Mes brebis écoutent ma voix

4ème dimanche de Pâques

Actes 13, 14.43-52 ; Apocalypse 7,9.14-17 ; Jean 10, 27-30

Durant ce temps d’après Pâques et ensuite, avec le temps de Pentecôte, nous sommes invités à lire des extraits des Actes des Apôtres. C’est une invitation à découvrir et méditer comment la première communauté est devenue apôtre et témoin du Christ vivant et ressuscité. Les quelques scènes que rapportent les évangiles ne sont pas la transcription exacte de ce qui s’est passé, mais une invitation à comprendre le chemin qu’ont parcouru les disciples entre ce vendredi saint où le Christ fut crucifié et leur proclamation face aux Juifs et aux païens.

 

L’affirmation de Jean est à entendre aujourd’hui encore : "on reconnaîtra que vous êtes mes amis à l’amour que vous avez les uns pour les autres". L’affirmation de ce dimanche est aussi importante : “ Mes brebis écoutent ma voix ; moi je les connais et elles me suivent.” Depuis 2.000 ans des disciples écoutent ces paroles d’Evangile. Parfois (souvent) ces paroles sont déformées interprétées. Interdire les filles du chœur des églises, est-ce une parole du Christ ? Vivre enfermés dans la nef pour des temps de célébrations eucharistiques ou non, est-ce le profil du disciple ? Que signifie “avoir la vocation” ? Ou l’appel à la sainteté est-il l’expression d’une mise à part ?

 

Dans l’évangile de Jean, on ne trouve pas le récit de la sainte scène, le jeudi saint, mais le lavement des pieds. On peut en faire un geste symbolique et liturgique le jeudi saint, mais s’il n’est pas relayé par le service du frère, à quoi cela sert-il ? Que signifie donc écouter la voix du pasteur des brebis ? Les communautés chrétiennes, même réduites aujourd’hui au petit nombre ont vocation à vivre au milieu d’’une humanité qui cherche, qui doute, qui espère. La vocation n’est pas réservée à quelques-uns mais à tous ceux qui ont choisi de vivre sous le signe du Christ par le baptême reçu et que l’on renouvelle soit lors de la vigile pascale, soit lors de la profession de foi.

 

Dans la bulle sur “Le visage de la miséricorde”, le pape François souhaite que nos mains serrent d’autres mains. Il invite à redécouvrir “les œuvres de miséricorde corporelles : donner à manger aux affamés, donner à boire à ceux qui ont soif, vêtir ceux qui sont nus, accueillir les étrangers, assister les malades, visiter les prisonniers, ensevelir les morts. Et n’oublions pas les œuvres de miséricorde spirituelles : conseiller ceux qui sont dans le doute, enseigner les ignorants, avertir les pécheurs, consoler les affligés, pardonner les offenses, supporter patiemment les personnes ennuyeuses, prier Dieu pour les vivants et pour les morts.” Sans doute est-ce là une manière pour les brebis de suivre le bon Pasteur.

 

Il y aurait beaucoup à dire aujourd’hui sur la distinction d’hier entre ceux qui ont la vocation et les autres, entre les prêtres et les laïcs, pour qu’on découvre que “avoir la vocation”, c’est la vocation, de toutes les communautés de baptisés, prêtres, laïcs, religieux ou religieuses. Ce sont les communautés réunies au nom du Christ qui ont vocation à témoigner de l’amour de Dieu auprès de tout homme. Cela n’exclut pas la prière, loin de là, mais cela invite chacun à marcher dans les pas de celui qui nous a précédés sur les routes de Galilée et de Judée. Le “Viens suis-moi” n’est pas une parole réservée à quelques-uns à l’exclusion des autres, c’est une parole adressée à tous. Puissions-nous être témoins du Christ ressuscité là où nous partageons la vie de nos frères en humanité. Emile Hennart