Heureux ceux qui croient sans avoir vu
2ème dimanche de Pâques
Actes 2, 42-47 ; 1 Pierre 1, 3-9 ; Jean 20, 19-31
Le temps après Pâques est l’occasion de relire de nombreux récits qui situent la vie des premiers chrétiens à la suite du ressuscité. La première lecture de ce dimanche est come un récapitulatif.
Le récit est reçu comme un sommaire, un résumé qui caractérise ce que pouvait être la première communauté. Assiduité à l’enseignement, à la communion fraternelle, à la fraction du pain (eucharistie), aux prières. Dans ce résumé tout est dit de ce qui fait l’essentiel de la vie chrétienne, au point que bien plus tard, on l’exprimera sous forme de triptyque : « vivre, croire, célébrer » ou parole enseignée, parole célébrée, parole vécue, ou encore « Roi, prêtre prophète ». Ce sont bien trois dimensions de l’existence qui se trouvent ainsi rappelées.
La dimension service du frère peut revêtir diverses activités : ce peut être participer à une association caritative, ce peut être rencontrer le voisin ce peut aussi être l’activité avec d’autres au sein d’une organisation syndicale ou politique. En ce temps d’élections, ce serait insuffisant de réduire l’activité au moment du choix d’un candidat, car cela suppose aussi qu’on prenne part selon ses possibilités et ses moyens à la création d’un monde plus juste, plus fraternel, plus partageur.
Le développement des peuples passe par l’obole, il passe aussi par l’organisation de cette société. Mais chacun se sent si petit, si loin du centre décision qu’il se sent inutile. Ce n’est pas faux, mais ce n’est pas en “laissant faire” que l’on fait progresser ce monde offert entre nos mains par le créateur. On remarquera la dimension communautaire très développée dans les initiatives et le vécu des premières générations. Peu à peu, l’action individuelle a pris le dessus !
La lettre de Pierre est sans doute moins connue. Elle invite à l’action de grâce et à l’espérance. Pierre insiste sur la qualité de notre foi… foi en Christ, venu chez nous, pour nous. Nous aussi, comme les premiers destinataires de la lettre, nous ne le voyons pas… pourtant nous croyons.
La figure de croyant qu’est Thomas est une invitation à croire même sans avoir vu. Ainsi s’exprime ce récit de Jean.
Thomas était absent lors de la première rencontre et il refuse de croire les différents rapports des disciples présents. Au-delà de l’imagerie que nous pouvons deviner, Jean doit faire l’éducation des deuxième et troisième générations de croyants, qui eux non plus n’avaient pas vu, qui eux aussi pouvaient douter. Se développe l’hérésie qui consistait à dire que Jésus avait fait semblant, que Jésus était un être supérieur qui avait revêtu une apparence humaine. Jésus n’a pas fait semblant ! Une autre lettre, de saint Paul se bat avec le même raisonnement : le Christ n’a pas revendiqué d’être Dieu et traité comme Dieu ; au contraire il s’est fait homme, le dernier des hommes, obéissant jusqu’à la mort (Philippiens).
Ces lectures sont à la source de la foi de millions d’hommes et de femmes depuis 2.000 ans : hommes de foi, d’espérance et de charité. Sans doute ne sont-ils pas parfaits, mais ils ont osé dire que la Vie a vaincu la mort, que Christ est vivant et que le chemin qu’il a tracé au milieu des hommes est à poursuivre : chemin d’humanité, chemin de service, chemin de fraternité. Heureux sommes-nous d’avoir mis nos pas dans ceux du Christ. EH.