Devenir serviteur à la suite du Christ
29ème dimanche ordinaire
Isaïe 53, 10-11, le serviteur souffrant ; Hébreux 4, 14-16 Jésus grand-prêtre ; Marc10, 35-45 Le fils de l’homme venu pour servir.
Donne-nous de siéger l’un à ta droite, l’autre à ta gauche… Cette demande illustre le déphasage complet entre les disciples, leur attente et ce que Jésus est venu accomplir. Si le modèle d’éducation qui leur a été donné est de devenir supérieur aux autres en tout, de les mener comme un adjoint du roi le fait, alors on comprend leur demande. Cette demande des fils de Zébédée intervient, selon <marc, juste après que Jésus ait annoncé pour la troisième fois qu’il sera livré, jugé et condamné par les officiels de la religion. Quel contraste entre l’ambition des disciples et l’humiliation annoncée par Jésus lui-même. “Vous ne savez pas ce que vous demandez est la réponse de Jésus…”, qui poursuit par une contre proposition.
Plutôt que d’interpréter cette histoire comme celle de l’incompréhension des disciples, peut-être doit-on y voir un travail de rédaction de Marc qui annonce quoique discrètement de quel baptême seront baptisés ces jeunes prétendants. Ils avaient demandé à Jésus d’être avec lui dans sa gloire. Ils le seront, affirme Jésus, mais pas par le chemin auquel ils avaient pensé. En ce sens la lecture de l’Evangile peut inspirer la méditation sur notre propre vie : nous désirons être sur le plus haute marche avec Jésus. Mais notre vie passera par bien des détours avant d’arriver à l’ultime étape de la rencontre de notre Seigneur en son paradis.
La lecture brève proposée par le liturge évite d’entendre la première partie du message qui montre le dilemme. L’essentiel du message, il est vrai, tourne autour du service et rend encore plus clair ce que le Christ attend de chacun : le fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude. Par ces quelques mots est exprimé ce qui plaît à Dieu. Ce n’est pas dit comme un ordre à exécuter, loin de là, mais comme un service à honorer…si je veux. L’Evangile n’apparaît pas ici comme un ordre, comme un commandement, mais comme une proposition à faire comme le Fils de l’Homme. Dans le livre de Daniel ce Fils d’Homme est présenté comme l’envoyé de Dieu. Dans la lecture du livre d’Isaïe on découvre que ce serviteur est un serviteur “souffrant” et c’est par lui que les multitudes seront justifiées.
Pour interpréter justement la lecture de la lettre aux Hébreux, il faut un peu de prudence dans la méditation, car nous risquons de faire un contre-sens en faisant du Christ “le grand prêtre éternel”, mais qu’entendons-nous par là ? En effet l’auteur anonyme de cette lettre joue sur le double sens entre prêtre selon l’ancienne alliance et prêtre selon la nouvelle alliance. Nous qui rêvons de grandes et belles liturgies dans une enceinte sacrée, peut-être aimons-nous reproduire ce qui se faisait autrefois. Or la lettre aux Hébreux invite à découvrir et faire du neuf, comme le Christ. Il ne s’agit plus de pontifier selon la Loi ancienne, mais de se faire serviteur comme l’affirme l’Evangile de ce dimanche.
Ce dimanche 18 octobre aura lieu l’ordination de trois nouveaux diacres permanents au service de l’évêque et de son Eglise diocésaine. Puissent-ils aussi être les serviteurs d’une Eglise de frères, afin que les derniers deviennent les premiers. EH