6ème dimanche ordinaire

Heureux, vous les pauvres…

Dimanche 13 février 6ème dimanche ordinaire

Jérémie 17, 5-8 ; 1 Corinthiens 15, 12.16-20 ; Luc 6, 17.20-26

Heureux, vous les pauvres…

 

“Béatitudes et mises en garde”, tel pourrait être le titre de l’Evangile de ce dimanche. Tiré de l’Evangile de Luc ce texte des béatitudes est plus percutant que celui de Matthieu. Il s’adresse particulièrement à chacun des auditeurs : “Heureux vous…”Il faudrait aussi s’interroger sur le fait que Jésus est descendu de la montagne, qu’il prêche dans la plaine à destination d’une multitude de gens venus de partout, du Nord comme du Sud. Sans doute l’évangéliste Luc veut-il nous faire comprendre que ces paroles s’adressent à tout le monde et pas à quelques « choisis et mis à part, élevés sur la montagne ».

 

Le texte lu ce jour est composé de deux parties, l’une que l’on pourrait dire positive, l’autre négative. En même temps, nous constatons que ces paroles ne correspondent pas à ce que nous pensons naturellement, par exemple : heureux vous les pauvres. Ainsi cet évangile nous invite à revoir nos habitudes de penser et d’apprécier. En ce sens, l’Evangile dérange ! Il nous appelle à aller à contre-courant de nos propres modes de penser. L’Evangile est un mode de penser qui vient nous bousculer.

 

La première lecture, parole du prophète Jérémie, est aussi percutante. Sa parole commence par l’expression de malédictions : « maudit soit… » mais cette parole se poursuit par « béni soit l’homme qui met sa foi dans le Seigneur ». Jérémie invite donc à voir en quoi, en qui je mets ma foi. Ainsi les paroles de la première lecture comme celles de l’Evangile encadrent notre chemin de vie, notre marche vers le Seigneur notre Dieu. L’Evangile se conclut par la certitude que l’arbre peut porter du fruit.

 

Porter du fruit est une attente du Seigneur à notre égard. C’est un appel du Seigneur qui nous est adressé. Le texte qui précède l’évangile de ce jour signale qu’on est dans la plaine, c’est-à-dire à la portée de tous, là où des foules se trouvent et cherchent à toucher Jésus. La prédication de Jésus s’adresse à la multitude. Il y a là sans doute une distance. Matthieu signale qu’à la vue de la foule Jésus monte dans la montagne. Luc insiste sur la proximité avec tous que Jésus veut manifester.

 

Il n’est pas question d’opposer Matthieu à Luc où de vouloir opposer l’attitude de l’un à l’autre. C’est ce même Jésus qui monte dans la montagne selon Luc. Nous voyons aussi Luc ajouter quatre apostrophes commencer par Malheureux vous… Nous pouvons nous étonner de la distinction entre Matthieu et Luc, nous pouvons aussi entendre le désir de Luc de s’adresser à tous, ce qui est une de ses caractéristiques. Luc provoque ses lecteurs à l’ouverture. A nous, en ce temps de repli, d parier sur l’ouverture à tous, surtout à ceux qui méritent le moins de s’approcher de Jésus. N’est-ce pas un appel pour aujourd’hui ? E.H.