Fête de la sainte Trinité
Dieu a tellement aimé le monde…
Exode 34, 4-9 ;2 Corinthiens 13, 11-13 ; Jean 3, 16-18
De Moïse, nous retenons qu’il est le législateur, celui qui porte la Loi, mais beaucoup de chrétiens et de Juifs ont oublié la Parole qu’a aussi reçu Moïse, que nous avons pu relire dans la première lecture de ce jour : “Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour”. En créant l’année de la miséricorde, la pape François nous a obligé à relire autrement l’Ancien Testament, à redécouvrir que Dieu est d’abord miséricorde. Dans l’Evangile, il nous est aussi rappelé combien Dieu aime le monde, au point qu’il nous a donné son Fils unique. Cet aspect que l’on pourrait dire sentimental ou affectif est bien éloigné de l’aspect purement rationnel de la définition d’un Dieu Trinité. Nous avons pu retenir aussi que Dieu est un pur esprit, etc.
En dimanche de la sainte Trinité, nous pouvons essayer de nous redire : “qui est Dieu pour moi ?” Une réponse intéressante se trouve dans l’ouverture de l’Evangile de Jean, le prologue. Jean parle en termes de présence, de proximité. La période de confinement que nous venons de vivre a pu aider à mesurer ce que signifie l’éloignement, l’absence de relation, de proximité.
Peut-être nous faut-il mesurer ce que signifie, de la part de Dieu, une volonté de proximité entre Lui et nous. La Trinité est une manière intellectuelle de vouloir dire combien ces trois personnes sont reliées au point de ne faire qu’un. Et elles nous associent à ce réseau de relations. “Je ne vous laisserai pas seuls” avait dit Jésus dans son discours d’adieu. C’est à nous d’intégrer cette affirmation dans notre méditation aujourd’hui. Si les apôtres ont pu vivre enfermés, confinés quelques temps après l’ascension, désormais, avec la venue de l’Eprit-saint, ils osent porter la Parole de Jésus.
Si nous parcourrons les Actes des Apôtres, nous pouvons y voir inscrite la conviction qu’ils ne sont pas seuls, et celui qui “mène la barque”, c’est l’Esprit-Saint. A de nombreuses reprises il est clairement désigné comme celui qui est à l’origine de nombreuses initiatives, en particulier à propos de Paul, mais pas que ! Au point que même les obstacles sont considérés comme venant de l’Esprit (se souvenir de la traversée de Paul d’Asie vers l’Europe, Actes 16). Nous devrions relire les actes des sept années du pontificat du pape François pour mesurer les initiatives prises en faveurs de l’ouverture au monde. Il faut par exemple se rappeler Lampedusa et les migrants ; il faudrait se rappeler les terres lointaines d’Inde et d’Asie ; il faudrait se souvenir des relations avec le monde musulman.
Aujourd’hui, c’est un pape fatigué que l’on a aperçu seul dans un Vatican désert. Mais Dieu n’est pas dans les constructions faites de main d’homme. Quand l’épidémie sera derrière nous, il nous faudra reconstruire, rappeler des Paroles qui disent la proximité de Dieu avec ce monde pour lequel il a donne son fils. Il ne suffira pas de s’agglutiner dans les Eglises ou devant le saint Sacrement exposé, il faudra que de notre bouche sorte une parole audible pour les lointains de la terre. Le récit de la Pentecôte fait comprendre que chacun parlait en langue… et le miracle est que chacun entendait et comprenait ces paroles : en Jésus, Dieu s’est rendu proche de chacun. Telle est notre mission d’annonce, deux mille ans plus tard, à la suite des apôtres.
Abbé Emile Hennart.