Donner aux derniers autant qu'aux premiers

Dimanche 24 septembre 2017. 25^ème dimanche ordinaire

Isaïe 55, 6-9 ; Philippiens 1, 20, 24-25 ; Matthieu 20, 1-16

 

Vivre ou mourir, c’est en ces termes que saint Paul pose la question de sa fin de vie. C’est aussi une question débattue actuellement à propos de la mort assistée quand la maladie ne laisse aucun espoir. Le contexte du Christ et le contexte d’un malade aujourd’hui n’est pas le même, et chacun ne peut se dire être à la place de l’autre. Pour être plus précis, il faudrait relire le dilemme dans lequel se place saint Paul : être avec le Christ m’est préférable, ou bien vous servir, faire un travail utile dans le monde. Bien sûr Paul ne donne pas réponse à nos questions de maladie ; cependant cela peut aider à voir quoi choisir, en fonction de quoi : “A cause de vous… ”

 

Autre question sujet à débat, le salaire accordé au denier arrivé, le même qu’ celui qui est là depuis le matin ! Fort heureusement, nous avons été prévenus par la première lecture ; mes pensées ne sont pas vos pensées… Certes, nous avons une pensée qui rétribue chacun selon ce qu’il a fait… Sauf que nous ne le faisons pas quand il s’agit des grands revenus, puisque selon le principe de la règle de trois, certains ont du travailler 48h sur 24h pour justifier de leur compte en banque. D’ailleurs, certains disparaissent du paysage médiatique dès qu’ils ont obtenu ce qu’ils ont réclamé !

 

Dans cette parabole, à l’époque de Jésus tout comme aujourd’hui, il y a des demandeurs de travail qui restent sur le carreau : “personne ne nous a embauchés.” Mais le maître de la vigne a du travail à en revendre… ce qui n’et pas toujours le cas (dit-on) quand on ferme une entreprise qui tourne avec bénéfices, comme à proximité d’Arras. La parabole n’a pas pour but de donner le juste prix, mais plutôt de pointer du doigt le cœur ou l’absence de cœur, à la base de la gestion des affaires du monde. Générosité d’un côté, justice de l’autre (pour les premiers embauchés), ce serait une manière de comprendre et de justifier l’attitude du maître de la vigne. Sans doute y a-t-il là une invitation adressée aux plus riches, afin qu’ils pensent aussi aux pauvres. Nous sommes invités à œuvrer autrement que les habitudes de distribution dites légales. Sans doute les hautes écoles de l’administration ou de la finance ont étudié cette manière de faire, entre individus comme entre états.

 

Les récents cataclysmes, aléas de la météo et des tremblements de terre montrent que l’on sait ouvrir les coffres-forts en ces cas-là. La générosité des nations se montrent en ces cas-là… peut-être parce que certains jours ce ne sont pas les calculs de justice qui règnent mais la nécessité de se reconnaître de la même humanité, riches et pauvres. Ce n’est hélas pas toujours ainsi, ce qui explique les colères qui grondent aussi ces temps-ci.

 

Que conclure de ce tour d’horizon ? D’abord que l’Evangile n’apporte pas réponse à nos question de gestion ; deuxièmement, que l’attitude du maître de la vigne amène les vendangeurs à se poser question sur ce qui leur semble justice. Troisièmement que nos sociétés actuelles ont encore à se demander aujourd’hui ce qu’est la justice, le juste prix, la gestion de nos affaires et des affaires du monde. Il est aussi possible que l’usure ait fait taire bien des animateurs de réflexion pour un autre monde… dommage ! Mais on peut se relancer. EH