Celui-ci est mon Fils, écoutez-le

Genèse 15, 5-18 alliance avec Abraham ; Philippiens 3, 17 à 4,1 ; Luc 9, 28-36 récit de la Transfiguration

 

Première lecture : Genèse 15, ou la conclusion de l’alliance entre Dieu et Abraham. Dans la manière dont eset présentée l’histoire sainte entre Dieu et son peuple, la première étape consiste en une promesse de Yahvé à Abraham : je ferai de toi le père d’un grand peuple (Gn 12). Le ch. 15 que nous venons de lire caractérise une nouvelle étape avec la ratification de l’alliance. La présentation d’un sacrifice rituel ancien ne doit pas nous étonner, en effet, comment établir un lien, une union entre Dieu et son peuple, si ce n’est par l’intermédiaire de rites d’acceptation réciproque ?

Ce récit est le début d’une “histoire sacrée” ou encore d’une “histoire sainte”, où les pages s’accumuleront les unes après les autres dans ce qui deviendra au fil des siècles l’Ecriture. Les chrétiens reprennent à leur compte cette longue histoire en affirmant que Jésus est l’héritier et celui qui réalise la nouvelle alliance de Dieu avec son peuple. Avec Lui, ce n’est plus le temps de l’attente, mais celui de la réalisation de la Promesse. C’est en ce sens que nous pouvons voir associé le récit de la Transfiguration à la suite de l’alliance avec Abraham : celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le. Le récit associe Elie et Moïse à la personne de Jésus signifiant par là une continuité reconnue par la première communauté chrétienne issue du Christ mort et ressuscité.

[De nombreux évènements durant l’histoire de ces deux millénaires ont entrainé une rupture entre Juifs et chrétiens entre première et nouvelle alliance et le concile Vatican II avec Nostra aetate a signifié vouloir reléguer cette époque dans le passé. D’autres courants d’humanité ont continué à entretenir une relation de défiance et d’hostilité avec le  peuple juif… (musulmans, islamistes, antisémites etc.ont marqué).

[Même aux origines de la République, le conflit Dreyfusards/antidreyfusards témoigne que ce n’est pas si loin. Le Nazisme a apporté sa force de destruction et les conflits arabes israéliens et palestiniens n’aident pas à progresser vers une réconciliation entre les nations... ce d’autant plus que les courants intégristes se développent chez les uns et les autres.]

 

L’histoire d’Abraham avec Sarah et Agar fut une manière de rendre compte, sous forme de référence légendaire (ou éthologique) à l’unité déchirée… Mahomet et ses successeurs auront su jouer de ces différences pour en faire des différences, des divisions. Il y aurait là un travail de recherche et de bonne volonté à faire pour relire et réunir cette histoire faite de déchirures.

 

Du rite d’alliance d’Abraham, nous sommes amenés à rappeler, au cours du carême, les gestes, les rites qui signifient aujourd’hui cette alliance nouvelle entre Dieu et son peuple, entre Dieu et chacun de nous. C’est d’une part le baptême, d’autre part l’eucharistie où est signifiée la communion entre Dieu, ses enfants et les croyants entre eux dans le partage du pain et du vin. Il nous faudrait aussi relire saint Jean au moment de la Cène il nous faudrait reprendre la prière de Jésus pour l’unité et son désir qu’il n’y ait qu’un seul peuple de toutes les familles humaines. Hélas, force est de constater qu’aujourd’hui le monde se déchire : Syrie, EI, Irak, Turquie, URSS, France Lybie etc.

 

Au milieu de la cacophonie du monde, repérons de petites graines qui poussent : la rencontre du pape catholique et de Cyrille l’orthodoxe, sur le territoire de Cuba, ou encore la visite au Mexique et plus précisément au Chiapas, auprès des peuples les plus pauvres et les plus rejetés de l’Amérique. Nous parlons de “nos” réfugiés ici en Calaisis et eux ? Comment peuvent-ils parler de leurs réfugiés migrants, etc ?

 

La méditation sur l’alliance avec Abraham nous a entrainé bien loin d‘une vision idéaliste du monde actuel. La foi des chrétiens c’est d’affirmer que Dieu tient ses promesses. Des chapitres entiers d’Isaïe convergent vers cette attente d’un monde réunifié, et nous-mêmes nous voulons y croire et y travailler. Puisse l’eucharistie de ce dimanche nous donner la force de continuer sur ce chemin. E.H.