Celui-ci est mon fils bien-aimé.

Baptême du Seigneur

Isaïe 42, 1-7 ; Actes des apôtres 10, 34-38 ; Matthieu 3, 13-17

 

Avec la fête du baptême du Christ, nous quittons le temps des récits autour de la nativité et de l’enfance de Jésus. Désormais nous ouvrons une nouvelle page dans la vie de Jésus. La rencontre avec Jean-Baptiste constitue une nouvelle étape, décisive dans le “cursus” de Jésus.

 

Avec le baptiste, nous sommes loin de Jérusalem, du Temple et de ses serviteurs : scribes pharisiens et sadducéens. Il s’est passé quelque chose lors de cette rencontre. Au bord du Jourdain, c’est là qu’afflue une foule de petites gens. La parole proclamée au Temple ne semble pas les satisfaire. L’évangile de Marc fera même la comparaison entre les paroles de Jésus et celles du Temple : “Il enseignait en homme qui a autorité, pas comme les scribes (Mc 1, 22)”. Le baptême par lui-même est une scène un peu mystérieuse, en l’absence de tout témoin. Tout semble se passer entre Jésus et Dieu au ciel qui envoie son Esprit. Jean avait annoncé quelqu’un qui, derrière lui, quelqu’un qui lui est supérieur.

 

Jésus a du comprendre que Dieu voulait parler à ce petit peuple ; il a du comprendre que c’est vers ces gens qu’il est envoyé pour annoncer le pardon et la réconciliation avec Dieu. Luc écrit la mission de Jésus dans le livre des Actes : “Il guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du diable, car Dieu était avec lui”. Notre monde d’aujourd’hui semble encore sous le pouvoir du diable. Que ce soit à Ouagadougou, que ce soit à Damas ou Washington, à Hong-Kong ou à Alger. Même chez nous le refus de se parler et de s’entendre ressemble fort à une astuce du diable, c’est-à-dire favoriser tout ce qui peut diviser.

 

Fêter le baptême du Seigneur, c’est une manière d’exprimer notre foi. Dans l’ancien Testament on parle de Dieu comme le Dieu de l’alliance. A chaque eucharistie, lors de la consécration, nous rappelons le sang de l’alliance nouvelle. Telle est notre foi : croire que Dieu souhaite réconcilier le ciel et la Terre, faire alliance avec nous, avec l’humanité entière, appelée à former une seule famille. Cela passe aussi par notre désir et nos actes pour réconcilier les hommes et les femmes entre eux.

 

C’est ici qu’il faudrait relire le portrait du serviteur, décrit au livre d’Isaïe ch. 52 : il proclamera le droit, ne brisera pas le roseau qui fléchit, ne haussera pas le ton, ne fléchira pas… Je l’ai saisi par la main, je fais de lui l’alliance du peuple, la lumière des nations… Puissions-nous voir les baptisés devenir les serviteurs d’un monde vers son unité, sa fraternité. Il y a beaucoup à faire. N’attendons pas que cela vienne tout seul. Le Seigneur, au bord du Jourdain appelle des disciples qui participeront à son œuvre.

 

La bout d’évangile proposé ce dimanche présente l’altercation entre Jésus et Jean.  “C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi”, affirme Jean baptiste. L’autre affirmation de cet évangile, c’est la parole venue du ciel : “celui-ci est mon fils bienaimé, en qui je trouve ma joie”. C’est une manière de signifier, au tout début de la vie publique de Jésus, que ses paroles et gestes sont sous le signe de Dieu, et non comme certains voudront le faire croire, sous le signe du démon. Plus tard sa condamnation voudra le faire passer pour un blasphémateur. Nous avons donc dès à présent une réponse : Jésus est bien celui qui fait la joie de Dieu. Réjouissons-nous.