Fête du Corps et du Sang du Christ

Voici le sang de l'Alliance nouvelle

Exode 24, 3-8 ; Hébreux 9, 11-15 ; Marc14, 12-16 et 22-26

 

Faut-il restaurer les processions d’antan pour la fête du Saint-Sacrement où le cortège s’étirait sur les chemins des campagnes ? Faut-il relancer ces processions dans les ruelles aujourd’hui transformées en grand‘routes et voies express ? Il y a toujours au cœur de chacun une certaine nostalgie qui invite à regarder en arrière, “comme avant” où c’était mieux…

 

Je me souviens de la réaction d’un vieil homme épouvanté à l’idée qu’avant c’était mieux. Il avait connu la guerre d’Algérie, mais aussi celle de 39-45. Il avait vécu les privations et le dur labeur dans la métallurgie. Chez nous, c’était bientôt la fin des houillères, le début de l’exode pour certain ou du chômage pour d’autres. Laisser entendre que, côté mœurs c’était mieux avant est aussi une vue de l’esprit qui oublie la rigueur et le sectarisme qui cataloguait automatiquement les gens dans une case (une caste ?). Au-delà d’une méditation nostalgique, que pouvons-nous dire en cette fête du Corps et du Sang du Christ ?

 

Tout d’abord l’Evangile selon Marc nous renvoie au début de la passion du Christ quand il offre à ses disciples ce qui deviendra mémoire de sa passion, mort et résurrection. Les quelques paroles renvoient à Moïse : voici le sang de l’Alliance que le Seigneur a conclue avec vous. Que le Seigneur daigne faire alliance avec nous n’est-ce pas un motif d’action de grâce : le Seigneur nous fait entrer dans la communion avec lui, il nous rend participants de sa vie divine (Constitution Dei Verbum de Vatican II). Notre méditation peut porter sur le choix que Dieu a de faire alliance avec nous. ;; de la longue histoire de cette alliance (avec nos fidélités et infidélités). Nous pouvons aussi nous remémorer notre chemin d’alliance avec Jésus depuis notre baptême et notre communion. Peut-être cette année, avons-nous accompagné des plus jeunes vers l’eucharistie…

 

Le geste du Christ peut sembler banal : un peu de pain, un peu de vin… c’est ainsi qu’il nous propose de nous relier à la communauté tout entière des Fils du Père… Par ce geste, nous sommes incorporés au Corps du Christ, nous faisons corps avec Lui et avec eux…  Un peu de pain, un peu de vin, c’est l’humanité entière ici rassemblée. Oui mais diront certains, cette humanité n’est pas parfaite ! Sommes-nous incorporés avec de l’imparfait ? De ce qui n’est rien, de ce qui n’est qu’un avorton, saint Paul, Dieu a su faire un apôtre et pas des moindres. Les déviations enseignées par le jansénisme ont pu entrainer même chez nous une religion de puriste, à la ressemblance des cathares. Heureusement, Dieu n’est pas puriste, sinon il ne viendrait jamais à notre rencontre. On peut reprocher à Dieu d’être trop bon, d’être miséricordieux… mais on ne le fera pas changer d’avis !

 

Heureuse fête du Corps et du Sang du Christ qui nous donne part à son héritage, pour toujours. EH