Détruisez ce temple et en 3 jours je le relèverai

3ème dimanche de carême

Exode 20, 1-17 ;1 Corinthiens 1, 22-25 ; Jean 2, 13-25

Détruisez ce temple et en 3 jours je le relèverai.

 

La première lecture, du livre de l’Exode, rappelle le code de l’Alliance, ou les dix commandements. Selon le titre qu’on lui donne, nous somme orientés vers une réflexion sur la notion de commandements ou sur celle d’invitation à l’Alliance. C’est au moment de la constitution du peuple de l’alliance au désert qu’est proclamé cet ensemble de Paroles. Moïse, redescend de la montagne du Sinaï et propose ce code au peuple assemblé, à peine sortie d’Egypte.

 

L’histoire de la rédaction de ce texte est un peu plus complexe que ce que nous en retenons. Pour Israël ce texte introduit un style de vie relationnel entre Yahvé et le peuple des Hébreux : “Je suis le Seigneur ton Dieu qui t’ai fait sortir d’Egypte”. Six cents ans avant Moïse et les Hébreux, il y avait déjà le code d’Hammurabi en Mésopotamie, gravé sur une stèle aujourd’hui au Louvre. Pour Moïse et les Hébreux quelque chose est scellé entre Yahvé et eux ; ce sera comme un pacte de fidélité.

 

L’Evangile selon saint Jean introduit Jésus au cœur du Temple, à Jérusalem. Pour les Juifs autour de Jésus, les paroles de Jésus sont un scandale. Il ne respecte pas les institutions de la religion. Jésus se met en colère parce que les juifs ne respectent pas ce lieu sacré qu’est le Temple. On y fait ses affaires. La connaissance des mœurs de l’époque a fait découvrir que, pour des raisons de facilité de déplacement, on avait installé dans la cour du Temple, c’est-à-dire devant l’entrée principale, le marché des bêtes à sacrifier.

 

Il devait y avoir de l’ambiance, d’autant plus qu’il fallait pratiquer le change des monnaies ! Bref on comprend bien la parole de Jésus : vous avez fait de la maison de mon Père une maison de trafic ! On comprend mieux le rapprochement que nous devons faire entre la première lecture qui invite au respect total envers Dieu et cet épisode du début de l’évangile, où on ne respecte plus rien, même pas le corps du Christ qui sera bientôt torturé.

 

Les lectures de ce dimanche sont aussi une invitation pour nous aujourd’hui. En Birmanie, on tue. On tue aussi en différents pays. 350 jeunes filles ont été kidnappées dans leur lycée au Nigéria ; l’évocation des évènements d’Algérie relance les silences pour taire la mémoire des faits. Bref, le corps révèle que l’on ne le respecte plus. C’est le respect que nous devons à toute personne humaine. Les lectures bibliques de ce dimanche provoquent à vérifier si nous n’aurions pas parfois oublié le code de l’alliance. Sans doute faudrait-il remonter à l’histoire de Caïn et Abel quand Dieu demande : “qu’as-tu fait de ton frère ?”. Certes nous ne sommes pas responsables de toute la misère du monde, mais nous sommes responsables d’une tradition spirituelle marquée par la fraternité.

 

Quand ces derniers jours, le pape se rend en Irak on se souvient du pays d’Abraham, qui est à la source de la tradition de la Bible. Mais il y a encore beaucoup à faire pour que ce monde soit sauvé par la Parole de Jésus, parole que nous sommes appelés à relayer. Abbé Emile Hennart