N'être à charge à personne...

31è dimanche ordinaire

Dimanche 5 novembre 

Malachie 1,14 à 2,10 ; Thessaloniciens, 2-13 ; Matthieu 23,1-12

Jamais Jésus n’a été aussi dur envers les gardiens du Temple (prêtres, saducéens, scribes et pharisiens) que dans ce chapitre 23 écrit par Matthieu. L’historien Liverani explique ce comportement de Jésus par l’attitude des prêtres qui, après le retour d’Exil, se sont accaparé le pouvoir sur le peuple. Après la disparition du roi et des prophètes, eux-seuls représentaient le pouvoir, assuraient la reconstruction, et ont fait de la religion juive, non une foi, mais un lieu d’observance des préceptes que eux-mêmes avaient édictés. Ce fut une des raisons des esséniens pour prendre leurs distances d’avec le Temple. Cela permet de mieux comprendre les paroles du prophète Malachie et ses reproches : “Vous avez fait de la Loi une occasion de chute ; vous avez détruit mon alliance avec mon serviteur Lévi”. Malachie est un prophète tardif, le dernier dans la liste des prophètes de la Bible. Les accusations de Jésus envers les autorités prennent place après la succession des épisodes de l’Evangile où ces gens ont voulu tendre des pièges à Jésus (dimanches précédents). A toutes les époques de l’Eglise il y a eu des gens pour développer le rigorisme des pratiques. Cela se révèle encore ces derniers temps à l’occasion des conflits au Vatican entre le pape et certains évêques de la curie, actuellement avec le cardinal Sarah au sujet des traductions liturgiques en langue du pays… Quand on le voit en photo en grande tenue, il donne l’impression d’être comme ces gens qui s’habillent pour être vu, qui aiment les premières places etc… Dans la religion, rien n’a changé depuis la venue de Jésus… On a l’impression qu’il faut restaurer l’ordre ancien ! On comprend qu’il ne soit pas partisan d’aller aux périphéries, à moins que ce ne soit pour se faire davantage remarquer.

Il est intéressant de voir le décalage entre certains prélats et la manière dont Paul se présente : “je sais vivre de peu… Je ne veux être à charge à personne, travaillant jour et nuit...” On sait que Paul a été dans le dénuement plus d’une fois : lorsqu’il a été obligé de fuir Philippes pour Thessalonique, puis Thessalonique pour Athènes etc. Il était riche de sa carte de relation et d’amitié, pas de parures et attirail des grands de ce monde.

Si l’on voulait mieux entendre Jésus il faudrait voir comment il demande aux premiers envoyés dans l’Evangile de se présenter. Certains répondront que si l’on veut être respectés, il faut avoir de la prestance, savoir user des usages des grands de ce monde. Certes, mais cela ne fait pas partie des recommandations de Jésus. Il faudrait aller relire dans les chapitres précédents de Philippiens comment Paul présente Jésus : Lui, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Au contraire il s’humilia devenant le dernier des derniers… (Philippiens 1).

Les reproches faits aujourd’hui par Jésus, il nous faut savoir les entendre et mettre en pratique l’attitude de convivialité et non l’attitude de prestance. Ainsi nous deviendrons de vrais disciples de Jésus, semblables au bon samaritain ou au publicain, plutôt qu’au grand qui, hier comme aujourd’hui, font peser leur pouvoir. Bientôt, le pape François se rendra chez les Rohingas en Birmanie… de quoi sera-t-il porteur ? EH.