J'attirerai à moi tous les hommes

5èmedimanche de carême

Jérémie 31, 31-34 : la nouvelle alliance ; Hébreux 5, 7-9, le Christ cause du salut pour tous ; Jean 12,20-33. L’heure de Jésus et la rencontre des grecs.

 

La première lecture, du prophète Jérémie, mérite toute notre attention et méditation. En effet on trouve dans la parole du prophète un appel à intérioriser ce qui est notre rapport au Dieu Très-haut. Ce n’est plus un rapport légéliste, d’obéissance, c’est autre chose. Jérémie introduit du neuf dan la foi juive. Il ne nie pas le rôle de l’observance des textes de la Loi de Moïse, mais désormais c’est un élan du cœur, un élan de l’intérieur qui anime le croyant.

 

Le Christ des Evangiles accentuera la réflexion en ce sens. Il suffit de penser à l’introduction du sermon sur la montagne : “on vous a dit… moi je vous dit…”. Ce n’est pas une remise en cause de la Loi mais une invitation à “pousser plus loin” ce qui est règlements pour en faire un choix de vie. « Je mettrai ma loi au fond de votre être, et je l’écrirai sur vos cœurs ». Cela me fait penser à telle phrase du pape François dans Evangelli gaudium : « Une évangélisation faite avec esprit est très différente d’un ensemble de tâches vécues comme une obligation pesante » § 261. La relation d’ami à ami avec Dieu est une nouveauté. Jésus dira plus : relation familiale, de père à fils… Fort heureusement la plupart des chrétiens ont accepté ce changement dans la manière d’évoquer nos relations à Dieu notre Père. Nous sommes déjà sauvés en Jésus-Christ est une manière de comprendre que nous ne pouvons plus avoir une relation d’Ancien Testament. Parler de nouvelle alliance c’est autre chose que de refaire l’alliance selon le premier modèle.

 

Le texte d’Evangile de ce dimanche fait partie de la fin de la première partie de l’Evangile selon Jean, après les bagarres avec les autorités, après la guérison de l’aveugle, la résurrection de Lazare. L’allusion aux quelques grecs qui abordent Jésus est sans doute authentique, il s’agit de sympathisants juifs venus de la diaspora pour un pèlerinage. L’Evangéliste profite de cette rencontre pour y voir de début de la rencontre des païens avec Jésus. En ce sens le récit se termine avec l’annonce : quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes ».

 

Dimanche dernier il était question du serpent élevé par Moïse au désert pour le salut de ceux qui se tourneront vers lui… Jean a de la continuité dans les idées. On remarquera qu’il n’est pas question de crucifixion, mais d’élévation, d’exaltation. Telle la méditation de Jean concernant les derniers moments de la vie de Jésus. Au moment d’entrer dans le temps de la passion, il vaut mieux méditer avec Jean non la déchéance et le rejet de Jésus, mais son élévation, son entrée dans la gloire du Père… ce qui nous procure de vivre avec Lui en réconciliés avec Dieu. Chaque fois que nous participons à l’eucharistie, nous célébrons la nouvelle alliance que Jésus instaure entre nous et son Père. EH