Chacun dans sa langue entendait la Parole
Fête de Pentecôte
Actes 2, 1-11, début du récit de Pentecôte, le don des langues de feu et le partage aux Nations ; Paul aux Romains, 8, 8-17 : l’Esprit fait de nous des fils. Jean 14, 15-26 : Jésus promet le don de l’Esprit-Paraclet.
La tradition chrétienne a choisi de fêter la pentecôte cinquante jours après Pâques, en utilisant les chiffres fournis par les actes des apôtres. La calendrier Juif avait déjà une fête, cinquante après Pâques, appelée aussi pentecôte (c’est-à-dire des cinquante jours !). Cette fête était une commémoration de la célébration de l’Alliance au désert, c’est-à-dire la fête du nouveau Peuple créé par Dieu. Cela peut aider à comprendre la Pentecôte des chrétiens qui elle aussi signifie le commencement du nouveau Peuple, cinquante jours après Pâque : le moment où le peuple prend forme et commence à proclamer les merveilles de Dieu pour tout homme qui entend la Parole (cf. prière de Jésus, Jean 17, lue dimanche dernier).
Le premier symbole évoqué est le souffle (ruah), celui qui planait au-dessus des eaux en Genèse. C'est à partir de ce souffle que nait la vie, le renouveau. Cette fête de Pentecôte reste un élément essentiel dans le cursus des fêtes chrétiennes. J’aime bien qu’y soit associée l’expression langues de feu autre expression dont il faut saisir la symbolique. Le texte des Actes évoque la proclamation en diverses langues pour être entendu et compris de toutes les nations. Les représentations artistiques –de la Renaissance en particulier- ne pouvaient faire autrement que de peindre du feu sur la tête des douze, en forme de langue… Si l’on accepte la dimension symbolique de l’expression : il s’agit de parler avec flamme, d’enflammer le monde entier quand est proclamé l’amour de Dieu pour tout homme.
Pendant des siècles, l’Eglise a plutôt proclamé le péché et la peur (cf. Jean Delumeau, ‘le péché et la peur’ chez Fayard). Sans doute en avons-nous gardé en Occident l’attitude austère à la sortie de l’Eglise. Il est temps aujourd’hui de proclamer la joie d’être aimé de Dieu et de suivre son chemin. Il est temps que nos liturgies redeviennent festives, que nous donnions à voir et à entendre la joie de la fête.
L’Evangile de ce dimanche de Pentecôte insiste sur la présence Père, Fils et Esprit qui construit le croyant. Il peut être utile de relire la Constitution Lumen Gentium (Lumière des peuples) écrite par le concile Vatican II : “Quand Jésus, ayant souffert pour les hommes la mort de la croix, fut ressuscité, il apparut que Dieu l'avait fait Seigneur, Christ et Prêtre pour l'éternité, et il répandit sur ses disciples l'Esprit promis par le Père. Aussi l'Eglise, pourvue des dons de son fondateur, et fidèlement appliquée à garder ses préceptes de charité, d'humilité et d'abnégation, reçoit mission d'annoncer le royaume du Christ et de Dieu et de l'instaurer dans toutes les nations, formant de ce royaume le germe et le commencement sur la terre”.
Certes, le mode d’emploi n’est pas donné, mais la direction est claire. Il revient aux chrétiens de ce temps de donner aux hommes d’aujourd’hui de rencontrer le Christ manifeste dans l’amour que nous portons les uns pour les autres. Que ce soit auprès des réfugiés de Calais et d’ailleurs, que ce soit auprès des chômeurs et des gagne-petit, il y a déjà bien des hommes à l’œuvre, mais il y a encore et toujours à agir pour que vienne le monde nouveau.
Lave ce qui est souillé… baigne ce qui est aride… guéris ce qui est blessé !
Assouplis ce qui est raide… réchauffe ce qui est froid… rends droit ce qui est faussé.
Viens Esprit saint en nos cœurs…
E.H.