Préparez le chemin du Seigneur
2ème dimanche de l'Avent
Isaïe 11, 1-10 ; Romains 15, 4-9 ; Matthieu 3, 1-12.
Voici revenue la figure de Jean-Baptiste. Les prescriptions et exigences semblent plus pointues selon Matthieu que selon Marc. En précisant la présence de pharisiens et sadducéens parmi les destinataires de l’enseignement, Matthieu désigne déjà ceux qui deviendront les opposants à Jésus au mong de don itinéraire en Galilée et Judée. On les retrouvera en particuliers aux ch. 23 et 24 :“engeances de vipères, qui vous a appris à fuir la colère de Dieu ?” A la miséricorde dont parle davantage Luc, Matthieu fait comprendre la justice de Dieu, une justice qui amasse le blé qui a muri et qui brule ce qui n’est que déchets.
Ainsi en ce début d’année liturgique, Matthieu nous montre un Dieu plus exigeant et capable de couper les têtes. Luc avait émaillé ses propos d’exemples concrets à mettre en œuvre à l’adresse des gens du peuple, pas nécessairement bons fidèles du Temple. Marc fut plus silencieux. Matthieu cible les destinataires, tous gens de la haute société. Ces différences dans la reprise des paroles de Jésus s’expliquent sans doute par les difficultés de la première Eglise à présenter l’Evangile de Jésus en monde juif au premier siècle. Cependant l’appel à la conversion concerne chacun proche ou lointain de l’Evangile.
Dans la première lecture, tirée de la lettre aux Romains, on retrouve quelques instructions à mettre en pratique. On remarquera la sollicitude de Paul envers les païens puisqu’il précise que c’est grâce aux dons de Dieu qu’ils peuvent eux-aussi rendre grâce à Dieu. On est donc bien loin de la discrimination que nous pourrions faire entre les humains, puisque eux aussi (les païens) héritent des promesses faites par Dieu aux ancêtres (Abraham, etc. : en toi seront bénies toutes les nations !). Pour s’en convaincre, il faudrait relire la lettre aux Galates, ch.3-4.
Enfin la première lecture, du livre d’Isaïe, ressemble à une bien belle utopie : le loup et l’agneau, le léopard et le chevreau, le veau et le lionceau, le nourrisson et le cobra… Comment entendre cette belle utopie au moment où fleurissent les communautarismes qui excluent l’autre de leur rang ? Comment entendre ces paroles alors que se multiplient les bruits de botte, au Yémen, en Syrie ou Irak et même en Israël. Certes l’humanité est faite d’hommes, mais d’hommes appelés par Dieu à devenir ses enfants, animés du même esprit. Faut-il désespérer ? Faut-il espérer contre toute espérance ? Peut-être faut-il plutôt relever les manches, mettre un bulletin de vote pour ceux qui ouvriront leur porte à l’étranger, au petit, au moins que rien. Peut-être faut-il vouloir transformer les communautés en une seule famille humaine. On l’avait un peu espéré avec Schumann, avec Obama ou Nelson Mandela… Le chemin est encore long. EH