Marcher à la suite du Christ.

23ème dimanche ordinaire

Livre de la Sagesse, 9, 13-18 ; Philémon, 9-17 ; Luc, 14, 25-33

Marcher à la suite du Christ.

 

Dans l’évangile de ce dimanche, il est question de porter la croix… mais Jésus pouvait-il inviter les disciples à porter sa croix… ? Cela aurait été anticipation. IL vaut mieux penser au rédacteur de l’Evangile, Luc, qui invite ses lecteurs-auditeurs à vivre à la suite du Christ. Pourquoi s’adresse-t-il ainsi aux chrétiens de ses communautés, en particulier aux croyants d’Antioche, qui semblent avoir entendu Luc ? On prête aux chrétiens d’Antioche d’être parmi les catégories supérieures de la région, (à la différence des chrétiens de Paul, à Corinthe qui, eux, faisaient partie des derniers de la société).

 

Aux chrétiens aisés, Luc fait remarquer que le chemin de Jésus n’était pas un chemin de facilité, qu’il faut choisie, qu’il était possible de se trouver en contradiction avec ses proches, père, mère frère ou sœur. L’Evangile de Jésus n’était donc pas de faire ‘comme tout le monde’. On risque d’être mis au ban de la société, ce qui est arrivé à Jésus mis en croix, ce qui devait aussi arriver à notre monde de chrétien. Cette rupture avec l’environnement doit aussi exister aujourd’hui.

 

Nous avons coutume de dire que l’Evangile proclamé par Jésus est appel à la charité, à la force d’aimer. Or nous voici ce dimanche à supposer une force qui serait en opposition avec nombre de nos proches… Jésus avait déjà laissé entendre qu’il n’apporter pas la paix, mais le feu (cf. Luc 12,49). On pourrait dire qu’il s’agit de préférence, et non de division, mais les paroles de Jésus sont claires. Le Jésus selon Luc est plus radical que selon Matthieu,(Mt 19, 37). Sans doute que Luc, plus que Matthieu, exige une certaine radicalité de la part de ceux qui ont choisi de suivre Jésus : jusqu’au bout, jusqu’à haïr père, mère ; frère ou sœur. Il est possible que les chrétiens d’Antioche aient choisi de faire bon chic, bon genre. Ils sont chrétiens, mais ils ont mis de l’eau dans leur vin. Cf. Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à sa propre vie n’est pas digne de moi.

 

Au fil des siècles, on trouvera parmi les prédicateurs des témoin s de l’absolu dans le choisir Dieu (les ermites ; certains moines cénobites, etc. Ce qui semble évident, c’est qu’on ne peut pas choisir à la légère de mettre sa vie à la suite de Jésus. Le choix fait par des jeunes ou des adultes aujourd’hui d’être baptisés exprime certainement plus d’exigence que pour le baptême d’un bébé.

 

L’appel de l’apôtre Paul à son ami Philémon relève d’une autre problématique. Un esclave qui s’est enfui devait être châtié par la mort. Paul demande à Philémon que cet esclave qu’il a lui-même baptisé soit reçu comme un frère. Le baptême n’est pas une ascèse, mais une invitation à vivre en frère, à se reconnaitre frères, à cause de Jésus le Christ. E Hennart