophète découvre que Dieu est fragile comme le souffle d’une brise légère. A nous de percevoir la présence de Dieu dans ce temps de silence.

 

Qui est Dieu, où est Dieu elle pourrait être notre méditation inspirée par ces deux lectures. Elie pouvait bien se demander si Dieu ne l’avait pas abandonné. Pierre de son côté pouvait se mettre à doute de Jésus, qu’il vient de voir nourrir les foules. Et nous ? La pandémie, les difficultés dans une société elle-même bousculée comme la barque dans le vent : beaucoup d’interrogations alors que nous voudrions trouver le calme. Le temps de l’été, le temps de recréer des relations familiales apaisées ou l’espace moins compliqué en attendant “la rentrée”.

 

C’et aussi la recherche d’une vie autre. Où donc se trouve Dieu ? Nous avons entendu la parole de Jésus à Pierre : “Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur”.  Les disciples pensent avoir à faire à un fantôme. Ils prennent peur, tout comme Pierre. Ils peuvent se demander : où sommes-nous, où allons-nous ? Chacun, comme Elie à l’entrée de la caverne, comme des disciples dans la barque, comme Pierre devant Jésus, nous pouvons nous demander : Où dois-je aller ? Que dois-je faire ? Pierre accepte d’entendre la parole de Jésus : viens ! Il accepte de plonger dans l’inconnu. Elie, quand il a reconnu la présence de son Dieu se voit renvoyé de là où il venait, pour continuer à prêcher le Dieu de l’alliance, le Dieu du Sinaï, le Dieu qui se fait discret et pourtant continue à appeler.

 

Pour le peuple de la Bible la mer est symbole de mort. Or Jésus marche sur l’eau : sur la mort. De même Pierre est appelé à marcher pardessus la mort. C’est une des manières de comprendre ce texte difficile de l’Evangile. Jésus comme Pierre passent au-dessus de la mort. L’Evangile est écrit après la mort-résurrection de Jésus ; après la mort de Pierre. Quand Pierre entend l’appel de Jésus et répond à cet appel, c’est cette prise de risque que prend Pierre, tout comme les disciples. Suivre Jésus, hier pour les disciples, aujourd’hui pour nous : c’est une prise de risque.

 

Peut-être certains d’entre nous estiment qu’il est temps d’arrêter, de rester sur le bord du lac. Aurions-nous pris assez de risques ou, au contraire, laisser à d’autres le soin de prendre des risques. Alors comment l’Evangile de Jésus sera-t-il proclamé, si nous préférons laisser la place à d’autres. Quand Jésus dit à Pierre “Viens”, c’est à nous aussi qu’il dit : “Viens”. Pierre coule alors, dès le premier pas, mais Jésus ne le lâche pas. Ainsi en va-t-il de la foi : Jésus ne nous lâche pas. Abbé Hennart.