Mon ami, avance plus haut

22ème dimanche ordinaire

Ben Sira 3, 17-18 ; 20-29 ; Hébreux 12, 18-19 et 22-24 ; Luc 14, 1.7-14

 

Jésus arrive chez un chef des pharisiens. C’est une expression peu fréquente : un chef des pharisiens ! Peut-être est-ce une invitation à porter davantage attention au contenu de l’échange. Mais ce serait une erreur de croire que l’évangile ait pour objectif de nous donner des règles de bonne conduite : ne prends pas la première place à table. Aujourd’hui, la question est solutionnée puisque chacun à son carton, ce qui évite de s’interroger sur les préséances.

 

Jésus repère les attitudes des invités pour en tirer des considérations qui n’ont rien à voir avec les bonnes pratiques. Il s’agit d’orienter ses auditeurs à pratiquer la charité envers tous, ce qui est tout différent que de chercher les premières places. Au Royaume de Dieu les premiers seront les derniers et les derniers seront les premiers. Nous avons déjà eu semblable réflexion à propos des ouvriers de la onzième heure. Luc donne aussi cette phrase à la fin d’une discussion introduite par les disciples : n’y aura-t-il que peu d’élus ? Jésus laisse entendre que les élus ne sont pas nécessairement ceux à qui l’on pense : les premiers seront les derniers !

 

Dans la lecture de ce dimanche, il faut aussi penser aux auditeurs de l’évangile, fin des années 80, à Antioche, probablement. L’Eglise rassemblée autour de Luc était plus aisée que la plupart des populations (penser à Marc ou Matthieu, ou encore aux Corinthiens de Paul). Bref il est possible que Luc invite ses chrétiens à davantage d’humilité et davantage de service du frère. L’histoire du pauvre Lazare, deux chapitres plus loin illustre ce souci de Luc à l’égard de ses auditeurs.

 

La leçon que Luc retient est celle de l’accès de l’humanité au Royaume de Dieu, d’après Jésus. C’est une constante dans les évangiles : le jugement de Dieu ne correspond pas à nos habitudes humaines de penser : quiconque s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. Ce n’est pas l’humilité pour l’humilité mais l’appel à se mettre au service du frère, en particulier de celui qui est démuni. Cela fait partie des enseignements de Jésus. Ceci peut expliquer nombre de conflits de Jésus avec les pharisiens et les chefs des pharisiens. Les pharisiens avaient le souci de la fidélité à la Loi. Le respect de ce qui est écrit est à l’origine de bien des polémiques contre Jésus. On comprend mieux l’insistance de Jésus d’inviter ses disciples à devenir les serviteurs de tous, en particulier des derniers de la société.

 

Ceci est encore vrai aujourd’hui. Le dernier G7 qui réunit les plus puissants de ce monde a pu montrer que les divergences d’intérêt peuvent passer avant les intérêts des pays pauvres aujourd’hui. On n’y a guère parlé de l’Afrique, de l’Inde, ni des populations qui n’ont pas d’énormes richesses sous leurs pieds. Qu’attendons-nous des activités des grands de ce monde, sinon que leurs choix soient davantage dictés par le souci de celui qui n’a rien. Mais celui qui n’a rien, que peut-il donner en échange : rien ! Avec l’évangile, on n’est pas dans l’ordre du donnant-donnant. Cet évangile peut encore donner sens à nos manières de vivre et de dialoguer dans la société.

 

Il ne faudrait pas oublier les intentions de l'Eglise universelle en ce premier septembre. Nous sommes invités à prier pour le soin envers la Création (entre le 1 sept et le 4 octobre fête de st François). L'Eglise de France a aussi installé depuis deux ans la notion d'Eglise verte, invitation à concrétiser ce que nous pouvons faire pour le service de la Création. Au premier chapitre de la Bible, il est dit que Dieu vit que cela était bon... trés bon, et il confie à l'homme d'entretenir et de faire grandir cette création. Relire les récits de la Création, répondre à l'attente de Dieu; relire la lettre du pape François et nous mettre à l'ouvrage' voilà ce que le Seigneur attend de nous. Pour tous ceux pour qui une nouvelle année commence, que ce soit une belle et bonne année.  EH.