Il s'est abaissé, Dieu l'a élevé

Fête des Rameaux. Début de la semaine sainte.

Luc19, 28-40;

Isaïe 50,4-7; Philippiens 2, 6-11; Luc 22, 14 à 23, 56

 

En 1951 commençait la mise en œuvre de la réforme liturgique dans l’Eglise catholique. C’était alors la restauration du triduum pascal. Les foules avaient l’habitude de se déplacer dans les églises et les cimetières pour les Rameaux et le vendredi saint. Il fallait aussi faire ses pâques… Avec cette semaine, la société changeait de rythme pour honorer le crucifié. Le dimanche de Pâques on chantait alléluia sur tous les tons, jusqu’au dimanche « in albis » fête de tous les baptisés revêtus de leur vêtement blanc.

 

Voici revenue cette fête des Rameaux. On y associait le vert du feuillage, la fête du printemps et le respect dû aux morts, dans l’attente de leur résurrection. Que de changements dans la liturgie et l’Eglise depuis ces années cinquante… c’était bien avant le concile Vatican II, bien avant Jean XXIII, c’était au temps de Pie XII, peu après la sortie de la guerre, dont on n’avait pas encore effacé tous les ravages. Mgr Liénart avait reçu la pourpre cardinalice pour avoir défendu les jeunes de la JOC-JOCF ; mais il y avait des soubresauts comme l’interdiction des prêtres ouvriers ou les condamnations de Teilhard de Chardin. On priait encore pour la conversion des Juifs déicides.

 

En cette année 2016, nous nous préparons à fêter le Christ mort et ressuscité. Pour l’apôtre Paul, le Christ est mort et ressuscité pour nous, c’est une insistance au fil des chapitres de la lettre aux Corinthiens, souvent en conclusion de paragraphe. "Christ est mort pour nous laver, nous sanctifier, nous justifier" (1 Co 6,11). Peu après, ce même Paul écrit que, désormais rachetés à grand prix par le Christ, nous sommes devenus Corps du Christ et Temple de l’Esprit saint (1 Co 6,19): l'Esprit haite en nous.

 

Deux mille ans après Jésus, le mal n’a pas disparu de nos vies, ni de la vie du monde. Fêter le Christ ressuscité c’est encore oser espérer. Espérer que du pire puisse jaillir le meilleur, un meilleur qui ne sera pas un simple renouveau cyclique du retour espéré du printemps ou du beau temps après la pluie, mais l’espérance que l’homme (l’humanité) puisse progresser comme par étapes sur un chemin de pardon, de réconciliation, de vie renouvelée, malgré nos propres handicaps physiques et spirituels.

 

Au moment de fêter le Christ, rappelons-nous le dialogue en préambule à la guérison de l’aveugle-né, situé peu avant les derniers éléments de la passion de Jésus Jean 9) : les apôtres lui avaient demandé : “Qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit ainsi victime du Mal ? ” Jésus avait répondu “ni lui, ni ses parents, mais c'est afin que soient manifestées en lui les œuvres de Dieu”. Aujourd’hui il en est encore ainsi. Nous pouvons nous interroger sur qui a péché pour qu’on en soit arrivé là… (parfois c’est utile) mais la vrai réponse c’est que devant ce mal, ce malheur, il nous est possible de rendre manifeste l’amour de Dieu, sa miséricorde, (d’après le mot actuellement en vogue).

C’est de la faute à qui ? Jésus ne répond pas à cette question, mais sa réponse est invitation à témoigner de Dieu et de son amour.

Fêter la passion du Christ, sa mort et sa résurrection, c’est vouloir marcher à sa suite sur les routes du monde et y témoigner que Dieu est amour pour tous. Abbé Emile Hennart