Mes brebis écoutent ma voix

4ème dimanche de Pâques

Actes 13, 43-52 Tensions entre Paul Barnabé et les Juifs à Antioche ;^Apocalypse 7, 9.14-17 ; Jean 10, 27-30

 

Ce dimanche est traditionnellement appelé dimanche des vocations, appel à prier pour les vocations. Notre mémoire oriente notre méditation vers la parabole du Bon Berger, bon Pasteur. Ce n’est pas faux. Cependant ce n’est pas l’orientation du texte d’évangile lu ce jour. Il vaut la peine d’interroger l’auteur du découpage des lectures et de se demander pourquoi les quelques lignes de ce dimanche sont séparées la parabole qui précède, quelques vingt lignes plus haut. Il y a plusieurs paraboles qui traitent du troupeau, par exemple le berger qui part à la recherche de la brebis égarée. Ce dimanche il s’agit de tout autre chose.

 

Notre méditation est invitée à regarder la tension entre Jésus et les Juifs qui se trouve ici clairement exprimée : “vous n’êtes pas de mes brebis, parce que nous ne croyez pas en moi !” Cette tension a été exprimée dans la première lecture, où Paul et Barnabé à Antioche se trouvaient confrontés àleur propre rejet par la synagogue des Juifs, alors que les païens et prosélytes manifestent beaucoup de sympathie pour la Bonne Nouvelle. Notre mémoire sur la parabole du troupeau risque de nous faire oublier que le monde de Jésus à Jérusalem, ou le monde des premiers chrétiens, ne furent pas un monde de bisounours. Des tensions, il y en eut souvent et elles sont plutôt minimisées ou oubliées. Pourtant dans l’Evangile de Jean, nous voyons cette progression du refus et le bout d’Evangile reflète à la fois le temps de Jésus et le temps de la rupture dans les années 90, où c’est terminé entre chrétiens et Juifs : vous n’êtes pas mes brebis.

 

Ceux qui lisent en maison d’Evangile les lettres de Paul ont eu l’occasion de repérer les tensions entre chrétiens, entre chrétiens et Juifs (à Philippe, Thessalonique ou Bérée), mais aussi les tensions et divisions entre chrétiens au point que Paul réclame le droit de parler, lui aussi n’a-t-il pas été désigné comme apôtre par Jésus lui-même.

 

Quand nous lisons l’exhortation post-synodale amoris laetitia, nous devinons bien les retraits prudents et les silences du pape François, devant la fronde des cardinaux lors de la seconde session. Aussi les commentateurs se réjouissent-ils des prudentes avancées et non des silences. Là aussi nous avons trace des divisions au sein même de l’Eglise d’aujourd’hui, tout comme Paul hier dut affronter des divisions (par exemple l’ouverture aux païens et les réserves de Pierre), etc.  

 

Dans notre méditation, nous retiendrons la nécessaire et profonde relation au Christ qui fait que nous appartenons au troupeau. Nous serons aussi attentifs à évoquer les rapports difficiles avec une partie de la société actuelle pour qui la religion n’est rien… Nous évoquerons aussi les tensions au sein de l’Eglise entre différents courants les uns pour la fermeture les autres pour davantage d’ouverture… certes, il y a différents courants, mais chacun prêche pour sa propre paroisse, oubliant un peu trop ceux qui ne sont pas du troupeau. Que n’ai-je entendu hier encore, mercredi,  contre la recherche de quelques-uns pour être présents dans certains quartiers difficiles d’Arras… et je sais qu’il n’y a pas que là !

 

Les tensions sont manifestes quand on refuse clairement l’ouverture et le dialogue avec le monde souhaité par le concile Vatican, le dialogue avec les autres religions et la religion juive. Au début du ch. 10, le Christ disait son souhait d’aller à la rencontre d’autres brebis : “J'ai encore d'autres brebis qui ne sont pas de cet enclos ; celles-là aussi, il faut que je les mène ; elles écouteront ma voix”. Il faudrait aussi relire la prière de Jésus le jeudi saint où il prie pour d’autres brebis à venir… Puissions-nous avoir le même esprit que Jésus et le cœur aussi large que le sien, pour aller à la rencontre de ceux dont nous sommes loin, pour qu’il n’y ait qu’un seul troupeau.