Personne ne t’a condamnée ?

5ème dimanche de carême

Isaïe 43, 16-21 ; Philippiens 3, 8-14 ; Jean 8, 1-11

 

L’histoire de la femme adultère reste dans nos mémoires. Pourquoi saint Jean nous raconte-t-il cette histoire ? On dit souvent que les femmes ont peu de place dans les évangiles… sans doute parce que nous ne savons pas lire… ou nous oublions. Par exemple, il y a quinze jours, la samaritaine qui court chercher ses compatriotes au village, alors que les disciples restent sur place comme des ronds de flan. Qui est appelé à annoncer la résurrection aux disciples, sinon des femmes, Marthe et Marie ? A propos de qui est-il précisé d’avoir “suivi et servi depuis la Galilée” ? Sinon ces femmes de Galilée ?

 

L’Evangile de ce jour n’est pas un cours d’anti-misogynie … il est d’ailleurs précisé que tous les hommes s’éclipsèrent, à commencer par les plus vieux ! Comme bien souvent, la question posée à Jésus est un piège tendu par les scribes et les pharisiens. Comme par exemple, à propos de la pièce de monnaie, ou de la résurrection des morts, etc. Avant de regarder la question posée au sujet de l’adultère (pourquoi elle seule ? En général il faut être deux !), intéressons-nous aux comportements des participants à cette scène.

Les scribes et les pharisiens viennent “en toute innocence” poser leur question, (semble-t-il). Ils feront partie des premiers à repartir la tête basse. Le peuple compte les points, tandis que Jésus semble prendre tout son temps. La femme n’intervient qu’en fin de séquence quand Jésus l’interroge. Il n’y a plus personne pour entendre la sentence : “Personne ne te condamne, moi non plus, je ne te condamne pas. Va et désormais ne pèche plus”. Il faudrait aussi se souvenir de la question des apôtres à propos de l’aveugle de naissance : “Qui a péché ? Lui ou ses parents”. La réponse de Jésus fut alors : Pour que soit manifestée la grandeur de Dieu. On pourrait faire ici la même réponse : en cette occasion, à cause de cette femme, est manifestée la miséricorde de Dieu.

 

 

“C’est la miséricorde que je veux et non les sacrifices”, est-il écrit en Matthieu, reprenant une parole du prophète Osée ch.6. Cette parole éclaire ce qu’il nous faut comprendre de Jésus. Il n’est pas venu pour condamner, mais pour sauver. Notre méditation durant le temps du carême doit nous entrainer à la tranquillité devant Dieu, à cause de Jésus. Certaines époques de l’histoire chrétienne ont été culpabilisantes. On y enseignait à longueur d’homélie la peur de Dieu et de l’enfer. Cela n’est pas l’enseignement de Jésus.

 

Certains courants de pensée souhaitent le retour à l’enseignement de la peur. D’aucuns reprochent au pape François et à la liturgie actuelle de ne pas être dans le ton de perpétuelle réprimande. Il nous suffit de relire les évangiles pour découvrir quel est le ton de Jésus. A sa naissance, reprochent-il aux bergers d’être sales et malodorants ? Aux pécheurs du lac, reproche-t-il d’être mal-lavés et de sentir le poisson ?

 

A la femme adultère ou à la femme pècheresse, reproche-t-il tout ce qui devrait les disqualifier ? Il faudrait se souvenir de la parole : “ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l’homme, mais ce qui en sort” (Mt 15,11). Ce que souhaite Jésus, c’est de donner à tout homme et toute femme de vivre heureux devant Dieu comme aux premiers jours de la Création. A chacun de nous, Jésus offre la grâce, c’est-à-dire le pardon et la miséricorde, la certitude d’être réconciliés avec Dieu. Vivons donc chaque jour dans la joie et la certitude d’être aimés de Dieu. Emile Hennart