“Tu aimeras ton prochain comme toi-même.”

30ème dimanche ordinaire

Exode 22, 20-26 ; Thessaloniciens 1, 5-10 ; Matthieu 22, 34-40

“Tu aimeras ton prochain comme toi-même.”

 

L’évangile de ce jour, tout comme la première lecture, renvoie à des fondamentaux du vivre ensemble. Certaines paroles de l’Exode ont été inspirées par un texte beaucoup plus ancien appelé code d’Hammourabi (vers -1750) venu de Mésopotamie. Notre civilisation est en partie héritière de la législation d’Hammourabi. La tragique décapitation d’un enseignant vient un interroger ce dont nous sommes porteurs. Les fondements de nos affirmations sur le respect de la vie sont un long héritage. Qu’ils viennent de l’Evangile ou de Moïse, ou plus loin encore, la raison humaine a été capable de développer un Droit où l’autre doit être reconnu et respecté. Inciter au meurtre ne peut faire partie d’aucune éducation : quel parent peut dire à son enfant qu’il n’est pas tenu au respect du prochain ? La langue est la meilleure et la pire des choses disait déjà Esope. Aujourd’hui on peut dire la même chose à propos des réseaux sociaux ; la meilleure et la pire des choses. Là aussi on peut pousser au mal et il est de la conscience de chacun de vérifier ses paroles et se actes.

 

L’être humain, parce qu’il est humain ne dispose pas du droit de vie ou de mort sur autrui. Le chrétien peut fonder cette conviction sur la conscience que l’homme a été créé par Dieu, à son image et ressemblance. Détruire un humain, c’est attenter à Dieu, puisque nous sommes à son image et ressemblance. Notre méditation de ce jour peut orienter notre regard sur la responsabilité qui est la nôtre dans nos paroles comme dans nos actes à l’égard de l’autre que nous reconnaissons comme frère. Il est frère non parce que je le veux, mais à cause de notre origine commune.

 

Aux pharisiens qui l’interrogent, Jésus rappelle la primauté de l’amour envers Dieu et envers le prochain. Ces maitres de la Loi voulaient que Jésus décide de la hiérarchie entre les commandements. La réponse réside dans la force d’aimer et Dieu et le prochain. II faudrait relire les ch. 5-6 de Matthieu appelés “le discours des béatitudes, ou sermon sur la montagne” pour découvrir que dans l’Evangile, il n’est pas question de commandements à observer, mais de vivre sous la force d’aimer, la force de la charité.

 

Nous n’avons que quelques lignes, de l’Exode, comme de Matthieu, mais nous connaissons l’environnement de ces paroles. Elles sont inscrites par Dieu-même au fond de notre cœur. Qui peut croire, croyant ou pas, qu’une voix ne résonnerait pas en chacun disant : “tu ne tueras point” !

 

Aujourd’hui c’est au croyant que s’adressent les paroles de l’Ecriture rappelées par la liturgie. La réponse que chacun fait, dans son quotidien, exprime sa proximité avec Dieu, que nous appelons notre Père. C’est avec lui qui nous établissons une relation de proximité. Par cette relation nous ne somme plus dans l’ordre des commandements, nous vivons du même Esprit, un Esprit de charité. “Tu aimeras le Seigneur ton Dieu et tu aimeras ton prochain…” deux invitations qui traduisent le désir de fraternité que Jésus souhaite voir mis en œuvre par chacun de nous. Autre expression, transcrite par saint Jean : “Je ne vous appelle plus serviteurs, je vous appelle mes amis” (Jean 15,15). Entre amis, on ne vit pas selon le régime des commandements. Puissions-nous vivre de cette fraternité universelle dont se réclame le pape François. Abbé Emile Hennart

L'encyclique "Fratelli tutti" peut être la source d'une longue méditation sur les attentes du pape, au moment où s'accumulent de motifs de desespérer de l'humanité