26ème dimanche ordinaire
Abraham et Lazare : Dieu a déjà donné tout ce qu’il faut
Dimanche 29 septembre – 26ème dimanche ordinaire
Amos 6, 1-7 ; 1 Timothée 6, 11-16 ; Luc 16, 19-31.
Il peut être utile de rapprocher l’évangile de ce dimanche et la première lecture. C’était un choix imposé à la liturgie d’après Vatican II : vouloir faire ce rapprochement entre l es deux lectures. C’est une aide pour nous, afin de comprendre combien l’ancien et le Nouveau Testament ont des approches semblables quand il s’agit de découvrir l’attente de Dieu à notre égard. Lorsque nous avons lu Amos en maison d’Evangile, il nous a été difficile de comprendre Amos, tant le langage était dur. Pourtant les reproches du prophète étaient fondés. Mais nous ne connaissions pas l’environnement de ces reproches. En même temps nous ne connaissions pas les dimensions religieuses sur lesquelles s’appuyait le prophète. Aujourd’hui nous sommes trop inspirés par la notion de miséricorde divine pour accepter de tels reproches et de telles punitions. Si nous lisons l’épisode du riche et de Lazare, là encore, on ne voit guère Abraham faire œuvre de miséricorde.
Ce n’est pas pécher que de faire banquet ; mais quand le voisin crève de faim à sa porte, Jésus interroge. C’était déjà vrai dans l’Ancien Testament. Plus tard cela fera partie des règles de bases qu’on appellera respect envers le pauvre, justice sociale. Il est remarquable que le pape Jean-Paul II ait insister sur le sujet, quand il reprend l’encyclique de son prédécesseur dans Centesimus Anno, ainsi que dans la rédaction du Compendium de la doctrine sociale. Léon XIII avait été exacerbé par l’attitude arrogante des propriétaires qui s’affirmaient les maîtres de monde. N’a-t-on pas, au 19ème siècle, indemnisé les propriétaires d’esclaves quand les esclaves ont été libérés ? Napoléon n’a-t-il pas restauré l’esclavage pour des motifs qui n’avaient rien à voir avec la charité chrétienne.
Bref, voici un évangile à partir duquel nous pouvons interroger notre monde.
La base sociale sur laquelle s’appuie la parabole présente une profonde séparation entre ceux qui ont et ceux qui n’ont pas. C’est souvent ainsi que l’on considère les divisions de nos sociétés. Les gilets jaunes ont provoqué la rupture de ce modèle où les uns sont disqualifiés tandis que les autres bénéficient des avantages. Au 21ème siècle rien n’est réglé et la notion de fraternité a bien des difficultés à devenir universelle : comme pour l’évangile, il y a celui qui mendie devant une porte close tandis qu’à l’intérieur le riche étale ses habitudes. 2.000 ans après la parabole, nous pourrions regarder comment cela se passe. Y a-t-il d’abord le désir de faire communauté ? On peut en douter quand on voit les pavés voler pour détruire. On peut en douter quand les appels pour une terre solidaire ne provoquent pas de réponse satisfaisante. Comment faut-il comprendre les tensions à Hong-Kong, ou les blocages en Israël, ou les conflits entre USA et Iran ? Comment interpréter les guérillas en Syrie où l’absence de progrès pour redonner un peu de vie aux Yézidis ? Etc., Etc.
Ni Amos, ni Jésus ne donnent de moyens à mettre en œuvre. Ils interrogent les consciences. Nous devrions relire Amos pour garder la mémoire vive, tout comme le fut Amos en son temps. En attendant de croiser le regard d’Abraham, il nous appartient de rechercher que la part que nous pouvons prendre pour que vienne un monde plus juste et fraternel et de proposer ce chemin autour de nous. E.Hennart