Emmanuel, Dieu-avec-nous!

4ème dimanche de l'Avent

Isaïe 7, 10-16 ; Romains 1,1-7 ; Matthieu 1, 18-24

 

J’ai honte d’avoir à commenter ces textes qui annoncent Noël. Isaïe parlait du Prince de la paix ; il annonçait l’éclosion de roses et de fleurs dans le désert aride du Liban ; ce dimanche 18, annonce la naissance de l’Emmanuel “Dieu avec nous”.

 

Or dans ces pays qui bordurent le pays de Juda c’est la désolation et la mort qui sont à la fête ces derniers temps : que ce soit Alep ou Moussoul, c’est une région où les princes furent des bourreaux, hier comme aujourd’hui, à croire que les princes descendants n’ont pas dégénéré de ce que furent leurs lointains ancêtres Maîtres de Damas, Babylone ou Ninive… on se souvient peut-être de Nabuchodonosor, bien inscrit dans notre mémoire biblique. Mais on a oublié les Téglat pilézer ou Assurbanipal, contemporains du première Isaïe, au VIIème siècle avant Jésus-Christ. (Lire, par exemple, le § sur la politique intérieure de http://antikforever.com/Mesopotamie/Assyrie/teglath_phalasar_III.htm). La cruauté des princes d’Assyrie a été décrite par les historiens des anciennes civilisations de Mésopotamie. Les habitants de Samarie en 750-721 ont subi ces cruautés ; de même les habitants de Jérusalem 150 ans plus tard. L’histoire de Sédécias vaincu est racontée à la fin du 2ème livre des Rois. Des femmes et des enfants sont exécutés sans respect d’eux-mêmes ni des principes d’humanité. On n’entend même pas le pope de Russie, Kirill, qui vient d’inaugurer en grande pompe une cathédrale aux cinq coupoles dorées à Paris.

 

La pape François qui fête ses quatre vingt ans rappelle encore le maître de Damas et ses alliés à faire preuve d’humanité… Hélas sans grand succés. Bientôt, le premier janvier sera fêté le 50ème anniversaire de la journée de la paix, inaugurée par le pape Paul VI.

 

Revenons aux textes de ce dimanche : de crème de lait et de miel cet enfant sera nourri, jusqu’à ce qu’il sache rejeter le mal et choisir le bien… De génération en génération l’humanité vit dans l’espoir que la haine et la mort seront vaincues… Les fondateurs de l’Europe, qui furent des chrétiens convaincus ont posé les premières pierres d’un monde qui ferait grandir la paix et développerait pour tous les bienfaits des accords économiques au-delà des frontières… puissent tous ces efforts ne pas avoir été vains.

 

De saint Paul, nous lisons le début de la lettre aux Romains. Il a appelé les nations païennes à faire partie d’une même humanité réconciliée en Jésus. “Vous êtes appelés à être saints” dit-il. C’est quelque chose qu’il espérait déjà quand il écrivait aux Galates : “ Il n'y a ni Juif ni Grec, il n'y a ni esclave ni homme libre, il n'y a ni homme ni femme ; car tous vous ne faites qu'un dans le Christ Jésus. La force de Paul était de croire que cela nous est déjà donné parce que Christ nous a réconciliés les uns avec les autres et avec son Père. Mais il reste à chacun de donner son accord et sa quote-part et cela reste à faire !

 

Pourquoi ne pas relire quelques lignes de Péguy :

 

L’espérance, cette petite fille de rien du tout .....

Ce qui m’étonne, dit Dieu, c’est l’espérance.
Et je n’en reviens pas.
Cette petite espérance qui n’a l’air de rien du tout.
Cette petite fille espérance.
Immortelle.


La Foi est une Epouse fidèle
La Charité est une Mère.
Une mère ardente, pleine de cœur
Ou une sœur aînée qui est comme une mère.
L’Espérance est une petite fille de rien du tout
C’est cette petite fille pourtant qui traversera les mondes.
Cette petite fille de rien du tout
Elle seule, portant les autres, qui traversera les mondes révolus.


Sur le chemin montant, sablonneux, malaisé
Sur la route montante
Traînée, pendue aux bras de ses deux grandes sœurs
Qui la tiennent par la main La petite espérance
S’avance
Et au milieu entre ses deux grandes sœurs
elle a l’air de se laisser traîner
Comme une enfant qui n’aurait pas la force de marcher
Et qu’on traînerait sur cette route malgré elle.
Et en réalité c’est elle qui fait marcher les deux autres
Et qui les traîne
Et qui fait marcher tout le monde
Et qui le traîne
Car on ne travaille jamais que pour les enfants
Et les deux grandes ne marchent que pour la petite.

Charles Péguy
Le Porche du mystère de la deuxième vertu