Semaine sainte

Entre mort et résurrection.

Entre mort et résurrection.

Actes 10, 34-43 ; Paul aux Colossiens 3, 1-4. Jean 20, 1-9.

 

Voici une semaine bien particulière avec ses célébrations du Jeudi, vendredi et veillée pascale. Ce fut une innovation que la restauration du Triduum, dès 1951, c’est-à-dire bien avant la réforme liturgique du concile Vatican II. Combien de bons croyants ont-ils été trompés par quelques évêques et dignitaires de la Curie qui ont rejeté le vent de la Réforme. Il vaut la peine de se rappeler ces refus de réforme, car ce furent bien eux les premiers qui semèrent le trouble dans l’Eglise peuple de Dieu. Aujourd’hui l’Eglise souffre du manque de clairvoyance des élites. Personnellement je me suis réjoui de la réforme du Triduum, et j’ai participé aux premières célébrations dès Pâques 1952. Je me souviens que jusqu’alors le samedi matin dès 8h30, l’eau bénite était disponible pour les chrétiens qui venaient se servir dans une grande baignoire. Dès 9h le samedi, la messe de Pâques était dite.

 

Grâce au nouveau curé de la paroisse, enfants de chœur, nous avions droit à de nombreuses répétitions pour les offices. Chacun avait alors son carton pour ne pas se tromper dans le déroulement. A cette époque, pour moi c’était avant tout fidélité au déroulement liturgique. Cela m’a donné le goût de fêter le Christ dans sa passion et sa résurrection sans connaître (comprendre) tous les détails. Quelques années plus tard, en 1956, une cousine m’offrit la Bible dite du cardinal Liénart. Cela aussi fait partie du renouveau de l’Eglise, car il était alors interdit de lire la Bible. Mais le cardinal avait créé, avec le groupe œcuménique, la Bible qu’on pouvait désormais s’acheter dans toute librairie (religieuse ou non).

 

Je me souviens aussi avoir baptisé une jeune, au cours de la veillée pascale. Cette année encore, ils seront nombreux, les catéchumènes à s’avancer à l’appel de leur prénom : “Me voici !” tout comme l’avait fait Moïse au Sinaï. C’est en vivant cette liturgie conciliaire que ma foi a progressé. L’église de mon enfance a brûlé lors de travaux, mais je garde en ma mémoire son souvenir, une église immense remplacée par un cube moderne et fort éclairé. Les gens aujourd’hui aiment y venir lors de leur mariage, ou lors des funérailles. Elle favorise leur recueillement. Pourtant il n’y a plus ces colonnes ni ces voutes d’antan, ni le parfum de l’ancien et du vieux. C’est ce parfum que j’ai pu sentir à Nazareth, lorsqu’une religieuse a ouvert le dessus de la “tombe du Juste”. En cette préparation de Pâques, je pense aussi aux pèlerins que j’ai accompagnés en Terre sainte, la messe auprès du tombeau du Christ. Je pense aussi aux célébrations à l’église saint Paul dans les années 70-80.

 

Semaine sainte, semaine pascale… Voici le temps de rassembler devant le Seigneur ces visages et ces souvenirs. Ma mission, en chaque occasion, a été de favoriser la rencontre de ces personnes avec Jésus vivant. Que cette semaine2019 soit pour chacun l’occasion de se rapprocher du visage du Christ vivant. Saint Paul avait sa manière bien à lui de parler aux Philippiens et aux Corinthiens de Jésus vivant. Le Christ notre agneau pascal a été immolé ; célébrons-le avec le pain neuf de la droiture et de la vérité. Nous n’avons pas à rester accrochés au passé, mais à orienter notre vie de témoin vers demain, pour que Jésus soit reconnu et aimé. Abbé Emile Hennart