elui-ci est mon Fils bien-aimé
2ème dimanche de carême
Genèse 22 1-18 Le non sacrifice d’Isaac ; Romains 8, 31-34 : Le Christ mort et ressuscité pour nous ; Marc 9, 2-10 : la transfiguration.
La première lecture telle qu’elle nous est donnée à lire dans le missel nous est donnée découpée, en plusieurs tranches. Dans le parcours que propose la Genèse aux ch. 12 à 25, c’est une progression qui est proposée. Abraham peut ainsi être présenté comme celui qui est amené à un totalement détachement demandé par Dieu. Le titre non sacrifice d’Isaac est une invitation à lire la première ligne du texte : “Dieu mit Abraham à l’épreuve”. Le mot sonne plus juste pour comprendre la relation de Dieu à Abraham. Notre existence est parsemée d’épreuves : comment alors rendre notre vie agréable à Dieu ?
Nous ne pouvons pas lire ce récit sur Abraham comme une simple histoire humaine vécue par Abraham, mais comme la représentation, le symbole de bien des détachements auxquels les croyants en Dieu sont appelés, à commencer par le peuple des exilés auquel semble s’adresser le récit ; on peut aussi penser à Job qui se trouve ruiné de tout… mais n’abandonne pas pour autant sa foi en Dieu. On pourrait aussi penser à la présentation de Jésus dans la lettre de Paul aux Philippiens : lui, de condition divine n’a pas revendiqué d’être considéré comme l’égal de Dieu. Au contraire… Ou encore la présentation que Jean en fait dans le prologue de son Evangile : Au commencement le Verbe était avec Dieu… et il s’et fait chair… Bien des épreuves pourraient éloigner de Dieu ou au contraire consolider le lien avec lui.
Les pèlerins qui se rendent au Saint Sépulcre peuvent voir sur leur droite, quand ils montent à la chapelle orthodoxe deux mosaïques côte à côte, représentant l’une le sacrifice d’Isaac, et tout contre, le Christ cloué sur la croix. La tradition chrétienne a voulu associer la figure d‘Isaac et la figure du Christ. Il faudrait ici relire la lettre aux Hébreux qui utilise plusieurs fois le mot sacrifices invitant ainsi à comprendre le mot sacrifice autrement que dans la notion d’effort de carême, mais un sacrifice de louange et de bienfaisance. C’est ainsi encore que Paul parle aux Ephésiens du Christ qui nous a aimés et s'est livré pour nous, s'offrant à Dieu en sacrifice d'agréable odeur.
La page d’Evangile qui nous est proposée est traditionnellement « La transfiguration ». On y voit le Christ en dialogue avec Moïse et Elie, deux figures de l’Ecriture ; et Pierre qui précise : il est bon que nous soyons ici. Mais Pierre n’a encore rien compris à la situation. Il n’est pas sûr qu’il ait compris la phrase “Celui-ci est mon fils bien-aimé”. Et nous, croyons-nous qu’aujourd’hui Jésus nous accompagne sur nos routes humaines, que le Fils marche à nos côtés ? Or il nous arrive bien rarement de penser à lui… tout comme Pierre ! A nous d’aiguiser notre regard pour le reconnaître.