Il était perdu et il est retrouvé

24ème dimanche ordinaire

Exode 32, 7-14 ; Timothée 1, 12-17 ; Luc 15, 1-32

 

La figure de Moïse présentée dans la lecture de ce dimanche est intéressante, il est celui qui intervient devant Dieu pour obtenir de Lui qu’il fasse miséricorde envers son peuple. Le texte précise, après l’alliance :“Ils n’auront pas mis longtemps à s’écarter du chemin que je leur ai commandé !” Nous connaissions aussi la figure d’Abraham qui intervient auprès de Dieu pour obtenir sa miséricorde devant Sodome et Gomorrhe. C’est une excellente introduction au ch. 15 de Luc qui nous est ici proposé. Il arrive parfois qu’on parle de ce ch. 15 comme celui du perdu et du retrouvé : que ce soit la pièce de monnaie, la brebis ou le fils revenu chez son père. En cette année de la miséricorde, ces textes parleront encore plus que d’ordinaire. Cependant en insistant sur la miséricorde, qui est constitutive de l’amour de Dieu, nous laissons dans l’ombre une affirmation fondamentale de la foi, à savoir que Dieu nous comble de ses bénédictions, car tel est son bon vouloir. Ainsi la lettre aux Ephésiens commence par une grande bénédiction, puisque dieu a d’abord voulu faire de nous ses fils adoptifs… Affirmation que l’on retrouvera dans l’introduction à Lumen Gentium : “Dieu a décidé d'élever les hommes à la communion de sa vie divine”. Notre filiation avec Dieu est première, avant la rédemption. Ainsi dans l’Evangile, le père attend le fils et lui signifie son amour, avant même que ce fils n’ait prononcé une seule parole.

Le geste du père envers le fils est premier avant toute autre attitude de la part du fils. Certaines théologies où l’on parle de satisfaction, de réparation laissent entendre un échange préalable entre nous et Dieu. Cette conception ne semble pas juste. La manière dont Adam et Eve sont chéris par le créateur laisse entendre tout l’amour dont Dieu  a aimé sa création, avant même que nous soyons en aptitude de retour vers Lui. On comprend mieux l’insistance de Paul aux Ephésiens quand il insiste autant sur la prière de louange envers Dieu, qui nous a choisis, prédestinés, ... fait connaître le dessin bienveillant qu’il a d’avance arrêté en lui-même (Eph 1, 4-9). Si nous relisons le début de l’Evangile, remarquons que la brebis n’a en rien mérité qu’on s’intéresse à elle, ni la pièce de monnaie, de même le fils.

 

Ceci peut nous aider à rectifier notre compréhension de la miséricorde : ce n’est pas un simple bon sentiment de Dieu à notre égard, c’est une volonté ferme d’établir une relation entre Lui et nous, relation manifestée par Jésus-Christ. Bien sûr on peut dire que Dieu agit par charité à notre égard, mais même ce mot charité peut être piégé, parce qu’il ne rend pas assez copte de la volonté première de créer une relation que, plus tard on appellera relation d’alliance. Parfois l’on dit, à juste titre, que le Père rend toute sa dignité à son fils infidèle. Ce qui est premier, ce n’est pas l’infidélité ni a confession de la faute, ce qui est premier, c’est la restauration dans sa dignité première.

 

On retrouve cette attitude dans la manière habituelle de faire de Jésus, tant critiquée par les scribes et pharisiens : “ll fait bon accueil aux publicains et aux pécheurs !”… Et alors ? N’est-ce pas la manière d’être de Dieu qui ne commence pas par faire additions et soustractions, ni même confession, mais qui est naturellement, premièrement don, accueil,

Bien sûr ces paraboles sont une invitation à savoir nous retourner vers Dieu, tout comme le fils cadet. Mais ce fils a pu découvrir que le père, dans son amour sans mesures, l’avait précédé.

 

Il faudrait aussi prendre le temps de méditer sur le fils ainé qui refuse que le cadet ait été pardonné... Au-delà de l'évèneent, il est permis de penserà la première Eglise qui a parfois douté de l'accueil fait aux païens par l'Eglise du Christ. L'activité de Paul témoigne de cet accuel et des réticences de la part des chrétiens d'origine juive. On pense que le fils aîné pourvait être cette catégorie de chrétiens sûrs de leurs bons droits.