Heureuse celle qui a cru…

4ème dimanche de l'avent

 

Michée 5,1-4 ; Hébreux 10, 5-10 ; Luc 1, 39-45

Les deux premières lectures orientent totalement notre réflexion. En choisissant un texte de Michée exhumé par les professionnels religieux du roi Hérode pour répondre à la question des mages, le lectionnaire nous provoque a parcourir l’Ancien Testament. Les paroles de Michée concernent d’abord le roi de son temps qui désespère et doute. Les ch. 4 et 5 du livre de Michée sont probablement ajoutés après le retour d’Exil. Si Michée, comme tous les prophètes a des paroles dures contre le peuple de Dieu, il y a aussi des paroles de grande sensibilité, comme au début du ch.1. Chez Michée, on trouve aussi l’appel à la conversion. Cela explique sans doute qu’un prophète ultérieur ait ajouté les paroles d’espérance telles qu’elles seront relues par Luc pour parler de Bethléem et de l’évènement qui arrive là.

 

Michée vient contester les comportements des hommes de son temps qui ne sont pas fidèles envers leurs paroles et leurs engagements… d’où la condamnation divine qu’ils encourent. Mais Dieu est un Dieu fidèle, qui ne revient pas sur sa parole, sa promesse envers son peuple. C’est à cause des promesses faites par Dieu et non à cause des qualités internes de ses habitants que Jérusalem pourra être source de salut pour tous, pour toutes la nations (ce que représente la présence des mages dans l’épisode évangélique de la visite des mages. Le cantique de Syméon laisse retentir la même certitude que toutes les nations recevront le salut, la lumière (Luc 2, 32) de Dieu.

 

L’extrait de la lettre aux Hébreux qui nous est proposé invite à changer notre logiciel ancien basé sur le sacrifice d’expiation, pour accepter celui de la nouvelle alliance : non lus un sacrifice, mais une alliance entre Dieu et l’humanité, scellé par Jésus. Certaines homélies que nous pouvons encore entendre aujourd’hui devraient être corrigée par la compréhension de ce ch. 10. Avec Jésus on est dans un autre univers quant à nos relations avec Dieu Père miséricordieux.

 

Quant à l’évangile, il nous présente la visite de Marie chez sa cousine Elisabeth. On relira les quelques mots de salutation qui deviendront le "Je vous salue Marie". Pour les exégètes, cette visitation fut une manière pour saint Luc d’associer Jean-Baptiste et Jésus comme membres de la même famille, pas seulement physique, mais avant tout spirituelle. L’histoire de la première communauté chrétienne fait découvrir que Baptistes et baptisés ne se sont pas facilement reconnus comme proches, lors des premières prédications. Ces chrétiens ont été appelés à mettre Jésus comme Christ, celui qui nous rattache à Dieu et nous donne son Esprit. Bonne préparation à Noël. Heureux toutes celles et ceux qui entendent la Parole et mettent leur foi en Dieu, source de vie. E.H.

 

PS. J’ai été amené, en ces jours qui précèdent Noël, à relire le livre du prophète Michée, tout en ayant en tête nombre de réflexions entendues lors de la lecture du livre d’Amos. Une première réflexion est de découvrir que ces textes ne sont pas une “histoire ponctuelle”. Ils expriment des pensées réparties sur une longue durée, et bien souvent rédigées longtemps après les discours d’Amos et d’Osée. Parfois même, ce sont des méditations sur des évènements historiques anciens. Ces livres sont composés comme des tranches indépendantes, en positif parfois (espérance) mais souvent en négatif (condamnations). Amos comme Michée sont deux prophètes qui rapportent souvent des paroles très dures, paroles de condamnations prononcées au nom de Dieu. Ces paroles sont contestation des pratiques sociales de leurs contemporains. Plusieurs fois il m’est arrivé de penser aux gilets jaunes, car ce que leurs contestations ressemblent fortement aux constations des inégalités entretenues par les élites de la population, que ce soit hier, que ce soit aujourd’hui. On peut même leur reprocher de trop parler d’humanité et pas assez de Dieu ! On ne peut cependant pas leur reprocher de ne pas porter le regard de Dieu sur notre humanité (ou notre inhumanité perpétuelle !).