Fête de l’ascension
Vous serez mes témoins
Actes 1, 1-11 ; Ephésiens 4, 1-13 ; Marc 16, 15-20
Certains lecteurs des maisons d’Evangile me demandent quand a eu lieu l’ascension.
Selon St Jean et Luc (évangile), il faut comprendre que c’est dans la continuité des apparitions de Pâques, le soir même de Pâques ; selon le livre des Actes, ce serait 40 jours après Pâques, et la Pentecôte, le cinquantième jour après Pâques.
Vouloir faire coïncider la datation des diverses traditions ne peut aboutir. Le temps de la vie terrestre de Jésus s’arrête avec la mise au tombeau. Les récits d’apparition viennent confirmer la certitude que Dieu n’a pas laissé son Christ dans la mort, il l’a ressuscité. Seul Luc, dans les Actes, a choisi de décrire l’organisation des premières communautés. Comment cela s’est-il passé : ce ne fut pas instantané, il a fallu du temps pour que les disciples de Jésus comprennent et mettent en œuvre les paroles de Jésus. C’est ce qu’essaie de faire Luc en rédigeant les Actes : il a fallu du temps !
Utiliser le chiffre 40 est une manière de renvoyer ses lecteurs à l’histoire de Moïse et des Hébreux : il leur a fallu 40 ans pour se constituer en peuple de Dieu avec Moïse et entrer en Terre promise sous la responsabilité d’Aaron. Pour les premiers chrétiens il leur a fallu aussi du temps pour devenir peuple de Dieu, peuple de témoins ; l’entrée dans le temps de la Pentecôte est là pour rappeler l’œuvre de l’Esprit promis par le Christ.
Plutôt que de vouloir une impossible synthèse des différents récits, mieux vaut méditer sur ce que la théologie appellera d’une part “le temps de Jésus” puis “le temps de l’Eglise et de l’Esprit”. La durée, 40, 50 invite chacun à rejoindre dans sa propre méditation l’expérience des générations précédentes. Cela ne dispense pas de comprendre que la rupture dans le temps, pour le Christ est exprimée dans le passage de la Mort à la Résurrection, symbolisée dans la nuit de Pâques. Rupture dans le temps, du côté du Christ, mise en œuvre de la foi au Christ ressuscité dans la durée. Même Matthieu signale les doutes de certains disciples : “ quand ils le virent, ils se prosternèrent ; d'aucuns cependant doutèrent”. (Finale de Matthieu ch. 28, 16-17) Ne soyons pas étonnés de lisser entrer le temps dans l’histoire des croyants.
En ce qui concerne la finle de Marc, les exégètes signalent que le texte d’origine se terminait après la parole “elles ne dirent rien à personne, car elles avaient peur”. Devant cette finale abrupte une synthèse des autres évangiles a été insérée, celle que nous lisons aujourd’hui. E.H